Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 6/Lecture 1

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 407-414).

LECTURE PREMIÈRE.
HYMNE I.
À Indra, par Parvataratha, enfant de Canwa.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Ô puissant Indra, ami du soma, cette ivresse qui t’a fait donner la mort au vorace (Asoura), nous l’invitons à t’y plonger.

2. (Cette ivresse) qui t’a fait sauver le Dasagwa[1], Adhrigou[2], le (Soleil) éclatant, vainqueur (des ténèbres), et l’Océan (aérien), nous t’invitons à t’y plonger.

3. (Cette ivresse) qui t’a fait, dans le désir de t’ouvrir la voie du sacrifice, lancer, telles que des chars (rapides), les grandes eaux des rivières, nous t’invitons à t’y plonger.

4. Ô toi qui portes la foudre, nous te présentons, comme un pur (ghrita), cet hymne qui t’engage aujourd’hui à nous donner ton puissant soutien.

5. Ô Indra, digne de nos éloges, accueille nos louanges, qui s’élèvent vers toi comme les vagues de la mer. Accorde-nous ton puissant soutien.

6. (Nous chantons) le dieu accourant de la région lointaine répandre sur ses amis ses bienfaits, semblables à la pluie qui descend du ciel. (Ô Indra), prête-nous ton soutien.

7. Que ses rayons et la foudre (partie) de ses bras nous soutiennent, quand (il a brillé) comme le soleil, et que par lui le ciel et la terre se sont développés.

8. Noble maître de la piété, tu donnes la mort à mille (ennemis) redoutables, et ta grande puissance se développe.

9. Indra avec les rayons du soleil brûle le méchant (Asoura), comme le feu (brûle) le bois ; et sa force se développe.

10. L’Hymne nouveau, observant le moment favorable, s’avance pour l’honorer. Pour obtenir ton amitié, il prodigue ses trésors.

11. L’enfant du Sacrifice[3], pieux et dévoué, accomplit les rites purs et divins : il croît avec les louanges adressées à Indra ; il prodigue aussi ses trésors.

12. Ainsi s’étend Indra, avide de notre soma et bienfaiteur de son ami. Tel que la Prière, il s’avance, et pour celui qui a versé la libation il prodigue ses trésors.

13. La Louange qu’apportent les sages, et dont les enfants d’Ayou réjouissent Indra, est pareille au ghrita onctueux qui (tombe) dans la bouche de Rita.

14. La Louange est enfantée par Aditi[4], en l’honneur du resplendissant Indra. Ses voix nombreuses invoquent le secours du dieu, (pareilles au ghrita onctueux) qui (tombe dans la bouche) de Rita.

15. Les prêtres le chantent : en implorant sa protection, ils le supplient de ne point détourner ses deux coursiers azurés. (La Louange est pareille au ghrita onctueux) qui (tombe dans la bouche) de Rita.

16. Ô Indra, si dans quelque autre sacrifice tu bois le soma avec Vichnou, ou Trita fils des Ondes[5] ou les Marouts, ne (dédaigne pas cependant) nos libations.

17. Ô Sacra, si tu te livres au plaisir dans quelque partie lointaine de l’Océan (aérien), viens aussi jouir de nos breuvages et de nos libations.

18. Ô maître de la piété, si tu es le bienfaiteur de l’homme qui t’honore par ses offrandes ou ses hymnes, viens te réjouir de nos libations.

19. Je chante sans cesse le divin Indra, et je l’appelle à notre secours. Que notre sacrifice soit efficace ! que (nos chants) soient heureux !

20. Indra chérit le sacrifice ; il est avide de soma. Que nos sacrifices, que notre soma, que nos offrandes augmentent sa gloire ! que (nos chants) soient heureux !

21. Ses actions sont grandes, ses bénédictions sont abondantes. Qu’il (accorde) tous les biens à son serviteur ! que (nos chants) soient heureux !

22. Les dévas, voulant la mort de Vritra, se sont mis à la suite d’Indra. Que nos voix célèbrent Indra, pour augmenter sa force.

23. (Indra) est grand ; nous exaltons sa grandeur. (Indra) écoute nos invocations ; nous lui adressons nos hymnes et nos prières pour augmenter sa force.

24. Ni le ciel, ni la terre, ni les airs, ne sauraient abattre ce (dieu) armé de la foudre. Le (monde) ne doit son éclat qu’à sa force.

25. Ô Indra, quand les Dévas te mirent à leur tête dans le combat, alors tes beaux coursiers emportèrent ton char.

26. (Dieu) armé de la foudre, quand ta (main) puissante tua Vritra qui retenait les Ondes, alors tes beaux coursiers emportèrent ton char.

