Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 6/Lecture 7

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 458-465).

LECTURE SEPTIÈME.
HYMNE I.
À Indra, par Nrimédha, fils d’Angiras.
(Mètres : Cacoubh, Ouchnih et Poura-Ouchnih.)

1. Chantez un grand hymne en l’honneur du grand Indra, (dieu) sage et prudent, ami du devoir et de la louange.

2. Ô Indra, tu es puissant. Tu as fait briller le soleil. Tu as tout créé, tu es le dieu universel, tu es grand.

3. Tu as paru avec la lumière pour répandre la clarté dans le ciel. Ô Indra, les dieux recherchent ton amitié.

4. Ô Indra, viens à nous, (dieu) aimable et resplendissant, élevé comme une large colline, conquérant et maître du Ciel.

5. Ô Indra, (dieu) juste et ami du soma, tu domines le Ciel et la Terre ; tu es le bienfaiteur de celui qui fait la libation, et le maître du Ciel.

6. Ô Indra, tu brises les villes célestes ; tu renverses le Dasyou, et fais le bonheur de Manou. Tu es le maître du Ciel.

7. Ô adorable Indra, nous dirigeons nos vœux vers toi, en élevant (nos coupes remplies de) libations.

8. L’onde des fleuves augmente (la mer); ainsi, ô héros armé de la foudre, nos hommages (augmentent) ta grandeur qui croît chaque jour.

9. Au large et vaste char du rapide Indra, (les prêtres) par leurs chants et leurs prières attellent les deux coursiers qui le traînent.

10. Ô Indra, ô sage Satacratou, donne-nous la force et la fortune : donne-nous (pour chef) un héros qui affronte les armées.

11. Ô puissant Satacratou, tu es pour nous un père et une mère. Nous demandons ton heureuse protection.

12. Ô vaillant Satacratou, invoqué par les mortels, j’implore le secours d’un (dieu) fort. Accorde-nous le don d’une race vigoureuse.


HYMNE II.
À Indra, par Nrimédha.
(Mètre : Vrihatî.)

1. Ô (Dieu) armé de la foudre, les prêtres chargés (de l’holocauste) t’honorent aujourd’hui comme ils t’honoreront demain. Ô Indra, écoute la voix de tes chantres ; viens dans notre demeure.

2. Adorable Indra, (dieu) à la belle figure, (dieu) traîné par deux coursiers azurés, réjouis toi. Nous t’adressons nos prières ; les sages t’implorent. Nous voulons, au milieu des libations, atteindre par nos louanges à la hauteur de tes mérites.

3. Vous qui allez vers Indra, comme (les rayons) vers le soleil, jouissez de ses richesses. Nous réclamons notre part dans ces biens qu’il dispense avec magnificence à tous les êtres présents et futurs.

4. Célèbre donc (un dieu) bienfaisant et ferme en sa bonté. Les dons d’Indra sont fortunés. Empressé à remplir le vœu de son serviteur, il suit l’inspiration de son âme.

5. Ô Indra, dans les combats tu triomphes de tous tes ennemis. Père (des humains) et vainqueur puissant, repousse nos adversaires.

6. De même que des mères surveillent leur nourrisson, le Ciel et la Terre te suivent avec sollicitude, ô vigoureux et redoutable Indra ! Que tous tes ennemis tremblent devant ta colère, quand tu attaques Vritra.

7. (Appelez) donc à votre secours ce (dieu) impérissable, cet invincible combattant ce vainqueur impétueux et invulnérable, ce vaillant conducteur de char, cet ami fortuné de nos libations.

8. Nous appelons à notre aide ce Satacratou qui nous donne la force, qui prodigue ses secours, qui dépouille (nos ennemis) pour nous revêtir, cet Indra, notre ami, qui nous couvre (de ses présents), et nous envoie la richesse.


HYMNE III.
À Indra, par Néma, enfant de Bhrigou.
(Mètres : Anouchtoubh, Trichtoubh et Djagatî.)

1. Ô Indra, je viens à toi avec mon enfant[1]. Tous les Dévas se rendent vers moi. Donne-moi une part (dans tes conquêtes), et avec moi distingue-toi par tes hauts faits.

2. Je te présente le miel (du sacrifice). Le soma que nous te destinons a été versé et disposé devant toi. Sois mon ami placé à ma droite ; et tous deux ensemble frappons de nombreux ennemis.

3. Vous voulez être forts ; apportez à Indra un éloge vrai comme son existence. « Indra n’est pas, » (dit) un (incrédule)[2]. Mais Néma affirme le contraire. Je l’ai vu. Chantons (Indra).

