Poésies (1820)/Romances/À la Nuit

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PoésiesFrançois Louis (p. 145-146).


À LA NUIT.


Douce Nuit, ton charme paisible
Du malheureux suspend les pleurs ;
Nul mortel n’est insensible
À tes bienfaisantes erreurs ;
Souvent dans un cœur rebelle
Tu fais naître les désirs ;
Et l’amour tendre et fidèle
Te doit ses plus doux plaisirs.

Tu sais par un riant mensonge
Calmer un amant agité,
Et le consoler en songe,
D’une triste réalité.
Ô Nuit ! pour la douleur sombre,
Et pour le plaisir d’amour,
On doit préférer ton ombre
À l’éclat du plus beau jour.


Comme dans le sein d’une amie
On aime à verser sa douleur,
C’est à toi que je confie
Les premiers soupirs de mon cœur.
Cache-moi, s’il est possible,
L’objet de mon tendre effroi !…
Comme moi s’il est sensible,
Qu’il soit discret comme toi !