Poésie et vérité 1942/Un feu sans tache

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Les Éditions de la Main à plume (p. 13-14).

UN FEU SANS TACHE

La menace sous le ciel rouge
Venait d’en bas des mâchoires
Des écailles des anneaux
D’une chaîne glissante et lourde

La vie était distribuée
Largement pour que la mort
Prît au sérieux le tribut
Qu’on lui payait sans compter

La mort était le dieu d’amour
Et les vainqueurs dans un baiser
S’évanouissaient sur leurs victimes
La pourriture avait du cœur

Et pourtant sous le ciel rouge
Sous les appétits de sang
Sous la famine lugubre
La caverne se ferma


La terre utile effaça
Les tombes creusées d’avance
Les enfants n’eurent plus peur
Des profondeurs maternelles

Et la bêtise et la démence
Et la bassesse firent place
À des hommes frères des hommes
Ne luttant plus contre la vie

À des hommes indestructibles.