Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 8/Lecture 4

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 565-574).

LECTURE QUATRIÈME.
HYMNE I.
À Indra. — Richis : Indra, Vrichâcapi, Indrânî.
(Mètre : Panktî.)

1. (Indrânî[1] parle). Ils ont versé la libation, et n’ont point pensé au divin Indra. Le grand Vrichâcapi[2] goûte la joie des sacrifices ; il est mon ami ; mais Indra est supérieur à tout.

2. Tu viens, ô Indra, et tu t’inquiètes de Vrichâcapi. Tu ne saurais aller ailleurs pour boire le soma. Indra est supérieur à tout.

3. Que te fait ce Vrichâcapi, ce brillant habitant[3] des plaines (célestes) ? Puissant Arya, tu lui envoies l’éclat et la richesse. Indra est supérieur à tout.

4. Indra, ce Vrichâcapi t’est cher, et tu le protéges. Le chien, qui poursuit le sanglier, doit le saisir par l’oreille. Indra est supérieur à tout.

5. (Vrichâcapi) est capable de gâter mes plus belles offrandes. J’aimerais mieux lui abattre la tête, que d’amener cet impie. Indra est supérieur à tout.

6. Il n’est point d’épouse qui ait pour son époux plus de trésors d’amour. Il n’en est point qui soit plus complaisante, plus empressée à combler ses désirs[4]. Indra est supérieur à tout.

7. (Vrichâcapi parle.) mère excellente, que ta volonté soit faite ! Cependant c’est pour moi que s’unissent deux nobles époux ; c’est pour moi que ta bouche se prête à un doux langage. Indra est supérieur à tout.

8. Épouse d’un héros, douée de grands bras, de beaux doigts, d’une longue chevelure, d’un large sein, pour quel motif te mets-tu en colère contre nous, Vrichâcapi ? Indra est supérieur à tout.

9. (Indrânî parle.) Cet habitant des plaines (célestes) me parle comme à une femme qui n’aurait point d’époux. Cependant je suis l’épouse d’Indra, je suis mère d’un fils, et amie des Marouts. Indra est supérieur à tout.

10. Le privilége de la femme est de partager avec son époux les honneurs du sacrifice. L’alliée de Rita, l’épouse d’Indra, la mère d’un fils mérite les hommages. Indra est supérieur à tout.

11. (Indra parle.) J’ai entendu Indrânî, la plus fortunée de toutes les femmes. Elle n’a point, comme les autres, un époux qui meurt de vieillesse. Indra est supérieur à tout.

12. Indrânî, je n’ai aucun bonheur sans Vrichâcapi, qui m’est cher. Je vois avec plaisir l’onde des libations couler pour lui au milieu des Dévas. Indra est supérieur à tout.

13. (Femme) riche et pure, heureuse mère de Vrichâcapi, fais goûter à Indra les taureaux[5] que tu lui prépares. Qu’il reçoive par toi le tribut d’holocaustes qu’il aime. Indra est supérieur à tout.

14. Oui, pour moi se préparent et quinze et vingt taureaux. Cette nourriture est succulente et remplit mon double ventre[6]. Indra est supérieur à tout.

15. (Indrânî parle.) Tel qu’un taureau qui aiguise ses cornes et mugit au milieu du troupeau, (tel tu m’apparais). Ô Indra, sois heureux de ces libations que te présente ton épouse ! Indra est supérieur à tout.

16. Il n’est point maître, celui dont l’amour se prononce avec mollesse. Le maître est celui qui brise hardiment la résistance de la pudeur[7]. Indra est supérieur à tout.

17. (En ce moment) le maître n’est pas celui qui brise hardiment la résistance de la pudeur. Il est maître, celui dont l’amour se prononce avec mollesse. Indra est supérieur à tout.

18. Ô Indra, que ce Vrichâcapi tue l’ennemi qui occupe le ciel, et qu’il réclame alors et le fer et la victime, le plat nouveau (du sacrifice), et le chariot rempli de bois, Indra est supérieur à tout.

19. (Indra parle.) Je viens avec splendeur, et j’établis la distinction entre le Dasyou et l’Arya. Je bois la libation, et je contemple le sage. Indra est supérieur à tout.

20. Une grande distance sépare le désert et la forêt. Ô Vrichâcapi, rapproche-toi des demeures habitées. Indra est supérieur à tout.

