Quelques notes sur la langue tupi

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H. Lamirault (p. 89-91).
QUELQUES NOTES SUR LA LANGUE TUPÍ
PAR
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Lorsque les Portugais, après la découverte de Cabral (1500), commencèrent à explorer et à coloniser le Brésil, ils trouvèrent tout le long de la côte, depuis la Plata jusqu’au delà des bouches de l’Amazone, des tribus d’Indiens d’une même nation, parlant la même langue et désignés sous le nom collectif de Tupís[1]. L’étymologie de ce mot est douteuse ; entre les différentes explications qu’on en donne, la plus acceptable semble être celle du vicomte de Porto-Seguro : t’ypi, ceux de la génération primitive[2]. On a aussi fait dériver ce mot de Tupan. C’était le nom de la divinité chez tous les Tupis ; ce nom avait même été adopté par d’autres nations indiennes, notamment par certaines tribus des Botocudos. Le mot Tupã (Tupan) est décomposé par Montoya d’une manière singulière : tu, particule d’admiration, et (pan), particule interrogative[3].

Au S.–O. du Brésil, dans le bassin du Paraná (pará, mer ; , semblable ; paranã, semblable à la mer), et du Paraguay (paraguâ, couronne de plumes ; i, rivière ; riv. des couronnes), se trouvaient et se trouvent encore les Guaranís (guaraní, ou plutôt, guarînî, guerre ; guarinyhára, guerrier). Ils parlaient, à peu de chose près, la même langue que les Tupís du Brésil. Cette langue guarano-tupi est désignée sous le nom d’abáñeenga.

Les Guarano-Tupís se sont toujours montrés plus accessibles à la civilisation européenne que les autres Indiens du Brésil qui parlaient des langues différentes. Ces derniers étaient désignés sous le nom général de Tapuyas (ennemis, étrangers ; de tàpĭ, prendre acheter, et eĭi, multitude ; multitude des prisonniers ou des esclaves)[4]. Aujourd’hui, le nombre des Tupís de la côte est fort réduit parce qu’ils ont été repoussés vers l’intérieur ou absorbés par la civilisation, et leur langue a été très modifiée par l’espagnol et le portugais.

Les noms de différentes tribus Tupís qui occupaient le littoral au XVIe siècle sont aujourd’hui inconnus. Ils n’ont plus d’ailleurs qu’un intérêt historique, comme ceux des Tamoyos de la province de Rio-de-Janeiro et de la partie orientale de São-Paulo (tamoĭ, grand-père), les Temiminós (Temỹ my̑nõ petit–fils), les Tupiniquins de l’Espirito–Santo (Tupinikê, Tupis voisins), les Tupinambás (Tĭpĭ–abá, Tĭpĭnabá, homme viril, fort) des provinces de Bahia, de Piauhy et de Maranhão. D’autres Indiens étaient désignés sous le nom de Tupinaes (mauvais tupí ; ai, mauvais, méchant). Ces dénominations étaient très nombreuses. Dans l’intérieur du Brésil on rencontre encore des membres disséminés de cette race tupí, comme les Manitsauás du haut Xingú, les Jurunas du bas Xingú, les Apiacás, les Mundurucûs et les Mauhés sur le Tapajóz, les Araquajûs sur le Parû. Il faudrait de plus longs développements que nous ne pouvons en donner dans cette note pour présenter la nomenclature à peu près complète des Indiens qui habitent encore le Brésil.