4. (Indra parle). « C’est moi, ô chantre ! regarde-moi. J’emplis le monde de ma grandeur. Les maîtres du sacrifice exaltent mes forces, et alors je brise et déchire les villes (célestes). »

5. « Quand mes amis, accompagnés de leurs disciples, me placent et m’élèvent sur la flamme d’un agréable sacrifice, mon cœur répond au cri de leur âme et aux transports de leurs hymnes. »

6. Ô magnifique Indra, voilà tous les hauts faits par lesquels tu t’es signalé en faveur de l’homme qui verse la libation : voilà ce que nous célébrons dans nos sacrifices. (C’est là ce que tu as fait), quand pour Sarabha, enfant des Richis, tu as ouvert des trésors nombreux et venus de contrées éloignées[3].

7. Empressez-vous. Il n’est pas loin de vous, celui qui veut vous protéger. Indra perce de sa foudre les nerfs de Vritra.

8. Que l’oiseau (du sacrifice)[4], rapide comme la pensée, s’élève vers le ciel ; qu’il traverse la ville de fer[5], et aille porter le soma au (dieu) tonnant.

9. Au milieu de l’Océan (aérien) repose la Foudre, entourée des Ondes. Les Villes (célestes) se réunissent pour lui apporter leur tribut.

10. Quand la Prière vient en reine éveiller les êtres insensibles et réjouir les dieux, elle s’élève, et va dans les quatre (régions du ciel) recueillir un lait nourricier.

11. Les Dévas ont enfanté la divine Prière. Elle est la voix des êtres de toute forme. C’est la Vache (du sacrifice) qui nous donne et le lait et le beurre (céleste). Que la Prière fortunée vienne avec ses accents harmonieux.

12. Ô Vichnou, qui es notre ami, porte en avant ton grand pas. Ô Ciel, ouvre-toi pour laisser passer la foudre. Puissions-nous ensemble donner la mort à Vritra, et la liberté aux Ondes ! Que ces (Ondes) lancées par Indra suivent leur route.


HYMNE IV.
À Mitra et Varouna, et à divers dieux, par Djamadagni, fils de Bhrigou.
(Mètres : Trichtoubh, Gâyatrî et Vrihatî.)

1. Il a raison d’accomplir le divin sacrifice, le mortel qui implore le secours de Mitra et Varouna en leur présentant l’holocauste.

2. Héros et rois, vous êtes doués d’une force immense, vous avez pour voir et pour entendre de grands yeux et de larges oreilles. Vos longs bras semblent s’étendre pour agir avec les rayons du Soleil.

3. Ô Mitra et Varouna, qu’un rapide coursier, à la tête de fer[6], aux joies entraînantes, se charge de nos offrandes.

4. Délivrez-nous aujourd’hui d’un ennemi dont nous devons éviter le contact, la conversation, et la vue dans le sacrifice. Que vos bras nous en délivrent.

5. (Ô prêtre), trésor du sacrifice, célèbre l’union de Mitra et d’Aryaman. Chantez, en l’honneur de Varouna (et de tous ces) rois (du ciel), un hymne qui leur plaise et qui nous protége.

6. Ces (dieux) envoient, comme témoin de leur victoire, leur brillant et incomparable fils, trésor des trois (mondes). (Maîtres) immortels et invincibles, ils étendent leurs regards sur les demeures des mortels.

7. Accourez à ma voix qui s’élève ; (visitez) mes œuvres brillantes (des feux d’Agni, dieux) Véridiques, qui vous réjouissez de nos holocaustes.

8. Héros, trésor d’abondance, nous demandons que vos présents ne soient point la proie des Rakchasas. Chantés par Djamadagni, faites fructifier les hommages que nous vous adressons.

9. Ô Vâyou, engagé par nos prières, viens à ce sacrifice qui s’élève vers le ciel. Ce brillant (soma) t’est présenté, extrait du filtre (sacré), et mêlé (avec l’orge et le lait).

10. Par les voies les plus droites le prêtre amène l’holocauste. (Ô Dieu) qui presses des coursiers rapides, (prends) nos doubles offrandes ; bois ce pur soma mêlé au lait de la vache.

11. Ô Soleil, tu es grand ! Ô fils d’Aditi, tu es grand ! Ta grandeur est justement célébrée. Ô Dieu, tu es vraiment grand !

12. Ô Soleil, tu es grand en gloire. Ô Dieu, tu es vraiment grand ! Ta grandeur t’a fait placer à la tête des dieux. Doué de l’esprit de vie[7], tu es la lumière puissante et invincible.