27. Quand Vichnou, fortifié par toi, fit ses trois pas, alors tes beaux coursiers emportèrent ton char.

28. Ô Indra, lorsque chaque jour tes beaux coursiers ont pris leur développement, alors tous les mondes se trouvent soumis à ton empire.

29. Ô Indra, quand sous tes ondes se rangent les Marouts, alors tous les mondes se trouvent soumis à ton empire.

30. Quand tu as établi dans le ciel ce soleil, astre resplendissant, alors tous les mondes se trouvent soumis à ton empire.

31. Le sage, poursuivant son œuvre (sainte), envoie vers toi la louange : c’est comme une sœur qui suit tes pas au milieu du sacrifice.

32. Quand les (prêtres) réunis dans la maison de ton serviteur font entendre leurs voix, (la Louange) jette dans le foyer le lait (de la libation) au milieu du sacrifice.

33. Ô Indra, donne-nous la force, accompagnée de vaillants enfants, de beaux chevaux, de belles vaches. Telle qu’un pontife, (la Louange) implore ta première pensée au milieu du sacrifice.


HYMNE II.
À Indra, par Narada, enfant de Canwa.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Indra, au sein des libations, purifie sa force, digne de nos éloges. Sa vigueur s’en accroît. Indra est grand.

2. Indra, dans sa demeure suprême, dans le séjour des dieux, est un généreux bienfaiteur. Sauveur glorieux, il triomphe au milieu des Ondes (célestes).

3. J’invoque ce puissant Indra pour obtenir l’abondance et la victoire. Sois pour nous un ami prêt à augmenter notre fortune.

4. Adorable Indra, c’est pour toi que coule la libation de ton serviteur. Tu règnes entre tous, heureux de (t’asseoir sur) notre gazon.

5. Ô Indra, donne-nous les biens que nous te demandons en te présentant nos offrandes. Apporte-nous une opulence riche et fortunée.

6. Quand ton savant héraut donne de la force à ton éloge, l’objet de ses louanges croît et grandit comme un (bel) arbre.

7. De même qu’autrefois, fais naître nos chants et exauce l’invocation de ton serviteur. Dans l’ivresse de nos libations apporte (tes présents) à l’homme pieux.

8. Les Hymnes, en l’honneur d’Indra, se jouent (en se précipitant) comme les eaux qui tombent de la colline. Notre prière s’adresse à celui qui est le maître du ciel.

9. Il est aussi le maître des humains. Seul, il domine (sur tous). Viens te réjouir de nos libations au milieu de ces (hommes) qui attendent ton secours et te prodiguent leurs offrandes.

10. Célèbre (le dieu) sage et glorieux dont les deux coursiers sont triomphants. Qu’ils viennent dans la demeure d’un serviteur généreux et dévoué.

11. Hâte-toi pour ta grande œuvre ; viens à notre sacrifice avec tes chevaux rapides et brillants. Que le bonheur t’accompagne !

12. Puissant Indra, maître de la piété, donne à ceux qui te chantent une richesse solide. (Donne) à tes nobles serviteurs une gloire immortelle, une opulence constante.

13. Ô Indra, je t’invoque au lever du soleil ; je t’invoque au milieu du jour. Viens à nous avec tes chevaux et réjouis-toi.

14. Arrive, accours ; enivre-toi de ces libations où se mêle (le lait) de la vache. Fais produire à notre sacrifice les fruits que nos pères ont recueillis et que j’attends aussi.

15. Ô Sacra, vainqueur de Vritra, que tu sois loin ou près de nous, que tu te trouvés dans l’océan (aérien), tu sais toujours nous sauver de l’obscurité.

16. Que nos hymnes, que nos libations augmentent la grandeur d’Indra. Que les nations se plaisent à offrir à Indra leurs holocaustes.

17. Que les sages, avec le secours de la prière et des libations, agrandissent Indra ; qu’ils agrandissent les mondes, qui sont comme les rameaux (d’un grand arbre).

18. Pendant les Tricadrous[6] les Dévas ont établi un sacrifice pour encourager (Indra). Que nos chants augmentent la force de celui qui donne à tout de la force.

19. Ton chantre, observant la saison et les rites convenables, t’adresse ses hymnes, et il te célèbre comme un (dieu) pur et purifiant, comme (un maître) admirable.

20. Cependant dans les antiques demeures s’agite la forte race de Roudra ; et les sages ont aussi pour les (Marouts) de pieuses pensées.

