Petites et grandes filles/II

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Chapitre II
LA FLAGELLATION
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I. ADELINE À PAUL[modifier]

Je tiens ma promesse, mon chéri, et je t’écris toutes mes pensées, comme toutes mes aventures. Cela pour nous consoler de la méchanceté qu’on nous a témoignée. Tu es loin, mais tôt ou tard mes lettres t’arriveront et te prouveront que je me moque des sévérités, que je recommencerai toujours, et tant que tu le voudras, nos petits plaisirs. J’ai bien pleuré à ton départ, et aussi quand on m’a emmenée. L’abbé n’a pas été gentil, il n’a rien fait pour me défendre, et cependant il me le devait bien, car, je te l’avouerai, c’est lui qui m’instruisit sur toutes les bonnes choses qu’ensuite je t’enseignai. Oui, mon cher Paul, notre professeur, si sévère, si impeccable, ne se gênait pas lorsqu’il me gardait, après la leçon, pour me tripoter et se faire tripoter. Il me reçut la nuit dans sa chambre, et il m’apprit qu’on mettait dans le cul la jolie affaire d’amour que les hommes ont entre les jambes. Ah, il aurait bien pu intervenir, au moins pour moi ! Au fond de l’âme, maintenant, je préfère qu’il en soit ainsi. C’est lui qui a désigné la pension où l’on m’a enfermée, et je ne m’y trouve pas mal. De ce côté, je lui dois de la reconnaissance.

D’après les premières paroles de Mlle Juliette Géraud, lorsque nous fûmes seules, j’ai compris que nos parents avaient eu une bizarre… et heureuse inspiration, en me plaçant dans cette maison.

― Mademoiselle Adeline, me dit-elle, nous n’ignorons pas la cause qui nous vaut le plaisir de vous posséder au milieu de nos élèves. Notre méthode d’éducation diffère essentiellement de celle préconisée partout ailleurs, et si vous vous montrez raisonnable, j’ai la ferme espérance que vous n’aurez pas à vous repentir de votre séjour sous ce toit. Généralement mes élèves n’entrent chez nous que signalées par un fait pareil au vôtre. Nous les corrigeons aux yeux du monde par un procédé tout de bienveillance. Pour être certaines de la réussite, nous demandons la discrétion la plus absolue sur la gestion de notre école. Si vous vous conformez à cette règle, nous amènerons la réconciliation entre vous et votre famille, et nous vous présenterons un bel et bon mari à la fin de vos études. Me promettez-vous cette discrétion ?

― Elle devient mon devoir, Mademoiselle.

Il faut te dire que Mlle Juliette est une jolie femme de 30 ans, une brune délicieuse, à la peau très fine, aux yeux enchanteurs, à la taille de déesse, et ne rappelant rien de l’ogresse que je me figurais.

Elle continua :

― Vous êtes intelligente, mon enfant, nous ne doutons pas que votre bonne volonté dans vos études et dans votre conduite ne nous récompense de tout ce que nous entreprendrons en votre faveur. Je dois vous dire que le système prohibé en France est la flagellation à divers degrés, suivant la nature de la faute. À vous de ne pas la mériter. Pour accoutumer les nouvelles venues à cette idée, la dernière entrée a la charge de l’appliquer au grand tribunal de chaque semaine. Cette mission vous échoit donc. Par votre âge et votre avancement en savoir, vous appartenez à la classe. Nous lions chacune de nos classes par une chaîne affectueuse, dont toutes nos élèves se sont toujours bien trouvées.

Je vais vous présenter Mlle Angèle, de la classe supérieure, qui sera votre grande amie. Chaque grande est ainsi attachée à une élève de la classe moyenne, et de plus, avec celle-ci, prend soin et souci d’une des petites, à titre de petite mère et de petite sœur. Au fur et à mesure, vous vous mettrez au courant des usages de la maison.

Mlle Juliette ouvrit la porte, et j’aperçus Mlle Angèle, une blonde dorée de 17 ans, très gentille, très coquette, très souriante, qui m’embrassa tendrement et me dit :

― Venez, ma chérie, faire connaissance avec vos futures amies et avec votre maîtresse de classe.

Je saluai Mlle Géraud et j’accompagnai ma nouvelle compagne. Mon étonnement ne cessa pas.

Ma maîtresse, Mlle Blanche Delorme, une charmante rousse de vingt ans, m’accueillit de très aimable façon, me tira l’oreille, en disant :

― Mignonne, je ne demande qu’à être contente de votre travail, et vous ne vous plaindrez pas de moi. J’ai été la grande amie d’Angèle, lorsqu’elle appartenait à la classe moyenne, et j’ai été tellement heureuse de mon éducation dans cette maison, que je ne veux plus la quitter. C’est donc une camarade que vous embrassez, en embrassant votre maîtresse.

Combien j’étais loin de la réception que je redoutais ! J’appris alors que l’institution des dames Géraud était divisée en trois classes, chacune de treize élèves ; la grande classe comprenant les pensionnaires de 15 à 18 ans ; la moyenne de 12 à 15 ; la petite de 10 à 13.

On n’en prenait pas au dessous de dix ans, et la sollicitude la plus affectueuse veillait à tous les degrés, et selon le développement physique, sur chaque âge.

Angèle me mena auprès de toutes ses amies, qui me reçurent très gracieusement ; puis, je liai connaissance avec celles de ma classe qui se montrèrent empressées et gentilles ; je vis enfin les petites qui me sautèrent au cou. Parmi celles-ci, je distinguai la petite Elisabeth, dont Angèle était la petite mère, et dont je devenais la petite sœur.

À côté de Mlle Nanette Coutelin, une brune de 22 ans, maîtresse de la petite classe, des yeux de feu, une allure endiablée, et à Mlle Lucienne d’Herbollieu, blonde sentimentale de 24 ans, une idéale créature à dévorer de caresses, professeur de la grande classe.

Mon cœur se délecta d’aise et de joie, je pressentis un bonheur de tous les jours dans ma nouvelle existence, et je résolus de le mériter de mon mieux.

Tu connais à peu près les personnages, mon cher Paul ; à ma prochaine lettre le récit de mes amitiés, de mes aventures. On rêve à beaucoup de choses ici.

Ton Adeline.