13. Cependant la belle et merveilleuse fille de Rohinî[8] allume ici-bas ses adorables rayons, et vient luire à tous les yeux, entre (le ciel et la terre), au milieu des dix régions.

14. Elle a trois enfants qui ne font que passer (sur la terre). D’autres montent jusqu’au soleil et s’y confondent[9]. Le (dieu) brillant et pur s’agrandit et s’élance au milieu des mondes.

15. La Vache (du sacrifice)[10] est la mère des Roudras, la fille des Vasous, la sœur des Adityas, le siége de Rita. Je veux la recommander à la race des sages. Ne frappez pas cette vache innocente, (surnommée) Aditi.

16. Il est (une autre) vache divine, qui se joint aux Dévas : c’est la Prière, qui connaît tous les chants et assiste à toutes les œuvres (saintes). Que le mortel insensé ne fasse point violence à cette vache.


HYMNE V.
À Agni, par Prayaga, fils de Bhrigou.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô sage et divin Agni, ô jeune maître de la maison, tu possèdes pour ton serviteur une large abondance.

2. Ô brillant Agni, commande à nos chants et à nos cérémonies, et amène-nous les dieux.

3. Ô (dieu) toujours jeune, puissions-nous, avec un allié aussi dévoué que toi, vaincre, et obtenir la richesse !

4. Comme le faisaient Orva, Bhrigou et Apnavâna[11], j’invoque le pur Agni qui habite le Samoudra[12].

5. J’invoque Agni, fort et sage, qui a la voix du vent et la clameur du nuage, qui habite le Samoudra.

6. Qu’il soit pour nous fécond comme Savitri, fortuné comme Bhaga ! J’invoque Agni, qui habite le Samoudra.

7. Pour obtenir de robustes enfants, adressez vous au puissant Agni, qui comble les vœux du sacrifice.

8. De même que Twachtri façonne les belles formes, qu’(Agni) par sa puissance nous couvre de gloire.

9. Agni parmi les dieux est le maître de la richesse. Qu’il vienne à nous avec l’abondance.

10. Loue donc Agni, le plus glorieux de tous les sacrificateurs, le premier dans nos cérémonies.

11. (Loue le dieu) bon, pur et brillant, (surnommé) Sîra[13], qui éclaire nos maisons et prête l’oreille (à nos prières).

12. Ô sage, chante ce (dieu) robuste, qui nous seconde comme le cheval, et nous protége comme un ami.

13. Les Prières tes épouses, en faveur de l’homme qui offre l’holocauste, se présentent devant toi, ô (Dieu rapide ainsi que) le vent.

14. (Agni) s’asseoit sur la triple[14] (couche) de gazon qui a été répandue sans lien. Les libations (commencent) ; il occupe son trône.

15. C’est le trône d’un dieu généreux, (entouré) d’invincibles défenseurs. Il brille heureusement, tel que le soleil.

16. Ô divin Agni, enflamme-toi, étincelle sous la rosée du ghrita. Amène les (dieux), et sois notre sacrificateur.

17. Ô sage Angiras, les Dévas, tels que des mères (prévoyantes), t’ont enfanté pour être l’immortel porteur de l’holocauste.

18. Ô sage et prudent Agni, ils t’ont constitué pour être l’illustre messager (des dieux) et le porteur de l’holocauste.

19. Je n’ai plus ma (vache jadis) invulnérable ; je n’ai plus la hache (qui fendait) le bois[15]. Voilà l’état où tu me vois réduit.

20. Ô Agni toujours jeune, si nous possédons encore quelques morceaux de bois, aie-les pour agréables.

21. Si par hasard quelque ver les dévore, si quelque fourmi s’y promène, que ce soit là tout ton ghrita.

22. Que le mortel, allumant les feux d’Agni, unisse son âme à la prière. J’allume les feux d’Agni avec mes dévots (compagnons).


HYMNE VI.
À Agni, aux Marouts, par Sobhari, fils de Canwa.
(Mètres : Vrihatî, Cacoubh, Anouchtoubh et Gâyatrî[16].)

1. Il a paru le (dieu) qui connaît toutes les voies, et en qui (les prêtres) accomplissent leurs œuvres. Nos chants invoquent cet Agni qui vient de naître, et qui est le bienfaiteur de l’Arya.

2. Agni, enfant de Divodâsa[17], s’élève jusqu’aux dieux avec majesté. Il se tient sur la Terre qui est sa mère[18] : il se place au sommet du ciel.

3. Les hommes tremblent devant ce terrible héros. Honorez par vos œuvres cet Agni, qui par mille présents récompense vos sacrifices.

