Rational (Durand de Mende)/Volume 2/Quatrième livre/Chapitre 17

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Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 2p. 107-109).


CHAPITRE XVII.
DE LA RÉVÉRENCE QUE L’ON DOIT FAIRE APRES LA LECTURE DE L’ÉPÎTRE.


I. Après la lecture de l’épître, le sous-diacre, accompagné d’un acolyte, s’avance vers le prêtre, pour faire entendre (saint Math., chap. ii) que quand Jean eut appris, dans son cachot, les miracles opérés par le Christ, il lui envoya deux de ses disciples qui ne croyaient pas que le Christ fût le Messie, pour lui adresser cette question : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? Et Jésus leur répondit : « Allez raconter à Jean ce que vous avez entendu et ce que vous avez vu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Évangile est annoncé aux pauvres, » comme on le dira dans la sixième partie, à l’article du Troisième Dimanche de l’Avent. Et, ayant vu les miracles opérés parle Christ, ils connurent qu’il était Celui que leur maître avait prédit en ces termes : « Celui qui doit venir après moi m’a été préféré, « et je ne suis pas digne de dénouer les cordons de ses chaus « sures. » C’est pourquoi le sous-diacre se penche et baise la mule du pontife romain.

II. En outre, parce que a la droite du Seigneur a fait écla « ter sa puissance, » le sous-diacre, dans certaines églises, baise le côté droit de l’autel. Après avoir lu l’épître, le sous-diacre encore présente le livre fermé à l’évêque ; celui-ci pose dessus sa main, que le sous-diacre baise : car l’évêque est la figure du Christ, et le livre lui est présenté fermé, pour marquer que seul le Christ a pu ouvrir le livre et briser ses sceaux. Dans ce livre avaient été renfermés le Christ même et ses mystères, jusqu’au jour où le Christ lui-même commença à l’ouvrir par la prédication de l’Évangile. Et le Christ accomplit la loi dans le cercle de laquelle ses actions l’enfermaient, car il ne vint pas pour détruire la loi, mais pour la remplir ; ce que marque l’imposition de la main sur le livre. La main, en effet, symbolise les œuvres, et son imposition signifie le désir et la promesse de croire et de pratiquer ce qui vient d’être lu. Mais, comme personne ne reçoit la bénédiction promise dans la loi s’il n’a l’amour que désigne le baiser et s’il ne pra. tique pas ce qu’il enseigne aux autres, voilà pourquoi le sous-diacre, pour se préparer à recevoir la bénédiction, baise la main de l’évêque.

III. Et, parce que le pontife (comme on l’a dit ci-dessus) représente le Christ, le sous-diacre et les autres assistants doivent lui subordonner humblement leurs actions et lui demander la grâce de sa bénédiction. D’où vient qu’on lit dans l’Évangile : « Quand vous aurez bien fait toutes vos actions, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire. » Et ensuite l’évêque ou le prêtre bénit le sous-diacre, parce que le Christ loua Jean, en disant : « Qu’êtes-vous allé voir dans le désert ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète. En vérité, en vérité, je vous le dis, qu’entre ceux qui sont nés des femmes il n’y en a point eu de plus grand que Jean-Baptiste. » Donc, le sous-diacre après avoir terminé l’épître, et le diacre avant de commencer à lire l’évangile, s’approchent du prêtre et lui font la révérence, parce que la loi a fini au Christ et que l’Évangile a commencé à partir de lui ; car la loi et les prophètes vont jusqu’à Jean, et l’Évangile du Christ et les épîtres viennent après Jean. A la messe pour les défunts, le sous-diacre, après la lecture de l’épître, ne vient pas baiser la main du célébrant, tant parce qu’en cette circonstance la raison susdite est suspendue, que parce qu’on retranche quelques cérémonies solennelles de cette messe.