Poèmes mesurés/1

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Poèmes mesurésMercure de France (p. 189).

I


J’ai vu passer un char. L’élastique bruyère
le chargeait. Elle sert à faire la litière.
Amie des fins d’Été, bruyère, tu régrettes
les traînées de soleil longues et violettes
quand, parmi les chemins craquelés, le perdreau
ruse par des lacets et s’envole d’en haut…
Son aile courbe, enlin ralentie, plane et plonge
dans tes touffes trouées comme sont les éponges.
Et la lande est si vaste, elle est si pleine d’air
que le chasseur croirait fouler un fond de mer.