Revue dramatique - 14 mars 1891

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Revue dramatique - 14 mars 1891
Revue des Deux Mondes3e période, tome 104 (p. 460-466).
REVUE DRAMATIQUE

Théâtre du Vaudeville : Liliane, pièce en 3 actes, de MM. Champsaur et Lacour. — Théâtre du Gymnase : Musotte, comédie en 3 actes, de MM. Guy de Maupassant et Jacques Normand. — Théâtre de l’Odéon : Passionnément, comédie en 4 actes, de M. Albert Delpit. — Théâtre-Libre : la Meule, comédie en 4 actes, de M. G. Lecomte.

Liliane, le soir où nous l’avons entendue, n’a pris les spectateurs qu’à moitié, et encore ! Elle a paru plus d’une fois les déconcerter. C’est, je crois, qu’ils ne se sentaient pas entre des mains assez fortes, assez adroites, assez célèbres aussi. Le public a manqué de confiance d’abord, d’indulgence ensuite. Il a bronché dès le premier caillou, dès la moindre ornière d’un chemin sans doute inégal, mais où, somme toute, il eût pu marcher de meilleure grâce. Il passe chaque jour par de bien autres routes, et sans tant de façons.

M. Lemaître prépare, dit-on, pour le Théâtre-Français, une comédie intitulée : Mariage blanc. Celle-ci pourrait s’appeler : Mariage riche. Un jeune homme aussi intelligent et ambitieux que pauvre, Henri Rozal, a été présenté par un certain Giraud, homme d’affaires, nous allons voir de quelles affaires, dans le salon parisien de deux Américaines, mistress Flowers et sa nièce, miss Liliane, celle-ci trente fois millionnaire. Giraud, qui veut marier Liliane, a trouvé deux candidats aux dollars de la jeune fille : Rozal, et un certain Commeux sans importance. Dans cette négociation, l’intermédiaire (j’emploie un euphémisme) touchera une prime de 10 pour 100, soit trois millions. Les deux jeunes gens en ont donné leur parole et leur signature. Comme ils ne peuvent épouser tous deux, on tire au sort et Rozal est désigné. Tout irait bien ; mais Rozal malheureusement s’avise d’aimer sincèrement, et pour elle-même, Liliane, qui est un ange de douceur, de vaillance et de loyauté. L’épouser sans amour n’était qu’une affaire; l’aimant, cela devient une infamie. Rozal pourtant la commet. Il essaie longtemps de repousser un amour auquel il ne céderait qu’en déshonorant cet amour même ; mais Liliane adore Rozal autant qu’elle est adorée de lui. Elle s’offre, se donne tout entière, et il a le triste courage de l’acheter.

Il l’emmène au bout de la France, vers le soleil et les fleurs, sur les rivages bleus où l’on va pour aimer ou pour mourir. Tous les deux passent là-bas une lune de miel un peu trop mêlée de politique. Rozal est devenu député ; du haut de sa terrasse il fait au peuple des discours avancés, et sa jeune femme, fort sensible à ce genre d’exercices, ne craint pas de se comparer aux électeurs de son mari, parce qu’ils l’ont nommé, comme elle l’a choisi. La scène est plus qu’inutile; elle a semblé voisine du ridicule.

Rozal, dans la double ivresse de l’hymen et de la députation, avait oublié l’échéance. Giraud vient la lui rappeler. Il présente son billet et réclame son argent. Impossible à Rozal de cacher sa faute, ou seulement d’en retarder l’aveu. Il se confesse à la pauvre Liliane. Celle-ci, folle de douleur et de honte, tend au courtier d’amour un chèque de 3 millions, chasse Rozal, et reste seule à pleurer l’odieux trafic de son âme, sa tendresse vendue, et ses lèvres flétries de baisers qu’elle a payés de son or.

