Ravensnest/Chapitre 14

La bibliothèque libre.
Ravensnest ou les Peaux-Rouges
Traduction par A. J. B. Defauconpret.
Furne, Perrotin, Pagnerre (Œuvres, tome 27p. 160-168).

CHAPITRE XIV.


Plus de travail dans le désespoir, plus de tyran ; plus d’esclave, plus d’impôt sur le pain, avec l’estomac vide comme la tombe.


Tout cela fut fait si rapidement, que nous eûmes à peine le temps de la réflexion. Il y eut un instant, toutefois, pendant que deux Indgiens aidaient Mary Warren à descendre, où mon incognito fut en grand danger. Voyant cependant qu’elle était traitée avec convenance, je maîtrisai mes émotions, m’approchant seulement d’elle en silence, afin d’être à portée de lui faire entendre quelques paroles d’encouragement. Mais Mary ne songeait qu’à son père, et n’avait aucune crainte pour elle-même. Elle ne voyait que lui ne tremblait que pour lui, ne craignait et n’espérait que pour lui.

Quant à M. Warren lui-même, il ne montrait aucune émotion ; ses manières étaient aussi calmes, que s’il eût été sur le point de monter dans la chaire. Il regarda autour de lui pour voir s’il était possible de reconnaître quelqu’un des assistants, puis s’arrêta tout à coup, comme frappé de l’idée qu’il valait mieux ignorer leurs noms. Il aurait pu être appelé en témoignage contre quelque voisin égaré, et c’est ce qu’il ne voulait pas. Toutes ces pensées se lisaient si clairement sur sa bienveillante figure, que les Indgiens eux-mêmes durent en être frappés, et je crois encore que ces circonstances eurent une grande influence sur leur conduite à son égard. Un grand pot de goudron et un sac de plumes avaient été portés sur la route, au moment où la bande sortit des buissons ; soit que ce fût accidentel, ou que l’intention fût d’abord de s’en servir contre M. Warren, c’est ce que je ne saurais dire. Cependant bientôt ces appareils menaçants disparurent, et avec eux toute intention d’injure personnelle.

Un silence général succéda aux premiers mouvements de cette étrange intervention. M. Warren en profita pour prendre la parole.

— Qu’ai-je fait, dit-il, pour être ainsi arrêté sur un chemin public, par des hommes déguisés et armés, contre les prescriptions de la loi ? C’est là une démarche téméraire et illégale, qui pourra causer plus d’un repentir.

— Pas prêcher ici, répliqua Éclair-Brillant, prédication pour le meeting, pas bon pour la route.

M. Warren m’avoua depuis que cette réponse l’avait beaucoup soulagé, le mot meeting à la place d’église lui ayant prouvé que cet individu, au moins, n’était pas un de ses paroissiens.

— Les conseils et les remontrances sont toujours utiles quand on médite le crime. Vous vous rendez actuellement coupables de félonie, et pour ce fait les lois de ce pays infligent l’emprisonnement ; les devoirs de mes fonctions me prescrivent de vous avertir des conséquences de vos actes. La terre elle-même n’est qu’un des temples de Dieu, et ses ministres ne doivent pas hésiter à proclamer ses lois en tous lieux.

Il était évident que la sévérité calme du ministre, fortifiée par son caractère bien connu, faisait impression sur la bande ; car les deux hommes qui tenaient encore ses bras les lâchèrent, et il se forma un petit cercle dont il occupait le centre.

— Si vous voulez élargir ce cercle mes amis, continua-t-il, et faire de la place, je m’adresserai à vous ici où nous sommes, et je vous ferai connaître les raisons pour lesquelles votre conduite devrait être…

— Non, non, pas prêcher ici, interrompit soudain Éclair-Brillant allez au village, allez au meeting, prêcher là ; deux prêcheurs alors. Apportez le wagon et le remettez dedans. Marche, marche, le sentier est ouvert.