II. DE LA MÊME AU MÊME[modifier]

Me voici lancée dans la pleine vie de pension, et je sais maintenant bien des choses que j’ignorais encore, que je ne te cacherai pas, mon petit Paul, afin que tu juges de ma sincère affection.

Nos études et nos classes ressemblent à celles des autres institutions ; ce qui s’en éloigne ce sont les habitudes, et une tolérance extraordinaire accordée aux grandes, pourvu qu’elles n’enfreignent pas la discipline de la maison.

Le second soir de notre arrivée à la pension, comme j’achevais mes devoirs à l’étude, une demi-heure avant le dîner, je vis entrer mon amie Angèle, qui murmura quelques mots à l’oreille de ma maîtresse, Mlle Blanche, laquelle lisait, et qui m’appela.

― Vous avez terminé vos devoirs Adeline ? me demanda-t-elle.

― Oui, mademoiselle.

― Êtes-vous satisfaite de la façon dont vous les avez faits ?

― Oui, mademoiselle.

― Eh bien, nous le jugerons demain. Pour l’instant, Angèle désire que vous alliez lui tenir compagnie ; je vous autorise à la suivre.

J’aperçus les petits yeux de mes compagnes, qui brillaient avec malice, et je sortis avec Angèle.

― Je veux te montrer ma petite chambre, dit-elle.

― Tu as une chambre ?

― Oui, les sept plus anciennes parmi les grandes couchent dans leur appartement.

― Oh, que c’est agréable !

― Tu ne seras peut-être pas toujours de cet avis !

La chambre d’Angèle, petite, mais coquette et bien meublée, me plut beaucoup.

Elle m’invita à m’asseoir sur le lit, près d’elle, et me regarda avec des yeux si tendres, que je soupirai, et lui jetai les bras autour du cou.

Elle exhalait un doux parfum, que me plongea dans une demi-extase, et sans me rendre compte de mon mouvement, mes lèvres se posèrent sur les siennes.

― Dis, murmura-t-elle, ainsi tu t’es laissé surprendre chez tes parents à t’amuser ?

― Oui, répondis-je, et toi ?

― Moi aussi, mais il y a longtemps ; j’avais onze ans, j’étais bien plus jeune que toi, et je suis rentrée ici dans la petite classe.

― Avec qui t’amusais-tu ?

― Avec ma cousine Hélène.

― On s’amuse donc entre filles ?

― Oh oui, et bien, je t’assure.

Elle me tenait serrée contre son cœur, elle sentit le battement du mien, et sa main glissa sous mes jupes, à l’ouverture du pantalon.

Je ne résistais pas, un flot de désirs me bourdonnait aux tempes.

Elle souleva ma chemise, et me gratta délicieusement, tandis que nos bouches se becquetaient.

Je ne pensais plus du tout au danger d’être à nouveau surprise au milieu de ces agréables plaisirs !

― Tu es chaude, dit-elle, tu auras de nombreuses amies dans la maison.

― Dis, murmurais-je à mon tour, permets-moi de te voir. Elle sourit, retira la main de mes cuisses, retroussa ses jupes, et étala à mes yeux ravis, un petit bouquet de poils des mieux fournis, me montra sa fente coquette et friponne, appelant le baiser, et la blancheur de son ventre.

Elle posa le doigt sur son nombril en me disant :

― Embrasse-moi, là !

La tête en feu, j’obéis ; j’appliquai un gros baiser sur le joli signe ; la vue de ses cuisses me fascina, je me penchai dessus, aspirant avec volupté les effluves de son corps, elle me caressa les cheveux avec les doigts, mon visage colla sur les chairs satinées, mes joues s’empourprèrent de la chaleur qui se dégageait et de l’émotion enivrante que j’éprouvais. Elle se recula en arrière, et ma langue vint caresser sa fente.

Elle tressaillit, et dit :

― Vas un peu plus vite, que nous ayons le temps de jouir.

Je compris, et je léchai, léchait avec une folle ardeur, me croyant transportée au Paradis.

Elle sautillait sur son cul, que je manœuvrais avec les mains, et, tout à coup, elle me mouilla toute la figure, elle jouissait et se tordait, et moi aussi.

Elle se releva prestement, courut à sa toilette et nous nous lavâmes, comme la cloche appelait pour le dîner.

― Mon ange, me dit-elle, tu as reçu le baptême d’amour, tu es bien maintenant ma petite amie ; ne t’étonne de rien de ce que tu verras, soumets-toi docilement aux punitions, ne parle jamais à personne des scènes auxquelles tu assisteras ; et tu considéreras cette pension comme un véritable Olympe sur terre.

Nous descendîmes au réfectoire et reprîmes chacune notre place.

Les maîtresses de classes dînent au milieu de leurs élèves : Mlle Blanche, déjà installée, me sourit et me demanda :

― Avez-vous récité votre leçon à votre grande amie ?

― Elle m’en a donné une, dont je me souviendrai toute la vie.

Ma réponse la satisfit ; elle reprit en me regardant avec des yeux très vifs :

― Vous êtes fille d’à-propos, tâchez de le prouver en tout.

Je m’assis, et ma voisine de droite, Marie Rougemont, une brune bouclée de 14 ans, laquelle au dortoir a son lit près du mien, me servit et me dit :

― Savais-tu la chose que t’a confiée Angèle ?

Devinant que le même lien amical unissait toutes les élèves de la classe moyenne aux élèves de la grande classe, je lui répondis :

― Quelle est ta grande amie ?

― Isabelle Parmentier, la plus forte pianiste de la maison, la petite châtaine blonde, assise à côté de Mme Lucienne.

― On dirait une gamine.

― Oui, mais une gamine qui a de rudes nerfs, elle a 16 ans, et en remontrerait à toutes les grandes. C’est un vrai diable !

Les conversations, comme tu le vois, sont permises à table, à la condition d’être discrètes, de ne pas troubler le service, et de ne pas gêner les tables voisines.

Mlle Juliette Géraud et sa sœur Mlle Fanny, celle-ci âgée de 27 ans, arrivent généralement vers le milieu du repas ; elles font l’inspection, lisent les notes que leur remettent les maîtresses, parlent à quelques-uns d’entre nous, et se retirent ensuite en nous souhaitant bonne nuit.

