Poèmes antiques et modernes/Éloa, ou la Sœur des Anges/Chant Premier, Naissance

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Poèmes antiques et modernes/Éloa, ou la Sœur des Anges
Poèmes antiques et modernes, Texte établi par Edmond Estève, Hachette (p. 20-41).


ÉLOA

ou
LA SŒUR DES ANGES
mystère[1]
C’est le serpent, dit-elle, je l’ai écouté, et il m’a trompée.
Genèse[2].


CHANT PREMIER

naissance

Il naquit sur la terre un Ange, dans le temps[3][4]
Où le Médiateur sauvait ses habitants.
Avec sa suite obscure et comme lui bannie,

Jésus avait quitté les murs de Béthanie ;
À travers la campagne il fuyait d’un pas lent,
Quelquefois s’arrêtait, priant et consolant,
Assis au bord d’un champ le prenait pour symbole[5],
Ou du Samaritain disait la parabole[6],
La brebis égarée[7], ou le mauvais pasteur[8],
Ou le sépulcre blanc pareil à l’imposteur[9] ;
Et, de là, poursuivant sa paisible conquête.
De la Chananéenne écoutait la requête[10],
À la fille sans guide enseignait ses chemins[11][12],
Puis aux petits enfants il imposait les mains[13][14].


L’aveugle-né voyait, sans pouvoir le comprendre,
Le lépreux et le sourd se toucher et s’entendre[15][16],
Et tous lui consacrant des larmes pour adieu[17],
Ils quittaient le désert où l’on exilait Dieu[18].
Fils de l’homme et sujet aux maux de la naissance[19],
Il les commençait tous par le plus grand, l’absence[20],
Abandonnant sa ville et subissant l’Édit,
Pour accomplir en tout ce qu’on avait prédit.



Or, pendant ces temps-là, ses amis en Judée
Voyaient venir leur fin qu’il avait retardée[21] ;
Lazare, qu’il aimait et ne visitait plus[22],
Vint à mourir, ses jours étant tous révolus.
Mais l’amitié de Dieu n’est-elle pas la vie[23] ?
Il partit dans la nuit ; sa marche était suivie
Par les deux jeunes sœurs du malade expiré,

Chez qui dans ses périls il s’était retiré[24].
C’était Marthe et Marie ; or, Marie était celle[25]
Qui versa les parfums et fit blâmer son zèle[26].
Tous s’affligeaient ; Jésus disait en vain : Il dort[27].
Et lui-même en voyant le linceul et le mort[28],
Il pleura[29]. — Larme sainte à l’amitié donnée,
Oh ! vous ne fûtes point aux vents abandonnée !
Des Séraphins penchés l’urne de diamant.
Invisible aux mortels, vous reçut mollement.
Et comme une merveille, au Ciel même étonnante,
Aux pieds de l’Eternel vous porta rayonnante[30].

De l’œil toujours ouvert un regard complaisant
Émut et fit briller l’ineffable présent ;
Et l’Esprit-Saint sur elle épanchant sa puissance
Donna l’âme et la vie à la divine essence.
Comme l’encens qui brûle aux rayons du soleil[31]
Se change en un feu pur, éclatant et vermeil,
On vit alors du sein de l’urne éblouissante.
S’élever une forme et blanche et grandissante,
Une voix s’entendit qui disait : Éloa[32] !
Et l’Ange apparaissant répondit : Me voilà[33].



Toute parée, aux yeux du Ciel qui la contemple,
Elle marche vers Dieu comme une épouse au Temple[34] ;
Son beau front est serein et pur comme un beau lis.
Et d’un voile d’azur il soulève les plis ;
Ses cheveux partagés, comme des gerbes blondes,

{{#tag :poem| Dans les vapeurs de l’air perdent leurs molles ondes, Comme on voit la comète errante dans les cieux[35] Fondre au sein de la nuit ses rayons gracieux[36] ; Une rose aux lueurs de l’aube matinale[37] N’a pas de son teint frais la rougeur virginale ; Et la lune, des bois éclairant l’épaisseur[38], D’un de ses doux regards n’atteint pas la douceur. Ses ailes sont d’argent ; sous une pâle robe[39], Son pied blanc tour à tour se montre et se dérobe, Et son sein agité, mais à peine aperçu, Soulève les contours du céleste tissu[40]. C’est une femme aussi, c’est une Ange charmante[41] ; Car ce peuple d’Esprits, cette famille aimante. Qui, pour nous, près de nous, prie et veille toujours, Unit sa pure essence en de saintes amours : L’Archange Raphaël, lorsqu’il vint sur la Terre, Sous le berceau d’Éden conta ce doux mystère[42].

}}

Mais nulle de ces sœurs que Dieu créa pour eux
N’apporta plus de joie au ciel des Bienheureux[43].



Les Chérubins brûlants qu’enveloppent six ailes[44],
Les tendres Séraphins, Dieux des amours fidèles[45],
Les Trônes, les Vertus, les Princes, les Ardeurs[46],
Les Dominations, les Gardiens, les Splendeurs,

Et les Rêves pieux, et les saintes Louanges[47],
Et tous les Anges purs, et tous les grands Archanges[48],
Et tout ce que le Ciel renferme d’habitants,
Tous, de leurs ailes d’or voilés en même temps[49],
Abaissèrent leurs fronts jusqu’à ses pieds de neige[50],
Et les Vierges ses sœurs s’unissant en cortège,
Comme autour de la Lune on voit les feux du soir,
Se tenant par la main, coururent pour la voir.
Des harpes d’or pendaient à leur chaste ceinture ;
Et des fleurs qu’au Ciel seul fit germer la nature,
Des fleurs qu’on ne voit pas dans l’Été des humains[51],
Comme une large pluie abondaient sous leurs mains[52].