Quelques mois plus tard, nous la revoyons, cachée avec sa tante, dans une villa du bois de Boulogne, ayant encore à la bouche des paroles de rancune et de haine, mais déjà dans le cœur un secret et violent désir de réconciliation et d’amour. La fenêtre est ouverte sur une belle nuit de printemps, et, par une nuit pareille, vous devinez que Rozal va revenir. Voilà longtemps qu’il souffre et qu’il expie. Il est devenu un personnage politique, et, soit dit en passant, ce n’est pas ce genre de réhabilitation que j’aurais choisi pour mon héros. Enfin ! les auteurs paraissent avoir des goûts parlementaires et la religion de Gambetta. — Un ami de Rozal vient plaider, prier pour le coupable repentant. Lui-même, au dehors, attend que Liliane le rappelle ou le repousse. Elle refuse d’abord de le voir, mais à peine a-t-elle entendu s’éloigner la voiture, qu’elle court au balcon. Rozal, qui s’était caché dans le parc, bondit auprès d’elle, et, après quelques minutes incertaines, Liliane se jette au cou de son mari en lui criant éperdument : — « Oh oui ! tu as bien fait, tu as bien fait de venir ! »

On a trouvé, et sans injustice, cette fin trop rapide. Liliane tombe trop vite, et peut-être par des raisons trop matérielles ou physiques, dans les bras de Rozal. Il est vrai que le théâtre est dans la nécessité de brusquer les choses, mais pas à ce point. Non-seulement un romancier, mais un dramaturge d’un peu plus d’expérience. eût ménagé mieux une solution qui s’imposait peut-être, mais qui voulait plus de préparation.

Si le dénoûment pèche par excès de hâte, l’exposition, au contraire, a paru traînante et obscure. On ne comprend pas assez vite quelles affaires se débattent entre ces jolis messieurs en habit rouge ou mauve. Quand on l’a compris, et ceci est plus grave, on ne s’explique pas comment ce Rozal, pour lequel, tout le temps de la pièce, les auteurs demandent notre indulgence, voire notre sympathie, comment, dis-je, Rozal a jamais pu s’associer à de pareilles vilenies et signer le pacte ignominieux. Enfin, et je touche à l’objection capitale, pourquoi, dès qu’il se sent vraiment et purement amoureux, amoureux désintéressé, pourquoi ne pas avouer immédiatement à Liliane le marché conclu et maintenant détesté? Le mouvement serait plus juste, la confession moins douloureuse et le pardon plus vraisemblable. Oui; mais alors plus de pièce, et vraiment, en dépit des critiques, de nos critiques même, ce serait dommage. Plus on pense à cette œuvre, faible par tant de côtés, plus elle fait penser à des choses fines, délicates, qui s’y trouvent exprimées ou sous-entendues.

Liliane, d’abord, montre la médiocrité, la platitude de tout mariage qui n’est pas mariage de tendresse, et puis, et surtout, l’antipathie réciproque, la haine essentielle et, je crois, irréconciliable, de l’argent et de l’amour. D’où viennent, dans Liliane, les fautes et les malheurs? De manquemens à l’amour. Or, chaque jour et de plus en plus, le monde y manque, à l’amour, à peu près comme y a manqué Rozal. Oh! à quelques millions près; mais qu’importe le prix, dès qu’il y a marché? En réalité, Rozal a-t-il acheté sa femme autrement que ne le fait le jeune duc ruiné qui paie ses nobles dettes avec une dot bourgeoise? Non. L’un escompte son avenir, l’autre liquide son passé, voilà tout. « Hélas ! que j’en ai vu vendre de jeunes filles ! » — Et, tenez, plus on songe à cette pièce, plus marquée on y trouve l’incompatibilité dont nous parlions entre l’argent et l’amour. C’est une honte pour Rozal d’avoir acheté la femme qu’il aime, surtout de ses deniers à elle; mais l’eût-il fait de ses deniers à lui, la honte, qui serait moindre, resterait une honte, pourtant. Supposons Rozal riche et payant Giraud de sa poche, Liliane sentirait encore l’outrage de ce trafic, et le reflet de l’or salirait encore son amour. Il aurait beau lui dire, le fiancé, le mari qui se serait ruiné pour elle : « Je t’ai payée de tout mon patrimoine, parce que je t’aimais, » elle lui répondrait : « L’amour ne paie ni ne se paie. » Quand le Christ a dit : « Nul ne peut servir deux maîtres, » l’un des deux était l’argent ; l’autre, l’amour. L’amour n’est pas dans le commerce des hommes ; c’est un don divin, et, comme toutes les autres libéralités de Dieu, un don gratuit.

