Revue musicale - 31 mars 1891

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Revue musicale - 31 mars 1891
Revue des Deux Mondes3e période, tome 104 (p. 699-705).
REVUE MUSICALE

Théâtre de l’Opéra : le Mage, opéra en 5 actes et 6 tableaux, paroles de M. Jean Richepin, musique de M. Jules Massenet.

On lit dans un beau livre, les Sources, du père Gratry : « Là où vous ne voyez pas, où vous ne sentez pas, n’écrivez pas : taisez-vous. « Après le Mage, hélas ! notre désir serait de nous taire, car nous n’avons rien ou presque rien senti ni vu dans l’opéra de MM. Richepin et Massenet. Mais le silence gardé pourrait passer pour impertinence et dédain. Mieux vaut encore parler, fût-ce pour dire notre déconvenue et nos regrets et pour affirmer à l’un de nos premiers musiciens, en dépit, non pas de cette décadence, mais de cette défaillance seulement, la ténacité de notre espoir et la fidélité de nos souvenirs.

Qui donc nous reprochait l’autre soir de changer à l’égard de M. Massenet ? Mais c’est lui qui change, et si souvent, si vite, qu’on a peine à le suivre en ses métamorphoses. Que n’est-il demeuré le Massenet d’autrefois, ou même d’hier, d’avant-hier tout au plus, celui de Marie-Magdeleine, des Érynnies, du Roi de Lahore, ou celui de Manon ? Nous aurait-il donné notre pain blanc le premier ? Oh ! si blanc, si délicat, si léger, avec une couleur et un parfum de gâteau ! Il a mis à la pâte une main trop nerveuse, et la crampe est venue. Il est de ceux qui pour embrasser trop finissent par mal étreindre. Esclarmonde nous avait déjà inquiété. Nous en trouvions la tendance fâcheuse pour la musique en général et surtout pour la musique de M. Massenet, désormais orientée vers un pôle qu’elle ne touchera pas. De cet effort et de cet excès, le talent du maître ne s’est pas encore remis ; le ressort en demeure forcé ; l’inspiration, courte et haletante. Le charmant compositeur a tous les secrets de la grâce ; il envie celui de la force, qu’il ne saura jamais. Qu’il se défie de ses ambitions secrètes ; fût-ce de certaines pages de lui : la mort du Christ dans Marie-Magdeleine ; le finale du troisième acte dans le Roi de Lahore, ou l’entr’acte amoureux d’Esclarmonde. Ce sont là des exceptions, et jamais on ne prendra pour un parc, encore moins pour une forêt, deux ou trois beaux arbres isolés dans un parterre de fleurs.

Écoutez maintenant l’histoire du Mage. Zarastrâ (ou Zoroastre) revient dans l’Iran, sa patrie, après avoir vaincu les Touraniens, et capturé leur reine Anahita, qu’il aime et dont il est aimé. Malheureusement, Varedha, fille d’Amrou grand-prêtre des Dêvas, prêtresse elle-même de Djahi, brûle pour Zarastrâ d’un amour auquel le guerrier se dérobe. Elle jure de le perdre ou plutôt de le conquérir. En pleine fête triomphale, au moment où Zarastrâ, acclamé de la foule comme Radamès, et comme Radamès aimé de deux femmes, au moment où Zarastrâ obtient du roi la main de sa belle captive, l’autre furieuse accourt et, comme Rachel de la Juive, déclare que Zarastrâ n’est pas libre et qu’il est son amant. Scandale complet, protestations indignées de Zarastrâ ; témoignage des prêtres en faveur de la prêtresse. Zarastrâ, comme Vasco dans l’Africaine, insulte les imposteurs et les dieux mêmes, complices de l’imposture. Il se retire dans les montagnes, où il se fait mage et se crée un dieu pour quelques fidèles et lui. Mais jusque sur les sommets, Varedha vient relancer l’insensible, le supplier d’amour et l’avertir qu’Anahita doit être demain l’épouse du roi. C’est la vérité : Anahita, cédant à la violence du monarque, se laisse unir à lui, quand par bonheur, et par hasard surtout, ses compatriotes les Touraniens envahissent la ville, incendient le temple, délivrent leur souveraine et massacrent Varedha, le roi de l’Iran, le grand-pontife et tout le clergé des Dévas, sans compter les prêtresses et les bayadères de Djahi.

