Prospectus, abonnement

La bibliothèque libre.
Ajouter un fac-similé pour vérification, — comment faire ?
Ajouter un fac-similé pour vérification, — comment faire ?
Prospectus, abonnement
Anonyme

Depuis trente ans bientôt l’Allemagne et l’Angleterre possèdent des recueils périodiques, des revues qui servent de tribune aux plus hautes intelligences, aux esprits les plus actifs et les plus souples, qui suivent et dominent l’histoire à mesure qu’elle se fait, à qui les lenteurs et les ambages d’un livre exprofeso répugnent naturellement, et qui sans vouloir poursuivre et atteindre au pas de course les moindres évènemens s’imposent volontiers le devoir de saisir et d’épuiser les plus graves questions, de poser et de résoudre les problèmes sociaux, politiques, et littéraires, à mesure que le temps, les hommes et les choses les soulèvent en passant. Goëthe, les deux Humboldt, les deux Shlegel, W. Scott, Robert Southey, Coleridge, Mac-Intosh, Brougham, ont pris souvent les revues pour interprètes.

La France est venue plus tard à cette méthode de pensée et d’enseignement, qui participe à la fois du caractère actuel des journaux et de la discussion grave des livres. Depuis une douzaine d’années, plusieurs Revues, la plupart spéciales, ont été fondées, et ont obtenu le succès auquel elles pouvaient prétendre. Mais en général ce qui leur a manqué pour agir sur le public, ç’a été un ensemble harmonieux et solide, l’unité réelle des principes, cachée sous le libre développement des pensées individuelles ; ou bien elles ont été purement scientifiques, et à la rigueur des déductions dans lesquelles elles se renfermaient, leur interdisait la divergence ; ou bien elles ont été frivoles et décousues comme les magazines hebdomadaires de Londres, et alors elles ne pouvaient atteindre à une autorité sérieuse.

La Revue des deux Mondes a pris à tâche de réunir dans un cadres assez large, les principaux avantages des revues allemandes, anglaises et françaises. Elle saura se faire, avec le concours des hommes spéciaux, érudite comme l’Allemagne ; elle discutera comme l’Angleterre les théories de Malthus, Chalmers et Ricardo. Elle donnera, s’il le faut, et quand il se rencontrera une digne occasion, le même et sérieux développement à la critique littéraire que la Revue d’Edimbourg. Les organes ne lui feront pas défaut.

Depuis six mois, grâces à l’active coopération des esprits les plus éminens, elle a conquis une popularité méritée. Les scènes historiques de M. Alexandre Dumas, les morceaux de M. Sainte-Beuve sur les écrivains contemporains, comparables aux meilleurs portraits de W. Hazzlitt, les souvenirs d’Espagne de M. Fontaney, les lettres philosophiques Ie M. Lerminier, les voyages de MM. Dumont d’Urville, Douville et Eugène Ney, le Stello de M. Alfred de Vigny qui révèle dans l’auteur de Cinq-Mars et de Moïse une manière nouvelle et inattendue, et qui réunit le caprice de Sterne à la fantaisie d’Hoffmann, ont marqué sa place à la tête des recueils périodiques de la France. Elle s’est composée à son usage une sorte de panoplie littéraire, en plaçant habilement les noms jeunes et inconnus, mais prédestinés à la puissance, entre des noms glorieux et imposans. Les études philosophiques de MM. Edgar Quinet, Michelet et Barchou sur l’Allemagne, qui vont éclairer d’un jour nouveau des questions à peine effleurées jusqu’ici, ne peuvent manquer de lui conquérir une autorité grave et sûre.

Elle publiera sur les poètes modernes de la Grande-Bretagne des études biographiques et critiques de M. Gustave Planche, et des travaux de M. Charles Magnin sur La littérature portugaise.

La table du dernier volume témoigne hautement des efforts que la Revue des deux Mondes a fait jusqu’ici pour mériter la sympathie publique ; mais à tous ces noms éclatans qu’elle présente, elle espère en joindre bientôt d’autres non moins célèbres dans les sciences et les lettres.


La Revue des deux Mondes compte deux années d’existence ; la dernière période annuelle qu’elle vient de parcourir, lui a surtout acquis la faveur publique qui s’attache aux entreprises utiles et consciencieuses ; en jetant les yeux sur le tableau ci-dessous de ses livraisons, pendant l’année qui vient de s’écouler, les hommes graves et impartiaux se plairont à reconnaître, nous en avons la confiance, l’intérêt, la variété et l’importance de ses publications.

Il suffit de rappeler sommairement les recherches de MM. Ampère et Fauriel sur l’archéologie littéraire ; celles de M. Ch. Magnin sur l’art au moyen-âge ; les dramatiques compositions de MM. Alfred de Vigny et Alexandre Dumas ; les travaux de MM. Jouffroy, Lerminier, Barchou, E. Quinet, sur la philosophie et l’histoire ; dans la critique littéraire, les portraits contemporains de MM. Ste-Beuve et Gustave Planche ; les divers fragmens de M. Victor Hugo ; les élégantes reproductions des meilleurs morceaux de la littérature allemande, de M. Loève-Veimars ; les voyages de M. Th. Lacordaire ; enfin, les revues scientifiques de MM. le professeur Libri et le docteur Roulin.

La Revue des deux Mondes continuera, pendant l’année qui va s’ouvrir, à marcher dans les mêmes voies de progrès ; elle tâchera de mieux faire encore, en appelant à son aide tous les jeunes talens de la France et de l’étranger.

La Revue des Deux Mondes paraît le 1er et le 15 de chaque mois, par livraison de 140 à 150 pages, grand in-8°, imprimé avec des caractères neufs sur papier grand-raisin.

Le prix d’abonnement est :
Pour Paris : un an : 48 fr ; six mois 24 ; trois mois 13.
Pour les départemens : un an : 54 f. ; six mois : 27 ; trois mois : 14.
Pour l’étranger : un an : 60 f. ; six mois : 30 ; trois mois : 16
On s’abonne pour Paris et les Départemens, au Bureau de la Revue, rue des Beaux-Arts, 6.
Pour l’Allemagne, à Leipsig, chez Michelsen, libraire ; à la Direction des postes à Aix-la-Chapelle et à Francfort.
Pour l’Angleterre, à Londres, chez Dulau, Treuttel et Wurtz, Soho-Square.
Pour la Russie, à Saint-Pétersbourg, chez Bellizwrd.
Pour les États-Unis, à New-York, chez Ch. Berh.