L’abáñeenga ou guarano-tupí, très répandu dans le Brésil, au Paraguay et dans le territoire situé entre l’Uruguay et le Paraná, a été étudié au XVIe siècle par les missionnaires de la Compagnie de Jésus. Cenx-ci, en composant des grammaires, des vocabulaires, des catéchismes, s’ingénièrent à réunir tous les dialectes. Jusque–là ces dialectes n’avaient jamais été écrits et ils étaient sujets à des changements fréquents et rapides, comme les migrations des tribus plus ou moins nomades qui les parlaient. Les Jésuites formèrent ainsi la « langue générale brésilienne » (lingua geral brazilica), qui est encore en usage dans les provinces de Pará et de l’Amazone, non seulement dans le commerce des Blancs avec les Indiens à moitié civilisés (Indios mansos, ladinos), mais aussi dans le commerce de ces derniers avec les sauvages. Cette langue générale brésilienne a été originairement cultivée et fixée pour l’usage des missions[5] dans les collèges des Jésuites de Bahia, d’Olinda et de Rio de Janeiro et dans leurs maisons ou résidences d’Ilhéos, de Porto-Seguro, de Espirito-Santo, de São Vicente et de São Paulo de Piratininga. Plus tard, au XVIIe siècle, les Jésuites commencèrent leurs missions à Maranhão et dans le bassin de l’Amazone. Jusqu’en 1755, la langue générale est restée celle de la chaire dans les missions jésuitiques du Brésil, surtout dans la région septentrionale.

La première grammaire de la langue générale a été composée à São Vicente par le célèbre Père Joseph de Anchieta[6] : c’est l’Arte de grammatica da lingoa mais usada na costa do Brazil, imprimée à Coimbre en 1595. Puis vinrent le Catecismo na lingoa brasilica, du Père Antonio de Araujo (Lisbonne, 1618)[7] ; l’Arte de grammatica da lingua brasilica, du Père Luiz Figueira (Lisbonne, sans date, mais imprimée en 1621)[8] ; le Tesoro de la lengua guarani (Madrid, 1639), l’Arte y bocabulario de la lengua guarani et le Catecismo de la lengua guarani, du Père Antonio Ruiz de Montoya (Madrid, 1640)[9] ; et le Compendio da doutrina christãa na lingua portugueza e brasilica, du Père Betendorf (Lisbonne, 1687)[10]. Ces ouvrages ont été réédités. Le catéchisme du Père Araujo a été réimprimé en 1686, à Lisbonne, et la grammaire du Père Figueira en 1687 et en 1785, à Lisbonne, et en 1851-52, à Bahia. Le Père Paulo Restivo a fait imprimer, avec corrections et additions, à Santa-Maria la Mayor[11], en 1722, le vocabulaire de Montoya et, en 1724, la grammaire (Arte)[12]. Le savant botaniste brésilien Conceição Velloso a publié en 1800 à Lisbonne une nouvelle édition de l’ouvrage de Betendorf, et, grâce à Platzmann et au vicomte de Porto-Seguro, nous possédons des éditions modernes des travaux d’Anchieta, de Figueira et de Montoya[13]. Il est regrettable que les deux volumes du Père Restivo n’aient pas été réimprimés ; ils sont devenus extrêmement rares.

Les ouvrages suivants sont aussi très intéressants pour l’étude du guarani : Explicacion de el Catechismo en la lengua guarani par Nicolas Yapugai con direccion del P. Paulo Restivo de la Compañia de Jesus (Santa Maria la Mayor, 1724)[14] ; Sermones y exemplos en lengua guarani por Nicolas Yapugay con direccion de un Religioso de la Compañia de Jesus (San Francisco Xavier, 1727)[15] ; Ara poru aguĭyey haba, du P. Joseph Insaurralde (Madrid, 1759-60, 2 vol. pet. in-8).

Parmi les manuscrits du XVIe au XVIIIe siècle, on peut citer les écrits et poésies du P. Anchieta en langue tupi, la Breve noticia de la lengua guarani sacada de el Arte y escritos de los PP. Antonio Ruiz de Montoya y Simon Bandini, manuscrit de 1718, qui apartient à la bibliothèque de l’Empereur du Brésil, et le Journal du siège de la Colonia en 1704.

Une traduction guarani, modifiée et résumée en partie, de la Conquista espiritual de Montoya, a été publiée dans le t. VI des Annales de la bibliothèque nationale de Rio de Janeiro, et traduite en portugais par Baptista Caetano de Almeida Nogueira, qui l’a fait suivre d’un vocabulaire (t. VII des Annales), travail de la plus haute valeur, comme tous les écrits de ce savant sur l’abáñeenga[16].

La bibliographie du guarano–tupi se trouve dans le t. VIII des Annales de la bibliothèque nationale de Rio de Janeiro[17]. Quelques écrits plus récents sont en outre mentionnés dans le § Linguistique de la bibliographie qui accompagne le Brésil.