21. Viens, ô Vrichâcapi ! Faisons ensemble le bonheur (des mortels). Commence par tuer le Sommeil, et poursuis ta route vers les habitations, Indra est supérieur à tout.

22. (Le poëte parle.) Ô Indra et Vrichâcapi, (ô Indrânî), quand vous vous levez pour venir dans nos demeures, que devient l’impie, habitant des plaines (célestes) ? Où se retire-t-il, le trompeur des nations ? Indra est supérieur à tout.

23. La hache, de Manou a façonné vingt ( flèches)[8]. Puissent-elles heureusement arriver au cœur d’Indrânî ! Indra est supérieur à tout.


HYMNE II.
À Agni, par Payou, fils de Bharadwadja.
(Mètres : Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Je répands la libation en l’honneur d’un (dieu) fort et ami, qui tue les Rakchasas. Je me réfugie sous sa vaste protection. Qu’Agni aiguise ses feux, et les allume pour l’œuvre (sainte) : qu’il nous défende contre l’ennemi et le jour et la nuit.

2. Ô brillant Djâtavédas[9], armé de tes dents de fer, touche de ton rayon les mauvais génies[10]. De ta bouche brise et détruis les Rakchasas ; que ta langue dévore ces mangeurs de chair.

3. Que la double rangée de tes dents s’aiguise l’une sur l’autre, et déchire tes ennemis. Parcours les airs, ô Roi et que ta bouche béante engloutisse les mauvais génies.

4. Ô Agni, le Sacrifice courbe ton arc ; la Prière aiguise tes traits avec le tonnerre. Perce le cœur des mauvais génies qui t’attaquent, et brise leurs bras.

5. Ô Agni, déchire la peau du mauvais génie ! que la foudre, funeste pour lui, le brûle de ses traits ! Ô Djâtavédas, coupe ses jointures, romps ses membres et mange sa chair !

6. Ô Agni, possesseur de tous les biens, prends ton arc, aiguise ta flèche, et perce l’ennemi, soit qu’il marche, soit qu’il s’arrête, ou qu’il suive les routes de l’air !

7. Ô Agni, possesseur de tous les biens, que tes armes nous protégent contre le mauvais génie qui mettrait la main sur nous ! Préviens-le en le frappant d’un trait brûlant. Que tes flèches retentissantes dévorent sa chair.

8. Ô Agni, dis-nous donc quel est ce mauvais génie qui nous afflige. Ô (Dieu) toujours jeune, qui surveilles nos œuvres, consume-le de tes feux, brûle-le ton regard.

9. Ô sage Agni, que ce regard perçant protége notre sacrifice ; et, dans sa marche, comble-le de tes biens. Ô (Dieu) qui surveilles nos œuvres, que les Rakchasas et les mauvais génies ne triomphent pas de tes feux dévorants.

10. Ô Agni, qui surveilles nos œuvres, au milieu des nations vois le Rakchasa, et coupe ses trois têtes[11] ! Par ta chaleur détruis sa force. Coupe par trois fois la racine qui fait vivre ce mauvais génie.

11. Ô Agni, possesseur de tous les biens, que le mauvais génie vienne trois fois se prendre dans tes chaînes, lui qui par l’impiété prétend étouffer la piété ! À la vue de ton chantre, tonne, et perce-le de ton rayon.

12. En faveur de Rébha[12], dirige ton œil contre le mauvais génie qui du sabot de son pied nous frappe et nous déchire. Ainsi qu’Atharwan[13], avec cet œil divin brûle l’insensé qui s’attaque à la piété.

13. Ô Agni, en ce jour les deux (pères du sacrifice)[14] te conjurent en le maudissant ; les chantres élèvent leurs voix. La Prière[15] enfante l’arme de la Colère[16] : enfonce cette arme dans le cœur des mauvais génies.

14. Par tes feux triomphe de ces mauvais génies. Ô Agni, par tes traits brûlants triomphe du Rakchasa. Que ton rayon consume et détruise ces voraces ennemis.

15. Qu’en ce jour les Dieux éloignent le méchant. Que la Prière qui te conjure aille le percer. Qu’avec nos voix tes traits s’élancent contre le brigand. Que le mauvais génie se trouve enchaîné dans tous ses membres.

16. Ô Agni, brise, brûle les têtes de ces mauvais génies qui mangent la chair humaine ou celle de cheval, qui dérobent le lait de la (Vache invulnérable[17].

