Poésies (1820)/Élégies/À Délie (4)

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PoésiesFrançois Louis (p. 83-84).


À DÉLIE.


IV.


Toi, dont jamais les larmes
N’ont terni la beauté,
Enveloppe tes charmes,
Enchaîne ta gaîté ;
Que ta grâce divine,
Sous un voile de deuil,
S’abandonne et s’incline
Sur le bord d’un cercueil !

Quitte cette guirlande
Qui pare tes attraits ;
Laisse-la pour offrande
À ce jeune cyprès.
C’est ici le mélange
Des roses et des pleurs ;
C’est l’asile d’un ange…
Qu’il dorme sous des fleurs !


Vois-tu sous l’herbe tendre
Ce précieux tombeau ?
Là mon cœur vient attendre
Qu’on en creuse un nouveau.
Oui, mon fils !… l’arbre sombre
Qui se penche vers toi,
En te gardant son ombre,
Croîtra bientôt sur moi !

Toi, dont jamais les larmes
N’ont terni la beauté,
Ne voile plus tes charmes,
Rappelle ta gaîté…
Adieu, belle Délie !
Je te rends au plaisir ;
Retourne vers la vie,
Et laisse-moi mourir !