Après le dîner, qu’on sert à 7 heures, on reste jusqu’à 8 heures dans un salon, en demi-récréation ; les grandes lisent, où s’occupent de divers travaux d’aiguille, qu’elles continuent après notre coucher, car elles veillent plus tard ; une maîtresse ou une grande, déléguée, raconte des histoires aux petites ; les moyennes causent bas entre amies, ou lisent.

Nous aimons assez cette heure, qui nous procure une espèce d’illusion de ce qu’est le monde.

Nos maîtresses s’attachent à nous intéresser, et nous y donnent quelques conseils de bonne éducation.

― Pas d’éclat de voix, mes enfants, ne cessent-elles de nous répéter, cela ne sert à rien qu’à vous abîmer le gosier, à nous rendre ridicules, et à nous fatiguer. Dites gentiment, doucement, ce que vous désirez, soyez prévenantes les unes envers les autres, ainsi vous vous facilitez mille chances d’agrément et de plaisir. Ne vous disputez jamais, cédez-vous mutuellement, et redoutez par-dessus tout, les mauvais sentiments de défiance, de jalousie et d’envie.

La demie de huit heures sonne toujours trop tôt, mais comme le sommeil nous talonne, on monte au dortoir sans trop de regrets.

Nous couchons, les moyennes, sur deux rangées de sept lits, encadrés de grands rideaux.

Deux lanternes chinoises nous éclairent. Nous devons nous déshabiller en silence, pendant que notre maîtresse se promène de long en large, surveillant les divers détails de nos soins du corps, opérer derrière nos rideaux soulevés vers le pied du lit, et formant autour comme une véritable petite chambre.

À un coup qu’elle frappe dans les mains, nous entrons toutes dans nos draps, elle récite une prière, se promène encore quelques minutes, et se retire chez elle.

Ce soir-là, elle venait à peine de nous quitter, que mon rideau s’agita, et je vis émerger la tête de Marie Rougemont qui, un doigt sur les lèvres, me recommanda la prudence. Je ne bougeai pas, et j’attendis l’aventure. Marie, s’avançant avec précaution, pénétra dans l’espace libre s’étendant entre le rideau et le lit, et, courbée en deux, inspecta le dortoir pour se rendre compte si elle ne risquait pas d’être découverte.

La chambre de Mlle Blanche se trouvait en face de ma couchette.

Elle regarda vers cette chambre, et, ayant entendu le bruissement du corps de notre maîtresse, se mettant au lit, elle s’approcha de ma bouche, la baisa et me dit :

― Tourne-toi, et montre-moi ton cul, que je le lèche ; c’est ma toquade, et tu dois en avoir un bien joli, puisque les hommes s’en amusaient.

Notre légende se multipliait ; ce n’était plus un homme, un petit homme, mon frère, toi, Paul, qu’on m’attribuait, mais des hommes.

Je ne pensai pas à rétablir la vérité des faits, seul le plaisir me troublait les idées ; je me tournai, ainsi que le désirait Marie, relevai mes draps, ma chemise, et lui présentais mes fesses déjà en ébullition.

Ah ! quelle savante, mon chéri ! Non, tu ne peux te figurer avec quel art elle agissait. Elle ne mentait pas en confessant qu’elle adorait les culs.

Elle commença par encadrer le mien de ses bras, appuyant sur chaque fesse tantôt une joue, tantôt l’autre ; puis elle se pinça le nez en ouvrant et fermant successivement la raie avec les doigts ; elle chercha à l’enfouir au plus profond, comme tu le fis la première fois ; elle s’arrêta, se haussa sur les pieds, et le caressa avec la pointe des seins, très fermes ; enfin, elle l’embrassa avec tendresse, puis lécha toute la raie avec des soupirs et des tressaillements de plus en plus vifs ; elle ne ménagea plus sa félicité.

Le lit cria sous mes propres mouvements de jouissance ; tout à coup la foudre éclata, les rideaux s’ouvrirent, et Mlle Blanche, en peignoir, nous surprit.

Sans prononcer une parole, elle posa la main sur une épaule de Marie, et murmura tout bas :

― Marie, c’est très mal, vous pouviez réveiller vos compagnes et les pousser aux mêmes folies. Vous êtes deux fois coupables, parce que vous vous êtes adressé à une nouvelle, qui ne connaît pas encore le règlement. Habillez-vous et suivez-moi à la chambre de punition. Demain vous comparaîtrez devant Mlle Fanny. Quant à vous, Adeline, vous auriez dû repousser les propositions de votre voisine. Vous ne l’avez pas fait, vous méritez un châtiment. Pour cette fois vous supporterez la simple flagellation, sans apparition au tribunal. Demain matin vous m’accompagnerez chez Madame.

J’étais épouvantée.

Marie s’habilla sans protester et suivit Mlle Blanche.

Longtemps je m’agitai, le sommeil s’entêtait à me fuir ; la fatigue finit par l’emporter.

Ma lettre est déjà bien longue, je la coupe, mon petit Paul, et te renvoie à la suivante pour connaître mon sort.


III. DE LA MÊME AU MÊME[modifier]

À mon réveil, à six heures du matin, le souci tourmentait mon esprit.

Dès les prières terminées, les élèves rentrées dans les salles à étude, Mlle Blanche me conduisit dans une grande pièce toute tendue de draperies noires, et éclairée par un lustre à six branches.

Devant une table se tenait assise Mlle Fanny Géraud, en toilette de soie noire, lui allant à ravir et faisant ressortir sa blonde beauté, aussi fine que celle de sa sœur, mais n’enlevant rien à la sévérité de son regard.

Debout, devant la table, il y avait Mlle Nanette Coutelin, au milieu de la salle : sur un pouf, je vis Marie Rougemont, et on m’invita à m’asseoir sur un autre pouf à son côté.

Comme mobilier la salle n’offrait que des poufs et des prie-Dieu de diverses hauteurs et de divers modèles.

