Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 2/Lecture 8

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 188-196).

LECTURE HUITIÈME.

HYMNE I.

À divers dieux, par Gritsamada.

(Mètre : Djagatî.)

1. Bienfaisant (Agni), que la coupe du sacrifice fasse ton bonheur. Prêtres, le dieu veut des libations complètes ; apportez-lui ce soma qu’il désire. (Dieu) riche et libéral, bois à la coupe de l’Hotri[1] avec les Ritous[2].

2. Je lui fais aujourd’hui la demande que déjà je lui ai adressée ; car il mérite d’être invoqué, ce (dieu) qui est le premier parmi les êtres bienfaisants. Les prêtres te présentent le doux soma ; (dieu) riche et libéral, bois à la coupe du Potri avec les Ritous.

3. Que les coursiers qui t’amènent soient couverts des flots onctueux des libations. Bon et puissant Vrihaspati, prends des forces. Apparais avec grandeur, approche de notre soma ; (dieu) riche et libéral, bois à la coupe du Nechtri avec les Ritous.

4. Le (dieu) s’est désaltéré à la coupe de l’hotri ; il s’est enivré à celle du potri ; il a savouré nos offrandes à celle du nechtri. Que ce (dieu) riche et libéral, ami de ceux qui le traitent avec libéralité, boive à cette quatrième coupe[3], pure et immortelle.

5. (Divins Aswins), venez ici, montés sur ce char destiné à des héros tels que vous. Prenez nos holocaustes et nos douces libations. Venez donc, et buvez de ce soma, vous qui êtes des trésors d’abondance.

6. Jouis, ô Agni, de ce foyer que nous avons allumé ; jouis de nos invocations, de nos hommages, de nos hymnes ; et, dans la saison (convenable), ô (dieu) conservateur, goûte et fais goûter à tous les autres dieux nos holocaustes, objets de vos désirs.


HYMNE II.

À Savitri, par Gritsamada.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le divin Savitri, qui travaille constamment à la création (du monde)[4], (Savitri) qui porte (tous les êtres), vient de se lever pour son œuvre. Il dispense aux Dévas ses faveurs. Qu’il comble de ses bénédictions le maître de ce sacrifice !

2. Le dieu, qui s’élève pour le bonheur du monde, étend au loin ses longs bras. Et, pendant qu’il poursuit sa carrière, sous lui se jouent et les Ondes purifiantes, et le Vent qui tourne (autour de la terre).

3. (Savitri), dans sa course, se dépouille de ses rayons. Il permet au voyageur de se reposer des fatigues de la marche, et prévient le désir de ceux qui oseraient implorer le secours d’Ahi[5]. La Nuit poursuit l’œuvre de Savitri.

4. Partageant de moitié avec lui, (la Nuit) s’occupe à tisser sa toile immense. Cependant le sage comprend que la puissance du Créateur n’est pas éteinte. En effet, quittant (son sommeil), Savitri a reparu, et le dieu infatigable vient pour marquer les divisions du temps.

5. Les feux d’Agni naissent tous les matins dans chaque demeure ; et la mère de Savitri[6] remet à son fils l’illustre fonction (d’éclairer le monde), sur le signal que vient de lui donner Agni.

6. Il marche vers le terme de sa carrière, vainqueur de tous ses ennemis, et désiré de tous les êtres animés. Alors il quitte la tâche, dont l’autre moitié ne regarde plus le divin Savitri.

7. On te demande, (ô dieu !) on cherche avec inquiétude, dans les plaines désertes de l’air, l’habitant céleste qui devrait s’y trouver. Mais (on se dit que) la forêt (quoique silencieuse) n’est pas privée d’oiseaux, et que rien ne saurait détruire les œuvres du divin Savitri.

8. Cependant Varouna[7], dans l’obscurité, à travers les voies heureuses de l’air, retourne à l’endroit où il doit renaître. Les oiseaux, les animaux, sont tous dans les retraites diverses que leur a assignées Savitri.

9. Quel être peut-il craindre, celui dont l’œuvre ne peut être ébranlée ni par Indra, ni par Varouna, Mitra, Aryaman, ni par Roudra ? Honneur au divin Savitri, dont j’implore humblement la protection !

10. Nous présentons nos offrandes au sage Bhaga, digne objet de nos méditations. Que le (dieu) que célèbrent nos hymnes, (noble) époux des chastes Prières[8], nous accorde son secours. Pour obtenir le bonheur et réunir sur nous tous les biens, puissions-nous être les amis du divin Savitri !

11. Que tes faveurs désirables nous arrivent du ciel, de l’air, de la terre ! Que ce bonheur s’étende sur les serviteurs de Savitri, sur le maître de maison qui l’honore de ses offrandes, et sur le poëte qui le chante !


HYMNE III.

Aux Aswins, par Gritsamada.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Ô dieux), tels que deux lourdes pierres, tombez (sur) notre ennemi ! Tels que deux vautours volant vers l’arbre qui leur présente une proie, (venez) vers nous ! (Venez) tels que deux prêtres souvent célébrés dans le sacrifice ; tels que deux hérauts bienveillants partout invoqués.

2. Vaillants (Aswins), accourez vers votre serviteur, tels que deux écuyers qui, le matin, pressent leur char ; tels qu’un couple de chevreaux ; tels que deux beautés brillantes ; tels que deux époux intelligents.

