Revue des Romans/August von Kotzebue

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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KOTZEBUE
(Aug. Fréd.  de), né en 1761, assassiné par Sand le 23 mars 1819.


L’ANNÉE LA PLUS REMARQUABLE DE MA VIE, traduit de l’allemand par Girard de Propriac, 2 vol. in-8, 1802. — Au commencement de l’année 1800, Kotzebue, pour satisfaire le désir ardent de son épouse, née en Livonie, se décide à faire un voyage en Russie. Il part avec sa femme et trois enfants en bas âge. À peine a-t-il mis le pied sur le territoire de l’empire russe qu’il est arraché à sa femme et à ses enfants, et envoyé en Sibérie, sans pouvoir en deviner ni même en soupçonner le motif. Le malheureux exilé fait une tentative pour s’évader ; elle lui réussit d’abord, mais bientôt il est repris et surveillé de plus près. Kotzebue donne une idée des causes d’exil et de déportation de plusieurs individus, et de la facilité barbare avec laquelle ils étaient arrachés à leur famille. Après quatre ou cinq mois de séjour en Sibérie, il est mis tout à coup en liberté ; tout son crime était d’avoir donné de l’ombrage à l’empereur comme auteur !

LÉONTINE DE BLONDHEIM (trad. par H. L. C.), 3 vol. in-12, 1808. — Léontine de Blondheim est une jeune et riche héritière d’Estonie, retirée dans le château d’Hullida avec un père vieux et infirme, et destinée à épouser le major d’Arlhofe, son cousin germain, officier d’un mérite fort médiocre, laid, buveur, libertin, et affecté d’une maladie contractée dans des lieux ignobles et crapuleux. Malgré la tendresse de son père, qui veut que sa fille n’épouse qu’un homme de son choix, Léontine devient Mme d’Arlhofe. Peu après son mariage, Léontine va visiter la terre de Smalkill, appartenant au capitaine Wallerstein, qu’elle a eu occasion de connaître à Revel ; elle y voit ses vassaux heureux, elle y entend parler des estimables qualités du propriétaire. De son côté, Wallerstein apprend que Léontine est bonne et bienfaisante ; depuis qu’il l’a quittée, elle est devenue une de ces beautés touchantes qui appellent en quelque sorte le sentiment ; enfin, ils se revoient, ils s’aiment. Dans un voyage qu’ils font ensemble, Léontine invite son amant, qui la suivait à cheval et qui souffrait d’un mal de dents, à entrer dans son traîneau fermé et garni de fourrures, tandis que son mari marchait en avant. Dans cette circonstance, Wallerstein perd toute sa raison ; il veut faire violence à Léontine, qui, craignant de ne pouvoir échapper aux tentatives téméraires de son amant, n’a d’autre ressource que de casser une des glaces de sa voiture. Sa main est ensanglantée : « Vous êtes pour moi, maintenant, le dernier des hommes », dit Léontine à Wallerstein, en enveloppant sa main dans son mouchoir. Wallerstein s’éloigne et part pour son régiment. Pendant son absence, Léontine devient mère ; Wallerstein, le cœur ulcéré, se retire chez le pasteur Gruber, confident de ses douleurs, dont il se décide plus tard à épouser Louise, sa fille unique. Léontine, qui est devenue veuve, et qui n’a pu oublier Wallerstein, s’égare en se rendant aux eaux de Carlsbad, sa voiture se brise, et le hasard la conduit dans la chaumière de Gruber. Wallerstein arrive pour épouser la fille du pasteur : on lui amène sa nouvelle épouse, et cette épouse, c’est Léontine. Louise est unie à un jeune Suisse nommé Wattewil, qu’elle aimait depuis longtemps. — Ce roman, malgré quelques défauts, offre une foule de détails très-attachants : les caractères, surtout celui de Léontine, sont bien tracés ; les événements sont bien amenés et se suivent d’une manière naturelle ; plusieurs scènes sont décrites avec un véritable talent.

On a encore de Kotzebue : Aventures de mon père, in-12, 1799. — Les Malheurs de la famille d’Ortemberg, 3 vol. in-12, 1801. — Les Bijoux dangereux, 2 vol. in-18, 1802. — Jeannette et Guillaume, 3 vol. in-12, 1802. — Ildegerte, 2 vol. in-12, 1805. — Souvenirs de Paris en 1804, 2 vol. in-12, 1805. — Souvenirs d’un Voyage en Livonie, 4 vol. in-12, 1806. — Romans, contes, anecdotes et mélanges, 4 vol. in-12, 1806. — Philibert, in-12, 1810. — Contes à mes fils, 2 vol. in-12, 1818. — Contes et Conseils à mon fils, 3 vol. in-12, 1824.