Mlle Blanche s’approcha de Mlle Fanny avec laquelle elle échangea quelques mots, puis, se plaçant près de Mlle Nanette, elle écouta le discours de notre grande directrice :

― Votre faute, Marie, est plus grave que celle d’Adeline. Elle ressort du tribunal et vous en rendrez compte demain. Mais, coupable en même temps qu’Adeline, vous assisterez à sa punition, afin que vous vous en souveniez toutes les deux. Vous n’ignorez pas, Adeline, la nature de la faute que vous accomplissiez en ne résistant pas aux sollicitations de votre voisine de lit. Elle a surtout sa gravité dans le fait du sommeil de vos compagnes, que vous risquiez de troubler. Comme on n’a rien à vous reprocher, soit dans votre application au travail, soit dans votre conduite, pour cette fois vous en serez quitte avec une simple et forte fessée de la main, appliquée ici en comité restreint ; une seconde faute pareille, vous attirerait la fessée avec la verge, et en présence des trois classes réunies, ainsi que du grand conseil de direction. Je n’ai pas besoin d’insister sur ce que cette punition aurait de pénible pour votre amour-propre. Remerciez votre maîtresse de la modération qu’elle a témoignée à votre sujet, et promettez de ne plus recommencer.

J’étais très émue, je le promis, et je ne refusai pas d’embrasser Mlle Blanche.

Mlle Nanette fut chargée de l’exécution de la peine.

On avança un prie-Dieu ; on m’agenouilla sur le marchepied assez élevé, on m’attacha les bras et les jambes, Mlle Fanny ramena mes jupes sur le dos, et comme on m’avait fait enlever mon pantalon, mon cul apparut tout nu, dans sa complète rotondité.

Tous ces préparatifs m’impressionnaient fort ; j’étais toute rouge et un sentiment de honte me paralysait l’esprit. Je n’osais regarder personne, et tout à coup, une terrible claque s’abattit sur mes fesses.

Je poussai un cri. Mlle Nanette avait la main dure. Le cul tremblait sous la vibrante commotion de la main, et elle ne s’en tint pas là.

Trois, quatre, cinq, dix, douze claques avec toute la force du bras, me jetèrent dans une surexcitation extrême. Je criais, je pleurais, j’implorais ma grâce, tout tourbillonnait autour de moi, il me semblait que mes chairs se déchiraient, je redoutais sincèrement que mon pauvre cul demeurât à jamais endommagé.

La punition cessa. A la tête, debout devant moi, se trouvait Mlle Fanny ; Marie Rougemont se leva, se prosterna derrière moi, et notre maîtresse de classe dit alors :

― Vous avez valu le supplice à ce cher trésor, Marie, baisez-le maintenant, et calmez la douleur qu’il ressent.

Était-ce possible ?

Après le châtiment, on autorisait la cause qui l’attira. Mes pleurs se tarirent par enchantement. Marie me caressa avec gentillesse. Peu à peu je repris mes esprits, et je distinguai à nos côtés Mlle Blanche, accroupie entre les cuisses de Mlle Fanny, toute retroussée, et la baisant comme tu me le faisais.

Puis, Mlle Nanette, ramassant les jupes sur son bras, s’approcha des deux femmes, leur montrant ses jambes et son cul entièrement nus, et Mlle Fanny la caressa de la main, tandis que par moments, Mlle Blanche se tournait et lui léchait le cul.

Les caresses de Marie me transportaient dans le ciel ; oubliant la souffrance endurée, je ne tardai pas à jouir.

De cette décharge, Marie me donna un baiser plus ardent que les autres, elle suspendit mon délire, et, venant aux trois femmes, celles-ci se mirent en ligne, pour lui offrir leur cul qu’elle lécha successivement.

Attachée à mon prie-Dieu, je me croyais le jouet d’un rêve délicieux.

J’admirais trois postérieurs féminins, dignes d’inspirer les plus fougueux désirs, et mes soupirs se multipliant, je m’agitais, maudissant les liens qui me retenaient.

Mlle Blanche comprit ce qui se passait dans mon esprit, elle se souvint de moi, et gentiment vint me détacher. Elle me montra du doigt Marie, accroupie derrière les fesses de Mlle Fanny et de Mlle Nanette, les caressant et les partageant habilement ; elle se retroussa et me présenta les siennes.

Ah ! mon petit Paul, je pensais en cet instant à tous tes plaisirs et ceux de l’abbé, lorsque vous dévoriez mon cul de vos chaudes lippées !

Le cul de Blanche, potelé, rondelet, bien marqué dans sa raie, ombragé vers le bas de quelques poils follets, s’épanouissait devant mes yeux ravis dans toute l’éblouissante blancheur de ses chairs.

Elle se pencha en avant, pour que j’en admirasse toute la suave conjecture, et je baisai avec émotion d’abord les parties charnues, envoyant la main entre les cuisses vers le conin, qui, coquet et mignon, apparaissait entre les poils.

Elle développa ses rondeurs, la raie miroita de mille feux brûlants, un de mes doigts la parcourut, puis mon nez, comme tu me le fis, enfin mes lèvres et ma langue.

Quelle extase, quelle fièvre ! Je nageais en pleine félicité, et tout à coup on me l’arracha. Je n’eus pas le temps de me plaindre, le cul de Nanette s’offrait à mon délire.

Quelle allure, celui-ci ! un peu plus petit que chez Blanche, on aurait dit qu’il possédait une âme tant il se prêtait à l’impulsion désirée. Élégant, d’un ovale parfait, ferme et dur, plein de nerfs et de muscles, il jouait de la raie avec une dextérité merveilleuse. Les joues se gonflaient soudain, puis se repliant, la raie s’échancrait fortement, pour se refermer brutalement et ne plus présenter qu’une mince ligne, où il semblait impossible de glisser l’extrémité d’un ongle.

Manœuvré avec une incroyable science, il s’élevait, s’abaissait, dessinait des courbes à droite, à gauche, au milieu desquelles ma langue, éprise de ses chaînes, le suivait dans toutes ses évolutions, le mouillant de la salive, qui me montait au gosier. Quel jeu divin, quel charmant dénouement à la peine de tantôt ! On me régala encore de celui de Fanny, en deux avec le cul de Marie Rougemont.

Cette dernière se mit à quatre pattes et par dessus elle, un peu en avant, se plaça notre grande directrice.

Je dus distribuer mes caresses à ces deux nouveaux bijoux.

Le cul de Fanny surpassait le cul de Marie par l’ampleur et le fin de ses formes, mais celui de Marie ne manquait pas de grâce et de gentillesse. Protégé par la superbe croupe de notre maîtresse, la plus forte de celles contemplées dans cette salle, il affectait la modestie, la timidité et appelait tout aussi bien la furie des lèvres.