Malgré le mérite incontestable des PP. Anchieta, Figueira et Montoya, et des autres jésuites qui ont écrit les premiers sur la langue générale des Indiens du Brésil et du Paraguay, on ne peut s’empêcher de reconnaître que leurs ouvrages grammaticaux sont trop artificiels, c.-à-d. trop calqués sur les modèles de la grammaire latine, en vogue à cette époque, quoique le caractère et le génie de la langue latine et du guarano-tupí soient tout à fait différents. Il en résulte que nous sommes privés jusqu’ici d’une grammaire rationnelle, laquelle ne pourrait être composée que par un savant d’esprit indépendant qui tiendrait compte des lois de la linguistique moderne, tout en utilisant les immenses matériaux accumulés par les jésuites et en se pénétrant du caractère et du génie particuliers du guarano-tupí.

Cette langue partage avec celle des deux Amériques le caractère polysynthétique ou agglutinatif : ce quis a contribué à sa propagation rapide et étendue. Les radicaux, généralement monosyllabiques ou dissyllabiques (souvent irréductibles, jusqu’à présent du moins), se réunissent simplement par juxtaposition et sans art (V. plus haut la formation du mot tupan) pour exprimer une idée plus ou moins complexe. Toutefois les mots ne possèdent pas la faculté des flexions si fréquentes dans les idiomes plus riches (par exemple dans les langues sémitiques et indo-germaniques) qui donnent de la clarté à l’expression des idées et rendent avec aisance et par des procédés logiques les nuances les plus délicates de la pensée. Au lieu de cela, on rencontre des particules qui doivent représenter toutes les catégories grammaticales et syntaxiques.

Les PP. jésuites ont un peu trop loué « la délicatesse, la facilité, la suavité, la richesse et l’élégance » de cette langue ; ils lui ont même attribué une perfection égale à celle du grec, du latin et de l’hébreu. Enoncée d’une façon aussi générale, cette assertion est très exagérée. Les premiers missionnaires qui ont dirigé cet idiome tout à fait primitif dans des voies nouvelles en le forçant à exprimer même des idées abstraites et religieuses avec de si pauvres moyens, ont un mérite incontestable ; mais les mêmes résultats ont été obtenus, et quelquefois plus parfaitement encore, avec d’autres langues de la même classe agglutinante en Afrique, en Asie, en Australie, en Europe et en Amérique, et même avec des langues encore plus rigides, comme les langues isolantes ou monosyllabiques, telles que le chinois. Les missionnaires, au Brésil comme au Paraguay, ont été forcés, naturellement, de faire adopter par les Indiens beaucoup de mots portugais et espagnols, surtout des termes religieux et ecclésiastiques.

L’absence des consonnes f et l, s et z (ces dernières remplacées par le ç prononcé doucement avec la bouche peu ouverte), l’absence de verbes auxiliaires, du passif, d’une déclinaison proprement dite, de numéraux au delà de cinq, la rareté de la lettre r au commencement des mots et le son adouci de cette même consonne au commencement et dans l’intérieur des mots, la surabondance des racines homonymes, l’impossibilité de redoubler les consonnes et de prononcer muta cum liquida, l’habitude de préférer au verbe fini des gérondifs formés à l’aide de particules, le défaut absolu de toute production littéraire, — car il n’y a eu parmi les Indiens ni grammairiens originaux, ni poètes, ni historiens, — sont des conditions d’infériorité qui excluent absolument toute comparaison avec le grec, le latin et l’hébreu. Les seules traces qui révèlent quelque activité d’esprit chez les Indiens primitifs se trouvent dans un petit nombre de légendes transmises et propagées par la parole et de petites poésies et chansons populaires. Spix et Martius ont publié deux de ces poésies[18] et M. Couto de Magalhães a réuni quelques poésies et légendes dans son ouvrage O Selvagem[19].

