Revue des Romans/Clara Reeve

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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REEVE (mistress Clara),
romancière anglaise, née à Ipswich en 1725, morte le 8 décembre 1803.


LE VIEUX BARON ANGLAIS, ou les Revenants vengés, trad. par de la Place, in-12, 1797. — Le vieux baron anglais est un enfant littéraire du château d’Otrante, pour la composition duquel l’auteur a eu recours aux ressorts surnaturels employés par Horace Walpole, mais dans un cadre plus borné. Miss Reeve n’a pas montré dans ce roman une grande force, une grande richesse d’imagination ; son dialogue est spirituel, facile, agréable, mais ne présente aucun trait saillant, aucun éclat de passion. Ses apparitions sont les fictions ordinaires dont la superstition fournissait des milliers d’exemples dans la saison des longues nuits, lorsqu’une famille, n’ayant rien de mieux à faire, s’assemblait autour de la bûche de Noël pour entendre raconter des histoires de revenants. Écrit sans prétention, la lecture de ce livre est quelquefois ennuyeuse et fatigante, ce qui tient principalement à l’absence totale d’un caractère original saillant dans son individualité ; le récit est lourd, commun, et rempli de détails prolixes et inutiles ; mais ses détails sont précisément ceux que donnerait, dans une histoire semblable, un grand-père ou une grand’mère à un cercle assemblé autour du feu d’hiver ; et si la narration perd par là de sa dignité, si un écrivain, doué d’une plus vive imagination, aurait dédaigné de semblables détails, ils sont certainement propres à donner à l’histoire un air de réalité, et donnent à l’ensemble de la composition une couleur qui rappelle les siècles reculés de la superstition.