Psyché (Laprade)/Argument du livre deuxième

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Alphonse Lemerre, éditeur (Œuvres poétiques de Victor de Lapradep. 37-40).

LIVRE DEUXIÈME





ARGUMENT


LA VIE TERRESTRE OU L’EXPIATION.

LA SÉRIE DES ÉPREUVES.

LES DIVERS ÂGES DE L’HISTOIRE.

I. Psyché au désert. — Après la faute d’Eve, Dieu maudit la terre, dit la Bible. La nature est devenue l’ennemie de l’homme, qui dans ces premiers temps est vaincu par elle. — En proie aux douleurs de la faim, exposée à la rage des bêtes fauves au milieu des sables torrides ou des forêts glaciales, la veuve de l’idéal, Psyché, rejetée du sein de l’Amour, perd presque entièrement dans les souffrances du corps le souvenir de l’époux mystique. — Après la chute, l’obscurcissement de la vérité est presque complet. — État sauvage ; les premiers arts matériels ne sont pas encore inventés. — Dieu ne cesse pas néanmoins de veiller sur l’âme. Éros, resté invisible, garantit Psyché des dangers de ce voyage à travers la nature vierge et la barbarie primitive.


II. Psyché, victime humaine. — Les premières sociétés barbares. — Les religions de sang et de ténèbres. — Le souvenir des révélations de l’Éden s’est effacé. L’humanité déchue reçoit ses premiers dieux de la terreur ; elle se prosterne devant des idoles monstrueuses. — Prise par une tribu de chasseurs, Psyché est réservée comme la plus précieuse victime d’une hécatombe humaine ; elle va monter sur le bûcher, lorsqu’elle est délivrée à la suite d’un combat des peuples nomades. — Les nationalités commencent à se former sous ces dieux exclusifs et sanguinaires ; tout étranger est ennemi, tout ennemi doit mourir.


III. Psyché esclave. — Premières sociétés régulières ; premières villes. — L’étranger n’est plus condamné à mourir ; la vie lui est conservée, mais il est esclave ; il est exclu du temple et de la cité. — Psyché prépare la nourriture grossière des captifs qui construisent Babylone. — Chant des esclaves bénissant la Nuit, divinité de l’oubli et du repos. — Un souvenir du bonheur antique et de l’apparition de l’idéal s’est réveillé dans l’âme de Psyché. — Écrasée par la servitude, elle veut chercher un refuge dans la mort. — Ses lamentations au bord du fleuve. — Mais la nature, par toutes ses voix, lui conseille de vivre. — L’humanité commence à recevoir de la nature une révélation meilleure, à y puiser le sentiment du bien.


IV. Psyché en Égypte. — Commencement des temps historiques. — Fin des religions de la nature ; renaissance de la tradition spiritualiste. — Invention des arts et des sciences. — Commencement de la domination de l’homme sur la nature et de l’exploitation régulière du globe. — Satisfaction des besoins du corps. — Servitude religieuse. — Dans ce premier apaisement des besoins physiques, et sous l’empire d’une théocratie dépositaire d’une grande tradition, le sentiment de l’idéal se réveille et se manifeste plus clairement. — L’Égypte initiatrice de l’Occident. Psyché, employée au service des temples, retrouve dans son cœur le souvenir d’Éros ; l’époux mystique lui apparaît dans ses rêves avec un divin sourire. — Elle fuit les dieux monstrueux de l’Égypte pour chercher ce dieu plus jeune, plus libre et plus beau.


V. La Grèce orphique et sacerdotale. — Psyché, dans sa fuite d’Egypte, a fait naufrage ; elle est recueillie dans un temple de la haute Grèce. — Consacrée à la déesse, elle connaît une divinité plus élevée et plus douce, une divinité à forme humaine. — vivant de posséder l’idéal, l’humanité est obligée de traverser plusieurs religions où la vérité divine se dégage de plus en plus. Les voiles sont arrachés l’un après l’autre ; les symboles deviennent plus transparents. — Psyché, qui aperçoit chaque jour plus clairement dans sa pensée la radieuse figure de l’époux, s’enfuit pour jamais du temple malgré l’effort du prêtre pour la retenir violemment. — L’anathème des vieilles religions idolâtriques impuissant devant l’appel de l’idéal. — Psyché, disciple émancipée du sacerdoce, a emporté la lyre sacrée.


VI. Les temps héroïques et la Grèce d’Homère. — Émancipation de la poésie et des arts. — Psyché aux jeux Pythiques ; elle y remporte le prix du chant. — Son hymne, en célébrant Apollon, chante à travers les symboles helléniques, l’évolution de l’âme humaine et ses destinées célestes. — Psyché cède la couronne au chanteur aveugle. — Hommage de l’esprit humain au génie de la Grèce. — Psyché ne sera plus enfermée dans un temple ; elle poursuivra librement la recherche de l’époux divin.


VII. Psyché à Sunium. — La Grèce philosophique. — Liberté complète de la pensée humaine ; l’homme choisit entre les traditions, et les interprète selon la lumière intérieure. — Dialogue de la veuve d’Éros avec le sage des sages. — Le beau, splendeur du vrai et souverain mobile de l’âme ; par lui elle est emportée vers l’idéal et remonte jusqu’au dieu qu’elle a perdu.


VIII. Psyché, reine. — Accomplissement des destinées terrestres de l’humanité. — La nature extérieure domptée par la science, mais par une science mêlée d’inspiration et d’amour analogue à la science intuitive des premiers âges. — La charrue de l’homme a labouré dans tous les sens le double domaine terrestre et intellectuel. L’âme a obtenu et épuisé tout ce que ce monde peut lui donner de bonheur et de lumière. — C’est alors que le désir d’idéal et d’infini se réveille plus dévorant que jamais. — Tristesse divine de Psyché à travers son existence royale. — Ardente invocation à l’époux mystique. Cri de l’âme saturée des biens de la terre vers Dieu et les biens infinis. — Toute la création s’associe aux immenses aspirations de Psyché. Déchue avec l’âme, la nature pressent aujourd’hui comme elle la réhabilitation prochaine. — Tous les êtres ont connu le besoin d’union avec Dieu ; l’attente de l’infini les fait tous tressaillir. — L’océan palpite ; les forêts tressaillent ; les lions vont atteindre la proie inconnue qu’ils poursuivent éternellement sur la montagne. Le Sphinx du désert va révéler l’énigme qu’il garde depuis le commencement sur ses lèvres fermées. — Mais ce n’est pas dans cette vie et sur ce globe que l’ineffable union peut s’accomplir. Brisée par le désir de l’infini, Psyché, dans un élan d’amour surhumain, expire en appelant Éros. Le cercle de l’épreuve est parcouru ; l’expiation est consommée.