Ramené dans la ville par le regret de son amour, errant à travers les décombres, Zarastrâ retrouve sur les ruines du temple Anahita vivante et Varedha pas tout à fait morte. Celle-ci a encore la force de maudire le couple détesté et d’appeler sur lui la colère de sa déesse. A sa voix, les flammes se raniment et jaillissent de toutes parts ; l’incendie embrase les restes du temple, mais le mage invoque son dieu à lui : Mazda éteint le feu qu’avait rallumé Djahi et les deux amans s’éloignent, tandis que Varedha achève de mourir.

De ce livret très attendu, très vanté par avance, l’intérêt et la nouveauté surtout nous ont échappé. C’est la première fois depuis longtemps, sinon depuis toujours, qu’un poète, un vrai, daigne accorder à un musicien l’honneur de sa collaboration. Quel poète encore ? Un touranien, et voici ce qu’au mot touranien on lit dans Littré : « Synonyme de nord-altaïque ; dénomination attribuée aux populations qui habitent entre la mer Caspienne et la mer du Japon, entre la chaîne du Thibet et l’Océan, et qui, tout en parlant des langues très diverses, ont des caractères communs. » Nord-altaïque lui-même, le chantre des Gueux et des Blasphèmes a pris son sujet dans l’histoire de sa race et de son pays. Mais était-ce bien la peine de remonter à 2500 ans (environ) avant Jésus-Christ et d’aller jusqu’en Bactriane pour nous donner une rapsodie d’Aïda, du Prophète, de la Juive, de l’Africaine et même des Mystères d’Isis ?

On comptait sur un poème original, sur un progrès, que dis-je, une révolution dans l’art du libretto. L’allégorie, le symbole, devaient faire du Mage une œuvre philosophique, historique et religieuse. Ce serait la lutte entre l’esprit et la chair, entre la volupté et l’amour ; ce n’est rien de tout cela, et le livret, qui menaçait de consacrer la honte de M. Scribe, tourne à l’honneur du librettiste de Robert, qui n’était pas touranien.

Nous connaissons trop bien, depuis l’Africaine et surtout Aïda, le ténor aimé de deux femmes. Sans compter que la tendresse acharnée de Varedha finit par imposer à Zarastrâ des attitudes déplaisantes. Une fois au moins par acte, Varedha vient s’offrir à l’homme qui la repousse. Telle, dans l’immortelle odyssée de M. Cryptogame, l’infatigable Elvire vole sur les traces du choisi de son cœur et le poursuit jusque dans le ventre de la baleine, où ce nouveau Jonas, ou Joseph, s’est réfugié.

Quant à la retraite de Zarastrâ dans la montagne, cette vocation de mage, que rien ne prépare et que rien ne suit, n’est d’aucune portée ni d’aucune influence ; inutile oratorio dans un drame lyrique sans unité. Le style enfin nous a paru plus d’une fois indigne de M. Richepin : pauvre d’idées, de mots et même d’images. A part quelques strophes vraiment heureuses, le règne de la poésie ne semble pas encore arrivé à l’Opéra.

Y arrivera-t-il jamais ? Est-il même indispensable qu’il y arrive ? J’en doute. Peut-être demande-t-on trop de qualités aux livrets d’aujourd’hui. J’en sais de médiocres qui jadis ont servi de prétextes à d’immortels chefs-d’œuvre ; il ne tenait qu’à M. Massenet que le Mage fût de ceux-là.