3. Venez avant tout autre, et soyez pour nous tels que deux cornes puissantes, deux sabots rapides. Accourez vers nous avec le Jour, tels que deux tchacravâcas[9] vigoureux ; tels que deux robustes conducteurs de chars.

4. Faites-nous traverser (le danger), tels que deux vaisseaux. Soyez pour nous tels que deux jougs, deux moyeux, deux roues, deux jantes de char. Tels que deux chiens, nos gardes fidèles, tels que deux cuirasses, défendez-nous contre le mal.

5. Arrivez tels que deux vents impétueux, deux rivières rapides, deux yeux clairvoyants. Agissez pour notre plus grand bien, tels que deux mains adroites ; tels que deux pieds, menez-nous au bonheur.

6. Soyez pour nous tels que deux lèvres qui ne portent que du miel à la bouche. Tels que deux mamelles, augmentez nos forces vitales. Tels que deux nez, soyez les gardiens de notre corps. Tels que deux oreilles, écoutez bien pour nous.

7. Tels que deux bras, soyez notre force. Tels que le ciel et la terre, rendez-nous les airs favorables. De même qu’on aiguise une hache sur la pierre, de même, ô Aswins, sachez rendre notre prière plus persuasive.

8. Ô Aswins, les enfants de Gritsamada vous adressent ces offrandes, ces prières, ces hymnes. (Dieux) vaillants, daignez les recevoir avec plaisir. Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice !


HYMNE IV.

À Soma et à Pouchan, par Gritsamada.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. De Soma et de Poûchan sont nés la Richesse, et le Ciel, et la Terre. À peine ces deux gardiens du monde voyaient-ils le jour, que les Dévas les entouraient de leur pieuse ambroisie.

2. Que (les Dévas) honorent ces dieux à leur naissance ; que ces dieux dissipent les ténèbres abhorrées. Qu’avec Soma et Poûchan, Indra produise au sein des jeunes vaches (célestes) un lait abondant.

3. Soma et Poûchan, (dieux) magnifiques, lancez votre char aussi large que l’air, (ce char) à sept roues[10], que rien n’arrête, qui est partout, que la Prière attelle, et qui brille de cinq rayons[11].

4. L’un a pris place dans le ciel, l’autre sur la terre et dans l’air[12]. Que ces (dieux) répandent sur nous de riches trésors de gloire et d’opulence !

5. L’un a créé tous les mondes[13] ; l’autre va surveillant l’univers. Ô Soma et Poûchan, accueillez ma prière ; que par vous nous soyons vainqueurs de tous nos ennemis !

6. Que Poûchan, partout présent, reçoive ma prière. Que Soma, maître de l’opulence, nous accorde la richesse ; que l’invincible et divine Aditi nous conserve. Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice !


HYMNE V.

À divers dieux, par Gritsamada.

(Mètres : Gâyatrî, Anouchtoubh, Vrihatî.)

1. Ô Vâyou, presse tes coursiers, et viens, sur tes mille chars, boire de notre soma.

2. Ô Vâyou, viens avec tes coursiers. Ce brillant (soma) a été versé pour toi. Visite la demeure de celui qui t’offre ces libations.

3. Indra et Vâyou, accourez avec vos coursiers ; et buvez aujourd’hui, ô vaillants (héros), et ce jus (du soma), et ces (libations) que produit la vache.

4. Mitra et Varouna, ce soma a été versé pour vous, dont nos sacrifices augmentent la grandeur. Entendez ici mon invocation.

5 Rois cléments, (ces dieux) siégent dans une demeure suprême, solide, et soutenue par mille colonnes.

6. Nobles princes, Adityas honorés par nos libations de beurre, maîtres de la richesse, protégez tous deux votre pieux (serviteur).

7. Véridiques et terribles[14] Aswins, venez par un chemin où règnera l’abondance en vaches et en chevaux, où les dieux ne manqueront pas de libations.

8. (Apportez-nous), généreux bienfaiteurs, une fortune que ne puisse détruire, ni de loin ni de près, un mortel méchant et maudit.

9. Vénérables Aswins, apportez-nous une opulence abondante et variée.

10. Que le sage et puissant Indra repousse loin de nous la crainte d’un vainqueur dangereux.

11. Qu’Indra nous protége ; que le mal ne vienne pas nous surprendre par derrière. Que le bonheur soit devant nous.

12. Que le sage Indra triomphe de tous ses ennemis, et qu’il établisse la tranquillité dans toutes les régions du ciel.

13. Ô Viswadévas, accourez ; entendez mon invocation, et prenez place sur ce gazon.

14. Cet abondant soma, aussi doux que le miel, vous est offert par les enfants de Sounahotra[15]. Buvez de cette enivrante et heureuse (liqueur).

15. Glorieux compagnons d’Indra, ô divins Marouts, qui possédez les trésors de Poûchan, écoutez tous mon invocation.

16. Ô le premier des êtres parlants[16], ô la meilleure des mères et des déesses, ô Saraswatî, nous sommes comme des gens maudits. Ô mère, donne-nous ta bénédiction.

17. En toi, divine Saraswatî, sont toutes les ressources (de l’homme). Accueille les hommages des Sounahotras. Ô déesse, donne-nous une heureuse postérité.

18. Ô Saraswatî, qui possèdes la justice et l’abondance, accepte ces hommages et ces prières que te présentent, de préférence aux autres dieux, les enfants de Gritsamada.