4. Ô puissant Agni, le mortel qui est ton serviteur et que tu veux conduire à l’opulence obtient (de toi) un vaillant (fils), qui sait chanter (les dieux), et qui possède des richesses innombrables.

5. Ce (mortel) va conquérir avec son coursier la richesse qu’un (ennemi avait mise en sûreté) dans son fort : il obtient une gloire immortelle. Ô (Dieu) opulent, c’est en toi parmi les dieux que nous plaçons notre bonheur.

6. Agni distribue tous les biens ; c’est un sacrificateur qui fait la joie des nations. Nos louanges vont à lui en premier lieu, telles que des vases remplis d’un miel pur.

7. Les sacrificateurs pieux te chargent de leurs prières et de leurs présents comme un coursier attelé à un char. Illustre maître des peuples, accorde à mon fils et à mon petit-fils l’opulence des riches.

8. Ô chantres, célébrez le magnifique, le pieux, le grand, le brillant Agni.

9. Le riche et opulent Agni accorde une forte et glorieuse famille à celui qui l’invoque et qui allume ses feux. Que la bienveillance toujours nouvelle de ce (dieu) vienne à nous avec l’abondance.

10. Ô prêtre, chante le plus chéri des dieux, Agni notre hôte, l’habile conducteur des chars.

11. L’adorable (Agni) connaît tous les trésors cachés ; il les découvre pour nous et nous les présente. Quand, sensible à notre prière, il veut prouver sa force, il est aussi irrésistible que le torrent qui descend (de la colline).

12. Qu’il ne nous fasse point sentir sa colère, cet hôte puissant, cet Agni honoré par nos louanges, cet heureux sacrificateur entouré de nos hommages.

13. Ô Agni notre protecteur, qu’ils soient sauvés ceux qui t’adressent leurs hymnes et leur culte. Le prêtre, avec ses holocaustes et ses offrandes, te célèbre, et (te prie) d’être son messager (auprès des dieux).

14. Ô Agni, ami des Marouts, viens avec les Roudras pour boire le soma. Jouis des louanges que te donne Sobhari au milieu du sacrifice.


HYMNE VII.
À Soma, par Madhoutchhandas, fils de Viswamitra.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Soma, répands ta douce et enivrante rosée. (Tu es) versé pour désaltérer Indra.

2. (Soma) donne la mort aux Rakchasas ; il voit tout. Qu’il vienne s’asseoir au foyer que remplit le bois, et que frappe (le rayon de fer[19] d’Agni).

3. Sois pour nous généreux et magnifique. Écrase Vritra, et donne-nous l’opulence des riches.

4. Viens, dans les sacrifices que t’offrent nos riches seigneurs, prendre les mets et les holocaustes qui augmentent ta force.

5. Chaque jour, ô Indou, nous venons devant toi avec cette pensée. Nous te bénissons.

6. La fille du Soleil[20], dans son filtre éternel, purifie la plante qui te produit.

7. Dans le jour destiné à la libation, dix frères[21], qui sont les dix doigts, reçoivent cette (plante) pour le sacrifice.

8. Ils la pressent ; ils broient son enveloppée, et expriment ce miel brillant qui, pour notre salut, doit être versé aux trois foyers.

9. Les vaches invulnérables mêlent leur lait au jus de ce jeune Soma. Cette boisson est présentée à Indra.

10. Dans l’ivresse qu’elle lui cause, le vaillant Indra extermine ses ennemis, et multiplie ses présents.


HYMNE VIII.
À Soma, par Médhatithi, fils de Canwa.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Soma, ô toi qui honores les dieux, viens promptement dans le vase du sacrifice. Ô généreux Indou, pénètre (le cœur) d’Indra.

2. Ô généreux et resplendissant Indou, fais briller tes formes ; et, pour nous protéger, viens t’asseoir au foyer.

3. La rosée du sage Soma est pour nous un lait savoureux. Le (dieu) puissant a revêtu la forme des Ondes.

4. Ces Ondes, grandes comme toi, t’accompagnent, quand tu viens te mêler (au lait) des vaches (saintes).

5. Soma, ferme soutien du ciel, est plongé au milieu des ondes du Samoudra[22]. Il est à nous, (quand il repose) dans le vase du sacrifice.

6. Il pétille, grand, généreux, noble, brillant comme Mitra, resplendissant avec le Soleil.

7. Ô Indou, nos prières et nos œuvres sont purifiées par ta vertu ; elles te donnent la force d’inspirer une belle ivresse.