Mais comment dépeindre cette royale beauté de Fanny ? Ah ! mon petit Paul, tu te serais vautré dessus à en expirer. Je me demandais, si bien prise dans tous ses membres, si délicate dans ses formes, elle pouvait avoir une telle ampleur du cul.

Étalé sous mes yeux, il dominait tout le corps, avec une raie profonde, accentuée, rosée, s’étendant très bas et très liant, avec des proportions à enfouir toute la machine de l’abbé.

Debout, tout rentrait dans les limites naturelles et raisonnables ; à quatre pattes il s’accroissait à m’affoler.

Je m’y cramponnai des mains, de la bouche, de la langue, des dents même, revenant de temps en temps à ma petite amie, et elle tressauta, jouissant déjà, murmurant :

― Petite Adeline, tu deviendras l’une de mes meilleures élèves. On t’aimera beaucoup, et tu aimeras notre maison. Rends-moi les coups que Nanette t’a donnés.

Je n’osais, je baisais et léchais. Nanette me poussant la tête sur le cul de Fanny, me dit :

― Tape donc petite, puisqu’elle te le demande, tu lui causeras ainsi de la volupté.

Tandis que je m’exécutais, frappant à coups redoublés ce joli cul, répondant à mes claques par des frissons, que je voyais courir le long de la fente, Nanette mit Blanche à cheval sur ses jambes, toutes les deux se collèrent lèvres contre lèvres ; leurs mains coururent sous leurs jupes, et elles s’agitèrent avec frénésie, se flottant le ventre l’une contre l’autre.

Fanny, à un moment venu, serra le cul de Marie entre ses cuisses, elle se souleva par dessus, l’écrasa de tout son poids, son ventre retombant brusquement, et elle répandit sa liqueur de jouissance.

La félicité me clouait expirante la langue entre ses fesses.

N’est-ce pas miraculeux, mon cher Paul d’être si bien tombée. Garde bien le secret de ces lettres, et tu sauras toujours tout ce qui m’arrive.

Adeline.

IV. DE LA MÊME AU MÊME[modifier]

J’en suis restée, mon Paul à cette enivrante béatitude, qui s’empara de tout mon être en extase sur le cul de Fanny.

Peu à peu le calme renaquit ; on souleva une tenture ; un magnifique cabinet de toilette se trouvait à côté ; nous y passâmes, et on se lava.

Mlle Fanny se retira en nous embrassant, et comme je croyais la séance terminée, à ma grande joie, Mlle Blanche me pria de l’accompagner dans sa chambre, pendant que Nanette emmènerait dans la sienne Marie.

Chez elle, Blanche, qui m’autorisa à l’appeler de la sorte en dehors des classes, me fit mettre toute nue, et elle m’imita. Nous grimpâmes sur son lit, elle me prit dans ses bras, tenant mes fesses dans ses mains ; je pris également les siennes. Elle me tendit ses lèvres que je me dépêchai de baiser et de sucer ; ses seins des plus délectables, s’appuyèrent contre ma poitrine, son ventre se colla au mien, ce fut une véritable extase infinie, où, sans bouger, serrées l’une contre l’autre à nous fondre mutuellement dans nos chairs, nous aspirâmes notre haleine dans une série ininterrompue de baisers suceurs de nos langues.

Au Paradis, les joies et les félicités ne sauraient être plus grandes que celles ainsi éprouvées !

Nos mains ne quittaient nos fesses que pour se promener sur nos corps, que pour permettre à nos bras de nous enlacer. Pour une pareille fin de punition, je rêvais à me rendre coupable toutes les nuits de pareille faute.

Blanche devina ma pensée, et dit :

― Chère Adeline, malgré tout ton bonheur actuel et le mien, ne pêche plus. Pour être digne de l’ivresse que je te procure, et qu’on te procurera dans cette maison au fur et à mesure de tes progrès, il est indispensable de soigner sa santé, et de ne pas compromettre celle de ses amies.

Nous aurions pu sévir, et ne pas te convier à cette volupté qui t’ouvre le ciel ; nous ne l’avons pas fait pour te prouver que tes désirs trouveront satisfaction à leur heure, mais à la condition de ne pas transgresser les règles de sagesse qui maintiennent l’harmonie entre toutes nos élèves, en nous garantissant leur soumission et leurs efforts à nous contenter ; si nous n’interdissions pas ces contacts nocturnes, pas une de nos élèves ne se reposerait. Te voilà au courant de notre facilité de plaisir, n’abuse pas des mystères. Puis-je compter sur ton obéissance ?

― Oui, chère maîtresse.

― Nous savons que tu jouis d’une robuste santé, et nous réparerons tes fatigues par une hygiène que prescrit un de nos docteurs. Certaine de ton zèle, de ta bonne volonté, on ne te ménagera pas les occasions de t’amuser. Défie-toi des petites aventures avec des camarades capricieuses. Je te le confie ici, un rien nous avertit de la faute et elle est arrêtée à son début. Tu étais nouvelle, tu as bénéficié de l’indulgence de la direction, il n’en irait pas de la sorte la prochaine fois.

Nous ne cessions de nous becqueter, de nous chatouiller le conin et Blanche s’échauffait.

Sautant à bas du lit, elle ouvrit un tiroir.

― Tiens, me dit-elle, passe-toi ça à la ceinture, et je vais t’apprendre à devenir mon petit amant.

― Oh ! répondis-je, je sais comment ça se pratique, on l’enfonce dans le cul.

― On te l’a mis dedans ? dit-elle, en éclatant de rire.

― Oui, répliquai-je.

― Oh ! la pauvre petite, tu as dû joliment souffrir !

― Non, cela me plaisait beaucoup. Vraiment ! Nous essayerons une autre fois. Pour l’instant, ce n’est pas de côte qu’il s’agit de l’enfoncer, mais par ici entre les cuisses.

― Ça entrera ?

― Viens vite sur moi, et remue-toi en même temps. Ce joujou s’appelle un godemiché, et ça remplace l’homme. Tu m’as versé une telle chaleur dans les veines, qu’il faut que tu me prennes.

Ces leçons ne sont difficiles à retenir.

Blanche avait placé le bout de l’instrument sur son conin, elle se dandina, je l’imitai avec une folle ardeur ; bientôt la machine, assez grosse, disparue en entier dans son ventre.