19. Que (le Ciel et la Terre) viennent aussi partager la joie de ce sacrifice. Nous vous invoquons tous les deux, ainsi qu’Agni, chargé de porter nos offrandes.

20. Ô Ciel, ô Terre, dirigez, au gré des dieux, ce sacrifice que nous offrons aujourd’hui, (sacrifice) qui doit être une source de biens, et monter dans les airs.

21. Qu’en votre présence les dieux fortunés et dignes de nos hommages se placent ici aujourd’hui pour boire le soma.


HYMNE VI.

À Indra, surnommé Capindjala, par Gritsamada.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Le Capindjala)[17] par son cri annonce l’avenir. Il lance sa voix comme le pilote lance son navire. Oiseau, sois pour nous d’un bon augure. Qu’il ne t’arrive aucun accident.

2. Échappe à l’épervier et aux oiseaux (de proie). Que l’archer, armé de sa flèche, ne t’aperçoive pas. Fais-nous entendre, du côté du midi[18], ta voix de bon augure.

3. Oiseau de bon augure, pousse ton heureux cri à la droite de nos foyers[19]. Garde-nous de la domination d’un voleur ou d’un méchant. Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice !


HYMNE VII.

À Indra, surnommé Capindjala, par Gritsamada.

(Mètres : Djagatî, Atisakvarî, Achtî.)

1. Pareils aux chantres de nos sacrifices, les Capindjalas viennent, par des accents de bon augure, nous annoncer un temps favorable. L’oiseau se plaît à répéter deux cris[20], de même que ceux qui chantent nos hymnes emploient la Gâyatrî et le Trichtoubh.

2. Oiseau, comme notre chantre, tu as aussi ton hymne ; et ainsi que l’enfant du prêtre[21], au moment de la libation, tu fais retentir ta voix. Avec l’empressement de l’étalon qui s’approche de ses amantes, oiseau, parle-nous favorablement ; oiseau, parle-nous pour notre bonheur !

3. Oiseau, si tu nous parles, ne nous parle que favorablement. Reste silencieux pour écouter notre prière. En t’éloignant, résonne comme un carcari[22]. Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice[23] !


HYMNE VIII.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Agni, tu as voulu que dans le sacrifice je t’apportasse (les offrandes). Reçois donc ce soma que je te présente avec ardeur. J’allume tes feux en l’honneur des dieux, j’emplis la coupe (sacrée) ; je te chante. Ô Agni, orne ton corps (de tous ses rayons).

2. Nous avons mis en marche le sacrifice : que l’hymne se poursuive. Que l’on entoure Agni de (saints) aliments et d’invocations. Les chants du poëte ont quelquefois attiré (les dieux) du haut du ciel. On a tenté par des chants les désirs du puissant (Agni).

3. Ce (dieu) sage, pur et fort, est, par sa naissance, notre parent. Il contient le bonheur du ciel et de la terre. Les Dévas, par l’œuvre (des libations), ses sœurs[24], ont obtenu Agni brillant au milieu des ondes.

4. Les sept sources[25] (célestes) augmentent la grandeur de cet heureux enfant à la flamme blanchâtre. De même que les cavales accourent vers leur jeune poulain, les Dévas viennent soigner les formes d’Agni naissant.

5. Cependant (Agni) élève dans l’air ses membres resplendissants ; de ses nobles rayons il purifie le sacrifice. Il se revêt de lumière, et de la substance des libations se fait de larges et magnifiques ornements.

6. Il s’approche sans les blesser, sans en être blessé, des (Libations), filles du ciel, dont les unes sont couvertes, les autres dépouillées d’un vêtement (d’écume). Et ces sept mères, éternelles et toujours jeunes, sorties d’un même sein, élèvent le même nourrisson.

7. Les flammes d’Agni s’étendent sous mille formes, du milieu du beurre (consacré), sous le flot des autres libations. Cependant à ses côtés sont les vaches nourricières[26] ; à quelque distance reposent ensemble les deux illustres mères du dieu incomparable[27].

8. Ainsi fortifié, brille, ô Agni, et recueille toutes les formes rapides et lumineuses. Des torrents de beurre et de libations sont versés sur ce dieu généreux, qui croit au milieu des hymnes.

9. Quelquefois (Agni) s’enferme de lui-même dans la mamelle que le père[28] (de la nature a préparée pour la terre). Il en fait jaillir des flots de lait. Il existe dans cette retraite avec les (Vents), ses heureux amis, et les Ondes, filles du ciel ; et il y règne en maître.

10. C’est lui encore qui naît comme père, comme créateur (des mondes). (Astre) unique, il pompe et amasse les ondes. Généreux et pur, il engendre les deux grands époux[29]. (Ô dieu), garde (le Ciel et la Terre) ; fais qu’ils soient favorables aux enfants de Manou.

11. Ainsi s’étend (Agni) au sein immense de l’air. Et c’est aux ondes, c’est à nos offrandes qu’il doit sa grandeur. Entouré des soins des (Libations) ses sœurs, Agni, ami de la demeure humaine[30], siége au foyer du sacrifice.

12. Le grand et vigoureux Agni, en faveur de celui qui prodigue les libations, amène et soutient les grands nuages ; (dieu) invincible, noble foyer de lumière, c’est lui qui est le père des vaches (célestes) et le nourrisson des Ondes (sacrées).