Pour nous, les principales qualités de la « langue générale » consistent dans son aptitude à composer facilement des mots nouveaux, qui expriment les nuances et les modifications des idées, dans son euphonie, dans la grande facilité avec laquelle tous les Indiens et tous les Brésiliens d’origine portugaise la prononcent à cause de la fréquence et de la pureté des voyelles et de l’absence de consonnes accumulées. Exemples : Paraguaçû, de parà, mer, et guaçû, grand ; Ypiranga, — y, eau, rivière, — acanga, tête (a, tête, cang, os) ; Pindamonhangaba, — pinda, hameçon, ligne, — monhangaba, lieu où on fait, fabrique. Dans ces noms, certainement euphoniques et faciles à prononcer, il faut avouer cependant qu’il y a une certaine monotonie résultant de l’uniformité même qui est le caractère d’une langue agglutinante. Toutefois le dialecte guarani, qui ne diffère pas plus du tupí que le portugais de l’espagnol, a une prononciation plus compliquée, par suite des sons nasaux extrêmement fréquents et des sons gutturaux.

La langue tupí a pour les Brésiliens une grande importance, d’abord parce qu’elle est encore aujourd’hui parlée par un grand nombre d’Indiens sauvages qu’il faudrait attirer à la civilisation et par des Indiens déjà civilisés, ensuite parce que la plupart des noms géographiques ont conservé ou reçu des premiers colons, qui parlaient le tupi comme le portugais, leur forme indienne ; enfin parce que beaucoup de mots appellatifs, surtout ceux de la faune et de la flore, ont été adoptés dans la langue portugaise que parlent les Brésiliens.

Dans le projet de création d’une ou deux universités pour le Brésil, on signale la nécessité d’ajouter aux facultés des lettres des chaires de tupi. L’Empereur a signalé depuis longtemps à plusieurs de ses ministres la nécessité d’enseigner cette langue.

Pour donner une idée du guarano-tupí, nous ajoutons le texte, avec traduction littérale, du Pater noster, selon Montoya, et d’une légende en langue tupí, tirée du Selvagem.




PATER NOSTER




Ore–rúba ĭbá–pe ereȋ’–bae

(de) nous père ciel dans es qui

Imboyerobiâripĭramȏ

sanctifié (i-mbo = faire ; [a] ye = obéissance ; robiâri = honneur ; pĭra-mo, particules du participe présent passif, avec préfixe i).

nde–réra toycó. Toú nde–reco–mȃrȃn–gatú

(de) toi nom soit. Vienne (de) toi état affection bonne

orébe. Nde–remĭmbotára tyayê ĭbĭ–pe

nous à. (de) toi volonté s’accomplisse terre dans

ĭbá–pe yyâyê yâbe’.

ciel dans s’accomplit comme (manière).

Ore–rembiú ara ñȃbõ–guâra emee

(de) nous nourriture jour chaque appartenant donne

co–ára pĭpe oré–be. Nde–ñỹ’rõ’

ce jour dans nous à. Toi pardonne

ore–yñ–ȃngaipá–bae upê ore–be mȃrȃ–har–upê

(de) nous ces péchés qui à nous à mal faiseurs à

oré–ñy̑’rȏ–nȗngá. Hae ore–po eyâr–ĭmé

nous pardonnons comme. Et de nous main laisse pas

t–ore–mbo–á ĭmé g–ȃngaipá.

nous fasse tomber ne pas péché.

Ore–pĭçỹrȏ epé–catú mbae pochĭ guî.

nous délivre toi bien chose mauvaise de.




LÉGENDE[20]




Cunhã–mucú inajé.

Jeune-fille (et) l’épervier.

Ahé ocĭka óca upé, omahã iepé uáimĩ puranga

Elle arriva maison dans, vu une vieille belle

reté, opuranú ixuí : — Iné inajé cĭ será ?

fort, demanda à elle : — vous de l’épervier la mère ?

— Uáimĩ oçuaxára : Ixé ahé tenhé. Cunhã-mucú

La vieille répondit : Je suis elle même. La jeune fille

onhehé : — Xa aiúre ahé pĭre, xa mendári arãma

a dit : — Je viens lui à, moi marier pour

ahé irúmo. Uáimĩ onhehé : Xa çó xa uímimi indé ;

lui avec. La vieille a dit : Je vais moi cacher vous ;

cé embĭra mira puxi reté.

mon fils race méchante (est) beaucoup.

