Pleureuses/05

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PleureusesErnest Flammarion (p. 25-26).


L’ÉLOIGNEMENT


Le passé qui passe…


Je ne reverrai plus les aveux incertains
Qui passaient autrefois sur tes lèvres peureuses,
Ton sourire d’enfant, ni ces objets lointains
Que nous avons touchés avec nos mains heureuses.

Peu à peu j’avais fait un beau rêve de toi,
Mon âme le suivait avec mansuétude
Et sans lever les yeux pour le voir devant soi,
Elle a continué la paisible habitude,


Je marche longtemps seul où je fus avec toi,
Je viens au rendez-vous comme un ami docile,
Et je te vois passer doucement devant moi
Pleine d’éloignement et de clarté tranquille.

Ne reviens pas, même un instant, même tout bas…
Le paradis des souvenirs mourrait de joie.
Laisse-nous tous les deux dormir ! ne reviens pas
Avec tes petits pieds et ta robe de soie.