17. Ô Agni, qui surveilles nos œuvres, le lait de cette Vache, que verse annuellement (le sacrifice), n’est point le partage du mauvais génie. De ton rayon tranche les membres de l’impie qui ose avoir soif de ce lait.

18. Que le lait des Vaches devienne un poison pour ces mauvais génies. Errant dans une mauvaise voie, qu’ils périssent pour la gloire d’Aditi. Que le divin Savitri les livre (à la mort) ; qu’ils brûlent plus promptement que la plante.

19. Ô Agni, tu fus toujours le vainqueur des mauvais Génies. Jamais les Rakchasas n’ont triomphé de toi dans les combats. Brûle ces mangeurs de chair, alliés de la Mort. Qu’ils périssent sous ta blessure divine.

20. Ô Agni, garde-nous du côté du midi, du nord, du couchant et du levant. Que tes rayons ardents et impérissables consument le pécheur.

21. Ô roi sage, avec l’œuvre des sages protége-nous du côté du couchant, du levant, du midi et du nord. Ô Agni, exempt de maux, réserve-nous pour la vieillesse. (Dieu) immortel, sois l’ami de mortels comme nous.

22. Ô puissant Agni, nous te prions, toi qui es sage et remplis (tous nos vœux), toi qui, sous une forme triomphante, terrasses chaque jour de bruyants ennemis.

23. Ô Agni, consume de tes rayons aigus, perce de tes traits aux pointes brûlantes ces Rakchasas qui répandent avec bruit leur poison.

24. Ô sage Agni, dévore ces couples de mauvais génies cruels et vagabonds. Je t’excite par la prière ; éveille le Sacrifice.

25. Ô Agni, sois de tous côtés par ta force vainqueur de la force ; et brise la vigueur et la puissance du mauvais génie et du Rakchasa.


HYMNE III.
À Agni, par Murdhanwan, fils d’Angiras, ou Vasouyou, fils de Vamadéva.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Sur le brillant Agni, qui s’élève jusqu’au ciel, est déposé l’immortel holocauste avec la libation et la prière. Les Dévas, étendant (l’œuvre sainte) avec la Swadhâ, forment, apportent, présentent cet (holocauste).

2. Le monde souffrait, couvert par les ténèbres. Agni naît, et les airs brillent. L’amitié d’Agni fait la joie des Dieux, de la Terre, du Ciel, des Ondes des Plantes.

3. Les adorables Dévas[18] viennent de le lancer. Je chante le grand, l’immortel Agni, qui étend sa splendeur dans le ciel, sur la terre, et dans l’air.

4. Sacrificateur suprême, honoré par les Dévas arrosé avec respect du beurre (sacré), Agni, possesseur de tous les biens, est le créateur de tout ce qui vole ou qui marche, de tout ce qui est animé ou inanimé.

5. Ô Agni, possesseur de tous les biens, avec la lumière tu apparais à la tête du monde. Nous t’appelons par nos prières, nos chants et nos hymnes. (Dieu) adorable, tu remplis le ciel et la terre.

6. (Vers la fin) de la nuit Agni devient la tête du monde ; de lui naît le Soleil qui se lève le matin. Il s’élance, et enfante avec les Ondes la magie des dieux.

7. Agni allume avec grandeur ses feux resplendissants ; il brille dans le ciel comme un foyer ardent. Les Dévas, gardiens de son corps (divin), présentent l’holocauste avec l’hymne (sacré).

8. Les Dévas ont enfanté l’Hymne ; Agni, l’Holocauste. Le Sacrifice est devenu le gardien de leurs corps. Le Ciel, la Terre et les Ondes l’ont connu.

9. Tous les mondes ont sacrifié par cet Agni que les Dévas avaient engendré. Son rayon, en s’étendant avec grandeur, a échauffé la Terre et le Ciel.

10. Les Dévas ont aussi par l’hymne et l’œuvre (sainte) enfanté dans le ciel cet (Agni) qui remplit tout. Ils l’ont fait triple[19] pour la terre, où il dévore les plantes de diverses espèces.

11. Quand les honorables Dévas ont placé dans les airs le Soleil, fils d’Aditi ; quand le couple (du Ciel et de la Terre) a commencé à marcher, alors tous les mondes reçoivent la lumière.