21. Si tu acceptes mon amitié, bois de cette libation. Puissions-nous ainsi vaincre tous nos ennemis !

22. Adorable Indra, que ton chantre soit fortuné ! Donne-nous une heureuse abondance en vaches et en chevaux !

23. Tes généreux coursiers, célébrés dans nos hymnes, amènent ton char, ô (dieu) invincible et ami des plaisirs (du sacrifice, dieu) que nous implorons.

24. Nous implorons ce grand (dieu), objet de tant de louanges, en appelant à notre aide nos antiques (auxiliaires)[7]. Qu’il se place sur notre gazon, et qu’il goûte à nos doubles offrandes[8].

25. Ô toi que célèbrent tant de Richis dans leurs hymnes louangeurs, fais notre fortune. Envoie-nous le lait d’une heureuse abondance.

26. Ô Indra, armé de la foudre, tu es le sauveur de celui qui te loue. Du sein de Rita je dirige vers toi la Prière, interprète de ma pensée.

27. Ô Indra, attelle tes deux coursiers avides de nos libations et chargés de trésors, et viens boire notre soma.

28. Qu’à ta voix répondent les enfants de Roudra, attachée à ta fortune. Que la troupe des Marouts (accoure) à nos offrandes.

29. Ces ennemis (des Asouras) ornent dans le ciel la demeure d’Indra, et réunissent au foyer du sacrifice les biens que peut désirer un pieux serviteur.

30. Indra nous ouvre un vaste horizon ; et, visitant successivement tous nos sacrifices, il assiste à nos cérémonies du matin et de la journée[9].

31. Ô Indra, ton char et tes coursiers sont féconds. Toi-même es fécond, ô Satacratou. Que mon invocation soit aussi féconde !

32. Fécond est le mortier ; féconde, ton ivresse ; fécond, le soma que nous versons. Qu’il soit fécond le sacrifice que tu visites ! Que mon invocation soit aussi féconde !

33. Tu es fécond, ô toi qui portes la foudre. Avec tous les auxiliaires (du sacrifice) je t’invoque, ô (Dieu) fécond. Tu aimes la louange. Que mon invocation soit aussi féconde !


HYMNE III.
À Indra, par Gochou et Oukhthya, enfants de Canwa.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Indra, si, comme toi, j’étais, le maître unique de l’opulence, je voudrais que mon chantre fût entouré de vaches.

2. Époux de Satchî, je voudrais combler ce sage de présents, si j’étais le maître des vaches.

3. Ô Indra, la Prière est, pour celui qui t’adresse des sacrifices et des libations, une vache féconde qui donne tous les biens.

4. Ô Indra, il n’est point de dieu, il n’est point de mortel qui puisse détruire l’œuvre de ta bienfaisance, quand pour prix de nos louanges tu veux nous enrichir.

5. Que le Sacrifice augmente la grandeur d’Indra, quand (ce dieu) fait rouler la Terre de concert avec son compagnon céleste.

6. Tu es grand, ô Indra ; tu possèdes tous les biens par le droit de la victoire. Nous implorons ton secours.

7. Enivré de notre soma, Indra a ouvert le ciel et les (mondes) brillants, en brisant (le corps de) Bala.

8. Il a découvert, il a rendu aux Angiras les vaches (célestes) enfermées dans la caverne[10]. Il a repoussé Bala, qui s’avançait (en ennemi).

9. Indra a consolidé les demeures célestes : il a rejeté tout ce qui n’était pas ferme et stable.

10. Ô Indra, telle que le torrent qui se précipite, la Louange accourt (vers toi). Les Libations ont brillé en ton honneur.

11. Ô Indra, ta grandeur est exaltée par nos hymnes et nos louanges. Fais le bonheur de tes chantres.

12. Les deux coursiers d’Indra, à la belle crinière, brûlent de l’amener à notre opulent sacrifice pour y boire le soma.

13. Ô Indra, vainqueur de tous tes ennemis, tu as écrasé la tête de Namoutchi[11] avec l’écume des ondes.

14. Ô Indra, tu as précipité les Dasyous, qui, en serpentant, escaladaient le ciel, sous leur apparence magique.

15. Tu as donné la mort à cette troupe impie et audacieuse, ô Indra ; et le soma avait doublé ta force.


HYMNE IV.
À Indra, par Gochou et Oukhthya.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Chantez Indra, que le monde invoque et célèbre. Honorez par des hymnes le vigoureux Indra.

2. Maître des deux mondes[12], il a, par sa force puissante, soutenu le Ciel et la Terre, les Montagnes (aériennes), les Ondes, le Soleil.

3. Ô Indra, que les hommes glorifient, tu es le roi incomparable ; tu donnes la mort à tes ennemis et tu t’empares de glorieux trophées.