Voilà ce que nous avons vu ou cru voir dans cette pièce; voilà pourquoi nous avons pris quelque agrément, non-seulement à l’entendre, mais à nous en souvenir. Sans compter que l’interprétation est bonne: Mlle Brandès, qui garde et gardera, je crois, toujours une âpreté un peu rauque, a cependant pris dans la voix et le jeu quelque chose de plus doux, de plus souple et de plus fondu ; M. Candé plaît comme à l’ordinaire par un naturel plein de chaleur, et M. Dieudonné est un coquin du meilleur monde et du meilleur ton.


Le scénario de Musotte est fait avec beaucoup de naturel et de facilité; la pièce n’est pas ennuyeuse, elle serait plutôt banale trop souvent et quelquefois un peu choquante. Elle offre le spectacle, toujours intéressant pour les personnes sensibles, d’une pauvre fille qui meurt sur une chaise longue, auprès d’un berceau. Mais elle nous montre aussi, et l’émotion de ce dénoûment est plus douteuse, un mari qui le soir de ses noces apporte à sa femme un petit enfant.

Vous connaissez le drame ; il est très simple; un jeune peintre, Jean Martinel, vient de se marier; vers minuit, au moment d’emmener sa femme, il est appelé d’urgence au chevet d’une pauvre fille, Musotte, son modèle et sa maîtresse de l’an dernier. Elle vient de mettre au monde un enfant et elle va mourir. L’enfant est le fils de Jean; Musotte le jure, d’un serment solennel de moribonde ; elle le lui confie et meurt. Le jeune homme emporte son fils ; il avoue sa paternité à sa femme, qui reçoit l’enfant dans ses bras et promet d’être sa mère.

Le sera-t-elle en effet, et quelle mère ou quelle marâtre? Sous ce devoir extraordinaire, inattendu, accepté de bonne foi et de grand cœur dans un élan de dévoûment et d’héroïsme, la jeune femme ne pliera-t-elle pas un jour, demain peut-être? — On ne voit jamais le lendemain des pièces, et Chimène elle-même, depuis qu’elle a épousé Rodrigue, a dû plus d’une fois lui reprocher avec aigreur d’avoir tué son père. Mais laissons l’avenir. Le présent même, dans Musotte, ne nous satisfait qu’à moitié. La pièce est tirée, comme on sait, d’une nouvelle de M. de Maupassant : l’Enfant. Tirée, hélas ! en longueur. Quinze pages délayées en trois actes. Et alors toute l’essence du récit s’est pour ainsi dire étendue d’eau; plus de parfum ni de saveur. Ce berceau porté près du lit nuptial, ce voisinage qui déplaît et qui choque, le romancier du moins nous l’impose vivement et par surprise. La nouvelle est si enlevée, que nous n’avons pas le temps de nous reconnaître, de nous refuser, de nous défendre seulement. Lisez plutôt la dernière page:


« Toutes les femmes furent debout d’un bond, et Berthe, la première, s’élança, malgré sa mère et ses tantes, enveloppée de son peignoir de nuit.

« Jacques, debout au milieu de la chambre, livide, haletant, tenait un enfant dans ses bras. « Les quatre femmes se regardèrent effarées; mais Berthe, devenue soudain téméraire, le cœur crispé d’angoisse, courut à lui : « Qu’y a-t-il ? Dites, qu’y a-t-il? »

« Il avait l’air fou; il répondit d’une voix saccadée: « Il y a... il y a... que j’ai un enfant et que la mère vient de mourir. » Et il présentait, dans ses mains inhabiles, le marmot hurlant.

