Psaume de l’Étoile du matin

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Dix-sept poëmes de Milosz
Texte établi par Armand Guibert, Éditions de mirages (p. 85-87).
PSAUME DE L’ÉTOILE DU MATIN


Les torrents de troupeauxdescendent vers les bergeriesl’ombre est sur An-Dor et Pau du pays d’Esaüsur Matred Toled Beith Aramsur tout Sparad de JudéeMémoire étoiléenuit d’Israël en espritLà-bas Artizarra déjà brilleau front de notre Mère l’Ibérieson Schouriène-leschourouns’éloigne en cachant son visagesous la bure de brumeSelahAssez bêlé au ciel salé de blancheursallons mes lécheuses de mursau sel du mur des pleurs habituées dans le chemin de l’hysopeentre les haies amèrespassez brebis du roi sous la houlettede ferBlanches dix-neuf noires quaranteet toi quarante-quatrièmenombres tracés de main de pâtreen bâtonnetssur certain mur de Beith lehemils sont plus nombreux que vous là-hautles chevreaux de la Vivantede la sœur fiancée du cantique nouveauSelahDes cèdres de la bénédictionla mainest toujours aussi lentesur nos têtes surgie du fond des âgesdans le langage de la mer occidentaleen vain Naphschi cherche à surprendreun seul mot nouveaule même cœur qu’au temps des pèresbat dans le bois la pierre et l’eaurien de tout cela qui revient n’est nouveautoutes ces choses dormaient dans les livres fermésles livres sous mes mains se sont ouvertspassez mes belles Judith passezbonnes fillessous la houlette de ferKimah Ksil et vous les Mazarothet vous les autres cieuxsans nom sans nombre suspendus tout en hautdans les grands brouillards de Dieusaints vieillards abaissez vers la terrevos regards de silex perdus voilésAïéleth-haschahar la bergèredescend vers Guinath Agozle vase de lait de lumière sur l’épauleelle appelle l’enfant Olelgardien du pâturage des lionscaresse dans son sommeil par les vipèresSelahVoici les choses sont ce qu’elles sontbuée des cilsfeux de pluie au bord du toitdans le sac du semeur poignée d’étoilesen tes roues qui entrent l’une dans l’autrelehezkeelles terribles spiralesvoici les choses sont ce qu’elles sontprofond profond est Celadevant celui qui se prosterne on se prosternera