4. Nous célébrons ton ivresse, féconde et forte dans le combat, ô (Dieu) armé de la foudre, (ivresse) qui affermit le monde et fait l’honneur de tes coursiers.

5. Dans le transport de cette ivresse, tu as rendu la lumière des astres aux enfants d’Ayou et de Manou. Tu brilles en souverain sur notre gazon (sacré).

6. Les poëtes, aujourd’hui (comme) autrefois, célèbrent ta force. Triomphe chaque jour des Ondes, épouses du (Nuage) fécond.

7. La Prière (excite) ta force, ta puissance, ta merveilleuse vigueur. Elle aiguise ta foudre indomptable.

8. Ô Indra, le Ciel accroît ton énergie ; la Terre (nourrit) ta force. Les Ondes et les Nuages sont ta parure.

9. Fier de sa large demeure, Vichnou, et Mitra, et Aryaman, te glorifient. La troupe des Marouts te suit avec bonheur.

10. Ô généreux Indra, tu es le plus magnifique des êtres. En toi se trouve toute la création.

11. Ô (Dieu) incomparable, que tous les hommes célèbrent, tu donnes la mort à tes ennemis. Aucun autre qu’Indra n’est capable d’une œuvre aussi grande.

12. Ô Indra, les (mortels) s’aidant de la prière t’appellent avec instance à leur secours. Invoqué par nos prêtres, donne-nous le bonheur.

13. Pour orner notre grande demeure, toutes les formes ont apparu. Honorez Indra, l’époux de Satchî, afin qu’il nous donne les fruits de sa victoire.


HYMNE V.
À Indra, par Irimbithi, enfant de Canwa.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Chantez Indra, roi parmi les mortels. Il est digne de nos éloges, ce héros magnifique qui a des héros pour adversaires.

2. À lui viennent en se jouant les Hymnes et les Offrandes, de même que les vagues vont à l’Océan.

3. Par la louange j’honore ce (dieu) qui brille au milieu des dieux, vainqueur d’un puissant ennemi, et noble par ses bienfaits.

4. Son ivresse est grande et généreuse ; elle donne largement le bonheur, la victoire et la fortune.

5. Les (hommes) en lui présentant leurs offrandes demandent sa protection. (Si) Indra (est) pour eux, ils doivent vaincre.

6. Les mortels par leurs hymnes et leurs sacrifices étendent la domination d’Indra, qui devient leur bienfaiteur.

7. Indra est notre prêtre, notre poëte, l’objet de nos invocations. Indra est grand par ses prouesses.

8. Il mérite nos louanges et notre culte ; il est juste, vrai, incomparable et vainqueur.

9. Les hommes font la grandeur d’Indra par leurs prières, leurs chants et leurs hymnes.

10. C’est lui qui amène la fortune, qui fait la lumière, qui triomphe des ennemis dans les combats.

11. Qu’Indra, invoqué par les hommes, exauce nos vœux, et nous fasse heureusement passer, (comme) sur un vaisseau, à travers tous nos ennemis.

12. Ô Indra, comble-nous de tes dons. Conduis-nous par le chemin de l’abondance et du bonheur.


HYMNE VI.
À Indra, par Irimbithi.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Viens, ô Indra. Nous t’offrons cette libation. Bois ce soma. Place-toi sur mon gazon.

2. Attelés par le Sacrifice, que tes deux coursiers, à la belle crinière, t’amènent (ici), ô Indra. Écoute nos prières.

3. Ô Indra, tu aimes le soma ; les prêtres viennent de le verser en ton honneur, et nous, avec notre hymne, nous t’invoquons.

4. Nous avons des libations pour toi. Viens vers nous pour écouter nos louanges. (Dieu) à la belle figure, bois de notre soma.

5. Remplis les deux capacités de ton ventre[13] ; que le (soma) parcoure tous tes membres. Reçois avec ta langue le miel (de la libation).

6. Que le soma, ô (Dieu) bienfaiteur, te soit agréable ! Qu’il ait pour ton corps la douceur du miel ! Qu’il te flatte heureusement le cœur !

7. Ô sage Indra, que ce soma, tel qu’une femme (chérie), te serre et t’enveloppe de toute part.

8. Dans l’ivresse du soma, Indra, le col allongé, le ventre gonflé, le bras tendu, menace de mort ses ennemis.

9. Ô Indra, tu es un maître qui surpasse tout par ta force. Vainqueur de Vritra, triomphe de tes ennemis.

10. Allonge vers nous ce croc (divin)[14] auquel sont attachés les biens que tu présentes à ton serviteur pour prix de ses libations.