« Berthe, sans dire un mot, saisit l’enfant, l’embrassa, l’étreignant contre elle ; puis relevant sur son mari ses yeux pleins de larmes : « La mère est morte, dites-vous ?» — Il répondit : « Oui, tout de suite... dans mes bras... J’avais rompu depuis l’été... Je ne savais rien, moi... C’est le médecin qui m’a fait venir... »

« Alors Berthe murmura: « Eh bien ! nous l’élèverons, ce petit ! »


Au lieu de trancher ainsi la question, la pièce la dénoue longuement par un dernier acte qui, pour être, je crois, le plus intéressant, n’en demeure pas moins dissertant et raisonneur. On y plaide le pour et le contre, et de cette longue discussion nous sortons, en somme, plus inquiets que convaincus. Ils ont beau dire, le brave cousin Martinel, et le frère de la mariée, un gentil garçon d’esprit et de cœur : Jean, qui ne pouvait refuser à Musotte un dernier baiser, pouvait, devait peut-être revenir seul, avouer à sa femme cette suprême entrevue et sa paternité douloureuse, mais épargner à la pureté, à la première pudeur de l’amour conjugal, sinon le souvenir, au moins le témoignage vivant et criant, de l’illégitime amour.

Le second acte même, qui a fait répandre des torrens de larmes, ne nous a ému que d’une émotion assez banale et cent fois éprouvée. La vie de bohème, la Dame aux camélias nous on jadis touché tout autant. Sans compter qu’il est toujours facile et trop peu littéraire d’agir sur les yeux et non sur les âmes. C’est par le spectacle que cette scène a réussi, beaucoup plus que par la pensée et la parole. Jean, Musotte elle-même, ne trouvent là rien à dire que de déjà dit. Elles expirent toutes ainsi, les pauvres mourantes de théâtre: mêmes souvenirs d’enfance et d’amour, même délire, même gaîté douloureuse, même lueur d’espérance quand elles se croient guéries, et quand elles veulent se lever pour vivre, elles retombent pour mourir. Ainsi finit Musotte, après tant d’autres.

Un peu banales aussi, malgré le contraste ou par le contraste même, artificiel et voulu, de leur indifférence ou de leur trivialité avec l’horreur du drame auquel elles sont mêlées, banales, dis-je, les figures accessoires et inutiles de la sage-femme, de la nourrice, du médecin cravaté de blanc qui vient assister une mourante pendant un entr’acte de l’Opéra. Inutile encore et médiocrement comique, certaine tante de la jeune femme, vieille fille de mauvais caractère et de bon cœur; je dis vieille fille, car elle fut mariée un an à peine et il y a bien longtemps. On aurait pu espérer que la brave dame aiderait tout le monde à sortir d’embarras et qu’elle serait de quelque secours au dénoûment. Elle ne sert absolument à rien. Quand on a fondé comme elle un asile pour chiens abandonnés, on devrait bien se charger de recueillir et d’élever un pauvre petit diable d’arrière-neveu naturel.

Le style enfin de M. de Maupassant, ce style admirable partout ailleurs de concision, de force et d’éclat, semble s’être ici délayé, détendu, éteint. « Tu l’aimeras bien, notre pauvre petit; qu’il ait toujours un papa, puisque bientôt il n’aura plus de maman. » Voilà le ton, ou peu s’en faut ; quelques mots seulement tranchent, çà et là, sur la pâleur du dialogue. Ce n’est pas de cette plume que d’ordinaire écrit l’écrivain de l’Enfant. Ouvrez plutôt le livre à la page de mort, et voyez :


« Impuissante à lever sa tête épuisée, elle tendait ses lèvres blanches dans un appel de baiser. Il approche sa bouche pour cueillir cette lamentable et suppliante caresse.

« Un peu calmée, elle murmure tout bas : « Apporte-le, que je voie si tu l’aimes. »

« Et il alla chercher l’enfant.