Caáruka ramé, embĭra ocĭka, orúri ximiára

Soir dans (son) fils arriva apporta gibier

cetá : uirá mirĩtá. I cĭ omungaturú uirá

beaucoup : oiseaux petits. Sa mère prépara oiseaux

mirĩtá aitá óú arãma. Aitá óú oikó ramé

petits les manger pour. Ils mangeant étaient quand

i cĭ opuranú ixuí : — Auá çupé ocĭka uahá ramê,

sa mère demanda le : — qui à arrive quoi quand

amú tetãma çuí mãháta remunhã ixupé ?

autre patrie de ce que feras à lui ?

Inajé oçuaxára : Xa cenõĩ ahé óú arãma

L’épervier répondit : je appelle le manger pour

iané irúmo.

nous avec.

Aramé uáimĩ ocenóĩ cunhã–mucú. Inajé

Alors la vieille appela la jeune fille. L’épervier

córí reté, cunhã–mucú puranga reté recé.

joyeux resta beaucoup, la jeune fille (était) jolie très parceque.

Amú ára upé urubú ocĭka inajé ôca upé,

Autre jour dans corbeau arriva (de) l’épervier maison en,

ocicári arãma cunhã mucú. Aitá omuramunhãuãna

chercher pour la jeune fille. Ils luttèrent

reté cunhã mucú recé. Inajé ompúcaãna

beaucoup (dela) jeune fille à cause. L’épervier cassa

urubû akãnga. I cĭ omuacúãna ĭ, muiáçúca

(du) corbeau la tête. Sa mère chauffa eau, lava

i akãnga ; ĭ çacú reté uãna : aárecé i

sa tête ; eau chaude beaucoup était : pour cela sa

akãnga çauaĭma opĭtá opaĩ ára upé.

tête déplumée resta tout temps en (pour toujours).