Nous nous tenions enlacées, nous sautions en cadence, elle me dévorait de baisers, que je rendais avec passion, une chaleur pénétrante me brûlait la moelle des os, nous jouîmes ensemble, et nos décharges se mêlèrent dans nos poils.

― Tu me promets d’être bien sage, me dit-elle, en nous rhabillant.

― Je le jure.

― Je compte sur ta parole, et tu ne t’en repentiras pas.

Nous retournâmes alors à nos classes.

Deux des plus anciennes parmi les grandes, Berthe Litton et Josèphe de Branzier avaient remplacé les maîtresses.

Marie Rougemont était déjà à sa place. Elle ne me parla de rien, ni les autres élèves non plus. Tout marcha, comme si rien ne s’était passé.

Je m’étonnai à la récréation de ne pas voir mon amie Angèle. J’appris avec chagrin que ma faute retombait en partie sur elle, qu’elle serait châtiée le lendemain à cause de moi, et que pour la journée elle subissait les arrêts et des corvées.

On agissait ainsi sur notre moral, sur notre cœur, pour que nous ne persévérions pas dans nos erreurs.

Le lendemain, se trouvant le jour du tribunal, j’allais entrer tout à fait dans la vie de la maison.

Le tribunal se rassemblait à cinq heures de l’après-midi.

Ma maîtresse, Mlle Blanche, m’amena dans un petit salon, où l’on me présenta à l’aumônier, M. l’abbé Jacquart, à MM. Camille Gaudin, un juge, Jules Galles, propriétaire, et Bernard de Charvey, médecin de la pension, tous hommes âgés de 35 à 40 ans, et formant le grand conseil de la maison.

Très intimidée, je les saluai avec gaucherie, et ne tardai pas à me rassurer devant leurs gracieusetés.

Mlle Juliette et Fanny Géraud, les deux autres maîtresses, et une élève de la grande classe, Mlle Berthe Litton, nous rejoignirent bientôt.

On se dirigea vers la salle de punition, organisée d’une autre manière que le matin précédent.

En haut, cinq fauteuils servirent de sièges à l’aumônier au milieu, ayant à sa droite Mlle Juliette, à sa gauche Mlle Fanny, lesquelles eurent de l’autre côté, la première M. Camille Gaudin, la seconde M. Bernard de Charvey.

Les trois maîtresses s’assirent sur des chaises du côté gauche ; Berthe Litton, M. Jules Galles et moi, nous nous installâmes de même au côté droit.

Vis-à-vis des cinq fauteuils se trouvaient des rangées de chaises, l’autre extrémité, pour les élèves, qui ne les occupèrent pas pour le début des punitions.

On commença en effet par celles ayant mérité la flagellation sans la présence de leurs amies et la petite classe ouvrit la séance par une jolie brouette, Lisa Carrin, une gamine de 17 ans, qu’amena toute nue, une des deux surveillantes Mlle Elise Robert, une grande et superbe fille de 19 ans ; l’autre, Mlle Georgette Pascal, une mignonne et gentille blonde de 18 ans, forme d’antithèse de la première, solide brune avec un léger duvet sur la lèvre supérieure, ne lui allant pas mal.

La petite Lisa, toute rouge, toute mièvre, toute embarrassée, à demi pleurnichante, fut attachée à un socle, placé au milieu de la salle, le dos tourné vers le conseil.

Berthe se leva, prit une feuille de papier et lu :

― Mlle Lisa Carrin a donné une gifle à une de ses camarades, a mal répondu à sa maîtresse, qui la réprimandait, a refusé de copier les dix pages infligées comme pensum, a subi la privation de récréation, a été condamnée à recevoir en plus cinq claques sur les fesses devant l’assemblée, Mlle Adeline Mirzan est chargée de l’exécution.

Ainsi après avoir souffert la flagellation, je devais à mon tour l’appliquer, et cela devant tout le monde.

Une peur atroce me cloua à ma place, mes jambes tremblaient. Le silence régnait, la chair de la pauvre petite condamnée miroitait à mes yeux. Mlle Juliette m’apostropha en ces termes :

― Eh bien Adeline, décidez-vous. N’allongez pas le supplice de cette enfant par une cruelle et inutile attente. Fouettez-la et ferme, elle l’a bien mérité.

Tous les regards pesaient sur moi, je ne pouvais davantage reculer.

Je me dressai et m’approchai du terrible poteau.

Pauvre petite Lisa ! Ses jambes frêles supportaient un petit cul blanc et mignon ; elle tressaillait d’effroi ; elle me dit tout bas :

― Ne frappe pas trop fort, je t’en prie, je crains beaucoup les coups.

Mon cœur se serrait, Mlle Juliette reprit :

― Voyons, voyons, Adeline, vous apportez une déplorable lenteur à votre mission, nous n’en finirons jamais si vous ne vous hâtez pas davantage. Ce n’est cependant rien à côté des autres.

Refuser de frapper, j’y pensai un instant. J’entrevis que non seulement il m’en cuirait, mais encore à toutes celles qui devaient être châtiées ce jour-là.

Je fermai les yeux, et vlan, vlan, les cinq claques retentirent sur le petit cul. Lisa poussa un hurlement, je ne l’avais pas ménagée comme je l’aurais voulu, son cul ressortait cramoisi.

On la détacha et on l’emmena.

― Restez là, m’ordonna Mademoiselle Juliette, il y en a deux autres à expédier de la sorte.

Hélas, la suivante n’était autre qu’Angèle, qui apparut tout habillée et toute triste.

On lia ses bras, ses jambes, et on appuya le haut de son corps sur le dossier d’un prie-Dieu.

Berthe lut :

― Mademoiselle Angèle de Noirmont, condamnation par ricochet à douze claques sur les fesses, pour lubricité nocturne de sa jeune amie Adeline, surprise en flagrant délit avec Marie Rougemont. Privation de plaisirs une journée pour ne pas avoir appris à Adeline la nature du lien moral qui les attache l’une à l’autre.

On retroussa les jupes d’Angèle, on les épingla sur les épaules, son joli cul apparut divin, enchanteur, fascinateur ! Ah, comme j’eusse préféré le baiser : il fallut obéir, Mademoiselle Juliette prononça :

― Frappez, Adeline, et marchez plus vite que tantôt. J’allongeai deux, trois claques, avec une évidente mollesse : l’aumônier protesta :

― Ce n’est plus un châtiment si vous tapez aussi doucement. N’épargnez pas votre amie, Mademoiselle, sans quoi vous l’exposeriez à être fustigée par les verges.