13. Cet illustre nourrisson des Ondes et des plantes[31], qui revêt tant de formes, est né de l’heureuse Aranî. Les Dévas s’assemblent pour prier le (dieu) fort et digne de tant d’honneurs, et ils le célèbrent dans son berceau.

14. De larges rayons, brillants comme des éclairs, enveloppent Agni, centre de clartés. Le foyer où il repose est comme la caverne (du lion) ; et ses flammes y puisent d’immortels aliments, de même qu’au sein d’un profond volcan[32].

15. Je t’apporte des holocaustes ; je te loue, je chante ton amitié, et demande ta bienveillance. Viens avec les dieux protéger ton chantre, et garde-nous contre les forces de nos ennemis.

16. Ô Agni, dirige tes serviteurs dans la bonne voie, et rends-les possesseurs de tous les biens. Pour prix de nos sacrifices et de nos abondantes offrandes, puissions-nous vaincre les armées des impies !

17. Tu as été, Agni, le héraut des dieux, et tu as pris une heureuse part à toutes nos cérémonies. Tu aimes tous les mortels, et chéris leur demeure ; tu donnes un char aux dieux, et tu les accompagnes de tes honneurs.

18. Le roi immortel des mortels est sur son trône, et poursuit l’œuvre du sacrifice. Agni, arrosé de notre beurre (sacré), brille avec splendeur, et surveille toutes nos cérémonies.

19. (Dieu) grand et secourable, viens à nous avec tes heureuses amitiés, avec tes nobles secours. Accorde-nous une opulence pleine d’abondance et de renommée, de triomphe, de bonheur et de gloire.

20. Antique Agni, j’ai chanté tes naissances éternelles, tes naissances toujours nouvelles. En l’honneur d’un dieu généreux, nous avons célébré ces grands sacrifices. Nous avons multiplié les naissances du dieu qui possède tous les biens.

21. Pour multiplier les naissances du dieu qui possède tous les biens, les enfants de Viswâmitra ont perpétué leurs feux. Puissions-nous obtenir la bienveillance et l’heureuse amitié de l’adorable (Agni) !

22. Dieu robuste et magnifique, réjouis-toi de notre sacrifice, et fais-le agréer aux autres dieux. (Divin) sacrificateur, apporte-nous une heureuse abondance. Ô Agni, donne-nous une grande richesse.

23. Ô Agni, en échange de nos invocations, fais que la terre[33] soit à jamais libérale pour nous, et féconde en troupeaux. Que nous ayons une belle lignée d’enfants et de petits-enfants. Ô Agni, que ta bonté soit avec nous !


HYMNE IX.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètre : Djagatî.)

1. En l’honneur d’Agni, dont le sacrifice augmente la grandeur, en l’honneur du (dieu appelé) Vêswânara, nous composons l’hymne qui coule comme un beurre purifié. De même que la hache façonne un char, de même la prière du maître de maison et du prêtre orne doublement le (dieu) sacrificateur.

2. C’est (Agni) qui éclaire le ciel et la terre, (Agni), le fils mémorable des deux mères[34]. L’immortel Agni porte l’holocauste et reçoit les offrandes, (dieu) invincible, hôte du peuple, trésor de lumière.

3. Par l’œuvre d’une force victorieuse et par leur sagesse, les Dévas ont, dans le sacrifice, engendré Agni. Plein d’espoir en sa bonté, je chante ce grand (dieu), resplendissant de lumière et rapide comme le coursier.

4. Nous demandons la faveur inestimable de ce (dieu) bienfaisant, (faveur) honorable qu’il n’accorde qu’à la prière du poëte. Nous adorons Agni, qui a comblé de biens les Bhrigous, qui aime (nos hommages), qui n’agit qu’avec sagesse, et qui brille d’une splendeur divine.

5. Pour obtenir le bonheur, les mortels, placés sur leurs siéges de cousa, honorent Agni et l’entourent de leurs offrandes. Élevant la coupe (du sacrifice, ils chantent) le lumineux agent de tous les dieux, terrible (pour ses ennemis), et capable de faire reccueillir à ses serviteurs le fruit de leurs œuvres.

6. Pur et brillant Agni, (noble) sacrificateur, les mortels voulant t’honorer par de saintes cérémonies, autour de ton foyer, qu’ils ont dignement préparé, sont placés sur des siéges de cousa. Accorde-leur le bonheur.

7. C’est Agni qui a rempli le ciel et la terre. Si la grande lumière est née, c’est que dans le sacrifice on a constitué Agni. Entouré de nos offrandes, le (dieu) sage est amené avec honneur pour l’œuvre sainte, tel que le coursier dont on a préparé la nourriture.

8. Adorez (le dieu) qui brille dans nos cérémonies, et qui se charge de l’holocauste ; honorez (le dieu) domestique qui possède tous les biens. Le sage Agni est le conducteur qui dirige le char du grand sacrifice et le pontife des dieux.

9. Les Ousidjs[35] immortels ont purifié trois foyers pour le grand Agni, qui tourne autour (de la terre). L’un de ces foyers a été placé par eux dans ce (monde) mortel pour nous y protéger. Les deux autres sont dans le monde voisin[36].

10. Les offrandes des hommes ont donné de la splendeur au précepteur, au maître du peuple, comme (le frottement) donne du tranchant à la hache. Il pénètre dans les lieux les plus hauts, dans les demeures les plus basses ; mais son berceau est toujours dans ce monde[37].

