Premier Printemps (Haag)

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Anonyme ()
Le Livre d’un inconnuAlphonse Lemerre (p. 16-17).


IX

PREMIER PRINTEMPS


Lorsque l’on sent dans les clairières
Le souffle tiède du printemps,
Lorsque l’on voit les primevères
Émailler d’or l’herbe des champs,

Lorsque l’eau des ruisseaux gazouille
Plus gaîment sous les noirs buissons,
Lorsque son cours plus lent s’embrouille
Dans les épaisseurs des cressons,

Alors l’hiver grondeur s’efforce
Vainement de lutter encor :
Les verts bourgeons crevant l’écorce
Dérangent son triste décor.

Ses réserves sont épuisées,
L’azur sourit en le bravant ;
Ses neiges fondent en rosées
Aux baisers attiédis du vent.

Avril, qu’à bon droit il redoute,
Achèvera de ses rayons
Ses grêlons que met en déroute
L’avant-garde des papillons ;

Et les Amours, troupes rieuses
D’enfants ailés, vont par les bois
Poursuivant de leurs voix moqueuses
Sa vaine menace aux abois,

Et jusqu’au fond de sa tanière
Ils bombardent le vieux trembleur,
Avec la neige printanière
Qui tombe des arbres en fleurs.