Angèle ne soufflait pas mot, je m’exécutais et fouettais plus fort. Il me sembla que sa peau frissonnait, les fesses tressaillirent, les cuisses s’agitèrent ; soudain, à mon grand étonnement, au onzième coup elle déchargea.

Quoi, cette commotion devenait pour elle un bonheur ? Je ne pouvais en croire mes yeux, et par un effet de sympathie, je me sentis moi aussi toute chatouillée par le plaisir. Je frappais la douzième claque avec une violence inouïe.

On détacha Angèle, qui m’embrassa et partit.

La troisième coupable se trouvait être une autre grande, Mademoiselle Ève Philippe, condamnée à la flagellation avec verges, pour une discussion avec sa maîtresse, Mademoiselle Lucienne d’Herbollieu.

On la plaça comme Angèle et on remit un martinet à cinq ou six lanières.

Ève était magnifiquement faite, et d’une blancheur éblouissante, coquette et fine au possible, avec des yeux bleus d’une pureté angélique, elle représentait la plus idéale des blondes. Le cul bien pris, moins épais que ceux de mes maîtresses, entrevus la veille, n’en offrait pas moins une perfection absolue, et j’éprouvai encore de l’indécision à flétrir de si ravissantes chairs.

On me commanda, mon bras se leva et s’abaissa, les coups se précipitèrent, cinglant les deux fesses, pénétrant à l’entrecuisse, excitant les cris de la patiente qui se tordit, sollicitant sa grâce.

― Non, non, pas de grâce, s’écria Mademoiselle Juliette, frappez plus fort. À l’âge d’Ève, il n’est plus permis de commettre des fautes, de se disputer avec une maîtresse qui s’ingénie à être agréable à ses élèves. Plus on approche du jour où l’on quittera cette maison, plus il convient de se montrer déférente pour les bontés qu’on y rencontra.

― Je vous promets, Madame, de ne plus recommencer, j’en demande pardon à Lucienne.

― Frappez, Adeline, jusqu’à ce que le sang coule.

J’allais à tour de bras ; mes yeux se voilèrent. Les chairs de ce cul si charmant dansaient, je jouissais en tapant, mon teint s’animait, malgré moi, ma main libre se crispait sur ma robe entre mes cuisses, et à mesure que je frappais, je me grattais.

Personne ne paraissait s’en apercevoir. Ma folie m’envahissait le cerveau ; Ève pleurait, sanglotait, murmurait :

― Méchante, méchante, qui l’eut soupçonné ! Aïe, assez, pas plus, je vous en supplie tous.

Le sang coula, le supplice cessa, la pâleur sur mon visage remplaçait les couleurs ; on essuya et on pansa Ève, et détachée, elle dut m’embrasser en signe d’oubli de peine. Elle sortit et on m’appela devant le conseil. Alors, mon petit Paul, Juliette me retroussa, constata mon émotion, et je passai entre les mains de tous ces Messieurs, qui me caressèrent les cuisses et les fesses, me tapotèrent les joues, me prédirent mille félicités si je me montrais bien docile et bien discrète.

J’étais heureuse comme tu ne saurais l’imaginer et ils auraient exigé n’importe quoi, que je n’eusse rien refusé. Mais la séance allait continuer, chacun retourna à sa place, toutes les classes entrèrent.

En voilà assez pour aujourd’hui mon chéri, à demain les autres détails.

Ta sœur qui t’aime, Adeline.

V. DE LA MÊME AU MÊME[modifier]

Vis-à-vis le conseil, mon cher Paul, s’installèrent les trois classes, les premiers rangs, ensuite les moyennes, au fond les grandes.

Je remarquai que certaines élèves des trois catégories portaient une robe rouge, avec une croix d’honneur sur la poitrine.

On m’apprit plus tard qu’elles appartenaient à la confrérie des Filles Rouges, lesquelles se lient pour toujours avec la pension, jurant de ne se marier qu’avec un mari présenté par nos maîtresses, et d’assister toujours aux grandes fêtes de la maison.

Parmi les petites, deux portaient cette toilette, trois dans les moyennes, et six dans les grandes.

Toutes la désiraient ; on ne l’accordait qu’aux plus méritantes, aux plus intelligentes, aux plus discrètes, après un certain temps d’apprentissage.

Dans cette assemblée d’élèves, instruites avec une si douce méthode amicale, le silence régna absolu.

Deux jeunes filles de la classe moyenne comparurent devant le conseil : Marie Rougemont et une nommée Désirée Brocard, surprise au cabinet d’aisance, s’amusant toute seule.

Marie apparut, vêtue d’une longue chemise de nuit descendant sur les pieds, les cheveux dénoués flottant sur le dos, les mains attachées par derrière.

On la plaça debout devant le conseil, et l’aumônier lui dit :

― Nous avons su, Mademoiselle, l’acte répréhensible que vous commîtes, nous ne le relaterons pas ; votre faute est impardonnable. Avant de vous notifier la punition fixée, nous désirons entendre votre défense. Qu’alléguerez-vous pour votre justification ?

― Je souffrais de la tête, envahie par le sang, les nerfs me travaillaient, je ne jouissais plus de ma liberté d’esprit, le sommeil me fuyait, toute la journée des pensées m’agitèrent, je risquais une maladie à ne pas faire l’acte que vous me reprochez. Je le regrette, et j’accepte la pénitence que vous m’infligerez ; mais je crains de ne pouvoir m’empêcher de recommencer et je préfère l’avouer de suite, sollicitant toute votre indulgence pour l’avenir.

― Pour cette fois, nous vous condamnons à la flagellation par la badine et avec la verge pendant trois soirs, avant de vous coucher ; pendant un mois vous serez séparée d’avec vos compagnes, et pendant quinze jours vous n’aurez aucun rapport avec votre grande amie.

― Oh, je vous en supplie, ne m’isolez pas un aussi long temps.

― Nous condamnons en outre votre amie Isabelle à la flagellation par le martinet, qu’elle subira à vos côtés. Le jugement est définitif.

Sur ces mots, on introduisit Isabelle Parmentier dans la même tenue que Marie.

