Revue des Romans/Jules Le Fèvre-Deumier

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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LEFÈVRE (Jules).


SIR LIONEL D’ARQUENAY, 2 vol. in-8, 1834. — Sir Lionel, membre d’une grande famille anglaise, apparaît d’abord dans ce livre attelé pour son malheur au char d’une coquette impudente et glacée. Pauvre Lionel ! Quelle épreuve, quel supplice il endure au moment où, rassemblant ses forces, il brise enfin sa chaîne ! Redevenu libre, nous le voyons se rapprocher d’une figure nouvelle, la douce et touchante Amélie, sœur adoptive de Lionel, dont la tendre amitié se plaisait autrefois à diriger l’éducation. Depuis, et pendant une absence de Lionel, Amélie, qui touche à sa seizième année, est devenue la victime d’un intrigant odieux qui, dédaigné d’elle, s’en est vengé comme Lovelace de Clarisse. Lionel, qui croit Amélie coupable, mais qui n’a pas cessé de l’aimer comme le meilleur des frères, se dévoue pour sauver sa sœur adoptive de l’infamie. Il épouse l’infortunée et la couvre de son nom, tandis qu’elle porte encore dans son sein le fruit d’une fatale et criminelle surprise. Devenu l’époux d’Amélie, Lionel ne tarde pas à éprouver pour elle un tendre sentiment, mais la supposant préoccupée d’un autre amour, il hésite à ouvrir son cœur, et s’enveloppe sous le masque d’une opiniâtre et fantasque indifférence. De son côté, Amélie nourrit un secret penchant pour son mari ; mais dans la candeur et la timidité de sa conscience, se croyant méprisée de Lionel, indigne de son amour, elle emprisonne le sien dans une amère et silencieuse réserve. Ces deux amants, dont les cœurs se méconnaissant tout en battant l’un pour l’autre, en viennent à comploter une séparation ; le mari un voyage aux grandes Indes, la femme une demande régulière en divorce. Le double complot échoue à la grande joie des conspirateurs, qui tombent dans les bras l’un de l’autre et font leur mutuel bonheur. — L’action de ce roman est simple, mais assez intéressant cependant pour soutenir l’attention du lecteur jusqu’à la fin.