Recueil des lettres missives de Henri IV/1584/Novembre ― À mon cousin monsieur le mareschal de Matignon (2)

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[1584. — novembre.] — IIme.

Orig. autographe. — B. R. Fonds Béthune, Ms. 8828, fol. 1 recto.

Cop. — B. R. Suppl. fr. Ms. 1009-4.


À MON COUSIN MONSR LE MARESCHAL DE MATIGNON.

Mon Cousin, J’ay veu ce que m’avés escript par ce porteur, et ay esté bien ayse d’entendre de vos nouvelles. J’ay entendu ce que le sieur de Pontcarré m’a dict, de vostre part, pour le faict de Rouergue, et que vostre voyage y est necessaire. Mais je voudroys bien avoyr parlé auparavant avecques vous, et conferer de ce qui est pour le service du Roy et pour establir un repos par les provinces ; afin de parvenir à une paix generale, laquelle ne fut jamais si utile, voire necessaire en ce Royaume qu’elle est à present. Sans ce mauvais temps, je me fusse desja acheminé au Port d’Albret. Aussy tost qu’il fera plus beau, je partiray pour y aller, et de là prendray le chemin de Nerac pour y aller. De quoy je vous advertiray et du temps que j’y pourray estre. J’ay veu l’avertissement que m’avez donné des sieurs de Duras, de Lansac et de Saint Luc[1]. Je ne doute point que vous n’ayés adverty le Roy de la recherche que les soldats faisoient des armes, et d’autres menées qui se font pour souslever le peuple ; et que n’ayés retenu le dict soldat pour savoir davantaige de son fait. Je vous prye, mon Cousin, me mander de vos nouvelles selon les occasions, et vous assurer de l’entiere amityé de

Vostre plus affectionné cousin et plus parfaict amy,


HENRY.


  1. Francois d’Espinay, seigneur de Saint-Luc, baron de Crèvecœur, d’Arvert et de Gaillefontaine, pair de Cambrésis, etc. fils de Valeran des Hayes, dit d’Espinay, seigneur de Saint-Luc, et de Marguerite des Grouches, fut chevalier des ordres, gouverneur de Saintonge et de Brouage, lieutenant général au gouvernement de Bretagne ; il succéda, en 1596, à Philibert de la Guiche, dans la charge de maître de l’artillerie de France ; où il eut bientôt pour successeur Antoine d’Estrées ; car il fut tué au siège d’Amiens, le 8 septembre 1597.