11. Ô toi que rendent fort nos hommages et les vaches (du sacrifice), que ce soma te soit agréable. Nous t’invoquons, ô toi qui brises (les montagnes).

12. Tu as pour fils Sringavricha, et pour petit-fils Coundapâyya, qui occupe la pensée (des mortels)[15].

13. Ô Maître de la maison, que la colonne (qui la soutient) soit solide. Sauve ceux qui te présentent le soma. La Libation brise les villes célestes. Indra est l’ami des hommes pieux[16].

14. Indra s’élève au-dessus de tout. Il est digne de notre culte ; il nous amène les vaches (divines), incomparable et triomphant. Tel qu’un cheval chargé de provisions, il se laisse conduire vers nous, amené par le désir de boire le soma.


HYMNE VII.
À Indra, par Irimbithi.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Que le mortel implore la faveur des Adityas, (faveur) bienfaisante et toujours nouvelle.

2. Les voies des Adityas ne connaissent point d’ennemis. Ce sont des protecteurs invincibles, qui se plaisent à nous conduire au bonheur.

3. Que Savitri, Bhaga, Varouna, Mitra, Aryaman, étendent sur nous une protection que nous sollicitons.

4. Ô divine Aditi, patronne assurée et chérie, viens avec ces dieux sages, ces protecteurs fidèles.

5. Ces enfants d’Aditi, aux œuvres grandes et irrépréhensibles, connaissent la haine ; c’est pour nous délivrer des Rakchasas.

6. Qu’Aditi, sans cesse occupée de nos intérêts, et agissant avec droiture, protége contre le mal toute la famille et le jour et la nuit.

7. Que la sage Aditi vienne pendant le jour à notre secours. Qu’elle étende sur nous sa bienfaisance, et repousse nos ennemis.

8. Que les Aswins, ces médecins divins, fassent notre bonheur. Qu’ils éloignent de nous le mal, et repoussent nos ennemis.

9. Qu’Agni avec ses Feux fasse notre bonheur. Que le Soleil nous échauffe heureusement. Que le Vent irrépréhensible souffle aussi heureusement, et repousse nos ennemis.

10. Que les Adityas éloignent la maladie, l’ennemi, le méchant, et nous délivrent du mal.

11. Ô Adityas, qui possédez tous les biens, détournez de nous la méchanceté et l’ignorance. Écartez nos ennemis.

12. Ô bienfaisants Adityas, accordez-nous une protection qui délivre le pécheur de son péché.

13. Que le mortel qui nous attaque, et se conduit envers nous en Rakchasa, se perde dans ses propres voies.

14. Qu’il tombe entre les mains d’un mortel méchant, infâme, impitoyable, celui qui vient à nous avec malice et duplicité.

15. Ô dieux sauveurs, vous appréciez nos holocaustes ; vous voyez jusqu’au fond des cœurs, et (distinguez) parmi les mortels celui qui est simple et celui qui est double.

16. Nous demandons ces biens qui viennent des ondes et des montagnes (célestes). Ô Ciel et Terre, éloignez de nous le mal.

17. Ô (Dieux) sauveurs, faites-nous, sur votre vaisseau, traverser heureusement tous les maux.

18. Ô brillants Adityas, prolongez notre vie, et celle de nos enfants et de nos petits-enfants.

19. Ô Adityas, nous vous présentons ce sacrifice. Soyez-nous favorables. Nous sommes vos parents.

20. Nous invoquons la haute protection du dieu, ami des Marouts ; nous (appelons) le secours des Aswins, de Mitra, de Varouna.

21. Invincible Mitra, Aryaman, Varouna, Marouts, venez dans notre demeure : qu’elle soit forte, glorieuse, pleine d’une mâle famille, défendue contre les trois espèces de maux[17].

22. Ô Adityas, nous sommes des enfants de Manou et mortels. Donnez-nous une longue et heureuse existence.


HYMNE VIII.
À Agni et aux autres, par Sobhari, enfant de Canwa.
(Mètres : Cacoubh, Vriahtî, Dwipadâ, Ouchnih et Panktî.)

1. Chante (Agni) qui est l’auteur de tout bien. Les Dévas amènent ce maître divin, et le chargent des holocaustes qu’ils offrent aux dieux.

2. Ô sage, chante le rapide, le bienfaisant, le resplendissant Agni. Ô Sobhari, (appelle ce dieu) antique à l’offrande du soma que tu lui présentes.

3. Nous invoquons ce dieu, le plus adorable des dieux, ce prêtre immortel, ce ministre de notre sacrifice.

4. Je (chante) le brillant fils de l’Offrande[18], le fortuné, le resplendissant Agni. Qu’il nous accorde ces biens que Mitra, Varouna, les Ondes, répandent dans le ciel.