11. Le (dieu) libéral et ami de tous les hommes[38], en naissant, brille dans divers foyers où il rugit comme le lion. Sa force immortelle se développe, et il y dispense à ses serviteurs et la richesse et l’opulence.

12. Cependant, célébré par l’hymne pieux, l’ami des hommes prend son antique route, et s’élève dans l’air sous la voûte céleste. Comme autrefois, il verse ses bienfaits sur tous les êtres ; et, toujours animé de la même vigueur, il poursuit sa voie circulaire.

13. Nous invoquons aussi, pour en obtenir un bien nouveau, Agni, habitant de l’air et transporté par Mâtariswan[39], (dieu) juste, sage, adorable, digne de nos louanges, suivant (au ciel) des routes diverses, et orné d’une chevelure éblouissante[40].

14. Nous invoquons humblement Agni, qui nous éclaire dans la voie (du sacrifice), (dieu) affable et bienfaisant, brillant héraut du Soleil. Il éveille l’Aurore, il est la source de la lumière céleste, invincible (divinité) que nous n’abordons qu’avec d’abondantes offrandes.

15. Sacrificateur généreux et pur, ami sincère de la demeure (humaine), sage adorable, char (divin) comblé de nos trésors, (dieu) remarquable pour sa beauté et donné à (l’homme) par Manou[41], nous venons toujours l’implorer pour obtenir la richesse.


HYMNE X.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètre : Djagatî.)

1. Les sages, en l’honneur du puissant, de l’adorable Vêswânara, célèbrent des sacrifices et accumulent les offrandes. L’immortel Agni honore les dieux. Qui pourrait troubler ses fonctions éternelles ?

2. Entre le ciel et la terre, il va, comme brillant messager (des dieux), où il siége comme sacrificateur et pontife des enfants de Manou. Agni, excité par les Dévas et riche du trésor de nos prières, orne de ses splendeurs la vaste salle (du sacrifice).

3. Que les sages, par leurs cérémonies, augmentent la grandeur d’Agni, le héraut de nos pompes sacrées, le directeur de nos œuvres saintes. Le (dieu) à qui s’adressent ces hommages et ces prières est celui qui, par ses bienfaits, peut combler les vœux de son serviteur.

4. Agni, père des sacrifices, auteur de la vie[42], mesure aux sages (le fruit de leurs œuvres), et assure la récompense de ceux qui le chantent. Sous des formes variées, il occupe le ciel et la terre. (Les hommes) ont souvent éprouvé sa prudente amitié, et célèbrent ses louanges.

5. Les Dévas ont, dans son foyer, établi Agni, l’ami des hommes, le magnifique (Agni) au char superbe, aux formes brillantes, entouré des Ondes (sacrées), auteur de la lumière, (dieu) partout présent et protecteur, défenseur puissant et lumineux.

6. Agni, de concert avec les Dévas et les enfants de Manou, devient le ministre d’un sacrifice où se présentent, avec la prière, les offrandes de toute espèce. Monté sur son char, il va, entre (le ciel et la terre), accomplissant les vœux des mortels ; (dieu) rapide, ami de nos demeures, fléau de ses ennemis.

7. Agni, fais la gloire (de tes serviteurs) en leur accordant de nobles enfants et une longue vie ; augmente nos forces, et donne-nous l’abondance ; accrois l’opulence de (l’homme) généreux. Tu es digne de tous les hommages, (dieu) vigilant, et prêtre[43] des Dévas et des sages mortels.

8. Maître du peuple, hôte magnifique, directeur de la prière et pontife[44] de nos sacrificateurs, âme des saintes cérémonies, possesseur de tous les biens, (les hommes) le célèbrent, et cherchent par leurs hommages à exalter sa grandeur.

9. Agni, dieu resplendissant et bon, entoure tous les êtres de sa puissance. Son char est couvert de trésors ; ses œuvres sont fortunées, et notre devoir est de venir l’orner de nos louanges dans le foyer où il réside.

10. Ami de tous les hommes, je chante tes rayons, qui font de toi, ô (dieu) sage, un centre de lumière. À peine né, tu as rempli les mondes, le ciel et la terre, ô Agni ! Tu enveloppes tout de ta grandeur.

11. Les œuvres de cet ami des hommes sont pour nous une source de biens. Ce (dieu) sage se contente, pour accorder ses faveurs, de la bonne intention. Agni est né pour développer la grandeur de nos deux grands parents, du Ciel et de la Terre, dont la fécondité est si admirable.


HYMNE XI.

À Agni et autres dieux, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Accueille nos diverses offrandes. Que la puissance de tes flammes toujours croissantes soit pour nous une source de bonheur et de richesses. Dieu, amène les dieux au sacrifice ; ami bienveillant, ô Agni, protége tes amis.

2. Cet Agni, que les Dévas honorent trois fois chaque jour, est aussi Varouna et Mitra. (Dieu appelé) Tanoûnapat[45], fais que ce sacrifice, où coule sur toi avec révérence le beurre (consacré), devienne pour nous aussi doux que le miel.

3. Une flamme merveilleuse s’unit au (dieu) sacrificateur. C’est lui d’abord, c’est le généreux (Agni) que doivent honorer nos offrandes, que doivent célébrer nos invocations. Digne de nos hommages, qu’il soit ensuite chargé de ceux que nous envoyons aux dieux.

