Poésies (1820)/Élégies/L’Imprudence

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PoésiesFrançois Louis (p. 61).


L’IMPRUDENCE.


Comme une fleur méchamment effeuillée,
Pälit, tombe et s’efface une brillante erreur.
Ivre de toi, je rêvais le bonheur,
Je rêvais… tu m’as éveillée !
Que ce réveil va me coûter de pleurs !
Dans le sein de l’Amour pourrai-je les répandre ?
Il m’enchaînait à toi par des liens de fleurs ;
Tu me forces à les lui rendre.
Un seul mot à nos yeux découvre l’avenir ;
Un reproche souvent attriste l’espérance…
Hélas ! s’il faut rougir d’une tendre imprudence,
Toi qui la partageas, devais-tu m’en punir ?
Loin de moi va chercher un plus doux esclavage.
Ingrat ! de mon bonheur j’ai payé ton bonheur ;
Eh bien ! pour t’en venger, tu m’as rendu mon cœur,
Et tu me l’as rendu brülant de ton image !
Je le reprends ce cœur blessé par toi ;
Ne me reproche plus ma folle imprévoyance ;
Je lui dois ton indifférence ;
Que te faut-il encor pour te venger de moi ?