« Heureux, chantaient alors des voix incomparables,

» Heureux le monde offert à ses pas secourables !
» Quand elle aura passé parmi les malheureux,
» L’esprit consolateur se répandra sur eux.
» Quel globe attend ses pas ? Quel siècle la demande[53] ?
» Naîtra-t-il d’autres cieux afin qu’elle y commande[54] ? »



Un jour… (Comment oser nommer du nom de jour
Ce qui n’a pas de fuite et n’a pas de retour ?
Des langages humains défiant l’indigence,
L’Éternité se voile à notre intelligence.
Et pour nous faire entendre un de ses courts instants[55],
Il faut chercher pour eux un nom parmi les Temps[56][57][58].)
Un jour les habitants de l’immortel empire,
Imprudents une fois, s’unissaient pour l’instruire[59].
« Éloa, disaient-ils, oh ! veillez bien sur vous[60] :
» Un Ange peut tomber ; le plus beau de nous tous
» N’est plus ici : pourtant dans sa vertu première

» On le nommait celui qui porte la lumière[61] ;
» Car il portait l’amour et la vie en tout lieu,
» Aux astres il portait tous les ordres de Dieu[62][63] ;
» La Terre consacrait sa beauté sans égale[64],
» Appelant Lucifer l’étoile matinale,
» Diamant radieux, que sur son front vermeil,
» Parmi ses cheveux d’or a posé le Soleil[65].
» Mais on dit qu’à présent il est sans diadème[66],
» Qu’il gémit, qu’il est seul, que personne ne l’aime,
» Que la noirceur d’un crime appesantit ses yeux[67],
» Qu’il ne sait plus parler le langage des Cieux ;
» La mort est dans les mots que prononce sa bouche ;
» Il brûle ce qu’il voit, il flétrit ce qu’il touche[68][69] ;

» Il ne peut plus sentir le mal ni les bienfaits ;
» Il est même sans joie aux malheurs qu’il a faits.
» Le Ciel qu’il habita se trouble à sa mémoire,
» Nul Ange n’osera vous conter son histoire[70],
» Aucun Saint n’oserait dire une fois son nom[71][72]. »
Et l’on crut qu’Éloa le maudirait ; mais non,
L’effroi n’altéra point son paisible visage[73],
Et ce fut pour le Ciel un alarmant présage.
Son premier mouvement ne fut pas de frémir[74],
Mais plutôt d’approcher comme pour secourir ;
La tristesse apparut sur sa lèvre glacée
Aussitôt qu’un malheur s’offrit à sa pensée[75] ;
Elle apprit à rêver, et son front innocent
De ce trouble inconnu rougit en s’abaissant ;
Une larme brillait auprès de sa paupière.
Heureux ceux dont le cœur verse ainsi la première !


Un Ange eut ces ennuis qui troublent tant nos jours[76],
Et poursuivent les grands dans la pompe des cours[77] ;
Mais au sein des banquets, parmi la multitude[78].
Un homme qui gémit trouve la solitude ;
Le bruit des Nations, le bruit que font les Rois,
Rien n’éteint dans son cœur une plus forte voix.
Harpes du Paradis, vous étiez sans prodiges !
Chars vivants dont les yeux ont d’éclatants prestiges[79] !
Armures du Seigneur[80], pavillons du saint lieu[81],
Étoiles des bergers tombant des doigts de Dieu,
Saphirs des encensoirs, or du céleste dôme,

Délices du Nebel[82], senteurs du Cinnamome[83][84],
Vos bruits harmonieux, vos splendeurs, vos parfums,
Pour un Ange attristé devenaient importuns ;
Les cantiques sacrés troublaient sa rêverie,
Car rien n’y répondait à son âme attendrie ;
Et soit lorsque Dieu même, appelant les Esprits[85],
Dévoilait sa grandeur à leurs regards surpris,
Et montrait dans les cieux, foyer de la naissance[86].
Les profondeurs sans nom de sa triple puissance ;
Soit quand les Chérubins représentaient entre eux
Ou les actes du Christ ou ceux des Bienheureux,
Et répétaient au ciel chaque nouveau Mystère[87]
Qui, dans les mêmes temps, se passait sur la Terre,
La crèche offerte aux yeux des Mages étrangers[88],
La famille au désert, le salut des Bergers[89] :
Éloa s’écartant de ce divin spectacle.
Loin de leur foule et loin du brillant Tabernacle,
Cherchait quelque nuage où dans l’obscurité
Elle pourrait du moins rêver en liberté.



Les Anges ont des nuits comme la nuit humaine.
Il est dans le Ciel même une pure fontaine[90] ;

Une eau brillante y court sur un sable vermeil[91][92].
Quand un Ange la puise, il dort, mais d’un sommeil
Tel que le plus aimé des amants de la terre
N’en voudrait pas quitter le charme solitaire[93][94],
Pas même pour revoir dormant auprès de lui
La beauté dont la tête a son bras pour appui.
Mais en vain Éloa s’abreuvait de son onde,
Sa douleur inquiète en était plus profonde ;
Et toujours dans la nuit un rêve lui montrait[95]
Un Ange malheureux qui de loin l’implorait[96][97].
Les Vierges quelquefois pour connaître sa peine[98],
Formant une prière inentendue et vaine[99],
L’entouraient, et prenant ces soins qui font souffrir.
Demandaient quels trésors il lui fallait offrir,

{{#tag :poem|

Et de quel prix serait son éternelle vie. Si le bonheur du Ciel flattait peu son envie[100] ; Et pourquoi son regard ne cherchait pas enfin Les regards d’un Archange ou ceux d’un Séraphin[101]. Éloa répondait une seule parole[102] : « Aucun d’eux n’a besoin de celle qui console. » On dit qu’il en est un… » Mais détournant leurs pas, Les Vierges s’enfuyaient et ne le nommaient pas[103].


Cependant, seule, un jour, leur timide compagne Regarde autour de soi la céleste campagne. Étend l’aile et sourit, s’envole, et dans les airs Cherche sa Terre amie ou des astres déserts[104][105].


Ainsi dans les forêts de la Louisiane[106], Bercé sous les bambous et la longue liane. Ayant rompu l’œuf d’or par le soleil mûri. Sort de son nid de fleurs l’éclatant Colibri[107][108] ;

}}

Une verte émeraude a couronné sa tête,
Des ailes sur son dos la pourpre est déjà prête,
La cuirasse d’azur garnit son jeune cœur ;
Pour les luttes de l’air l’oiseau part en vainqueur[109]
Il promène en des lieux voisins de la lumière
Ses plumes de corail qui craignent la poussière[110] ;
Sous son abri sauvage étonnant le ramier,
Le hardi voyageur visite le palmier[111].
La plaine des parfums est d’abord délaissée ;
Il passe, ambitieux, de l’érable à l’alcée[112],
Et de tous ses festins croit trouver les apprêts
Sur le front du palmiste ou les bras du cyprès[113] ;
Mais les bois sont trop grands pour ses ailes naissantes.
Et les fleurs du berceau de ces lieux sont absentes ;
Sur la verte savane il descend les chercher[114] ;
Les serpents-oiseleurs qu’elles pourraient cacher[115]
L’effarouchent bien moins que les forêts arides[116].