Les meilleures pages de la partition se trouvent au premier acte et au troisième ; au premier surtout, qui reste presque tout entier dans une demi-teinte assez agréable de douceur et de rêverie. Très poétique, le lever du rideau : une nuit d’Orient ; sous les rameaux gigantesques des cèdres, des prisonniers étendus murmurent un chant de leur pays, mélopée traînante et mélancolique. Du Félicien David peut-être ; mais du meilleur et avec une autre facture, ou, comme on dit, une autre patte. La patte, c’est ici un accompagnement de clarinette, aux sonorités délicieusement graves, sur lequel psalmodie le chanteur ; là, c’est une cadence dont la suspension sur une note haute produit l’effet le plus heureux.

Nous avons moins goûté le réveil du camp, au lever du jour. Quelques trompettes suraiguës ont paru par trop perçantes, et puis, n’a-t-on pas abusé, en pareilles circonstances, des sonneries qui se répondent dans l’orchestre et sur le théâtre ? J’aime mieux certaine aurore de Samson et Dalila, plus sobrement indiquée par une série d’accords en étages. Il est vrai que nous sommes ici dans un camp et qu’il fallait bien donner au matin une sonorité militaire.

Signalons en passant de jolies, très jolies phrases, celle de Varedha : Jour béni par les dieux, qui nous a rappelé une délicieuse cantilène du Roi de Lahore, plus charmante encore, celle-là, et plus alanguie d’amour : Il va connaître enfin cette douce pensée. Plus loin, voici du meilleur Massenet : toute la déclaration de la prêtresse à Zarastrâ, mélodie qui caresse et qui ploie, tantôt festonnée de triolets onduleux, tantôt sillonnée de gammes fulgurantes ou semée des étincelles de l’harmonica.

Très lourd, en revanche, et très banal l’appel d’Amrou aux Dévas, rien n’étant plus ennuyeux, on le sait, que les pontifes ou les rois qui, à grand renfort de cuivres, invoquent les divinités exotiques (voir, dans Esclarmonde, le rôle de l’empereur Phorcas). Zarastrâ et la belle Touranienne s’avancent, accompagnés par une élégante ritournelle. Ici encore M. Massenet se retrouve ; voilà bien l’amabilité, la distinction de son style, son adresse à poser, sur une arabesque instrumentale qui chante elle-même, la déclamation chantante des voix. Mais pourquoi, peu de mesures plus loin, sur ces vers fâcheux :


O cœur indompté,
Cavale rétive !


pourquoi un écart de musique plus déplorable encore, et un temps de galop que n’excuse pas l’interpellation hippique du héros à sa bien-aimée ? Serait-ce pour faire valoir le duo qui suit, duo de salon, plutôt mondain que nord-altaïque, mais enjolivé d’une orchestration délicate et qui se mêle à la chanson lointaine des prisonniers touraniens ? La coupe en est un peu étroite, la tendresse un peu minaudière, mais il termine avec grâce ce premier acte, qui nous a charmé le plus.

Le second nous a étourdi. Du bruit, sans un accent de force ou de vérité, voilà le duo du grand-prêtre avec sa fille. Quant à l’interminable tableau du triomphe, qu’on imagine quelque chose comme la mise en scène d’Aïda ; mais, hélas ! la mise en scène seulement. A droite, sur une estrade et sous un parasol, le roi de rigueur. Prisonniers, prisonnières, guerriers, vierges, bayadères, trophées, dépouilles, vaisselle, éventails de plumes, armes, bijoux, monceaux d’argent et d’or, « les harnais et les rênes, les peaux d’ours et de rennes, les cuirs écaillés de métal, » tout cela défile par groupes et par tas, et chaque tas et chaque groupe nous est présenté, expliqué, comme dans la lanterne magique, par un insupportable cicérone touranien. Les captives passent en dansant. Je n’ai jamais compris pourquoi les captives dansent, mais enfin celles-ci dansent comme les autres, les bras arrondis, aux sons des harpes et autres instrumens symboliques de l’esclavage féminin, opposés aux motifs barbares des prisonniers mâles. Ah ! que sont devenues les nobles Troyennes que ramenait naguère au pays d’Argos l’Agamemnon des Érynnies ? Celles-ci ne se trémoussaient pas comme de belles Fatmas, et quand elles passaient, tordant leurs bras blancs et pleurant en silence, de l’orchestre montait vers le ciel de la Grèce toute la douleur d’Ilion.