Quoique ces paroles ne fussent qu’une imitation ou plutôt une caricature de la manière sentencieuse des véritables Indiens, chacun en comprit le sens. M. Warren ne fit aucune résistance, et se laissa placer dans le wagon de Miller, avec mon oncte à ses côtés. Alors il pensa à sa fille, quoiqu’elle n’eût pas cessé un instant de penser à lui. J’eus quelque peine à l’empêcher de se précipiter à travers la foule pour s’attacher à son père. M. Warren se leva, et lui faisant un sourire d’encouragement, l’exhorta à être calme, lui dit qu’il n’avait rien à craindre, et l’engagea à remonter dans la voiture et à retourner au presbytère, promettant de la rejoindre aussitôt que seraient accomplis les devoirs qui l’appelaient au village.

— Il n’y a ici, mon enfant, pour conduire le cheval, personne autre que le jeune Allemand. La distance est très-courte, et s’il veut me rendre ce service, il peut revenir au village avec le wagon, aussitôt qu’il vous aura déposée en sûreté à notre porte.

Mary Warren était accoutumée à suivre les avis de son père, et elle se soumit de manière à me permettre de l’aider à monter et de m’asseoir à ses côtés, le fouet à la main, et fier du précieux dépôt confié à mes soins. Ces arrangements étant faits, les Indgiens se mirent en marche, la moitié d’entre eux précédant et l’autre moitié suivant le wagon qui contenait leur prisonnier. Il y en avait quatre, cependant, qui marchaient de chaque côté du véhicule, empêchant ainsi toute possibilité d’évasion. Il ne se faisait aucun bruit, et peu de paroles furent prononcées, les ordres se transmettant par des signes.

Notre wagon resta immobile jusqu’à ce que tous fussent à cent pas de nous, personne ne faisant attention à nos mouvements. J’avais attendu ainsi dans le double but d’examiner la conduite des Indgiens et de gagner doucement un endroit de la route dont la plus grande largeur nous permettrait de tourner facilement la voiture. Lorsque nous y fûmes arrivés, j’allais tourner la tête du cheval dans la direction voulue, lorsque je vis la petite main gantée de Mary se saisir précipitamment des guides, et s’efforcer de maintenir le cheval sur la route.

— Non, non, s’écria-t-elle d’un ton à montrer qu’elle ne voulait pas de contradiction, nous suivrons mon père au village. Je ne puis pas, je ne dois pas, je ne veux pas le quitter.

Le temps et le lieu me semblèrent favorables pour faire connaître à Mary Warren qui j’étais. Par là je pouvais lui inspirer de la confiance en moi dans un moment où elle était dans les alarmes, et l’encourager dans l’espoir que je pouvais aussi être un appui pour son père. Dans tous les cas, j’étais décidé à ne plus passer à ses yeux pour un musicien ambulant.

— Mademoiselle Mary, mademoiselle Warren, dis-je avec émotion et crainte, je ne suis pas ce que je parais, je ne suis pas un musicien des rues.

Le tressaillement, le regard, la terreur de ma compagne furent aussi éloquents que naturels. Sa main était encore sur les guides, et elle les tira si fortement qu’elle fit arrêter le cheval. Je crus qu’elle voulait sauter de la voiture, comme ne jugeant plus convenable d’y rester.

— Ne vous alarmez pas, Mademoiselle, lui dis-je. Vous n’aurez pas plus mauvaise opinion de moi, je pense, en apprenant que je suis votre compatriote au lieu d’être un étranger, et un gentilhomme au lieu d’un musicien ambulant. Je ferai tout ce que vous m’ordonnerez, et je vous protégerai au péril de ma vie.

— Ceci est tellement extraordinaire ! tellement inattendu !… Tout le pays paraît bouleversé ! Mais, Monsieur, si vous n’êtes pas la personne que vous aviez annoncée, qui êtes-vous, je vous prie ?