Il poursuit près des eaux le jasmin des Florides[117][118],
La nonpareille au fond de ses chastes prisons[119],
Et la fraise embaumée au milieu des gazons[120].



C’est ainsi qu’Éloa, forte dès sa naissance[121],
De son aile argentée essayant la puissance,
Passant la blanche voie où des feux immortels
Brûlent aux pieds de Dieu comme un amas d’autels,
Tantôt se balançant sur deux jeunes planètes.
Tantôt posant ses pieds sur le front des comètes,
Afin de découvrir les êtres nés ailleurs[122][123],
Arriva seule au fond des Cieux inférieurs.


L’Éther a ses degrés, d’une grandeur immense,
Jusqu’à l’ombre éternelle où le Chaos commence[124][125].
Sitôt qu’un Ange a fui l’azur illimité[126],
Coupole de saphirs qu’emplit la Trinité[127],
Il trouve un air moins pur ; là passent des nuages,
Là tournent des vapeurs, serpentent des orages.
Comme une garde agile, et dont la profondeur
De l’air que Dieu respire éteint pour nous l’ardeur.
Mais après nos soleils et sous les atmosphères
Où, dans leur cercle étroit, se balancent nos sphères,
L’espace est désert, triste, obscur, et sillonné
Par un noir tourbillon lentement entraîné.
Un jour douteux et pâle éclaire en vain la nue[128],
Sous elle est le Chaos et la nuit inconnue[129] ;

Et, lorsqu’un vent de feu brise son sein profond,
On devine le vide impalpable et sans fond[130].



Jamais les purs Esprits, enfants de la lumière[131],
De ces trois régions n’atteignent la dernière,
Et jamais ne s’égare aucun beau Séraphin
Sur ces degrés confus dont l’Enfer est la fin.
Même les Chérubins, si forts et si fidèles[132].
Craignent que l’air impur ne manque sous leurs ailes,
Et qu’ils ne soient forcés, dans ce vol dangereux,
De tomber jusqu’au fond du Chaos ténébreux.
due deviendrait alors l’exilé sans défense ?
Du rire des Démons l’inextinguible offense,
Leurs mots, leurs jeux railleurs, lent et cruel affront.
Feraient baisser ses yeux, feraient rougir son front.

Péril plus grand ! peut-être il lui faudrait entendre
Quelque chant d’abandon voluptueux et tendre :
Quelque regret du Ciel, un récit douloureux[133]
Dit par la douce voix d’un Ange malheureux[134].
Et même, en lui prêtant une oreille attendrie.
Il pourrait oublier la céleste patrie,
Se plaire sous la nuit, et dans une amitié
Qu’auraient nouée entre eux les chants et la pitié.
Et comment remonter à la voûte azurée,
Offrant à la lumière éclatante et dorée
Des cheveux dont les flots sont épars et ternis,
Des ailes sans couleurs, des bras, un col brunis,
Un front plus pâle, empreint de traces inconnues
Parmi les fronts sereins des habitants des nues[135],
Des yeux dont la rougeur montre qu’ils ont pleuré.
Et des pieds noirs encor d’un feu pestiféré[136] ?



Voilà pourquoi, toujours prudents et toujours sages.
Les Anges de ces lieux redoutent les passages.


C’était là cependant, sur la sombre vapeur[137],
Que la Vierge Éloa se reposait sans peur :
Elle ne se troubla qu’en voyant sa puissance[138],
Et les bienfaits nouveaux causés par sa présence.
Quelques mondes punis semblaient se consoler ;
Les globes s’arrêtaient pour l’entendre voler.
S’il arrivait aussi qu’en ses routes nouvelles[139]
Elle touchât l’un d’eux des plumes de ses ailes,
Alors tous les chagrins s’y taisaient un moment[140],
Les rivaux s’embrassaient avec étonnement ;
Tous les poignards tombaient oubliés par la haine ;
Le captif souriant marchait seul et sans chaîne[141] ;
Le criminel rentrait au temple de la loi ;
Le proscrit s’asseyait au palais de son Roi ;

L’inquiète Insomnie abandonnait sa proie ;
Les pleurs cessaient partout, hors les pleurs de la joie ;
Et surpris d’un bonheur rare chez les mortels,
Les amants séparés s’unissaient aux autels[142].