Après le défilé, lorsque tout le monde est en place, les personnages principaux se mettent à chanter chacun à leur tour, puis par petits groupes de prêtres, de guerriers, enfin les voix se réunissent et l’ensemble ordinaire se développe. Il est manqué ici, l’ensemble traditionnel, et, sauf une toute charmante romance du vainqueur soulevant le voile d’Anahita, nous n’avons rien démêlé dans ce bruit. Zarastrâ lui-même, contre la calomnie de Varedha et des prêtres, ne trouve pas un beau cri d’indignation et d’éloquence.

Le troisième acte, celui de la retraite et de la prédication sur la montagne, bien qu’en dehors de l’action, n’était pas indigne d’inspirer le librettiste et le compositeur. Dans le passé de la poésie et de la musique, quels souvenirs et quels exemples ! En poésie d’abord :


Prophète centenaire, environné d’honneur,
Moïse était parti pour trouver le Seigneur.
On le suivait des yeux aux flammes de sa tête ;
Et lorsque du grand mont il atteignit le faite,
Lorsque son front perça le nuage de Dieu,
Qui couronnait d’éclairs la cime du haut lieu,
L’encens brûla partout sur des autels de pierre,
Et six cent mille Hébreux, courbés dans la poussière,
A l’ombre du parfum par le soleil doré,
Chantèrent d’une voix le cantique sacré[1].


Voilà, je l’avoue, le tableau que je rêvais. Ce n’est pas que le couplet suivant, mis par M. Richepin sur les lèvres de Zarastrâ, manque d’onction ni de piété :


Heureux celui dont la vie
Pour le bien aura lutté toujours,
Car son âme est ravie
Au bonheur éternel des célestes séjours.
Les douleurs qu’il out sur la terre
Lui deviendront là-haut des voluptés sans fin.
S’il eut soif, c’est le vin qui toujours désaltère,
Et c’est le pain servi pour toujours, s’il eut faim.


Ce n’est pas mal, et la mélodie de M. Massenet a beaucoup de douceur. J’accorde qu’elle est charmante, avec son pur contour, la molle retombée de ses cadences, son frêle contre-chant de hautbois. C’est un aimable cantique de première communion pour des blondins de douze ans et des petites filles pleurant de joie dans la blancheur de leur voile ; ce n’est pas l’hymne effaré, éperdu, d’un homme qui vient de voir Dieu face à face et qui rapporte le regard et la parole du Très-Haut. Je voudrais ici sur la musique plus que le reflet d’une religiosité pâle : la flamme divine elle-même ; je la voudrais enthousiaste, c’est-à-dire ayant Dieu en elle, et elle ne l’a pas. Cette soif, cette faim dont parle le librettiste du Mage, la musique de M. Massenet ne les apaisera pas. Le pain qui nourrit, le vin qui désaltère, cherchez-les ailleurs : dans la prière de Moïse, dans le finale du Prophète, dans le baptême de Polyeucte, et surtout dans l’admirable, l’incomparable banquet mystique de Parsifal. Là rayonnent d’une double lumière un génie et une âme qui, cette fois au moins, furent égaux ; là vous trouverez le poète, le penseur, je dirais presque le prêtre, dignes du musicien, et le beau vous apparaîtra comme la splendeur non-seulement du vrai, mais du bien. Sans exiger de M. Massenet cette grandeur philosophique et morale, on pouvait espérer de lui un plus profond sentiment religieux. La vision de saint Jacques dans le Cid était d’une tout autre couleur, et la scène du Mage avec son développement banal, ses réponses des chœurs, la progression en triolets et la reprise de rigueur, je donnerais, hélas ! tout cela pour réentendre la belle prière de Rodrigue et surtout ces mots : Ah ! le souffle d’en haut a passé sur ma face, que M. Jean de Reszké, un absent dont il faut se souvenir, jetait avec un si beau cri de divine épouvante.