4. (Agni) s’est rendu à votre[46] sacrifice. Il arrive, il se dresse ; ses aigrettes se lèvent, ses splendeurs s’étendent. (Le dieu) sacrificateur est sur son trône de lumière. Nous avons jonché la terre du gazon préparé pour les dieux.

5. Que (nos prêtres) commencent le sacrifice, offrant avec la prière les sept[47] holocaustes, et accomplissant tous les rites. Que les (Dévas), revêtus d’une forme humaine, et nés au sein de nos cérémonies[48], soient présents à nos libations sacrées.

6. L’Aurore et la Nuit, qui marchent de concert sous des formes diverses, viennent sourire à nos hymnes ; qu’ils nous protégent, ainsi que Mitra, Varouna, Indra avec les Marouts, et nous accordent leur brillant appui.

7. J’invoque, en premier lieu, le couple divin de sacrificateurs[49]. Les (prêtres), avec les sept offrandes et l’invocation de la Swadhâ, implorent (Agni), qu’ils célèbrent sous le nom de Rita[50] ; et, gardiens des rites (sacrés), brillants des feux (de ce dieu), ils l’honorent par leurs cérémonies.

8. Que sur ce gazon viennent se placer les trois déesses[51] : Saraswatî avec les Sâraswatas, Bhârati avec les Bhâratis, Ilâ avec les Dévas, Agni avec les enfants de Manou ; que tous ils se livrent ensemble à la joie du sacrifice.

9. Divin Twachtri, prends plaisir à nous accorder une félicité parfaite. C’est par toi que naissent les héros forts et actifs, qui aiment à servir les dieux et à leur offrir la coupe du sacrifice.

10. Ô Vanaspati, honore les dieux ! Qu’Agni nous serve de ministre et purifie l’holocauste. Lui qui connaît les naissances des dieux, qu’il soit notre sacrificateur plein de justice et de bonté.

11. Viens, Agni, et entoure-toi de lumière. Viens avec Indra et les autres dieux, montés sur le même char rapide. Que sur notre gazon se placent Aditi, mère d’heureux enfants, et Swâhâ. Que les dieux immortels se livrent au plaisir.


HYMNE XII.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le sage Agni pressent l’aurore, et s’éveille, en suivant la route tracée par les prêtres. Il brille, il prend des forces aux yeux de ses serviteurs empressés ; il se charge des offrandes, et brise les portes des ténèbres.

2. Par les hymnes, les invocations, les prières de ses chantres, l’adorable Agni s’élève avec splendeur. Il aspire à s’environner d’un plein éclat, et, messager (des dieux), il brille au milieu des feux de l’aurore.

3. Agni a été placé parmi les enfants de Manou pour y être le nourrisson des Ondes (sacrées) et l’agent du sacrifice. Ami désirable et digne d’être adoré, il apparaît comme sur un trône. Il est sage, et attend avec justice nos invocations et nos holocaustes.

4. Le brillant Agni, c’est Mitra. Oui, c’est Mitra et Varouna, sacrificateur, et possesseur de tous les biens. C’est Mitra, prêtre, héraut rapide, hôte des demeures (humaines), compagnon des ondes et des montagnes (célestes).

5. Le grand Agni occupe sur la terre une place suprême. Il occupe (dans le ciel) le char du soleil voyageur. Il se mêle, au sein des airs, avec le (dieu) aux sept têtes[52]. Il garde le sacrifice dont les flammes font le bonheur des dieux.

6. Ce dieu puissant, qui connaît tous les besoins (des créatures), s’est donné à nos hommages un grand et noble titre. Quand un voile sombre, pendant le sommeil de (l’astre) voyageur, a couvert son heureux séjour, c’est Agni qui en devient le patron vigilant.

7. Il s’empresse de venir dans son foyer qui l’attend ; l’offrande du beurre (sacré) et les chants l’y accueillent. Agni, pur et purifiant, brillant et magnifique, chaque jour naît de ses deux mères[53].

8. À sa naissance, il est soutenu par les plantes et les branches, auxquelles le beurre (sacré) donne plus d’ardeur. Les ondes (des libations) coulent en cascades éblouissantes. Qu’Agni nous garde, ainsi placé entre les deux grands parents[54] !

9. Les chants continuent : la flamme grandit, et avec elle la forme resplendissante d’Agni, qui, du vase de terre où elle réside, s’élève jusqu’au ciel. Que ce dieu adorable, (ami de l’homme), messager (céleste), aussi rapide que Mâtariswan, amène les dieux pour le sacrifice.

10. Le grand Agni est le premier parmi les êtres qui brillent : ses lueurs éclairent la voûte (céleste), aussitôt qu’(appelé) par les Bhrigous, Mâtariswan a de son souffle allumé la flamme du (dieu) qui se cachait, et qui va porter les holocaustes.

11. Ô Agni, en échange de nos invocations, fais que la terre soit à jamais libérale pour nous, et féconde en troupeaux ! Que nous ayons une belle lignée d’enfants et de petits-enfants ! Ô Agni, que ta bonté soit avec nous !


HYMNE XIII.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ministres de nos cérémonies, excités par les sons de la prière, pour honorer les dieux dirigez vers eux (la cuiller du sacrifice)[55] ; chargée de nos offrandes, riche de nos trésors, arrosée de beurre (sacré), et portant à Agni le (saint) holocauste, elle se porte du côté de l’orient.