  1. Le sous-titre est emprunté à Byron, qui qualifie de « mystères » ses drames bibliques, Caïn et Ciel et Terre. « Les scènes qui suivent sont intitulées « mystère », conformément au titre que l’on donnait anciennement aux drames roulant sur de semblables sujets, que l’on appelait « mystères, ou moralités » (Préface de Caïn). — L’idée génératrice du poème se trouve peut-être dans ce passage du Génie du Christianisme, 1er partie, 1. III, ch. 3 : L’homme pouvait détruire l’harmonie de son être de deux manières, ou en voulant trop aimer, ou en voulant trop savoir. Il pécha surtout par la seconde : c’est qu’en effet nous avons beaucoup plus l’orgueil des sciences que l’orgueil de l’amour ; celui-ci aurait été plus digne de pitié que de châtiment.
  2. L’épigraphe choisie par Vigny dans la Genèse, à l’exemple de Byron pour son Caïn, ne reproduit pas littéralement un verset du mondes imparfaits qui naissent (1er corr : tous créés, 2e corr : inventés) pour mourir, | Et toutes ces beautés qui doivent se flétrir ? | Comment Dieu n’a-t-il pas des œuvres sans mélange ? | Une femme a paru sous les ailes d’un ange ? — Et plus bas : Sagesse du Très-haut, qui vous pénétrera ? | Une larme a causé la naissance d’un ange. | Toujours quelque douleur (future à son biffé) partout se montrera. | Sagesse du Très-haut, qui vous pénétrera ? | (Ce dernier vers est repris dans un des fragments que l’on trouvera à la suite de la note critique aux vers 73-74).
  3. Un feuillet non paginé donne, biffe, le couplet suivant, qui parait être une ébauche de début : Créateur, Créateur ! pourquoi tant de miracles ? | Ces nouveau-nés frappés par d’antiques oracles ? | Ces texte sacré. Elle en résume le chapitre iii, en s’inspirant plus particulièrement du verset 13 : Le Seigneur Dieu dit à la femme : Pourquoi avez-vous fait cela ? Elle répondit : Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé de ce fruit.
  4. Var : M, Un ange est né jadis sur notre terre au temps
  5. Allusion à la parabole de l’ivraie (Math., XIII, 38) : Le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les enfants de Dieu, et l’ivraie, ce sont les enfants du malin.
  6. Luc, X.
  7. Luc, XV, 1-10 ; Matth., XVIII, 12.
  8. Jean, X.
  9. Matth. XXIII, 27 : Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui êtes semblables à des sépulcres blanchis…
  10. Matth. XV, 22 : Et en même temps une femme Chananéenne… s’écria en lui disant ; Seigneur, fils de David, ayez pitié de moi : ma fille est misérablement tourmentée par le démon, etc…
  11. Allusion probable à l’épisode de la Samaritaine (Jean, IV).
  12. Var : M, il montrait (corr. : enseignait)
  13. Matth., XIX, 13 : On lui présenta ensuite de petits enfants, afin qu’il leur imposât les mains.
  14. Var : M, Sur les (corr. : Puis aux)
  15. L’aveugle : Jean, IX, 1-12, ou Marc, VIII, 22-26 ; le lépreux Matth., VIII 2-4 ; le sourd : Marc, VII, 31.
  16. Var v. 15-16 : M, 1er main, L’aveugle-né voyait sur la route isolée | Le lépreux embrasser sa femme consolée, 2e main, L’aveugle-né voyait s’embrassant sur sa route | Le lépreux et le sourd qui le touche et l’écoute,
  17. Var : M, 1er main, Et tous pour la cité qui reçut leur adieu, 2e main, texte actuel.
  18. Luc, V, 15-16 : Cependant comme sa réputation se répandait de plus en plus, les peuples venaient en foule pour l’entendre, et pour être guéris de leurs maladies ; mais il se retirait dans le désert et il priait.
  19. Var : M, Au début du vers, Sa, biffé.
  20. La Fontaine, Les Deux Pigeons :
    L’absence est le plus grand des maux.
  21. Var v. 21-24 : ces vers sont rajoutés sur le manuscrit.
  22. Jean, XI, 5 : Jésus aimait Marthe, Marie sa sœur, et Lazare.
  23. Jean, XI, 25 : Jésus lui repartit : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, quand il serait mort, vivra.
  24. Luc, X, 58-39 : Jésus, étant en chemin avec ses disciples, entra dans un bourg, et une femme nommée Marthe le reçut en sa maison. Elle avait une sœur nommée Marie…
  25. Var : M, et (corr. : or) Marie D, C’étaient Marthe et Marie ;
  26. Jean, XI, 2 : Cette Marie était celle qui répandit sur le Seigneur une huile de parfum ; et XII, 4-5 : Alors un de ses disciples, nommé Judas Iscariote, celui qui devait le trahir, commença de dire : Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, qu’on aurait donnés aux pauvres ? — Voir aussi Matth. XXVI, 6-9.
  27. Var : M, 1er main, Elles pleuraient : en vain Jésus disait : il dort. 2e main, texte actuel.
  28. Var : M, 1er main, Mais lui, quand le sépulcre ouvert montra le mort, 2e main, Et lui-même ayant vu la dépouille du mort, 3e main, texte actuel.
  29. Jean, XI, 11 : Après leur avoir dit ces paroles, il ajouta : Notre ami Lazare dort… — XI, 33-35 : Jésus, voyant qu’elle (Marie) pleurait, et que les Juifs qui étaient venus avec elle pleuraient aussi, frémit en esprit et se troubla lui-même. Puis il leur dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui répondirent : Seigneur, venez et voyez. Alors Jésus pleura.
  30. Vigny parait s’inspirer ici de la légende de la Sainte Larme de Vendôme. On la trouvera tout au long dans la Cosmographie Universelle de Fr. de Belle-Forest, Paris, 1575 ; t. I, p. 322. « Lorsque nostre Seigneur resuscita le Lazare, et qu’il ploura, un Ange recueillit cette larme d’un grand nombre qui ruisseloyent des yeux du Sauveur, formant soudain un vase qui à dire vray est de merveilleux artifice, et le dehors duquel est blanc et aussi transparent que chrystal ; et la sainte Larme (qui tousjours tremblote dans ce petit vaisseau) est de couleur d’eau et azurée : je vous en parle comme sçavant, qui ay pris soigneuse garde à la contempler à mon aise. » Toujours d’après Belle-Forest, qui tient ses renseignements des religieux de Vendôme, l’Ange donna la sainte Larme à la Madeleine, qui la légua à saint Masimin, évêque de Marseille. Elle fut emportée par l’empereur Constantin à Constantinople ; elle en revint avec le comte d’Anjou Geoffroy Martel, qui la déposa en l’abbaye de la Trinité de Vendôme. Je ne sais par quelle voie cette légende était parvenue à Alfred de Vigny. Elle était également connue d’Henri de Latouche, qui y fait allusion dans son compte-rendu d’Éloa (Mercure du XIXe siècle, 1825, t. IX, p. 347 et suiv.).
  31. Var : M, Ainsi que le salpêtre (corr. : texte actuel).
  32. Var : M, Une voix inconnue au ciel dit : Éloa !
  33. Klopstock, chant I, v. 289-291, 299-502, trad. d’Antelmy, 1769, t. I, p. 21 : Le premier-né des Trônes, celui que Dieu honore du nom de son élu et que les cieux appellent Éloa… Dieu le créa le premier : il le revêtit d’un corps éthéré, formé des rayons les plus purs de l’aurore. Un ciel de nuées l’enveloppait au moment qu’il parvint à l’existence. Dieu, en le tirant du sein des nuées, le bénit et lui dit : « Créature, me voici. » — Ce passage de Klopstock est cité par Chateaubriand, Génie, 2e partie, l. IV, ch. 10.
  34. Moore, Les Amours des Anges, trad. Belloc, 1823, p. 19 : Comme la jeune épouse qui se penche au bord du lit nuptial…
  35. Var : M, Telle on voit
  36. Moore, A. d. A., p. 72 : Elle s’était évanouie comme un météore qui luit tout à coup sur nos têtes, et qui s’enfuit au moment où l’on crie : « Voyez, voyez !… »
  37. Var : M, La rose à la lueur (corr. : texte actuel).
  38. Var : M, Et des forêts la lune
  39. Var : M, sont d’argent est rajouté d’une autre encre.
  40. Var v. 65-66 : M, Et prodige enchanteur, dans son double dessin, | Le céleste tissu couvre à peine un beau sein.
  41. Var : C1, C2, ange
  42. Milton, P. P., V, 375 (l’archange Raphaël vient visiter Adam et Eve dans le Paradis terrestre) : Conduis-moi donc [dit-il à Adam] là où ton berceau répand son ombre. — VIII, 615 : À la question qui lui est posée par Adam : « N’aiment-ils point, les esprits célestes ? et leur amour, comment l’expriment-ils ? » l’archange répond : « Qu’il te suffise de savoir que nous sommes heureux ; et sans l’amour il n’est pas de bonheur… Plus aisément que l’air avec l’air, si les esprits s’embrassent, ils se mêlent tout entiers, désirant l’union du pur avec le pur. »
  43. Var v. 73-74 : M, Mais jamais les sœurs qui naquirent (corr. : Mais nulle de ces sœurs que Dieu créa) pour eux 1er main, n’arriva plus brillante au ciel des bienheureux 2e main, texte actuel.