  1. Prononcez Toupis. L’u portugais a le son de ou.
  2. Porto-Seguro, Historia Geral do Brazil, 2e édit., p. 17. Conf. Montoya, ĭpĭ, commencement, les ancêtres ; et Baptista-Caetano d’Almeida Nogueira (t. VII des Annales de la Bibl. nat. de Rio), y̆pĭ, ĭpĭ, commencement, base, origine, primitif, premier, principal, etc.
  3. Almeida Nogueira fait dériver Tupan du verbe tub, être, dont le participe est tupara, tupana.
  4. Almeida Nogueira, t. VII des Annales citées, p. 483.
  5. En portugais, Missão (Missões, au pluriel) ; en espagnol, Mision (Misiones, au pluriel). Un village d’Indiens convertis était désigné par les Espagnols sous les noms de Mision ou de Reduccion (reducciones, au pluriel), par les Portugais sous les noms de Missão ou de Reducção (reducções, au pluriel). Souvent les Espagnols donnaient à ces missions le nom de Pueblo, applicable à tous les villages, tandis qu’au Brésil on a désigné toujours, et on désigne encore, sous le nom d’Aldeia les villages d’indiens convertis ou non. Les villages non indiens sont nommés au Brésil des povoações (povoação, au singulier).
  6. Joseph de Anchieta, né à San Cristobal de Laguna ; dans l’ile de Teneriffe, le 7 avr. 1534, fit ses études à Coïmbre et entra le 1er mai 1551 dans la Compagnie de Jésus. Il arriva à Bahia le 8 juil. 1553 et, depuis lors il ne quitta plus le Brésil. Il mourut le 7 juin 1557 à Rerityba, village qui est devenu la ville de Benevente, dans la prov. d’Espirito Santo, et dont le nom vient d’être changé, par l’Assemblée législative de cette province, contre celui d’Anchieta.
  7. Le Père Antonio de Araujo est né dans l’île de São Miguel (Açores) en 1566. Entré dans la Compagnie de Jésus à Bahia, il est mort en 1632.
  8. Le Père Luiz Figueira, né à Almodovar (Alemtejo, Portugal) en 1575, entra dans la Compagnie de Jésus, à Evora, en 1599, et passa au Brésil en 1602. Ayant fait naufrage en 1643 devant l’île de Marajó, il est mort martyr entre les mains des Aruans, sauvages qui habitaient cette île. Voir sur sa mort le Père José de Moraes, Hist. da Companhia de Jesus na extincta provincia do Maranhão e Pará, liv. III, chap. IV.
  9. Le Père Antonio Ruiz de Montoya, de la Société de Jésus, est né à Lima en 1583 et y est mort en 1652. Il a été un des fondateurs des missions jésuitiques des bassins du Paraná, de l’Uruguay et du Jacuhy, détruites en grande partie par les Paulistas aussitôt après leur fondation.
  10. Le Père Jean-Philippe Betendorf, né à Luxembourg en 1626, entra dans la Compagnie de Jésus en 1645, et fut envoyé au Brésil en 1674. En 1697, il vivait encore à Maranhão.
  11. Santa Maria la Mayor n’était pas le bourg de Loreto comme l’a supposé un bibliographe moderne. Le premier de ces bourgs (Pueblo) se trouvait sur une colline non loin de la rive droite de l’Uruguay, en amont de l’Ijuhy, affluent de la rive gauche. Ce bourg a été rasé en 1817, et on n’y voit aujourd’hui que quelques ruines.
  12. Vocabulario de la lengva gvarani compvesto por el Padre Antonio Ruiz de la Campañia de Jesus Revisto, y augmentado por otro Religioso de la misma Compañia. En el Pueblo de S. Maria la Mayor. El Ano de MDCCXXII. In-4º de 2 ff. prélim. et 589 pp. — Arte de la lengua Guarani por el P. Antonio Ruiz de Montoya, de la Compañia de Jesus, con los escolios anotaciones y apendices del P. Paulo Restivo de la misma Compañia sacados de los papeles del P. Simon Bandini y de otros. En el Pueblo de S. Maria la Mayor. El año de el Señor MDCCXXIV.
    Le Père Restivo déclare, dans l’avis au lecteur de l’Arte, avoir utilisé les travaux des PP. Bandini, Mendoza, Pompeyo, Insaurralde, Martinez et Nicolas Yapugay. — L’Empereur du Brésil et la Bibliothèque nationale de Rio de Janeiro possèdent des exemplaires du Vocabulario de Restivo, et le docteur Couto de Magalhães possède un exemplaire de l’Arte du même auteur.
  13. La grammaire d’Anchieta a été réimprimée par J. Platzmann, à Leipzig, en 1874 et en 1876 (cette dernière édition est un fac simile de la première). La grammaire de Figueira, à Bahia, en 1851-52, par Silva Guimarães ; à Leipzig, en 1878 par Platzmann ; à Rio de Janeiro, en 1880, par M. Emile Allain, qui l’a annotée ; le Tesoro, l’Arte et le Vocabulario de Montoya, par Platzmann, à Leipzig, en 1876 (réimpression fac simile) et la même année par le vicomte de Porto-Seguro, à Vienne.
  14. Le vicomte de Porto-Seguro a publié à Vienne en 1876 l’Historia da Paixão de Christo e taboas dos parentescos em lingua tupi, extraits de cet ouvrage.
  15. Le Pueblo de San Francisco Xavier a été détruit en 1817. Près de ses ruines s’élève aujourd’hui le village de San Javier sur le « territoire » argentin de Misiones (« Gobernacion » ou « territorio nacional de Misiones »).
  16. Baptista-Caetano d’Almeida Nogueira est né le 5 déc. 1826 dans la Fazenda (plantation) de Paciencia, district de l’ancienne paroisse de Camanducaïa, aujourd’hui ville de Jaguary, prov. de Minas-Geraes. Il est mort à Rio de Janeiro le 21 déc. 1882.
  17. Publié en 1880 : Bibliographia das obras tanto impressas como manuscriptas relativas á lingua tupi ou guarani, organisée par M. Valle Cabral.
  18. Spix und Martius, Reise in Brasilien, III, pp. 1,085 et 1316.
  19. Couto de Magalhães, O Selvagem, Curso da lingua geral segundo o methodo de Ollendorf, comprehendendo o texto original de lendas tupis, etc., Rio de Janeiro 1876.
  20. Couto de Magalhães, O Selvagem, pp. 234-236.