Revue des Romans/Henri Villemain

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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VILLEMAIN (Henri).


EUDOXIE, 2 vol. in-12. — L’histoire d’Eudoxie ne présente pas des événements très-compliqués. Adolphe Montigni aperçoit dans un bal une jeune beauté dont il devient tout d’un coup éperdument amoureux, et cet heureux mortel devient bientôt l’amant aimé de la plus belle et de la plus vertueuse des femmes. Malheureusement, un beau soir, au clair de lune, il fait la rencontre d’une jolie espiègle, dont le minois et le langage sont tout ce qu’il est possible de voir de plus agaçant ; les beautés de la nature, l’azur du ciel, la fraîcheur de la soirée, l’amour, l’occasion, et peut-être, quelque diable aussi le poussant, Montigni triomphe de la vertu d’Alphonsine. Les suites de cette faute ne purent longtemps être cachées ; sa honte va bientôt se dévoiler à tous les yeux. Mais Eudoxie est son amie, et cette femme, capable de tous les sacrifices, ordonne à Montigni de renoncer à la femme qu’il aime pour épouser la femme qu’il a séduite, et, pour obéir à son père, elle est forcée de donner sa main au comte de R… Au bout de quelques années, le mari d’Eudoxie et la femme de Montigni meurent presque au même instant ; et comme aucun obstacle ne s’oppose plus à l’union des deux amants, ils finissent par s’épouser.

ORDRE ET DÉSORDRE, ou les Deux amis, par Henri V…N. 2 vol. in-12, 1811. — Saint-Léon et Dorvigny, amis d’enfance, sortent du collége à l’âge de vingt ans, après s’être distingués tous deux dans leurs études. Saint-Léon, qui n’a ni père ni mère, se trouve tout à coup maître d’une fortune considérable, et va passer quelque temps à Toulouse dans la famille de Dorvigny, qui jouit d’une honnête aisance. Il y est reçu comme un enfant de la maison, et se prend d’inclination pour la petite Célestine, sœur de Dorvigny, âgée à peine de huit ans, et Célestine le lui rend bien. Forcé de s’arracher de Toulouse pour aller à Lyon prendre la gestion de sa fortune, Saint-Léon est bientôt entraîné à Paris par le goût des plaisirs, et là, le jeu, le luxe et les femmes, le plongent dans un désordre complet ; un juif parvient à s’emparer de tous ses biens, à l’exception d’une maison sur laquelle ce juif offre de lui prêter douze mille francs. Cependant, au milieu de tout ce libertinage, Saint-Léon n’a pas cessé de penser à Célestine, qui est devenue une fort jolie femme. Par un contraste frappant, Dorvigny, plein d’ordre, d’économie, de sagesse, est devenu un bon avocat, a épousé une femme charmante, et mène la vie la plus heureuse. Ses affaires le conduisent à Paris avec toute sa famille ; sur le point d’y arriver, Saint-Léon, qui se trouvait sur son chemin dans de tout autres intentions, a occasion de lui sauver la vie ; il se corrige, revient à la vertu, et épouse Célestine. — Ce roman se distingue par des détails agréables : on lira surtout avec plaisir la peinture des mœurs domestiques de la famille Dorvigny.