    Plusieurs fragments inutilisés, écrits sur des feuillets non paginés du manuscrit, semblent se relier les uns aux autres, et former comme une première ébauche du développement qui va du vers 75 au vers 106 :

    1. — Sitôt que l’urne sainte eut fait naître Éloa, | Pour le triste univers l’heureux ciel espéra.

    2. — À leurs transports d’amour les Séraphins fidèles | L’accueillirent longtemps par le bruit de leurs ailes ; | mais troublant de leurs voix (corr. : à l’écart) les sons harmonieux | De l’hymne créateur que chantèrent les cieux, | Des Chérubins savans le chœur toujours austère | Répéta gravement, l’œil baissé vers la terre : | Prends garde, ô Vierge ailée (corr. : ô notre sœur) à la douce pitié, | Car des vertus du ciel tu n’as que la moitié. | À la pitié tu mo (inachevé ; ces deux vers et demi sont biffés). | Sagesse du très haut, qui vous pénétrera ? | 1er main, Pourquoi l’élevez-vous, celle qui tombera ? | 2e main, Sans la main du Seigneur l’étoile tombera.

    3. — Et sa couronne d’or aux magiques merveilles | n’ornera plus son front las de ses saintes (corr. : la nuit pendant ses) veilles. | Sous la main du Seigneur à peine épanoui | L’arc en ciel pâlira dans l’air évanoui. | Fuyez l’antique orgueil, créature nouvelle : | 1er main. C’est au fond de parfums (corr. : de l’encens) que le feu se révèle. | 2e main, Sous la myrrhe et l’encens la flamme se révèle. | Qui, naît parmi les pleurs peut être infortuné, | Ainsi que sur la terre est l’homme nouveau-né.

    4. — Elle enchante la femme et peut égarer l’ange. (Elle, dans ce vers, représente évidemment la pitié. Voir ci-dessus, fragment 2.)

