Cop. — Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, n° 50, Lettres historiques, p. 143, Communiqué par M. le préfet.
Messrs, Vous sçavez comme, cest esté passé, le sr de Clervant a esté par moy despesché, à la requeste de plusieurs Eglises de ce royaulme, vers le Roy mon seigneur, pour remonstrer et poursuivre beaucoup d’affaires concernans leur bien et repos, et l’entretenement de la paix, fondés principalement sur la circonstance du temps, regardans plusieurs executions et inexecutions de l’edict qui pressoient, [afin] de rechercher les moyens d’y remedier et s’en resouldre, et de s’adresser à Sa Majesté pour y pourvoir. À laquelle le dict sr de Clervant auroit presenté les requestes, remonstrances et cahiers, tant generaulx que particuliers desdictes Eglises, sur ce dressez. Desquels, despuis quelques jours, estant de retour auprés de moy, il auroit rapporté la response ; en laquelle y a plusieurs poincts qui requierent une communication de conseils et resolution commune, suivant ce que vous sçavez qui fut accordé en l’assemblée derniere, tenue à Sainct Jehan d’Angely, de ne resouldre les choses communes qu’en commun ; ce que j’ay despuis gardé et veulx tousjours observer tres religieusement. C’est ce qui m’a faict escrire presentement à toutes lesdictes Eglises, et à vous particulierement pour vous prier bien affectueusement, Messrs, de vouloir choisir, nommer et depescher de vostre part un desputé, ou desputez, qui soient personnaiges qualifiez, capables et suffizament instruits et auctorisez sur tout ce qui concerne le bien, repos et conservation desdictes Eglises, tant pour le present que pour l’advenir, afin de se trouver en l’assemblée generale d’icelles, que j’ay advisé tenir, avec le bon plaisir et consentement de Sa Majesté, qui l’a toujours trouvé bon et approuvé, en la ville de Montaulban, au vingtiesme de mars prochain. Lequel lieu m’a semblé, pour beaucoup de considerations, propre pour ladicte convocation et assemblée ; afin d’illec resouldre par ensemble et d’un commun advis, de tout ce que dessus. Ce que me promettant que vous aurez pour agreable, et que vous donnerez tout l’ordre qui y est requis, sans y faillir aux temps, ne y user de difficultez et retardemens, et d’aultant plus volontiers que la saison vous y doibt exhorter et convier d’elle-mesme, je ne m’estendray davantage en ce propos, si ce n’est que par mesme moyen pourront estre pesées et examinées les plainctes, remonstrances et raisons d’aulcunes Eglises, se disant estre surchargées par la taxe et cotisation des deniers imposés sur icelles en vertu de la commission du Roy mon seigneur, pour l’acquit des dettes des estrangers et aultres, afin d’y pouvoir apporter quelque expedient qui tourne à la satisfaction et contentement d’icelles ; n’y ayant voulu ne peu pourvoir, quelque instance qui m’en ait esté faicte, d’autant que c’estoit chose accordée et arrestée entre leurs desputez en une assemblée generale, et que lesdictes levée et executions se font par commission de Sa Majesté. À quoy il m’estoit impossible de toucher ; comme aussy les poursuictes et payemens desdictes taxes et cotisations ne peuvent estre présentement interrompus ne retardez à l’occasion de ladicte assemblée prochaine, et jusque ce qu’en icelle, d’un commun consentement il y ait esté advisé et pourveu de nouveau. M’asseurant, Messrs, qu’en chose si necessaire, que le bien de la paix, le temps et vostre debvoir requierent de vous, vous ne vous rendrez aulcunement lents ne tardifs je prieray Dieu vous avoir en sa saincte garde et protection. Escript au Mont de Marsan, le xxve de decembre 1583.