— Un homme qui admire votre amour filial et votre courage, qui vous honore pour ces deux qualités. Je suis le frère de votre amie Marthe, je suis Hughes Littlepage.

Sa petite main abandonna alors les guides, et la chère enfant se tourna à demi sur le coussin de la voiture, me regardant avec un muet étonnement. Depuis ma rencontre avec Mary Warren, j’avais mille fois maudit dans mon cœur ma misérable perruque ; car on aime autant paraître bien que mal, même sous un déguisement. J’enlevai donc rapidement ma casquette et non moins rapidement ma perruque, ne laissant plus pour ornement à ma figure que les longues boucles de mes propres cheveux.

Mary fit entendre une légère exclamation en me regardant, et à la pâleur de sa figure succéda une douce rougeur. Un sourire aussi courut sur ses lèvres, et elle parut presque rassurée.

— Suis-je pardonné, mademoiselle Warren ? demandai-je, et voulez-vous me reconnaître pour le frère de votre amie ?

— Est-ce que Marthe, est-ce que madame Littlepage le sait ? reprit enfin la charmante fille.

— Toutes les deux le savent ; j’ai eu le bonheur d’embrasser ma grand’mère et ma sœur. La première vous fit hier sortir à dessein de la chambre, afin que je pusse rester seul avec la dernière.

— Je vois ce que c’est ; au fait, je trouvai cela assez singulier ; mais je pensai qu’il ne saurait y avoir jamais aucune inconvenance dans un acte quelconque de madame Littlepage. Chère Marthe ! comme elle a bien caché son jeu, et comme elle a admirablement gardé, votre secret !

— C’était très-nécessaire. Vous voyez l’état du pays, et vous devez comprendre combien il serait imprudent à moi de me montrer, ouvertement, même sur mes propres domaines. J’ai un contrat écrit qui m’autorise à visiter en tout temps mes fermes, pour surveiller mes intérêts, et cependant je doute qu’il soit sans danger pour moi d’en visiter une seule, aujourd’hui que s’agite l’esprit de désordre et d’égoïsme.

— Remettez votre déguisement, monsieur Littlepage, dit vivement Mary, ne perdez pas un instant.

Je fis ce qu’elle désirait, et il me sembla qu’elle paraissait aussi contrariée que moi lorsque cette horrible perruque couvrit de nouveau mon chef.

— Suis-je aussi bien arrangé qu’à notre première rencontre, mademoiselle Warren ? Ai-je encore l’apparence d’un musicien ambulant ?

— Je ne vois aucune différence, répliqua-t-elle en riant. En vérité, je ne crois pas que Marthe elle-même vous reconnût maintenant pour la même personne que vous étiez tout à l’heure ?

— Mon déguisement alors est parfait. J’avais l’espoir que, tout en me cachant aux yeux de mes ennemis, il laisserait quelque chose qui pût être deviné par mes amis.

— Il y a quelque chose, en effet ; maintenant que je sais qui vous êtes, je ne trouve aucune difficulté à retracer des lignes de ressemblance avec votre portrait qui est dans la galerie de famille à Ravensnest. Les yeux, d’ailleurs, ne peuvent être changés sans des sourcils artificiels.

Ces paroles étaient consolantes ; mais pendant tout ce temps, M. Warren et mon oncle avaient été complétement oubliés. Peut-être était-il excusable chez deux jeunes gens ainsi placés, et qui ne se connaissaient que depuis une semaine, de s’occuper plus de ce qui se passait dans leur voiture, que de songer à la tribu d’Indgiens qui s’éloignait ou au but de leur rassemblement. Je compris la nécessité cependant de consulter ma compagne sur nos mouvements futurs. Mary m’écouta avec une évidente anxiété, et ses pensées semblaient flottantes, car elle changea de couleur plusieurs fois.

— Si ce n’était pour une chose, dit-elle après quelques instants de réflexion, j’insisterais pour suivre mon père.