  44. Milton, P. P., V, 276 : Raphaël reprend sa propre forme, celle d’un Séraphin ailé. Il portait six ailes, pour ombrager ses membres divins… — Ce passage est cité par Chateaubriand, Génie, 2e partie, l. IV, ch. 10.
  45. Var : M, 1er main, Les tendres Séraphins aux bleuâtres prunelles, 2e main, texte actuel.
  46. Var : M, Les trônes, les vertus, les princes.
  47. Var : M, Et les rêves légers et les saintes louanges,
  48. Milton, P. P., V, 600 : Écoutez, vous tous, Anges, race de lumière, Trônes, Dominations, Principautés, Vertus, Puissances… — et passim. — Chateaubriand, Génie, 1er partie, l. I, ch. 4, Des Anges : Ils sont les invisibles gardiens des hommes,… La religion nous permet d’attacher des anges protecteurs à la belle nature ainsi qu’aux sentiments vertueux… De globe en globe, avec les Séraphins, les Trônes, les Ardeurs, qui gouvernent les mondes, l’imagination fatiguée redescend enfin sur la terre… — Et Chateaubriand énumère, entre autres, le Génie des rêveries du cœur et l’Ange des saintes amours.
  49. Var : M, les vers 82-90 sont d’une écriture un peu postérieure.
  50. Moore, A. d. A., p. 32-33 : Vous vous rappelez tous deux le jour où celui à qui tout obéit assembla dans les bosquets nouvellement créés d’Éden les puissances angéliques pour contempler la merveille qu’il voulait accomplir avant d’apposer sur le monde le sceau de sa divinité… Au milieu du cercle des anges ravis d’admiration et de surprise, la Femme ouvrit les yeux pour la première fois… Avez-vous oublié sa rougeur, lorsque promenant ses regards étonnés sur le jardin solitaire et enchanté d’Éden, sur la mer, sur les cieux, elle entendit le frémissement des ailes de la multitude céleste ?
  51. Moore, A. d. A., p. 34 : … Ces fleurs lumineuses qui jaillirent au premier souffle de l’éternel.
  52. Var : M, 1er main, Abondante rosée échap (inachevé) 2e main, texte actuel.
  53. Moore, A. d. A., p. 19 : Pourquoi mon destin ne m’a-t-il pas fait naître esprit de cette belle étoile, habitant sa brillante sphère… ?
  54. Var : O, A, Cieux
  55. Var : D, un de ces courts instants,
  56. Milton, P. P., V, 579 : Quand un jour (car, même dans l’éternité, le temps, appliqué au mouvement, mesure toutes les choses durables par le présent, le passé et l’avenir), un de ces jours comme en produit la grande année céleste…
  57. Var : C3, parmi le temps.
  58. Var v. 97-102 : O, pas de parenthèse.
  59. Var v. 97-104 : M, 1er main, La terre aura peut-être un bienfait de ses mains ; | Quand on naît dans les pleurs on ressemble aux humains 2e main, La terre est son berceau, qu’elle soit dans ses mains, | Puisque les pleurs de Dieu coulaient pour les humains. » | Ainsi le ciel chantait et priant pour la terre. | Voulait qu’en sa faveur s’accomplit le mystère, | Mais Dieu souvent nous trompe, et ses profonds desseins | Ne sont pas mieux connus des anges ni des saints. | Ces chastes habitants de l’immortel empire, | Imprudents une fois, s’unissaient pour l’instruire.
  60. Var : M, Ils lui disaient un jour : (corr. : Éloa, disaient-ils,) Veillez toujours (corr. : bien) sur vous :
  61. Milton, P. P., VII, 131 : Sache donc qu’après que Lucifer (appelle-le ainsi, lui plus brillant jadis parmi l’année des anges que cette étoile parmi les étoiles) fut tombé du ciel avec ses légions flamboyantes à travers l’abime…
  62. Moore, A. d. A., p. 14 : Créatures de lumière… qui, à chaque instant de la nuit et du jour, transmettent, à travers leurs innombrables légions, l’écho de sa parole lumineuse. — Milton, P. P., X, 649 : Le Créateur, appelant par leur nom ses anges puissants, leur donna diverses missions, les mieux appropriées à la situation présente. Le soleil, le premier, reçut l’ordre de régler sa marche et son éclat… À la pale lune ils prescrivirent son devoir, et aux cinq autres planètes leurs mouvements et leurs positions… — Chateaubriand, Génie, 2e partie, l. IV, ch. 8 : Les messagers du Très-Haut portent ses décrets d’un bout de l’univers à l’autre.
  63. Var : M, Il portait au soleil (corr. : texte actuel).
  64. Var : M, La terre bénissait sa beauté virginale,
  65. Chateaubriand, Martyrs, l. III : L’astre humide et tremblant qui précède les pas du matin, cette autre planète qui parait comme un diamant dans la chevelure d’or du soleil.
  66. Var : M, 1er main, Et voilà qu’à présent vous ignorez sa gloire, 2e main, texte actuel.
  67. Var : M, habite dans ses yeux,
  68. Moore, A. d. A., p. 65 : À peine avais-je touché son corps frémissant, que je sentis… — ô affreux souvenir ! — oui, je sentis chaque étincelle de ce feu, si pur quand j’habitais parmi les astres, se changer, dénaturé par mon crime, en un feu terrestre et grossier qui brûlait et consumait tout ce qu’il touchait…
  69. Var : M, Il brûle ce qu’il voit et flétrit
  70. Var : M, vous dire son histoire,