12. Les Dévas ont établi Agni (surnommé) Véswanara[20], pour apparaître au monde entier comme l’étendard des jours. (Agni) développe les Aurores brillantes et les Ondes ; il vient avec son rayon chasser les ténèbres.

13. Les Dévas, les adorables Richis ont enfanté l’invincible Agni, (nommé) Vêswânara. Il arrive, effaçant la splendeur des antiques étoiles, et du grand et magnifique roi des Yakchas[21].

14. Chaque jour notre prière invoque le brillant Vêswânara, le sage Agni, le grand dieu qui parcourt le ciel et la terre, régnant dans la région supérieure comme dans la région inférieure.

15. Il est, dit-on, deux voies, tant pour les Dévas et les Pères (du sacrifice) que pour les mortels[22]. Le monde entier entre dans ces deux voies, quand il marche vers le père et la mère (de tous les êtres) qui l’enveloppent.

16. Ces deux (grands parents) s’avancent ensemble, portant (Agni) qui naît de la bouche[23] (du prêtre), et jaillit de la prière. Le (dieu) pénètre dans tous les mondes, brillant, rapide, inébranlable.

17. Cependant les deux sacrificateurs, l’un supérieur, l’autre inférieur[24], demandent : « Qui peut nous distinguer ? » Parmi ces amis qui sont accourus à ce sacrifice, qui répondra à cette question ?

18. Que de Feux ! que de Soleils ! que d’Aurores ! que d’Ondes ! Ô Pères (du sacrifice), je ne fais pas cette question par vaine curiosité. Je veux seulement m’instruire.

19. Ô Mâtariswan[25], tant que les Aurores ne couvrent pas la face de la (Nuit) aux ailes rapides, le prêtre, (sacrificateur) inférieur au (divin) sacrificateur, doit, devant le foyer, présenter l’holocauste.


HYMNE IV.
À Indra, par Renou, fils de Viswamitra.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Chante Indra, ce grand héros qui s’étend dans les mondes lumineux et au delà des confins de la terre ; qui soutient les hommes et remplit tout ; qui s’élève majestueusement au-dessus de la noire enveloppe des ondes.

2. Qu’Indra, tel qu’un soleil (brillant), pousse devant lui les larges nuages, comme les roues d’un char. Je l’ai vu ; il se lève, pareil à l’homme qui jette son vêtement. Il tue par sa splendeur les noires Ténèbres.

3. (Ô chantre), célèbre Indra par des louanges nouvelles qui soient aussi nobles que lui, et dont la grandeur toujours croissante égale celle de la terre et du ciel.

4. En l’honneur d’Indra, je veux prodiguer les prières et les libations aussi abondantes que l’eau de la mer. Comme les roues sur l’essieu, il a consolidé le ciel et la terre.

5. Il puise dans nos libations une (sainte) colère ; puissant dans ses œuvres, il s’arme, il agite les nuages, il apporte la joie. (Tel qu’) un soma vigoureux, il donne à la terre et aux arbres la fécondité. Indra n’a point de rival qui puisse l’attaquer.

6. Quand le soma coule, (rien n’égale la force d’Indra), ni le Ciel, ni la Terre, ni le vent, ni l’air, ni les nuages. Lorsque sa colère s’enflamme, il brise ce qui est fort ; il abat ce qui est solide.

7. Il donne la mort à Vritra ; de même que la hache fend le bois, il déchire les villes (célestes), qui coulent comme des rivières. Il brise le nuage nouveau aussi bien qu’un vase (de terre). Indra, avec ses compagnons, délivre les Vaches.

8. Ô sage Indra, tu acquittes la dette contractée (avec tes serviteurs) ; et, comme le fer coupe une jointure, tu tranches la perversité de ces hommes qui trahissent l’amitié, et profanent la splendeur de Mitra et de Varouna.

9. Ô généreux Indra, aiguise tes traits généreux et brillants, et lance la mort au milieu de ces misérables ennemis qui outragent Mitra, Aryaman, Varouna, et les (Marouts) à la voix sonore.

10. Indra domine au ciel et sur la terre, sur les ondes et les montagnes (célestes). Indra est le maître des riches et des sages. Indra doit être invoqué, quand il s’agit d’acquérir ou de conserver (le bonheur).

11. Indra est au-dessus de tout, des jours et des nuits, de l’air et de la mer. Il s’étend plus loin que le vent, que la terre, que les fleuves, que le monde.