8. Tu es le créateur du monde, et nous t’invitons à concevoir une ivresse victorieuse. Ta gloire est grande.

9. Ô Indou, viens à nous pour t’unir à Indra, sous la forme d’une douce rosée, tel que Pardjanya sous la forme de la pluie.

10. Ô Indou, tu nous donnes des vaches, des chevaux, de vaillants enfants. Tu nous envoies l’abondance. Tu es l’âme antique du sacrifice.


HYMNE IX.
À Soma, par Sounahsépa, fils d’Adgidgartta.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ce dieu immortel, tel que l’oiseau, vole vers le vase du sacrifice qui est son siége.

2. Ce dieu invincible et purifiant est formé par (le doigt) du sage ; il vient attaquer ses ennemis.

3. Ce dieu brillant et pur est soigné par les prêtres qui le chantent et augmentent sa force.

4. Ce (dieu) pur, tel qu’un héros, s’en va pour ses serviteurs conquérir tous les trésors.

5. Ce dieu pur et généreux, dans son pieux empressement, fait entendre sa clameur.

6. Ce dieu loué par les sages se mêle aux Ondes, et donne la richesse à son serviteur.

7. Ce (dieu) pur et retentissant s’élève dans le ciel, et avec sa rosée il nettoie les airs.

8. Ce (dieu) pur, invincible, ami du sacrifice, s’élève dans le ciel, et (avec sa rosée) il nettoie les airs.

9. Ce dieu brillant, d’une antique naissance, est versé par les Dévas, et vient au vase du sacrifice.

10. Ce (dieu) puissant dans ses œuvres, à peine né, engendre l’abondance, et sa rosée est purifiante.


HYMNE X.
À Soma, par Hiranyastoupa, fils d’Angiras.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Soma, ô (dieu) pur, donne-nous l’abondance, et triomphe pour nous. Accorde-nous la richesse.

2. Ô Soma, donne-nous la lumière, la clarté, tous les biens. Accorde-nous la richesse.

3. Ô Soma, donne-nous la force et la puissance. Triomphe de tes ennemis. Accorde-nous la richesse.

4. Nous purifions ta sainte liqueur pour la faire boire à Indra. Accorde-nous la richesse.

5. Par tes œuvres, par tes secours fais-nous jouir de la vue du soleil. Accorde-nous la richesse.

6. Par tes œuvres, par tes secours puissions nous voir longtemps le soleil ! Accorde-nous la richesse.

7. Ô Soma, armé de belles armes, donne-nous l’opulence des deux mondes. Accorde-nous la richesse.

8. (Dieu) inébranlable, donne-nous dans les combats une force victorieuse. Accorde-nous la richesse.

9. Ô (Dieu) pur, que les sacrificateurs, par leurs œuvres diverses, augmentent ta grandeur. Accorde-nous la richesse.

10. Ô Indou, apporte-nous une heureuse opulence en chevaux et en biens de tout genre. Accorde-nous la richesse.


HYMNE XI.
À Soma (appelé) Pavamâna[23], par Asita-Dévala, fils de Casyapa.
(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Le maître du monde, le généreux Pavamâna étale ses feux brûlants. Il résonne, et nous charme (la vue).

2. Pavamâna, (surnommé) Tanoûnapât[24], vient aiguisant contre l’air ses cornes étincelantes.

3. Pavamâna brillant, riche et adorable, resplendit sous la rosée des libations.

4. Le divin Pavamâna, éclatant parmi tous les autres dieux, arrive avec force, étendant vers l’Orient les points de son cousa[25].

5. Aux accents de nos hymnes, aux (rayons) de Pavamâna s’ouvrent avec les régions (célestes), les divines portes d’or.

6. Pavamâna féconde la Nuit et l’Aurore, (déesses) illustres, belles, nobles et grandes.

7. J’invoque les deux sacrificateurs divins, qui du ciel surveillent les hommes[26]. Pavamâna est pour nous tel que le généreux Indra.

8. Que les trois belles divinités, Bhâratî, Saraswatî et Ilâ (surnommée) Mahî[27], viennent au sacrifice où nous honorons Pavamâna.

9. J’invoque Twachtri le premier-né (d’entre les dieux), le gardien (des hommes), le chef (des héros). Le maître des êtres, le généreux et brillant Pavamâna est pour nous et Indou et Indra[28].

10. Ô Pavamâna, jette ta rosée aussi douce que le miel sur le maître du bûcher, qui brille avec l’éclat de l’or et qui a d’innombrables trésors.

11. Que tous les dieux, Vâyou, Vrihaspati, le Soleil, Agni, Indra, unis dans une joie commune, viennent à l’œuvre de la Swahâ accomplie par Pavamâna.