  71. Milton, P.P., V, 657 : Mais ce n’est pas ainsi que veillait Satan (appelez-le ainsi, son autre nom ne se fait plus entendre au ciel)…
  72. Var : M, vous prononcer son nom. »
  73. Byron, Ciel et Terre, sc. I (Aholibamah, une fille des hommes, s’adresse à l’archange Samiasa) : Avec toi je puis tout partager, même une immortelle douleur… Non, quand le dard du serpent devrait me transpercer, et quand tu serais toi-même pareil au serpent, alors encore enroule-toi autour de moi ! et je sourirai, et je ne te maudirai pas…
  74. Var v. 127-129 : M, 1er main, L’effroi n’altéra point son paisible visage, | Nul mépris n’y jeta son flétrissant nuage, | Elle ne sentit pas la volonté de fuir, 2e main, L’effroi n’altéra point son visage paisible, | Et le premier désir qui s’y montra visible, | Ce ne fut pas celui qui conseille de fuir, 3e main, Son premier mouvement ce ne fut pas de fuir (corr. : texte actuel).
  75. Moore, A. d. A., p. 20 : Ce n’était point l’expression de la colère. Non… elle n’était pas irritée, mais triste. C’était une douleur aussi calme que profonde, un deuil qui ne permet point de larmes, tant l’amertume qui remplit le cœur s’y fixe et s’y glace.
  76. Var : M, 1er main, Il fut pour les esprits (corr. : un esprit) comme pour les humains | Une mélancolie et (corr. : sur) de secrets chemins. 2e main, Un ange eut ces ennuis qui troublent les mortels | Et poursuivent nos cœurs jusqu’au pied des autels.
  77. Vigny était encouragé par Chateaubriand à prêter aux anges les sentiments des hommes ; voir Génie, 2e partie, l. IV, ch. 16 : Pour éviter la froideur qui résulte de l’éternelle et toujours semblable félicité des justes, on pourrait essayer d’établir dans le ciel une espérance, une attente quelconque de plus de bonheur, ou d’une époque inconnue dans la révolution des êtres ; on pourrait rappeler davantage les choses humaines, soit en tirant des comparaisons, soit en donnant des affections et même des passions aux élus : l’Écriture nous parle des espérances et des tristesses du ciel. Pourquoi donc n’y aurait-il pas dans le Paradis des pleurs tels que les saints peuvent en répandre ?
  78. Var : M, À travers les banquets, parmi la multitude.
  79. Milton, P. P., VI, 846 : Les roues vivantes, semblablement parsemées d’une multitude d’yeux. — Chateaubriand, Martyrs, l. III : Près de lui (du Fils) est son char vivant dont les roues lancent des foudres et des éclairs. (Une note renvoie à Ezéchiel, I, 18-20, et à Milton.) — Moore, A. d. A., p. 35 : Les astres… roulant au milieu de l’espace comme des chars vivants de lumière.
  80. Milton, P. P., VII, 197 : Autour de son char étaient répandus sans nombre Chérubins et Séraphins, Potentats, Trônes et Vertus, esprits ailés et chars ailés, tirés de l’arsenal de Dieu (from fhe armoury of God). — VI, 713 (le Père s’adresse au Fils) : Ceins mes armes invincibles, et suspends mon épée sur ta forte cuisse.
  81. Milton, P. P., V, 646 : L’armée angélique répartie en bandes et en files, étend son camp le long des vivants ruisseaux, parmi les arbres de vie, pavillons innombrables et soudainement dressés…
  82. Voir La Fille de Jephté, v. 26.
  83. Prov., VII, 16-17 : J’ai suspendu mon lit… Je l’ai parfumé d’aloès, de myrrhe et de cinnamome.
  84. Var : B-C3, cinnamome,
  85. Var : O, A-C3, esprits,
  86. Var : O, A, B, Cieux,
  87. Var : O, A-C2, mystère
  88. Var : M, 1er main, La crèche de l’enfant, le salut des bergers, | La famille au désert, ses peines, (corr. : Dieu pleurant) ses dangers : 2e main, texte actuel.
  89. Var : M, O, A-C3, bergers :
  90. Var : O, ciel
  91. Milton, P. P., III, 356 (il s’agit de l’amarante, fleur du Ciel) : C’est là qu’elle pousse et dresse ses fleurs, ombrageant la Fontaine de Vie, et là où le Fleuve de Félicité roule sur les fleurs élyséennes son flot ambré.
  92. Var : M, 1er main, La rose a sa couleur, son rivage est vermeil 2e main, texte actuel.Un vers inemployé : Roule comme un beau sable avec des bruits charmants.
  93. Chateaubriand, Martyrs, l. XXIII : [Démodocus] ignorait ce sommeil de vie qui vient du ciel ; charme puissant composé de paix et d’innocence, qui n’amène point de songes, qui n’appesantit point l’âme, et qui semble être une douce vapeur de la vertu.
  94. Var- : M, Ne voudrait pas finir d’en rêver le mystère,
  95. Var : M, Et toujours dans la nuit un rêve (corr. : un songe)
  96. Moore, A. d. A., p. 44 (récit du second ange) : Ce fut pendant ses rêves que je m’emparai de son âme avec une douce puissance…
  97. Var : M, qui toujours (biffé, corrigé par : de loin également biffé) l’implorait.
  98. Var : M, 1er main, Quelquefois s’attristant et pleurant de sa peine, 2e main, Les Vierges quelquefois (1er corr. : Les sœurs une autre fois 2e corr. : Les Vierges quelquefois) pour connaître sa peine,
  99. A. Chènier, Hylas (texte de 1819) :