Pour avoir tout dit, il ne nous resterait plus qu’à signaler, dans le troisième acte aussi, une cantilène de l’opiniâtre Varedha : Sous tes coups tu peux briser tout mon corps qui t’aime. La coupe littéraire et musicale en est originale, mais le sentiment encore un peu mièvre, et la formule, opposition de force et de douceur, trop habituelle à M. Massenet. Au quatrième acte, on a regretté l’éblouissant ballet du Cid et cru retrouver dans la bénédiction du prêtre la voix de Capulet conduisant Juliette à l’autel. La meilleure page de l’acte est la mélopée de la pauvre Anahita. Elle se plaint sur l’air de son pays entendu au premier acte et très poétiquement ramené ici. Oyez, cette fois, le joli langage.

Vers le steppe aux fleurs d’or
Laisse-moi prendre l’essor
Laisse-moi voir encor
Mon beau ciel pâle,
Où la neige en neigeant
Sous la lune à l’œil changeant
Fait germer dans l’argent
Des fleurs d’opale.

Le cinquième acte, enfin, est une merveille, mais de décoration seulement. Dans l’ombre de la nuit bleue, sous un ciel criblé de plus d’étoiles qu’on n’en vit jamais dans un ciel d’opéra, le temple éventré s’ouvre béant sur l’azur. Un pan de muraille énorme surplombe et menace ruine ; çà et là gisent des cadavres ; seule, intacte, gigantesque, la statue de la déesse se dresse au fond, devant l’autel qui fume encore. Le dernier duo, écrit dans le style de Manon, a paru mesquin et maniéré dans ce paysage grandiose, et l’on a trouvé à tort que l’embrasement final rappelait celui de la Valkyrie.

Nous n’espérons guère en l’avenir de cette partition, mais sans douter pour cela de l’avenir du maître. Werther peut être un jour la revanche du Mage. Il semble que M. Massenet traverse une crise d’énervement et de lassitude. Son talent s’est trop dépensé et dispersé ; au lieu de le prodiguer, qu’il le concentre ! Qu’il se reprenne lui-même, se repose, se recueille et se fortifie. Qu’il ferme sur lui la porte de sa maison, et, sourd aux bruits du dehors, qu’il écoute au dedans. Alors il réentendra les voix du passé, mélodieuses hôtesses qui ne sauraient l’avoir trahi. Un sage, un saint, a dit : « Nous n’avons qu’un maître, un seul maître, qui est intérieur. » M. Massenet doit revenir à ce maître dont les leçons, jadis, étaient douces et le joug léger. Joubert a écrit : « Heureux ceux dans lesquels le style est une habitude de l’âme, » et il ajoutait : u L’habitude de l’esprit est artifice ; l’habitude de l’âme est excellence et perfection. » Le malheur du Mage, c’est qu’on y retrouve seulement l’habitude, le procédé d’un esprit. Souhaitons de retrouver bientôt ailleurs l’habitude d’une âme qui fut charmante et peut encore le redevenir.

L’interprétation du Mage a été au-dessus de ce qu’on attendait. Mme Fierens est une vaillante cantatrice de second ordre. Mme Lureau-Escalaïs a fait de très grands progrès. Elle a modéré sa voix, épuré et affiné son style. Utile jusqu’à présent, la voilà désormais agréable, et pour nous qui l’avons critiquée jadis, c’est un double plaisir aujourd’hui de la louer. M. Vergnet chante avec un peu de froideur, infiniment de goût, et d’une voix délicieusement timbrée. M. Delmas, dans le rôle ingrat du grand-prêtre, se montre plus que jamais par la voix, le style, la belle diction et la belle tenue, le chanteur et l’artiste émérite que, dès le début, il promettait et qu’il est devenu. Quant à M. Martapoura, par son nom du moins, il a semblé le plus touranien de tous les interprètes.

  1. A. de Vigny Moïse).