2. À peine né, tu t’es dressé pour recevoir nos hommages ; et, remplissant le ciel et la terre, tu as couvert de ta lumière tout l’espace qui les sépare. Que tes feux, ornés de sept langues, soient célébrés par nous.

3. Le Ciel, la Terre, tous les dieux, te demandent qu’en ta qualité de sacrificateur tu apparaisses dans ton foyer, dès l’instant que les enfants de Manou, animés d’un saint zèle et chargés d’offrandes, célèbrent tes brillants rayons.

4. (Dieu) grand et désiré, (Agni) est fermement assis dans sa demeure, et dans l’immensité du Ciel et de la Terre. Et, pour un maître si grand, le Ciel et la Terre, époux immortels, puissants et invincibles, sont deux vaches dont le lait est intarissable.

5. Agni, tu es grand, et tes œuvres sont grandes. Tu as par ta vertu étendu le Ciel et la Terre. À ta naissance, (dieu) généreux, tu as été le héraut et le guide des mortels.

6. Attelle donc et soumets à ton frein les deux chevaux du sacrifice, chevaux rougeâtres, couverts du beurre (sacré), et ornés d’une belle chevelure. Dieu, amène tous les dieux. Possesseur de tous les biens, bénis tous nos sacrifices.

7. Que tes rayons, qui ont accompagné l’Aurore, brillent pleinement ensuite avec le soleil ! Ô Agni, reçois la libation qui tombe sur le bois de ton foyer ! Les Dévas célèbrent par leurs chants le sacrificateur digne de leurs honneurs.

8. Que les dieux[56], qui se jouent dans les espaces de l’air, ou qui existent au sein des splendeurs du soleil, et ceux qui nous protégent sur la terre[57], tous également avides de nos holocaustes et de nos sacrifices, ô Agni, viennent rapidement sur leur char !

9. Sur le même char qu’eux, viens aussi, ô Agni ! Que les autres puissantes (divinités) se fassent conduire ici avec un habile empressement. Amène, avec leurs épouses, les trente-trois dieux[58], et enivre-les des douceurs de la Swadhâ.

10. (Agni), sacrificateur, honore le Ciel et la Terre ; et ses hommages, accueillis avec plaisir, augmentent la grandeur de ces (dieux) immenses. S’approchant avec respect, les deux grands parents, saints et justes, semblent s’arrêter pour jouir des œuvres de celui qui est né dans le sacrifice.

11. Ô Agni, en échange de nos invocations, fais que la terre soit à jamais libérale pour nous, et féconde en troupeaux ! Que nous ayons une belle lignée d’enfants et de petits-enfants ! Ô Agni, que ta bonté soit avec nous !