5. Le mortel qui par le feu (sacré), par l’invocation, par la prière[19], par l’offrande, par les rites pieux, honore Agni.

6. Obtient des coursiers rapides et vainqueurs, et une gloire éclatante. Il est à l’abri des maux que pourraient lui causer ou les dieux ou les mortels.

7. Ô fils de la Force, ô maître de l’offrande, que tes feux brillent heureusement sur nos foyers. Entoure-toi de puissants rayons, et sois à nous.

8. Célébré par nous, Agni se montre tel qu’un hôte bienveillant pour ses amis, tel qu’un char tout chargé de trésors. En toi nous trouvons d’heureuses ressources. Tu es le roi de la richesse.

9. Ô fortuné Agni, que le mortel, libéral en sacrifices, obtienne par ses œuvres la gloire et l’opulence.

10. L’homme, pour le sacrifice de qui tu élèves ta flamme, voit tous ses vœux accomplis. Sa maison est remplie d’une forte famille. Il possède des coursiers dont il fait de (nobles) présents ; il partage avec les poëtes et les guerriers les fruits de sa victoire.

11. (Tel est le destin de) celui dont Agni, aux formes adorables, reçoit sur son foyer les hymnes, les offrandes et les holocaustes.

12. Ô fils de la Force, notre soutien, fais que la prière du sage éclairé, qui te loue et s’empresse de t’honorer par ses présents, élève les mortels et fasse descendre vers nous les dieux.

13. Le mortel qui par les dons de l’holocauste, par ses invocations ou ses chants, veut se rendre favorable le vigoureux Agni aux rapides lueurs.

14. Qui, en allumant le bois du foyer, donne un plein essor aux rayons (du dieu) ; ce (mortel) fortuné, par l’effet de ses œuvres et de ses offrandes, fait traverser heureusement à son peuple toute cette vie, pareille à un torrent.

15. Ô Agni, apporte-nous cette force qui nous fasse vaincre le brigand, s’il pénétrait dans nos maisons, et qui (triomphe) de la colère d’une race méchante.

16. Ô Indra, pour prix de nos chants, arme-nous de cette énergie qui t’appartient, et qui fait l’honneur de Varouna, de Mitra, d’Aryaman, de Bhaga, des (dieux) Véridiques.

17. Ô Dieu sage, ô bienveillant Agni, les sages animés par une pieuse pensée t’ont placé pour surveiller les hommes.

18. Ce sont eux qui en ton honneur, (ô Dieu) brillant et fortuné, ont établi un sanctuaire, des invocations, des offrandes ; eux qui, en t’inspirant le désir de leurs libations, ont su mériter tes bienfaits.

19. Qu’Agni, invoqué par nous, nous soit propice ! Ô (Dieu) fortuné, que nos offrandes, notre sacrifice, nos hymnes nous soient propices !

20. Inspire-toi d’une heureuse résolution pour frapper Vritra et vaincre dans les combats. Abats l’insolence de tes superbes (adversaires). Nous voulons t’honorer par des sacrifices.

21. Je chante ce maître installé par Manou, ce messager envoyé par les Dévas, ce pontife, ce porteur de l’holocauste.

22. Avec tes chants tu présentes ton offrande au brillant Agni, toujours jeune et resplendissant. Honoré par notre ghrita, invoqué par nos hymnes, Agni nous forme lui-même une forte maison.

23. Attiré par notre ghrita, Agni élève la voix, et, tel que l’Asoura (céleste)[20], il étend sa forme de tout côté.

24. Ce dieu entouré de sacrifices, ce prêtre immortel que Manou a institué, reçoit dans sa bouche odorante les holocaustes, et il répand ses trésors.

25. Ô Agni que j’invoque, enfant de la Force, doué d’un bienveillant éclat, si tu deviens mortel[21], fais que je sois immortel.

26. Ô fort et adorable Agni, je ne crois pas que tu aies à me reprocher aucune faute, aucun péché. Le poëte que j’ai chargé de te louer est éclairé ; ce n’est ni un méchant, ni un pécheur.

27. (Agni est) dans la maison du sacrificateur de même qu’un enfant dans la maison d’un père. Que notre holocauste monte jusqu’aux dieux.

28. Ô Agni, notre soutien, que les secours d’un dieu tel que toi fassent le bonheur d’un mortel tel que moi.

29. Ô Agni, qui es notre soutien, par mes œuvres, par mes dons, par mes louanges, je veux te plaire, toi que l’on dit éclairé. Mets ton plaisir à me combler de tes dons.