— Et quelle peut être la raison d’un changement de résolution ?

— Est-il sans danger pour vous, monsieur Littlepage, de vous aventurer parmi ces hommes égarés ?

— Ne songez pas à moi, mademoiselle Warren, vous voyez que j’ai déjà été au milieu d’eux sans être découvert, et mon intention est de les rejoindre, même quand je vous reconduirais chez vous.

— Alors je suivrai mon père. Ma présence peut aider à le sauver de quelque outrage.

Je fus charmé de cette décision, pour deux raisons, dont l’une, je l’avoue, ressemblait à de l’égoïsme. Je me réjouissais, d’une part, de voir son tendre dévouement pour son père, j’étais enchanté, de l’autre, de rester auprès d’elle le plus longtemps possible. Cependant, sans m’arrêter à une profonde analyse des motifs, je me mis en route, maintenant le cheval à un pas modéré, ne me trouvant en ce moment nullement pressé d’arriver.

Nous commençâmes alors une conversation ouverte et quelque peu familière. Les manières de Mary étaient toutefois entièrement changées à mon égard : en même temps qu’elle conservait la modestie et la retenue convenables à son sexe, elle déployait aussi une franchise qui était la conséquence de son intimité à Ravensnest et de la sincérité de son naturel. L’idée, en outre, de se trouver avec quelqu’un de sa classe, qui avait des habitudes, des goûts et des pensées conformes aux siennes, bannissait toute contrainte, et rendait ses communications plus faciles et plus naturelles. Je fus près d’une heure, je crois, à parcourir les deux milles qui nous séparaient du village, et, dans cette heure, Mary Warren et moi nous apprîmes à nous connaître l’un l’autre beaucoup mieux que, dans des circonstances ordinaires, nous n’eussions pu le faire pendant toute une année.

Enfin bientôt, trop tôt selon moi, Mary Warren s’écria : — Voilà toute la tribu avec leurs prisonniers qui font leur entrée dans le village. Qui est votre compagnon, monsieur Littlepage ? un homme que vous payez pour vous servir de compère ?

— C’est mon oncle lui-même. Vous avez souvent entendu parler, je pense, de M. Roger Littlepage ?

Mary fit une exclamation, et fut tentée de rire. Puis après une courte pause, elle rougit profondément, et, se tournant vers moi, elle dit :

— Et mon père et moi qui vous avons pris, l’un pour un colporteur, l’autre pour un musicien ambulant !

— Mais des colborteurs et des musiciens de ponne étication, pannis bour bolitique.

Mary se laissa aller à un franc rire ; notre long dialogue antérieur formant alors un singulier contraste, avec ce jargon allemand ; on eût dit qu’une troisième personne s’était tout à coup jointe à nous. Je profitai de l’occasion pour prier la charmante fille d’être calme et de ne concevoir aucune inquiétude au sujet de son père. Je lui témoignai combien il serait peu probable qu’aucune violence fût tentée contre un ministre de l’Évangile, et je lui montrai, par le nombre de personnes rassemblées dans le village, qu’il était impossible qu’il n’y trouvât pas beaucoup d’amis chauds et dévoués. Je l’autorisai aussi, ou plutôt je l’engageai à dire à M. Warren qui nous étions et à l’instruire du motif de notre déguisement. Au moment où je lui faisais toutes ces recommandations, nous entrions dans le village, et j’aidai ma belle compagne à mettre pied à terre.

Mary Warren s’empressa d’aller à la recherche de son père, tandis que je prenais soin du cheval. Je l’attachai aux barreaux d’une clôture qui était dans toute sa longueur garnie d’une rangée de chevaux et de wagons au nombre de deux ou trois cents.

