Recueil des lettres missives de Henri IV/1581/2 décembre ― À mon cousin monsieur de Matignon

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1581. — 2 décembre.

Orig. — B. R. Fonds Béthune, Ms. 8857, fol. 116 recto.


À MON COUSIN MONSR DE MATIGNON,

MARESCHAL DE FRANCE.

Mon Cousin, Depuis celle que je vous ay escript de ma main[1] par le sr de Frontenac, j’ay receu lettres des srs de Paillez[2] et de Soulé[3], comme le sr de Castelnau de Durban[4] et un nommé le capitaine Trinquelye avoyent, par intelligence, surprins la ville de Tarascon, en mon comté de Foix, le xxiije du moys passé, sur la minuict. De quoy ayant les dicts srs de Pallez et de Soulé esté advertiz, et que les deux chasteaulx tenoyent encores, ilz feirent telle diligence qu’ilz les secoururent et contraignyrent les entrepreneurs de desloger, le xxvije ensuyvant, aprés touteffoys une infinité de pillages qu’ils y ont commis. Cela est advenu à mesme instant que tout le pays s’en alloyt entierement pacifié par la bonne negociation desdictz srs de Pallez et de Soulé. Il seroit necessaire de faire faire pugnition exemplaire de telz entrepreneurs ; à quoy de ma part je tiendray la main, de tout ce que je pourray. Les dicts srs de Paillez et de Soulé rendent en cecy un fort bon tesmoignage de bonne affection au bien et establissement de la paix. La licence et actions des entrepreneurs sont grandement à reprendre et dignes de pugnition, et doibvent exciter un chascun à se bander contre eulx. Qui me faict vous continuer la mesme pryere que je vous ay desja faicte par mes precedentes, de vous en revenyr, afin d’adviser avec vous aux moyens de pourveoir à tous ces desordres, comme la necessite le requiert pour le bien et service du Roy mon seigneur et la tranquillité publicque ; priant Dieu, mon Cousin, vous avoir en sa saincte garde. De Nerac, ce ije jour de decembre 1581.

Vostre bien affectionné cousin et parfaict amy,


HENRY.


[5] Mon Cousin, il y en a qui s’assemblent à l’entour d’Agen, pour donner sur la compaignye du capitaine Belsunse. Je ne sçauroy permettre, estant si prés de moy, que cela se fist, sans en faire ressentir les entrepreneurs. Le meilleur seroit d’empescher de bonne heure cest inconvenient, ce que je desireroy qui vint de vostre moyen.


  1. Nous n’avons pas retrouvé cette lettre autographe, annoncée dans la précédente.
  2. Blaise de Villemur, baron de Pailhès, chevalier de l’ordre, gouverneur du comté de Foix, était fils de Jacques de Villemur, baron de Pailhès, et avait épousé, en 1565, Fleurette d’Armagnac, nièce du cardinal Georges d’Armagnac.
  3. Gassent d’Espagne, seigneur de Soulé, fils de Pierre d’Espagne et de Jeanne de Sivras, était d’une branche de l’ancienne maison de Cominges.
  4. Par une dénomination irrégulière, mais peut-être alors usitée, le personnage désigné ainsi est Urban de Castelnau, seigneur de Mauvissière en partie, de la Haye et de la Fane, fils aîné de Christophe de Castelnau, seigneur de Mauvissière, et de Renée de Boisnay. Il fut tué, du vivant de son père, au siège de Montauban, où il servait comme volontaire.
  5. Post-scriptum de la main du roi.