Revue Musicale de Lyon 1904-01-19/Chronique lyonnaise

La bibliothèque libre.

Chronique Lyonnaise

GRAND-THÉÂTRE


Manon

De la reprise de Manon, il vaut mieux ne rien dire plutôt que d’accabler d’épithètes désagréables l’interprète du principal rôle. Cette artiste est engagée, dit-on, pour l’an prochain, à l’Opéra-Comique. Souhaitons-lui de très brillants succès à Paris…

Signalons une représentation dite extraordinaire de Carmen donnée jeudi avec Mme Marie de l’Isle. Une seule chose au cours de cette soirée fut vraiment extraordinaire : la direction de l’orchestre par son second chef.

À la belle création du Crépuscule il fallait de glorieux lendemains : nous les avons eus.

L. V.

LES CONCERTS

Cours sur la Littérature de l’Orgue

Le dernier cours de M. Daniel Fleuret était particulièrement intéressant. Il était entièrement consacré aux œuvres d’orgue de J. S. Bach. Le programme comme on va en juger était écrasant et il faut posséder complètement et sûrement les œuvres de l’illustre cantor de Saint-Thomas pour pouvoir l’exécuter.

Au début la superbe Toccata en fa si étincelante et qui sous la virtuosité des traits répartis aussi bien aux pieds qu’aux mains renferme des harmonies si modernes.

Puis la Pastorale si reposante et si claire : la Passacaille qui est une des œuvres de plus haute conception qui existent mais qui demande, comme la Toccata en fa, une virtuosité éprouvée.

L’oreille et l’esprit avaient ensuite comme délicieux intermède les trois petits chorals : Herzlich thut mich verlangen, Liebster Jesu wir sind hier et Ich ruf zu dir, Herr Jesu-Christ. Après on remontait un peu plus haut avec le beau choral figuré : Smücke dich meine Seele. La séance se terminait par la grande fantaisie et Fugue en sol mineur du grand maître de Leipzig.

Un des attraits du cours et non des moindres a été d’entendre une cantatrice qui, croyons-nous, d’ici peu fera parler d’elle. Mme Anrés, retenez ce nom, possède une voix magnifique comme puissance, timbre et étendue elle a chanté avec un très bon style un air de l’oratorio de Noël de Bach et celui de Xerces de Handel. Souhaitons qu’il soit donné bientôt l’occasion de l’entendre à un plus nombreux public.

G. Bernard.

Dimanche dernier, M. Raoul Pugno a donné un concert de piano ; la Société Lyonnaise de Musique classique, qui avait organisé ce concert, ne nous en ayant pas fait part, il nous est impossible d’en rendre compte.

C’est le lundi 25 janvier, et non le vendredi 22, comme nous l’avions annoncé, qu’aura lieu la première séance de sonates de MM. Rinuccini et Geloso. Rappelons que le programme de cette soirée comporte les quatre premières sonates pour piano et violon de Beethoven (op. 12, no 1 en ré majeur ; op. 12, no 2, en la majeur ; op. 12, no 3 en mi bémol majeur ; op. 23, en la mineur). Salle de musique classique de Dufour et Cabannes.

Le concert Marteau qui devait avoir lieu dimanche dernier a été renvoyé au mois de février.

Nous sommes heureux de pouvoir annoncer à nos lecteurs un concert qui sera donné dans le courant de février, par l’orchestre des Concerts-amoureux, sous la direction de M. Camille Chevillard. Cette soirée, qui sera certainement un des gros événements artistiques de l’année, nous la devrons encore à l’initiative hardie de M. Dulieux, qui nous a déjà procuré dans ces dernières années le rare bonheur d’entendre le célèbre orchestre Philharmonique de Berlin, sous la direction de Richter et de Nikisch.

Nous croyons savoir, d’autre part, que, en cas de réussite — et le succès de cette première soirée est assuré — M. Dulieux engagerait l’orchestre Lamoureux pour un deuxième concert dont le programme comporterait l’audition de la Damnation de Faust.

On annonce, d’autre part, un concert de M. Dressen, professeur de violoncelle à la Schola Cantorum, et de Mlle Barry (Salle Philharmonique, vendredi, 29 janvier).