Je fus surpris de rencontrer, réunis en cette occasion, presque autant de femmes que d’hommes. Quant aux Indgiens, après avoir escorté M. Warren jusqu’à l’entrée du village, comme pour l’avertir de leur présence, ils l’avaient tranquillement relâché, lui permettant d’aller où il voulait. Mary n’eut pas de peine à le rencontrer, et je la vis, à son côté, causant avec Opportunité et son frère Sénèque. Les Indgiens se tenaient un peu à l’écart, avec mon oncle au milieu d’eux, non pas comme prisonnier, car il était clair que personne ne soupçonnait son véritable caractère, mais comme colporteur. Les montres furent produites de nouveau, et plus de la moitié de la bande était occupée à marchander, quoique quelques-uns parussent pensifs et inquiets.

Un étranger aurait eu peine à deviner le véritable caractère de ce meeting, en voyant la physionomie et les allures de ceux qui venaient y assister. Les hommes, armés et déguisés, se tenaient en corps, il est vrai, et semblaient en quelque sorte se distinguer des habitants ; mais beaucoup de ces derniers s’arrêtaient pour leur parler et semblaient en très-bons termes avec eux. Plusieurs femmes paraissaient avoir des connaissances parmi les Indgiens, et c’eût été un objet de surprise pour un philosophe politique de l’ancien hémisphère que de voir « le peuple » tolérer la présence de ces hommes qui violaient ouvertement une loi que « le peuple » venait de faire. Un philosophe politique de notre pays aurait pu cependant expliquer cette apparente contradiction par « l’esprit des institutions. » Mais si l’on eût demandé à Hughes Littlepage de résoudre la difficulté, il aurait pu répondre que « le peuple » de Ravensnest voulait le forcer de vendre des terres qu’il ne voulait pas lui vendre, quelques gens même voulant ajouter à la vente forcée des conditions de prix qui lui déroberaient la moitié de sa propriété ; et que ce que les philosophes d’Albany appelaient « l’esprit des institutions, » était en fait « l’esprit du diable », que les institutions étaient précisément destinées à réprimer !

Enfin la cloche sonna ; et la foule commença à se porter vers « l’église » ; quoiqu’on eût changé ce terme trop épiscopal en celui de meeting-house[1], ce bâtiment étant alors consacré aux dissidents. Ce n’était plus celui qui avait été construit dans l’origine, et à l’édification duquel j’avais entendu dire que ma grand’mère, alors jeune fille de quinze ans, s’était fait remarquer par son courage et son intelligence. Le nouveau bâtiment était construit avec beaucoup plus de prétention, quoique le bon goût pût y trouver plus d’une chose à reprendre.

Nous entrâmes pêle-mêle, hommes, femmes et enfants, mon oncle Ro, M. Warren, Mary, Sénèque, Opportunité et moi, tous enfin, excepté les Indgiens. Ces sauvages restèrent en dehors, et toute l’audience se trouvait assemblée dans un profond silence. L’orateur était sur une espèce d’estrade, flanquée des deux côtés par deux ministres ; de quelle secte ? c’est ce que j’ignore. M. Warren et Mary avaient pris un siège près de la porte. Je vis qu’il semblait mal à l’aise lorsque l’orateur s’avança sur l’estrade, accompagné des deux ministres. Bientôt il se leva, et, suivi par Mary, il sortit précipitamment. En un instant, je fus à ses côtés, car je dus croire qu’une indisposition était la cause, de cet étrange mouvement. Heureusement, en ce moment, toute l’audience se leva en corps, et l’un des ministres commença une prière.

Les Indgiens s’approchèrent alors autour du bâtiment et tout contre les fenêtres ouvertes, dans une position qui leur permettait d’entendre tout ce qui se passait. Je sus depuis que cet arrangement avait été fait par suite d’une convention avec ceux de l’intérieur, un des ministres ayant positivement refusé d’adresser aucune prière à Dieu si un seul homme de la bande entrait dans le sanctuaire. Il est bien vrai de dire que souvent l’homme s’étrangle avec un cousin et avale un chameau !

  1. Lieu de réunion.