HYMNE XII.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô généreux Soma dévoué aux dieux comme à nous, viens avec ton heureuse rosée sur le filtre (du sacrifice)[29].

2. Ô Indou, (ô toi que j’appelle) Indra, répands ton enivrante liqueur. Amène-nous de robustes coursiers.

3. Répands dans le vase (du sacrifice) ton antique liqueur. Apporte-nous en même temps la force et l’abondance.

4. Les breuvages purifiants coulent avec rapidité, comme les eaux qui descendent de la colline, et viennent prendre place à côté d’Indra.

5. Dix frères[30] soignent comme un rapide coursier ce (soma) qui va passer sur le filtre et jouer dans le bois (des coupes).

6. Verse pour les besoins de la cérémonie et pour la soif des dieux ce généreux breuvage mêlé (au lait) de la vache.

7. Le dieu s’empresse d’apporter au divin Indra sa rosée, qui est le lait dont il l’abreuve.

8. Soma est l’âme du sacrifice, et, venant avec promptitude condescendre au vœu (des fidèles), il se plaît au milieu des chants antiques.

9. Ainsi t’unissant à Indra, et purifiant ton joyeux breuvage, (Dieu) auteur de la plus sainte des ivresses, tu reçois nos prières au sein même du foyer.


HYMNE XIII.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Qu’elles suivent les justes voies du sacrifice, qu’elles se répandent, ces brillantes liqueurs, qui vont s’unir à (Indra).

2. La douce rosée (de soma) est, parmi les holocaustes, le premier et le plus honorable : elle se distingue parmi les grandes Ondes.

3. Généreux et juste, clément et noble, (Soma) répond par son murmure à la voix du prêtre, et prend sa place dans les vases (du sacrifice).

4. Ce (dieu) sage et fort aime les chants et les présents (des poëtes), et il veut leur communiquer ses biens.

5. Tel qu’un roi, ce (dieu) pur écrase les ennemis des sages qui font la libation.

6. (Dieu) brillant et chéri, il descend sur le filtre et va se reposer dans le bois (des coupes). Il accueille par son murmure (le bruit) de la prière.

7. Celui qui aime à fêter Soma remplit d’une (pieuse) ivresse Vâyou, Indra, les Aswins.

8. Les flots d’une douce liqueur, obéissant à la loi de Soma, s’approchent de Mitra, de Varouna, de Bhaga.

9. Ô Ciel et Terre, en échange de ce doux breuvage, donnez-nous la richesse, l’opulence, la gloire.


HYMNE XIV.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ces breuvages coulent pour remplir les vœux d’Indra et augmenter sa force.

2. Ils reposent dans le bassin (du sacrifice), et, pleins d’une vertu purifiante, ils (en sortent) pour aller vers Vâyou et les Aswins. Qu’ils nous donnent la force.

3. Ô purifiant Soma, viens t’asseoir au foyer du sacrifice, et donner du cœur à Indra pour la (conquête) de la richesse.

4. Dix ministres te purifient ; sept sacrificateurs te présentent. Les sages font éclater leurs transports.

5. Pour l’ivresse des dieux nous te jetons (sur le filtre formé de laine) de brebis, et nous te mêlons au lait de la vache.

6. Purifié dans nos vases, brillant et radieux, tu te couvres d’un vêtement laiteux.

7. Ô Indou, viens à nous qui t’offrons de riches présents. Extermine tous nos ennemis. Unis-toi à ton ami.

8. Envoie du ciel sur la terre l’abondance avec la pluie. Ô Soma, donne-nous la force dans les combats.

9. Puissions-nous t’obtenir, ô toi qui surveilles les hommes, qui connais le bonheur, qui es le breuvage d’Indra ! (Puissions-nous avoir avec toi) l’abondance et le bonheur de la famille !


HYMNE XV.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Le (dieu) sage et prudent qui coule entre les deux (planches) du pressoir, nous envoie du ciel l’abondance.

2. Un peuple innocent t’adresse en ces lieux ses louanges. Sois heureux, et viens à lui avec l’opulence la plus féconde.

3. Il naît, et, fils grand et pur, il enflamme de ses feux les deux grands parents qui viennent aussi de naître, et qui croissent par le sacrifice.

4. Disposé par les sept sacrificateurs[31], il fait l’honneur des (sept) torrents sacrés, dont il est le premier, et qui nourrissent ses ondes intarissables.

5. Ô grand Indra, au milieu de tes travaux, ces (torrents de libations) reçoivent, pour te le donner, le jeune et invincible Indou.