12. Ô Indra, que ton arme déchaînée roule, et brille comme l’étendard de l’Aurore. Tel que la foudre, descends du haut du ciel avec ton trait brûlant et sonore ; détruis les amis du mal.

13. Indra naît : à sa suite viennent avec amour les Mois, les Arbres, les Plantes, les Montagnes (célestes), le Ciel et la Terre, les Ondes.

14. Ô Indra, que ton arme, ennemie du pécheur, éclate contre le Rakchasa ! Que nos cruels adversaires, comme des bœufs immolés, soient étendus sur la terre !

15. Ô Indra, les ennemis qui nous attaquent sont nombreux et remplis d’animosité. Qu’ils s’assemblent au sein des ténèbres. Que le matin, avec le secours de la lumière, devienne leur tombeau.

16. Que les abondantes libations de tes serviteurs, que les hommages et les chants des Richis causent ta joie. Ils ont fait retentir leurs invocations en t’appelant à leur secours. Éloigne (nos ennemis), et protége ceux qui te louent.

17. Puissions-nous, ô Indra, éprouver constamment l’effet de ton heureuse bienveillance ! Puissions-nous, enfants de Viswâmitra, jouir en ce jour, pour prix de nos chants, de ta généreuse assistance !

18. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles[26].


HYMNE V.
À Pouroucha[27], par Narayana.
(Mètres : Anouchtoubh et Trichtoubh.)

1. Pouroucha a mille têtes, mille yeux, mille pieds. Il a pétri la terre de ses dix doigts, et en a formé une boule[28], au-dessus de laquelle il domine.

2. Pouroucha, maître de l’immortalité, fort de la nourriture qu’il prend[29], a formé ce qui est ce qui fut, ce qui sera.

3. Telle apparaît sa grandeur. Pouroucha est réellement plus grand encore. Son pied, ce sont tous les êtres ; mais il a dans le ciel trois autres pieds immortels[30].

4. Ces trois pieds de Pouroucha s’élèvent dans les régions supérieures. Le quatrième s’appuie ici-bas. De Pouroucha sort tout ce qui est étendu, animé et inanimé.

5. De lui est né Virâdj[31] ; de Virâdj, Adhipouroucha[32]. Virâdj naît et apparaît sous la forme terrible, sous la forme de (ces corps, qui sont) les villes (de l’âme).

6. Quand les Dévas avec Pouroucha sacrifièrent en présentant l’offrande, le beurre forma le printemps, le bois l’été, l’holocauste l’automne.

7. Pouroucha ainsi né devint le Sacrifice, accompli sur le (saint) gazon par les Dévas, les Sâdhyas[33] et les Richis.

8. Du Sacrifice est né le (Feu) invoqué par tous les hommes, les Libations et les Offrandes. C’est lui qui a fait tout ces animaux qui vivent dans l’air, dans les bois, dans nos maisons.

9. Du Sacrifice sont nés avec (le Feu) invoqué par tous les hommes, les Hymnes (Ritchas) et les Chants (Samâni), les Mètres (sacrés) et les Rites (Yadjous.)

10. Du Sacrifice sont nés les animaux qui ont une double rangée de dents, les chevaux, les vaches, les chèvres et les brebis.

11. Les (Dévas), possesseurs de Pouroucha, que n’ont-ils pas formé ? Qu’appelle-t-on sa bouche ? ses bras ? ses cuisses ? ses pieds ?

12. Le Brahman a été sa bouche ; le prince (Râdjanya), ses bras ; le Vêsya, ses cuisses. Le Soûdra est né de ses pieds.

13. Tchandramas est né de son manas ; Soûrya, de son œil ; Indra et Agni, de sa bouche ; Vâyou, de son souffle.

14. De son ombilic est venu l’Air. Le Ciel est sorti de sa tête. Il a formé de ses pieds la Terre, de son oreille les Régions de l’air : il est l’auteur de tous les mondes.

15. Autour de lui sont sept assistants[34] ; ses feux sont allumés avec vingt et un[35] morceaux de bois, quand les Dévas, célébrant le sacrifice, font de Pouroucha un holocauste.

16. Le premier devoir des Dévas a été de célébrer le sacrifice avec Pouroucha, et ils sont arrivés avec grandeur dans ce ciel où siégent les antiques Sâdhyas.