    Le jeune enfant de loin croit entendre sa voix,
    Et du fond des roseaux, pour adoucir sa peine,
    Lui répond d’une voix inentendue et vaine.

  100. Var v. 183-184 : M, 1er main, Et si les biens du ciel flattaient peu son envie, | Qui remplirait pour elle une éternelle vie ? 2e main, texte actuel.
  101. Var : M, Les regards (corr. : Le regard)
  102. Var : M, Mais elle répondait
  103. Var : M, Tous (biffé) les Anges (corr. : les Vierges) fuyaient (1er corr : s’envolaient 2e corr : s’enfuyaient)
  104. Moore, A. d. A., p. 27 : Ce fut vers cette étoile lointaine que je la vis diriger son vol à travers l’espace lumineux, vers cette île étincelante au milieu du firmament bleuâtre.
  105. Var : M, Cherche d’autres soleils ou de nouveaux déserts.
  106. Chateaubriand, Atala, Prologue : Une délicieuse contrée…, à laquelle les Français ont laissé le doux nom de Louisiane.
  107. Atala : Des colibris étincellent sur le jasmin des Florides.
  108. Var : D, lit
  109. Var : M, Prêt aux (corr. : Pour les) luttes
  110. Buffon, Histoire Naturelle, De l’oiseau-mouche : De tous les êtres animés voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs… L’émeraude, le rubis, la topaze brillent sur ses habits, il ne les souille jamais de la poussière de la terre, on le voit à peine toucher le gazon par instants, il est toujours en l’air, volant de fleurs en fleurs ; il a leur fraîcheur comme il a leur éclat, il vit de leur nectar. — La description du colibri par Vigny rappelle celle que Buffon donne du saphir-émeraude : la gorge saphir, et le reste du corps d’un vert glacé très brillant.
  111. Atala : Il [le magnolia] domine toute la forêt, et n’a d’autre rival que le palmier.
  112. Atala : Les vignes sauvages… s’élancent de l’érable au tulipier, du tulipier à l’alcée.
  113. Atala : Des perroquets jaunes… grimpent en circulant au haut des cyprès.
  114. Atala : Sur le bord occidental, des savanes se déroulent à perte de vue ; leurs flots de verdure, en s’éloignant, semblent monter dans l’azur du ciel.
  115. Atala : Des serpents oiseleurs sifflent suspendus au dôme des bois.
  116. Var : M. que les branches (corr. : forêts) arides.
  117. Voir ci-dessus, p. 34, n. 3.
  118. Var : O, A-C1, nompareille
  119. Atala : Des oiseaux moqueurs… descendent sur les gazons rougis par les fraises.
  120. Atala, Les chasseurs. Si le geai bleu du Meschacebé disait à la nonpareille des Florides : Pourquoi vous plaignez-vous si tristement ? n’avez-vous pas ici de belles eaux et de beaux ombrages ?… — Oui, répondrait la nonpareille fugitive, mais mon nid est dans le jasmin : qui me l’apportera ?
  121. Var : M, grande (corr. : forte) dès sa naissance — au verso du feuillet : fière de sa naissance.
  122. Moore, A. d. A. p. 34 : Oh ! quelle sublime vision furent pour moi les astres, lorsque je les vis pour la première fois… Ils furent la première passion de mon cœur. Infatigable, jour et nuit, soutenu par mes ailes, je me balançais dans leurs rayons. — P- 35 : Souvent je parcourais soir et matin les lignes radieuses qui s’étendent comme des réseaux d’or entre les étoiles et le soleil… Puis je volais rapidement à la découverte des astres lointains et solitaires qui veillent, comme des sentinelles vigilantes, sur le vide au-delà duquel habite le Chaos… Je suivais quelque comète voyageuse… Je me rappelle avec quels transports j’entonnais l’hymne de gloire, lorsque de nouveaux mondes d’étoiles, brillants de jeunesse et de fraîcheur, semblaient s’élancer du sein des ténèbres pour éblouir mes yeux. — p. 48 : comme les nuages d’automne qui retiennent les éclairs prêts à s’échapper de leurs flancs pour laisser briller une jeune étoile.
  123. Var : M, Cherchant à (corr. : afin de) découvrir
  124. Milton, P. P., III, 501 : [Satan] découvre au loin un grand édifice qui par des degrés magnifiques s’élève jusqu’à la muraille du Ciel… Les degrés étaient semblables à ceux par lesquels Jacob vit monter et descendre des Anges… Chaque degré était un mystère…
  125. Var : M, 1er main, Jusqu’aux lieux où du mal l’obscurité commence. 2e main, texte actuel.
  126. Var : M, 1er main, Lorsqu’un ange a quitté 2e main, texte actuel.
  127. Milton, P. P., II, 1034 : Mais enfin l’influence sacrée de la lumière commence à se faire sentir, et des murailles du Ciel elle pousse au loin dans le sein de l’obscure nuit une lueur d’aurore. Ici la Nature commence par son extrémité la plus lointaine, et le Chaos se retire… Satan, avec moins de fatigue, glisse sur les vagues apaisées… [Il contemple] les tours d’opale et les créneaux ornés de vivants saphirs, jadis sa demeure natale. — VI, 757 : Au-dessus de leurs tètes, c’est un firmament de cristal, où s’élève un trône de saphir.
  128. Var : M, Un jour douteux et jaune (corr. : pâle),
  129. Milton, P. P., III, 418 : Cependant sur le ferme globe opaque de ce monde sphérique, dont la première convexité enveloppe les orbes inférieurs lumineux, et les sépare du Chaos et de l’irruption des antiques Ténèbres, Satan se pose et marche. De loin cette convexité semblait un globe ; maintenant elle semble un continent sans bornes, sombre, désolé, sauvage, exposé à l’horreur d’une nuit sans étoiles, et aux orages toujours menaçants du Chaos qui gronde à l’entour ; ciel inclément, sauf du côté qui reçoit, par réflexion, des murailles du Ciel, encore que bien lointaines, une faible lumière, moins tourmentée par la bruyante tempête. — VII, 210 : Ils se tenaient [le Fils de Dieu et son cortège d’anges] sur le sol céleste, et du bord ils contemplaient le vaste, l’incommensurable abîme, tumultueux comme un océan, sombre, dévasté, sauvage, bouleversé de fond en comble par les vents furieux… — II, 890 : Devant leurs yeux, dans une vue soudaine, apparaissent les secrets du vieil abîme, sombre, incommensurable océan, sans borne, sans dimension, où la longueur, la largeur et la profondeur, le temps et l’espace sont perdus, où l’antique Nuit et le Chaos, ancêtres de la Nature, maintiennent une éternelle anarchie, au milieu du fracas de guerres sans fin, et règnent par la confusion. — La plupart des textes cités dans cette note et dans la précédente se trouvent rassemblés dans la 2e partie, l. IV, ch. 12, du Génie du Christianisme.
  130. Entre 242 et 243 : O, pas de filet.
  131. Var : O, A, B, C2, esprits,
  132. Var : M, 1er main, Même les Séraphins, Rois des anges fidèles, 2e main, Même les Chérubins, l’effroi des dieux rebelles,
  133. Var : M, 1er main, Quelque regret du ciel, d’un ami (corr. : où sont les) bienheureux 2e main, texte actuel.
  134. Ce « récit douloureux » ne serait-il pas l’un de ceux que font les trois anges déchus qui prennent tour à tour la parole dans le poème de Moore ? Le premier a été entraîné par sa passion sensuelle pour une fille de la terre ; le second s’est perdu par désir de savoir ; le troisième est passé insensiblement de l’amour du Créateur à l’amour de la créature.
  135. Moore, A. d. A., p. 15 : La lumière d’Éden lui restait encore, mais altérée, mais ternie. Ce n’est pas l’amour seul qui dans sou passage rapide avait obscurci son front ; d’autres joies plus terrestres y avaient laissé leur empreinte profonde.
  136. Entre 270 et 271 : O, pas de filet.
  137. Var : M, une note en prose parait se rapporter à ce passage : Et cependant ce fut là que vint Éloa.
  138. Var : M, esquisse en prose du développement final : Sans doute quelque puissance inconnue était en elle, car à son passage les mondes tressaillirent de joie. Toutes les infortunes furent un moment suspendues, les ennemis s’embrassèrent, les jalousies, les haines s’éteignirent, les Rois descendirent de leurs trônes, les conspirateurs jettèrent leurs poignards, les armées se reposèrent, les lions s’endormirent. Hélas ! pourquoi n’arrivas-tu pas jusqu’à nous, ange du bonheur et de la pais !
  139. Var : D, en ces routes
  140. Chateaubriand, Martyrs, XXIII : L’ange du sommeil abandonne aussitôt les voûtes éthérées… Il franchit d’abord la région des soleils et s’abaisse vers la terre, où le conduit un long cri de douleur… Il fend les airs sans bruit et sans agiter ses ailes ; il répand sur son passage la fraîcheur et la rosée ; il paraît : les flots s’assoupissent, les fleurs s’inclinent sur leurs tiges, la colombe cache sa tête sous son aile, et le lion s’endort dans son antre. Les sept collines de la ville éternelle s’offrent enfin aux regards de l’ange consolateur… Il ferme en passant les yeux des martyrs ; il vole à la retraite solitaire de Démodocus. Ce père infortuné s’agitait brûlant sur sa couche : le messager divin étend son sceptre pacifique et touche les paupières du vieillard : Démodocus tombe à l’instant dans un repos profond et délicieux.
  141. Var ; A, Le captif souriait, marchait
  142. Une note, jetée sur un feuillet du manuscrit du IIe chant d’Éloa (voir v. 148), semble indiquer que Vigny avait songé à insérer dans la dernière partie du chant 1er, à une place qui ne peut être exactement déterminée, un développement auquel il a ensuite renoncé : « Quelques vers dans le voyage d’Éloa où elle voie la terre et s’arrête à y penser : j’y suis née, ils ont l’air triste. »