6. L’immortel porteur (des holocaustes) voit les sept Rivières divines, et, comme un vaste puits, il les engloutit toutes.

7. Ô pur et vigoureux Soma, conserve-nous dans les sacrifices, et détruis les ténèbres qui méritent d’être combattues.

8. En faveur de notre hymne nouveau élargis les voies, et, comme autrefois, fais briller la lumière.

9. Ô (Dieu) pur, tu nous donnes l’abondance en moissons, en vaches, en chevaux, en enfants. Accorde-nous aussi la sagesse et le bonheur (céleste).


HYMNE XVI.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Telles que des chars retentissants ou telles que des coursiers empressés, les Libations accourent pour (offrir) leurs richesses.

2. Elles accourent telles que des chars remplis de provisions, telles que les porteurs chargés des ustensiles du sacrifice.

3. De même que des rois couverts de parures, les Libations (sont ornées du lait) des vaches ; le Sacrifice (est décoré des offrandes) des sept sacrificateurs.

4. À la voix de la grande Prière, les Libations font descendre leur enivrante rosée.

5. Ces breuvages (divins) qui désaltèrent le serviteur (des dieux), qui engendrent les rayons de l’Aurore, font entendre leur murmure.

6. Les vieux prêtres et les enfants d’Ayou, porteurs du généreux (soma), ouvrent les portes des prières.

7. Les sept sacrificateurs, tels que (sept) frères, se présentent ensemble, et versent (la libation) sur le foyer d’Agni.

8. Dans l’ombilic (du sacrifice) j’ai reçu celui qui est notre ombilic[32]. Mon œil est avec le soleil. L’enfant du sage (Soma) m’a donné son lait[33].

9. Le soleil distingue, à son éclat, la demeure d’Agni, qui a été disposée par les prêtres au foyer (du sacrifice)[34].


HYMNE XVII.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Prêtres, chantez en l’honneur d’indou, qui est pur et veut honorer les dieux.

2. Ô (Dieu), les ministres du sacrifice ont préparé pour le divin (Indra) ton lait divin, aussi doux que le miel.

3. Ô roi, viens à nous ; que nous soyons heureux dans nos vaches, dans nos chevaux, dans nos plantes, dans nos enfants.

4. Chantez Soma, (dieu) fort et brillant, dont les rayons vont toucher le ciel.

5. Secouez le mortier et purifiez la libation. Au miel de (Soma) mêlez le miel (de la vache).

6. Asseyez-vous avec révérence ; confondez le caillé (avec la libation). Honorez Indra avec Indou.

7. Viens, ô prudent Soma. Tu sais plaire aux dieux, tu protéges nos vaches, et tu frappes tes ennemis.

8. Maître éclairé de la science, ô Soma, tu coules pour désaltérer et enivrer Indra.

9. Ô Soma, ô (Dieu) pur, donne-nous une grande fortune et une forte famille. Ô Indou, sois avec Indra notre allié.


HYMNE XVIII.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Dans l’enceinte du sacrifice et en l’honneur d’Indra se versent les libations les plus douces.

2. De même que les vaches appellent leur nourrisson, les sages ont invité Indra à boire le soma.

3. Le prudent Soma, l’auteur de la (pieuse) ivresse, siége dans la demeure (du sacrifice), au milieu des flots de la libation et des vaches (saintes).

4. Le sage et puissant Soma est glorifié, soit qu’il apparaisse sur le filtre formé de laine, soit qu’il brille au foyer d’Agni.

5. Indou anime cette boisson, qui, sous le nom de soma, repose dans les bassins ou sur le filtre.

6. Indou vient à la voix de la prière ; il se place dans le Samoudra[35], au sein de ce trésor rempli d’un miel savoureux.

7. Objet de nos louanges continuelles, maître du bûcher (sacré), entouré des Prières, il fait l’ornement des jours qui appartiennent aux enfants de Manou[36].

8. Le sage Soma, versé par la main du sage, répand la joie dans la demeure chérie d’Agni.

9. Ô Indou, ô (Dieu) pur, consolide en nous une opulence brillante de mille rayons !

