Revue des Romans/Antoine-François-Marius Rey-Dussueil

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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REY-DUSSEUIL (A. F. Marius), né à Marseille le 12 juillet 1800.


LA CONFRÉRIE DU SAINT-ESPRIT, Chronique marseillaise, 5 vol. in-12, 1829. — L’analyse de ce livre serait chose difficile à faire, car il y a tant de scènes, tant de caractères divers, une action si vaste, qu’il faudrait citer presque en entier pour en donner une juste idée. À la description des beaux sites de la Provence ; aux scènes populaires qui nous font connaître la fougue indomptable des Marseillais du moyen âge, M. Rey-Dusseuil a opposé la peinture de Raymond Béranger III, le dernier comte de la maison de Barcelone qui ait régné sur la Provence. Ce prince n’eut pas d’héritiers mâles ; la douleur qu’il ressent de voir éteindre sa dynastie, l’amertume qu’il met à le reprocher sans cesse à son épouse, l’énergie de la jeune Marguerite de Provence, sont peintes avec bonheur et vérité. Parmi les figures que l’auteur a placées sur le second plan, celles de Vigor le querelleur et du Robeiron Sédolon sont originales et saisissantes. Le caractère de l’implacable évêque de Toulouse qui, avant d’exterminer les Albigeois, avait été troubadour, est tracé d’une manière piquante et fort comique. Une action d’un intérêt touchant et soutenu est jetée au milieu de la lutte de la république de Marseille (qui portait le nom de confrérie du Saint-Esprit) contre le comte de Provence, les barons et les clercs.

LA FIN DU MONDE, Histoire du temps présent et des choses à venir, in-8, 1830. — Cet ouvrage, qui participe à la fois du roman et du pamphlet, peut être rangé parmi les publications les plus amusantes et les plus originales de l’époque. Il y a dans sa conception une hardiesse et une verve peu communes. L’auteur passe en revue toutes les querelles politiques et morales qui s’agitent ; et il finit par conclure que la fin du monde peu seule nous tirer de cet inextricable labyrinthe.

ANDRÉA, Histoire du temps de l’Empire, in-8, 1831. — La scène de ce roman se passe près de Marseille, dans un village habité par une colonie de Catalans qui ne s’allient qu’entre eux. Ce village renferme une jeune fille, Marie, surnommée la belle Catalane, aimée d’un jeune Grec qui erre loin de sa patrie, poursuivi par le mépris de ses concitoyens et par son propre mépris. Mêlé à une conspiration entreprise pour la délivrance de son pays, fait prisonnier après un combat acharné, témoin des tortures de ses compagnons massacrés avant lui, Andréa ne peut résister à la peur de la mort ; il trahit le secret de la conspiration, et livre le nom de tous ceux qui y avaient pris part. Partout où il rencontre un Grec il reçoit une insulte, et son oreille n’entend plus la douce langue de son pays que pour entendre des malédictions. L’amour de Marie le distrait un instant de son infortune ; il est sur le point de l’épouser, quand une vieille femme, une Grecque, la veuve de l’une des victimes de la lâcheté d’Andréa, vient traverser son bonheur. La mort d’Andréa est affreuse.

Nous connaissons encore de cet auteur : Samuel Bernard et J. Borgarelli, 4 vol. in-12, 1830. — Le Monde nouveau, histoire faisant suite à la Fin du monde, in-8, 1831. — Les trois Amis, in-8, 1831. — Le Cloître Saint-Méry, in-8, 1832. — Plusieurs Nouvelles insérées dans divers recueils.