On les plaça en face l’une de l’autre, on les attacha à un prie-Dieu, on releva leur chemise qu’on épingla aux épaules, et il m’échut de châtier Isabelle, tandis que Nanette châtierait Marie. Un nouveau cul s’offrait à ma contemplation, un cul nerveux, aux fesses rondes et saillantes, à la raie fortement accusée vers le haut et vers le bas, où l’on apercevait une touffe de poils très noirs.

Isabelle qui, par sa petite taille, faisait l’effet d’une gamine, présentait, vue ainsi, une vigueur peu commune dans les membres ; les mollets développés attiraient l’attention sur des jambes merveilleuses, et la chute des reins, nette, superbe, montrait des épaules d’un modèle exquis, surplombant des seins fermes et hardis, que trahissait le pli de la chemise.

Le cul d’Isabelle, si joli qu’il fût, reçu une ample moisson de coups de martinet, comme tantôt celui d'Ève. Elle ne pleura pas, tressaillit par instants, contrastant avec Marie, qui hurlait à chaque coup de badine.

Tout de suite après cette exécution, Désirée Brocard entra sous le même appareil que ses deux devancières, tenant en plus un pot de chambre à la main.

L’aspect était si bouffon que tout le monde partit d’un grand éclat de rire, lequel provoqua un très vif incarnat sur ses joues. On la fit asseoir sur un pouf, et, sur un second pouf, près d’elle, on installa le pot de chambre.

Mademoiselle Nanette glissa un miroir dans le vase, et l’aumônier dit :

― Mon enfant, la solitude est une belle chose, mais il est des lieux mieux choisis que celui où vous vous réfugiâtes pour en apprécier le charme et la douceur. Votre punition sera plus morale qu’effective. On va vous coiffer de ce charmant récipient, et vous recevrez douze claques des mains de Diane de Versan. Pendant huit jours, on mettra à côté des plats le petit meuble, qui vous rappellera le cher réduit où vous vous délectiez. Après votre flagellation, vous ferez le tour des classes, votre pot à la main, et vous l’emporterez, plein ou non, pour le nettoyer avec le miroir qui est au fond, lequel ornera la tête de votre lit tout un mois.

Le délire devint général, même dans les rangs du conseil, et Désirée, de plus en plus rouge, ne sut quelle contenance tenir. On la coiffa du pot, et son amie Diane la claqua très fort en disant :

― Voilà pour toi, vilaine sotte, que la honte te couvre tout entière. Est-il permis de s’isoler en si vilain endroit quand on est en si bonne société ? Vlan, sale, petite cochonne, une autre fois je demanderai à Mademoiselle de rompre notre amitié.

― Non, oh, non, Diane, je ne recommencerai plus, tape plus fort, si tu veux, mais pardonne-moi.

La promenade du vase mit le comble à la joie. Presque toutes les petites prétendirent avoir envie, et presque toutes y pissèrent quelques gouttes. Les moyennes et les grandes montrèrent plus de retenue. Malgré cela, le vase se remplit.

On l’apporta à l’aumônier qui, le prenant, contempla la coupable, et dit :

― Que penseriez-vous, si je vous ordonnais de le boire ? Désirée pleurait en silence, il continua :

― Si je l’ordonnais, je paraîtrais approuver le vilain acte que vous accomplissiez. Je pourrais encore commander qu’on le verse sur le corps, en vous condamnant à rester ainsi sale toute une nuit, je vous en dispense. Allez, et nettoyez-le. Ne repêchez plus.

La liste des punitions épuisée, on passa aux récompenses.

Après le relevé des bonnes notes, on énuméra les noms de celles qui s’étaient distinguées, en commençant par les grandes.

1° Mademoiselle Athénaïs Caffarel, admise au Grand Cordon rose, pour application soutenue, conduite exemplaire à l’étude, bonne volonté constante à aider la direction et le personnel dans les soins et services de la maison.

C’était une blonde de 17 ans et demi, possédant déjà ses premiers diplômes, et appartenant à la pension depuis l’âge de 10 ans.

2° Mademoiselle Angèle de Noirmont (ma grande amie) admise à la Confrérie des Filles Rouges, pour sa douceur de caractère, son attachement à ses maîtresses et à la maison, la perfection de ses études, son précieux concours apporté à aplanir les difficultés entre élèves.

3° Mlle Eulalie Pierre, 13 ans et demi.

4° Mlle Léonore Grécœur, 14 ans, permission du coucher à 10 heures du soir et du lever à 7 heures du matin, pour toute une semaine.

5° Mlle Anne Flavart, 11 ans, don d’un livre d’historiettes pour son application et son obéissance.

6° Mlle Pauline de Merbes, 10 ans et demi, très délurée et très dégourdie, admission aux Filles Rouges pour sa bonne volonté, l’indomptable énergie qu’elle apportait à se sermenter et à suivre les conseils de ses maîtresses.

Nous eûmes ensuite un discours de l’aumônier, prêtant à bien des sous-entendus, quelques paroles de Mlle Juliette, nous quittâmes la salle de punition, y laissant nos maîtresses et les Filles Rouges.

La récréation suivit sous la surveillance de Mlle Elise Robert, dans une cour vitrée, en attendant l’heure du dîner. Les classes, quoique mélangées, se ressentaient de l’absence de toutes celles restées avec le conseil et nos maîtresses. Mlle Robert s’amusa avec les plus petites ; les moyennes causèrent avec leurs grandes amies, je me joignis à un groupe cinq à six et m’instruisis sur quelques détails et habitudes de la pension.

Je cessais de figurer parmi les ignorantes et je n’avais plus qu’à être portée par le courant.

Te voilà, mon petit Paul, renseigné sur mes débuts chez les demoiselles Géraud ; attends avec patience une nouvelle série de lettres pour bien tout savoir de mes actes. Je ne te cacherai rien de mes aventures. C’est encore une jouissance de les conter. Je souhaite, si à Londres tu es privé des plaisirs de la chair, que tu les goûtes en pensée avec moi. Mes lettres sont imbibées de la chaleur de mes sens, qui se prêtèrent toujours avec bonheur à la satisfaction des tiens. Ne sois pas malade, mon chéri, et tôt ou tard, nous recommencerons ce qu’on a prétendu nous interdire, je te le promets de tout mon cœur.

Mille bons baisers de ta sœur qui t’aime.

Adeline.