30. (L’homme) que tu as choisi pour ami, ô Agni, grandit par tes secours, qui lui donnent l’abondance et une forte famille.

31. (Ô Dieu) qu’arrose (la libation), dans ton foyer s’allume ta flamme docile, au moment favorable. Tu es l’ami des grandes Aurores, et tu brilles le jour et la nuit[22].

32. Enfants de Sobhari, nous venons à toi, qui es doué de mille rayons énergiques, (Dieu) protecteur (dont nous implorons) le secours, (Dieu) resplendissant qui (jadis fut un présent) de Trasadasyou[23].

33. Ô Agni, tes feux placés l’un près de l’autre sont tels que les rameaux (d’un même arbre). Au milieu du peuple, j’attise leur ardeur, et je réunis leurs rayons, qui sont comme autant de sages (autour du foyer).

34. Bons et généreux Adityas, (celui de vos riches serviteurs que vous conduisez à travers (la vie) (est le plus heureux) des mortels.

35. (Dieux) rois et vainqueurs, (venez) près de celui qui habite chez les enfants de Manou. Ô Varouna, Mitra, Aryaman, puissions-nous vous voir sur le char de notre sacrifice !

36. Le fils de Pouroucoutsa, Trasadasyou, ce magnifique Arya, ce maître de la piété, m’a donné cinquante vaches[24].

37. Que le riche et noble Syâva, en récompense de mes offrandes au tîrtha de la Souvâstou[25], me fasse aussi amener deux cent dix vaches.


HYMNE IX.
Aux Marouts, par Sobhari.
(Mètres : Cacoubh, Vriahtî et Dwipadâ.)

1. (Dieux) rapides et animés d’un même esprit, venez avec bonté. Ne vous éloignez pas, vous qui faites courber les êtres les plus forts.

2. Ô grands[26] Marouts, enfants de Roudra, venez aujourd’hui à notre sacrifice sur vos (chars) brillants, aux roues solides. (Apportez-nous) l’abondance, (Dieux) que tous les hommes désirent, et joignez-vous aux enfants de Sobhari.

3. Nous connaissons la force terrible des fils de Roudra, de ces puissants Marouts qui lancent l’onde rapide et pénétrante.

4. Ils se précipitent sur les mondes, d’autant plus tourmentés qu’ils sont plus solides : ils confondent le Ciel et la Terre. Les airs frémissent, quand vous venez brillants et couverts d’armes éclatantes.

5. Sur votre route les montagnes, les arbres, les corps les plus fermes gémissent. La terre tremble sous vos pas.

6. Ô Marouts, effrayé de votre force, le Ciel semble s’enfoncer dans l’espace, dès qu’il voit, ô héros aux bras vigoureux, briller les ornements de vos corps.

7. Ces héros ont remarqué nos offrandes, et, sous la forme de la pluie, (ils arrivent) riches, forts, éclatants.

8. Sur le char d’or qui les transporte, la voix (des Marouts) répond à la prière des enfants de Sobhari. Nés de la vache (céleste), que ces grands et nobles (combattants viennent) jouir de nos libations et de nos hommages.

9. Ô vous dont le soma est le plus bel ornement, présentez vos holocaustes à la généreuse troupe des Marouts, qui va (répandant) une pluie abondante.

10. Ô vaillants Marouts, tels que des oiseaux rapides attirés par l’holocauste, venez à notre sacrifice sur votre char, dont les chevaux, dont la forme et l’essieu sont d’une essence féconde.

11. Ils ont tous la même parure. L’or étincelle sur tout leur corps, et dans leurs mains brillent les cimeterres.

12. Aussi terribles que généreux, rien ne résiste à la force de leurs bras, à la vigueur de leurs corps. Leurs arcs sont solides ; les armes remplissent leurs chars. De riches parures couvrent tous leurs membres.

13. Leur puissance est aussi étendue que la mer. Elle éclate sans cesse d’une manière incomparable pour notre bonheur. La force qu’ils tiennent de leur père est comme la nourriture (qui nous soutient).

14. Honore les Marouts ; célèbre-les. En maîtres souverains ils agitent (le monde) : ils favorisent leur serviteur, calculant sur sa piété la grandeur de leurs présents.

15. Ô Marouts, un pareil (serviteur) fut, dans les anciens jours, heureux sous votre protection. Qu’il en soit de même encore (aujourd’hui).

16. Ô (Dieux vaillants) qui agitez le monde, qu’il obtienne vos faveurs pour prix de ses offrandes et de ses présents, celui dont vous fréquentez les sacrifices et acceptez les holocaustes.

17. Si les jeunes fils de Roudra, de ce (dieu) sage qui donne la vie[27], accourent du haut des airs (à notre sacrifice), nos vœux sont accomplis.

