Pour Celle qui filait/1

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La Revue blancheTome 3 (série belge) (p. 148-149).

Pour Celle qui filait.


 
C’est pleurer que je voudrais,
Ô fileuse de l’automne,
Dans ta robe aux parfums frais
XxxOù ma main tâtonne.


J’ai suivi par les cités
Les pas des femmes mauvaises ;
Mes baisers sont moins comptés
XxxQu’au printemps les fraises.


Ces pieds maintenant si las,
Battaient-ils gaiement la ronde,
Aux jours où sous les lilas
XxxJe riais au monde !


Mais voici que tout cela
N’est que le rêve d’un rêve ;
J’ai payé, bien au-delà,
XxxMa volupté brève !

 


Revenu, par quels chemins !
À ta paix, calme ouvrière,
Je murmure entre tes mains
XxxLa vieille prière.


Si tu sens, prise à l’émoi
De ces blanc mots de l’enfance,
Un peu de pitié pour moi
XxxQui suis sans défense,


Ah ! baisse en larmes tes yeux,
Ces yeux plus doux que des lèvres,
Je croirai sentir les cieux
XxxFleurer sur mes fièvres !


Stuart MERRILL.