  1. Je croirais assez que cet enfant dont parle le poëte, c’est Agni né pour le sacrifice (tanwa).
  2. Dans cette phrase est le mot nema, qui est le nom de l’auteur présumé de cet hymne. J’ai cherché à reproduire un effet qui appartient peut-être au hasard.
  3. Le texte porte l’adjectif pârâvata, que le commentaire fait dériver d’un nom propre Parâvân, qu’il regarde comme le nom d’un Asoura (trésors enlevé à Parâvân).
  4. C’est la Gâyatrî, ou tout autre mètre personnifié de cette manière. Cet oiseau est un épervier (syéna).
  5. Le commentaire traduit le mot âyasî comme synonyme de hyranmayâ, la ville d’or ; je suppose que c’est l’atmosphère chargée de nuages.
  6. Autrement à la tête d’or. Il est question d’Agni.
  7. Asouryah. Le commentaire comprend qu’il est le vainqueur des Asouras.
  8. Je suppose qu’il est question de la flamme du sacrifice ; j’avais cru que ce pouvait être la lumière du soleil. Mais l’épithète nitchi m’a fait penser qu’il est question d’un feu terrestre. Rohinî est le nom que l’on donne à la lumière rougeâtre de l’aurore, qui précède celle du sacrifice, lequel semble l’enfanter ou la créer (Rohinyâ critâ).
  9. La flamme du sacrifice produit les feux des trois sacrifices. Elle produit aussi les rayons qui vont briller dans le soleil.
  10. Cette vache représente ici la flamme du sacrifice. Dans l’hymne précédent et plus bas aussi, la Prière est personnifiée de la même manière. Le nuage ailleurs est donné comme une vache, appelée Prisni, qui est la mère des vents. Ici la vache du sacrifice est la mère des Roudras, qui sont aussi les Marouts ou les Vents.
  11. Voyez page 235, col. 2, note 2.
  12. Samoudra est le nom de la mer : mais ce mot s’emploie aussi pour l’air. Je pense qu’ici ce mot doit signifier le vase des sacrifices, où repose la libation.
  13. Voy. sect. III, lect. viii, hymne vii, st. 5.
  14. Tridhâtou.
  15. Dans l’histoire de Djamadagni, la vache a été tuée par Ardjouna, et son fils, surnommé Parasou (la hache), est absent. Cependant cet hymne est attribué à Prâyâga, et non à Djamadagni.
  16. Ici finit le huitième mandala, et commence le neuvième. Je ne trouve pas les noms qui peuvent distinguer ces deux mandalas.
  17. L’épithète donnée par le texte est Dêvodâsa. Le dieu naissant dans le sacrifice est le fils du sacrificateur, qui s’appelle lui-même Pitri (père).
  18. Le foyer est de terre, et porte le nom d’Ilâ.
  19. Autrement d’or (ayohata).
  20. Ordinairement cette fille du soleil, c’est l’aurore. Le commentaire l’appelle Sraddhâdévi.
  21. Le texte porte dix sœurs, parce que le mot anwî (doigt) est du féminin.
  22. Le Samoudra est le vase des libations, comme qui dirait la mer où coulent les libations. Ici Soma lui-même porte le nom de Samoudra (undis mixtus).
  23. Pavamâna, qui signifie pur ou purifiant, est une épithète donnée précédemment, hymne vii, à Soma. On peut prendre aussi Pavamâna pour une forme d’Agni.
  24. Voy. page 47, col. 2, note 3.
  25. Voy. Lois de Manou liv. II, st. 75.
  26. Voy. page 48, col. 1, note 3. La mention de ces deux divinités se reproduit souvent.
  27. Voy. page 43, col. 1, note 1, et page 48, col. 1, note 4, où l’épithète mahi est donnée à Bhâratî.
  28. Le mot Indra signifie roi.
  29. Ce filtre est formé de laine de brebis.
  30. Voy. page précédente, col. 1, note 1.
  31. Les sept sacrificateurs sont les sept libations ainsi personnifiées : ce sont des Dévas du sacrifice.
  32. Cette énigme s’explique ainsi : J’ai versé dans le foyer le soma qui est lui-même le foyer, le centre du monde. Le commentaire entend ce passage autrement : J’ai reçu dans mon ventre (j’ai bu) ce soma qui est l’ombilic (du sacrifice). Je pense qu’il se trompe. Telles sont les trois circonstances mentionnées dans cette stance : le soma a été versé sur le foyer ; Agni et par conséquent le soleil ont apparu ; le sacrificateur a recueilli leurs bienfaits.
  33. Le jus du soma est considéré par le commentaire comme l’enfant du dieu Soma. J’entends que cet enfant de Soma est le dieu Agni et le soleil, lesquels répandent leurs biens sur le sacrificateur.
  34. Le commentaire donne un autre sens à cette phrase : « Indra voit que la place du soma est dans le cœur des prêtres (qui l’ont bu). »
  35. Vase des libations.
  36. Mânouchâni yougâni. Voy. page 315, col. 1, note 1.