  1. J’ai tout à l’heure mentionné les trois noms qu’on donne au vase du sacrifice, hotra, potra et nechtra. J’ignore la différence qui existe entre ces trois vases ; je n’en puis établir d’autre que celle qui résulte de la signification des noms, d’où ces mots sont dérivés. Hotri est le prêtre qui offre l’holocauste, potri le prêtre qui purifie, nechtri le prêtre qui dirige le sacrifice.
  2. Dieux des saisons. Voyez section I, lecture i, l’hymne 15, qui a des rapports avec cet hymne.
  3. Cette coupe (potra) est présentée à Agni, invoqué quatre fois sous le nom de Dravinodâs (riche et libéral). Ce passage nous rappelle le vers 10 de l’hymne 13, de la section I, lecture i.
  4. Savitri, c’est le soleil ; et le vers même indique l’étymologie de ce mot, qui vient de sava, création.
  5. C’est-à-dire, du nuage qui rafraîchit la terre.
  6. C’est-à-dire, l’aurore, qui précède le soleil et semble être sa mère.
  7. C’est-à-dire, le soleil voilé, le soleil de nuit.
  8. Les mètres (tchhandas) sur lesquels sont composés les hymnes sont appelés les épouses du dieu que ces hymnes célèbrent.
  9. Le tchacravâka est une oie rouge (anas casarca, brahmany goose).
  10. Ces sept roues, suivant le commentateur, sont les six ritous ou saisons, et le mois complémentaire.
  11. Le commentaire renouvelle ici l’explication donnée pour les sept roues du char. Mais on ne peut l’admettre, puisque le nombre des ritous est trop grand. Ne serait-ce pas une allusion aux cinq éléments ?
  12. Poûchan est le soleil qui brille dans le ciel ; Soma est la libation qui existe d’abord dans la plante, et ensuite dans l’air où s’élèvent ses exhalaisons. Le commentaire, tenant compte de la double signification du mot soma, établit le dieu Soma d’abord dans la plante où il naît, et ensuite dans la lune (tchandra). Nous n’avons pas encore vu que Soma fût, dans ces hymnes, identifié avec la lune.
  13. Soma, par la vertu du sacrifice, est le créateur des mondes : Soma est une forme d’Agni.
  14. Le poëte leur donne l’épithète de roudra.
  15. C’est le nom du père de Gritsamada.
  16. Voyez page 43, col. 1, note 1. J’entends le mot naditamé dans le sens de sonantium rerum optima. Je ne puis me résoudre à voir ici la rivière de Saraswatî.
  17. Le nom de Capindjala se donne à un oiseau qui est le francolin. Il paraît qu’on l’emploie aussi pour le Tchâtaca (cuculus melano-leucus). Ce petit oiseau est supposé ne boire que l’eau du nuage, qu’il appelle par son cri. Le poëte compare au tchâtaca qui annonce la pluie, Indra qui, comme l’oiseau, vit dans l’air, et par le bruit de son tonnerre annonce la pluie.
  18. C’est de ce côté que doit venir pour l’Indien le nuage.
  19. Il faut supposer que ce foyer, comme dans le sacrifice, est tourné du côté du levant, de sorte que la droite est nécessairement le midi.
  20. J’ignore si le tchâtaca a deux cris. Le lecteur reconnaîtra-t-il deux tons dans le bruit du tonnerre ?
  21. Brâhmana : c’est la seconde fois que ce mot est employé. Voy. page 150, col. 1, note 2. Le commentaire traduit ce mot par brahmapoutra.
  22. Le dictionnaire dit que carcarî est a water jar with a spout. Le commentaire explique carcarî par vâdyavisécha. Il semblerait donc que le carcarî serait un instrument, comme un tambour.
  23. Ici finit le second mandala, terminé, comme le premier, par une petite pièce de vers qui me semble de la composition du copiste. (Voy. page 163, col. 1, note 4 ; et p. 41, col. 1, note 1.) Le troisième mandala porte le nom de Viswamitra.
  24. Ce n’est plus le même poëte qui a composé cet hymne ; et ces libations, que quelques-uns appelaient les mères d’Agni, celui-ci peut les appeler ses sœurs. Agni et les libations n’ont-ils pas pour pères les dévas ?
  25. Sans doute ce ne sont pas les sept rivières mentionnées à la page 61, col. 1, note 3. Ce sont les sept mères ou espèces de libations. Voy. page 146, col. 2, note 6.
  26. Les vases des libations.
  27. Ce sont les deux pièces de l’aranî, qui a donné naissance au feu. Le commentaire veut qu’il soit ici question du ciel et de la terre.
  28. Tout ce passage m’a paru difficile : je n’ai pas cru devoir adopter la pensée du commentateur, lequel croit que ce père c’est l’air, qui, je ne sais comment, se trouve le père d’Agni. Je pense qu’il est ici question du soleil, père du monde, et, par la force de ses rayons, formant le nuage qui est comme la mamelle de la terre. Agni, en sa qualité de vêdyouta, existe dans le nuage que la foudre divise et fond dans les airs.
  29. C’est-à-dire, le ciel et la terre.
  30. Traduction du mot damoûnas. Voy. p. 122, col. 1, note 1.
  31. Ces plantes servent, soit à alimenter le feu, soit à composer les libations.
  32. Oûrva, volcan sous-marin.
  33. Je croirais assez que le mot ilâ, au lieu de signifier terre, devrait se rendre par hymne.
  34. Les deux pièces de l’aranî.
  35. Les ousijds sont ordinairement les enfants de Cakchivân ; mais ce mot est synonyme de dévas. Dans cette phrase les ousidjs ou dévas sont évidemment les rites et cérémonies qui, dans le sacrifice, changent Agni terrestre en Agni vêdyouta et en Agni solaire.
  36. C’est-à-dire, dans l’air.
  37. Le germe d’Agni est dans l’aranî.
  38. Vêswânara.
  39. Mâtariswan est le vent, qui habite l’air ainsi qu’Agni vêdyouta : il anime le feu du foyer, et semble ainsi y avoir apporté le dieu. Il doit le reprendre, et le transporter dans le ciel.
  40. Ces trois strophes sont ainsi consacrées à chanter les trois formes d’Agni, pârthiva (terrestre), vêdyouta (céleste), soûryaroûpa (solaire).
  41. Traduisez autrement : bien disposé pour l’humanité.
  42. Asoura.
  43. Ousidj.
  44. Ousidj.
  45. Voy. page 47, col. 2, note 3.
  46. Le texte donne ici un pronom qui est au duel. Le commentaire dit que les deux choses désignées sont Agni et le cousa. Je ne me rends pas compte de cette explication. Je pense que les deux personnes ainsi désignées sont les deux époux qui offrent le sacrifice.
  47. Sapta hotrâni.
  48. Il est question ici des rites personnifiés.
  49. Voy. page 48, col. 1, note 3 ; et page 133, col. 1, note 9.
  50. Voy. page 41, col. 2, note 3.
  51. Voy. page 43, col. 1, note 1. Les Sâraswatas sont les mantras personnifiés, comme les dévas sont les chants aussi déifiés. Quant aux Bhâratis, je suppose que ce sont les gestes, les détails de l’action extérieure du sacrifice, personnifiés comme enfants de Bhârati.
  52. Les Marouts, habitants de l’air, forment sept divisions, composées chacune de sept individus, total quarante-neuf Marouts. Le dieu de l’air est, par cette raison, appelé le dieu aux sept têtes.
  53. De l’aranî. Il n’est point question ici du ciel et de la terre, comme le croit le commentateur.
  54. C’est ici le ciel et la terre.
  55. Ce mot n’existe pas dans le texte : sroutch. Il est donné par le commentaire. Je pense que le mot Ghritâtchi doit être considéré comme substantif, avec la signification de libation.
  56. Ces dieux ne peuvent être que les rayons d’Agni.
  57. J’ai compris de cette manière le mot oûma. Le commentaire y a vu une classe de Pitris.
  58. Voy. page 133, col. 1, note 1.