« Il le posa doucement sur le lit, entre eux, et le petit être cessa de pleurer. Elle murmura : « Ne bouge plus!» Et il ne remua plus. Il resta là, tenant en sa main brûlante cette main que secouaient des frissons d’agonie, comme il avait tenu tout à l’heure une autre main que crispaient des frissons d’amour. »


Si je ne m’arrêtais, je citerais la nouvelle tout entière. Lisez, relisez-la. Ou plutôt ne la lisez pas, si vous craignez de vous gâter par avance le plaisir du spectacle et de juger la pièce, comme nous, avec un peu de sévérité.

Musotte est bien jouée : Mlle Sisos y est touchante, dans un rôle où il était difficile de ne pas l’être; M. Noblet, spirituel, et, quand il le faut, ému; M. Duflos, meilleur encore que dans l’Obstacle. Le rôle de Mme Pasca est en dehors de son emploi, mais non pas au-dessus de son talent, et Mme Desclauzas a toujours dans la voix, la physionomie et le geste sa bonhomie effarouchée.


Quelques mots encore avant de finir. La comédie romanesque de M. Albert Delpit, pour laquelle, il faut bien le dire, le public ne s’est pas montré indulgent, n’est pourtant pas moins habilement construite que Liliane, et l’intrigue pas moins adroitement conduite. Comment et pourquoi la pièce n’a-t-elle pas retrouvé à l’Odéon le succès que continue d’avoir en librairie le roman dont elle est tirée? Le théâtre a de ces surprises et le public de ces caprices! Sans doute les caractères ne sont pas assez expliqués, et les situations, parmi lesquelles il y en a deux ou trois neuves et ingénieuses, ne sont pas assez préparées. Retenons, cependant, la scène où les deux amoureux, trompés par l’étrangère, prennent bravement et spirituellement leur parti de leur déconvenue et deviennent amis en cessant d’être rivaux.

La critique peut signaler les erreurs de la fortune, elle ne peut les réparer. Il convient d’ajouter que l’interprétation, moins bonne et moins sûre qu’elle ne l’est ordinairement à l’Odéon, n’a pas laissé de nuire au succès de la pièce. Passionnément eût fourni une carrière plus longue si tous les acteurs eussent été dignes de M. Dumény.


Enfin, nous avons assisté, pour la première fois, à une représentation du Théâtre-Libre, et nous y avons pris un extrême intérêt. Rien de plus curieux que de voir un millier de personnes très comme il faut réunies dans l’attente et le désir, unanime autant qu’exclusif, de la polissonnerie et au besoin de l’obscénité. Deux ou trois heures durant, tout le monde est aux aguets; on épie les moindres répliques, le geste le plus anodin. Un grand lit à deux personnes et défait, placé à gauche de la scène, avait éveillé les plus légitimes espérances. Hélas! un instant seulement l’action a failli s’y concentrer, et aussitôt toute la gauche de la salle, qui ne voyait pas, s’est levée en masse, allongeant le cou. Il ne s’est rien passé, ou presque rien ; nous le savons, nous qui étions à droite. La pièce représentée est de M. George Lecomte. Elle s’appelle la Meule. Quatre actes : un acte plein de talent, les trois autres pleins d’ordures. C’est l’histoire d’une femme qui fait épouser son amant à sa fille. Rien entendu, la jeune fille sait tout et le père aussi; sans cela, il n’y aurait pas de mérite. L’un et l’autre commencent par avoir quelques scrupules. Mais ceux de la petite tombent parce qu’elle a surpris sa mère dans les bras d’un second amant, ce qui la décide à se marier avec le premier ; ceux du père, parce que le vieux monsieur (c’en est un) roule sur l’or. Et la Meule, c’est la société, responsable, à ce qu’il paraît, des malheurs de cette famille.

Tout cela est assez répugnant. Ce n’est pas très neuf, ni même très vrai. Le document, le fameux document est erroné. Le principal personnage, fort bien joué d’ailleurs par M. Antoine, est avocat à Lapalisse. Or, il n’y a pas de tribunal à Lapalisse, chef-lieu de l’arrondissement administratif. Le tribunal est à Cusset, près Vichy. Qu’on ne nous parle plus, après cela, de la vérité au théâtre, au Théâtre-Libre, du moins !


CAMILLE BELLAIGUE.