Recueil des lettres missives de Henri IV/1583/26 mars ― À messieurs de Clausonne, d’Arbieu, Scorbiac, Bonnencontre, de Viçoise et Constans, à Montauban

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1583. — 26 mars.

Orig. — Arch. de M. le baron de Scorbiac, à Montauban. Copie transmise par M. Gustave de Clausade, correspondant du ministère de l’Instruction publique.


À MESSRS DE CLAUSONNE[1], D’ARBIEU, SCORBIAC, BONNENCONTRE, DE VIÇOSE ET CONSTANS, À MONTAUBAN.

Messrs, L’inegalité qu’on a peu remarquer à la recherche et poursuitte des cas advenus durant les troubles, et à la punition des offences et injures receues d’une part et d’aultre, me feit resouldre de supplier le Roy mon seigneur d’accorder une declaration ou interpretation particuliere sur son edict de paix et articles de conferences qui, la plus part du temps, estoyent interpretez selon la passion des juges ; et n’y avoit que peu de personnes de ceulx qui ont porté les armes pour nostre party, qui, soubz pretexte de justice, ne fussent recherchez de choses dont les aultres estoient absoutz. Sa Majesté me fit ceste faveur de me l’envoyer par le sr de Lezignan, et l’ayant faict presenter à messrs de la court de justice de Guyenne pour la verifier, ils despescherent là-dessus un de leurs compaignons vers le Roy mon dict seigneur, pour faire leurs remonstrances, et s’excuser de ne pouvoir procedder à la verification et enterinement des dictes lettres. Sur lesquelles remonstrances Sa Majesté m’a escript la lettre dont je vous envoye la copie. Et suyvant icelle, le president, trois conseillers et l’advocat du Roy de la dicte court me sont venuz trouver pour me les communiquer. Mais pour ce que je n’avois prés de moy que peu de personnes qui eussent cognoissance des formalitez de la justice, j’ay remis à leur respondre particulierement, sur ce qu’ilz ont observé se pouvoir changer ou reformer en la dicte abolition, jusques [à ce] que j’eusse eu l’advis de quelques uns de robe longue de la dicte religion reformée, parmy lesquels vous tenés des premiers rangs : vous priant, soudain ma lettre receue, vous assembler, et sur la copie de la dicte abolition, des remonstrances de la dicte court, que je vous envoye, me donner vos fideles et secourables advis et conseil ; desquels et de ceulx qu’on m’envoyera Bourdeaux, ou j’ay faict une semblable depesche, je puisse, avec le respect que je desire garder à la justice, colliger une bonne, certaine et soustenable response, et dresser des justes remonstrances à Sa Majesté. Sy je n’estoy certain combien vous affectionez ce qui importe le public et mon particulier service, je feroy ma lettre plus longue, pour vous prier de vacquer diligemment en ce que je desire de vous, qui la pluspart avés assisté aux traictez et negotiations de paix et conferences ; mais il me suffit de vous dire que je reserve à me resouldre suit vos dicts advis, que je vous prye m’envoyer par le sr du Pin : et en les attendant, je prye Dieu, Messrs, vous avoir en sa garde. De Nerac, ce xxvje de mars 1583.

Vostre meilleur et asseuré amy,


HENRY.


  1. Guillaume Roques, seigneur de Clausonne, président au parlement de Toulouse, est le même dont il a déjà été question dans la lettre du 17 avril 1577.