18. Ô Marouts toujours jeunes, accueillez avec un cœur généreux des serviteurs tels que nous, qui honorent et révèrent (des dieux) comme vous, bienveillants et prodigues de leurs dons.

19. Ô Sobhari, chante dans un hymne nouveau ces (dieux) jeunes, bienfaisants et purs. Presse-les comme (le laboureur) presse ses bœufs.

20. Honore par la prière les Marouts généreux, beaux, glorieux, vainqueurs dans tous les combats, et dignes d’être invoqués, comme on invoque le secours d’un lutteur (vigoureux).

21. Animés d’un même esprit, appartenant à la même famille, tels que les vaches (célestes) avec lesquelles ils sont liés d’origine, les Marouts effleurent les régions de l’air.

22. Ô Marouts, qui vous balancez (dans l’air comme) les danseurs, la poitrine couverte d’or, le mortel réclame votre fraternité. Venez à nous, car vous êtes des parents fidèles.

23. Ô bienfaisants Marouts, apportez-nous le remède qui vous appartient. Vous êtes des amis prompts et empressés.

24. Ô (Dieux) fortunés et chéris, accordez-nous ces heureux secours par lesquels vous conservez la mer, vous exterminez (nos ennemis), vous avez donné de l’eau (à Gotama)[28].

25. Ô Marouts, qui venez vous asseoir sur notre gazon, apportez-nous le remède qui existe dans le Sindhou, dans l’Asiknî[29], dans les mers, sur les montagnes.

26. Vous qui connaissez tout, apportez le (remède) qui convient à nos corps ; daignez nous l’accorder. Ô Marouts, donnez la guérison au malade, et faites que son mal se change en bien.

  1. Voyez, pour la signification de ce mot, page 80, col. 1, note 6. Ce mot paraît être synonyme d’Angirasa.
  2. Il a été question de ce Richi, page 110.
  3. J’entends par ces mots la flamme.
  4. Je croirais assez qu’Aditi n’est pas ici la mère des Adityas, mais l’offrande, le sacrifice. Voy. page 55, col. 1, note 4.
  5. Trita passe pour être un Râdjarchi ; mais c’est Agni, enfanté par les Libations, ou c’est Soma. Voyez page 74, col. 1, note 4, page 104, col. 2, note 3 et page 282, col. 1, note 2.
  6. Voy. page 60, col. 2, note 3.
  7. C’est-à-dire les hymnes et les libations.
  8. L’offrande est composée d’aliments liquides ou solides.
  9. Je suppose que le mot prayati désigne la suite des sacrifices qui ont lieu dans le cours de la journée.
  10. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  11. Voy. pages 75, 173. 276 et 318.
  12. C’est l’épithète embarrassante dwibarhas que j’ai traduite de cette manière. Indra règne dans le ciel et sur la terre. Voy. page 85, col. 2, note 1.
  13. Le texte porte : tes deux ventres. Je suppose que l’auteur désigne ainsi le ciel et la terre.
  14. Sans doute cette image se rapporte à l’action du cornac qui, assis sur l’éléphant, présente à la trompe qu’il élève la nourriture placée au bout de son croc.
  15. Le commentaire donne Sringavricha pour un Richi, et Coundapâyya pour un sacrifice (cratou). Je pense que Sringavricha est le nuage (le taureau cornu), qui a pour fils le soma, autrement Coundapâyya (destiné au vase du sacrifice).
  16. Ici est employé le mot mouni.
  17. Le commentaire donne ce sens pour le mot trivaroutha : défendue contre les maux des trois saisons, du froid, du chaud, de la pluie. Il fournit un autre sens contenu dans le mot tribhoûmica.
  18. Oûrdjo napât.
  19. Le mot employé ici est Véda, que le commentaire traduit par lecture du Véda, comme si le Véda avait pu être constitué à cette époque.
  20. C’est-à-dire le soleil.
  21. Agni, en prenant la forme du feu, devient mortel : car le feu s’éteint. Le poëte a cédé ici à son habitude ordinaire de l’antithèse.
  22. Il faut entendre : le matin et le soir.
  23. Voy. section iii, lecture vii, hymne vi, stance 1, et page 110, col. 1, note 11.
  24. Le texte dit simplement : vadhou, femme. Ce sont des vaches ou des juments.
  25. Rivière.
  26. L’épithète est Ribhoukchanah.
  27. Asoura.
  28. Voy. pages 114 et 293.
  29. Nous axons déjà vu ce mot, qui semble devoir être un synonyme de la Libation de soma. Voyez page 241, col. 1, note 2.