Poésies (Deubel)/09

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Le Beffroi (p. 39-40).


JEUNESSE


Par l’éclatant midi qui fond l’acier des fleuves
Jusqu’à ce que le soir élève au ciel son arche,
Je mène sans répit, dans la lumière neuve,
Ma jeunesse semblable à une armée en marche.

Les clairons de ma Joie éveillent la Fortune
Et mes désirs, serrés en phalanges massives,
Aux portes des cités, paresseuses captives,
Campent sous le manteau léger du clair de lune.


Parfois les yeux brillants des mondes qu’ils enferment,
L’écume aux dents, des morts ensanglantent les bermes
Et la baie rouge rit dans le houx vernissé ;

Mais mon angoisse est courte et, flottante bannière
Que j’élève au soleil qui la vient caresser,
Mon âme se déploie enivrée de lumière.