HYMNE VI.
À Agni, par Vitahavya, fils d’Arouna.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Le (dieu surnommé) Damoûnas,[36] célébré dès le matin (par les prêtres), allume ses feux dans le foyer, et reçoit la nourriture qu’il désire au séjour des offrandes[37]. Maître brillant, illustre porteur de l’holocauste, il aspire à se montrer aussi généreux ami.

2. Remarquable par sa richesse, c’est un hôte qui habite nos maisons, de même que le voleur (habite) les bois. Il nous aime comme s’il était de notre race ; il demeure parmi nous comme s’il était de notre nation.

3. Ô Agni, tu possèdes tout ; tu es fort de la force (du sacrifice) ; tu es puissant de la puissance des œuvres (saintes) ; tu es sage de la sagesse (de nos prêtres). Maître incomparable, tu es riche de ces richesses qu’embellissent le Ciel et la Terre.

4. Ô prévoyant Agni, tu viens, à l’heure propice, dans la demeure d’Ilâ, t’asseoir au foyer couvert de ghrita. Tes nobles rayons s’élancent, tels que ceux des Aurores ou du Soleil.

5. Oui, tels que les rayons des Aurores ou tels que les éclairs du nuage, brillent tes trésors, quand tu dévores les plantes et le bois qu’on jette dans ta bouche pour ta nourriture.

6. Quand le moment est venu, il est successivement enfanté par les Plantes et par les Ondes, qui deviennent ses mères. Chaque jour les Arbres et les Bois l’engendrent, et il est leur nourrisson.

7. Ô Agni, excité par le vent, poussé rapidement au sein du bûcher, tu t’empares de ton aliment. Tels que des écuyers rapides, tes rayons immortels portent de tous côtés ta splendeur brûlante.

8. Tu es le maître de la prière, l’auteur du sacrifice, le sage et victorieux pontife. C’est toi que l’on adore avec le même cœur, quelle que soit la richesse de l’holocauste qui t’est présenté.

9. Les sages dévoués à ton service, ô Agni, t’honorent dans les sacrifices comme le chef des saintes pratiques ; et les enfants de Manou, assis sur un pur gazon, animés d’un zèle pieux, prodiguent pour toi les mets et les holocaustes.

10. Au moment convenable, ô Agni, nous te présentons les offrandes contenues dans l’hotra, le potra et le nechtra[38]. Tu es le directeur du sacrifice. Nous te louons, toi qui es prêtre et pontife, toi qui es le maître[39] dans notre maison.

11. Ô immortel Agni, le mortel qui t’honore avec le feu, ou qui t’adresse l’holocauste, a le bonheur de t’avoir pour prêtre. Tu remplis pour lui les fonctions de messager, de héraut, de sacrificateur, de pontife.

12. En l’honneur d’(Agni), puissant possesseur de tous les biens, se sont réunis, accompagnés des Offrandes, les Prières, les Invocations, les Hymnes, les Supplications, les Louanges. Il aime à les entendre et à les exaucer.

13. À ce (dieu) antique, qui désire (nos louanges), je chanterai un hymne nouveau. Qu’il l’écoute. Que cet hymne le touche au cœur, comme une aimable et belle épouse (touche) son mari.

14. Par lui nous demandons des chevaux, des taureaux, des bœufs dociles, des béliers. Au sage Agni, que j’arrose de soma, j’envoie de cœur et la belle prière et la libation.

15. Agni, l’holocauste a été jeté dans ta bouche, comme le ghrita (est versé) dans la cuiller, et le soma dans le vase (sacré). Donne-nous une large et glorieuse opulence, qui nous assure l’abondance, la renommée et la puissance.


HYMNE VII.
Aux Viswadévas, par Saryata, fils de Manou.
(Mètre : Djagatî.)

1. (Honorez) l’illustre et riche sacrificateur, le maître des peuples, le conducteur du char sacré, l’hôte de la nuit[40]. (Dieu) adorable et généreux, il brille en dévorant la ramée du bûcher ; il devient l’étendard (des jours), et va s’asseoir au ciel.

2. (Les hommes et les Dieux) ont fait Agni pour être le conducteur du char (lumineux), et l’inébranlable auteur du sacrifice. Ils adorent celui qui est grand comme (le soleil) colorant (le monde), qui, né de l’éclat de son propre corps[41], devient le précurseur de l’Aurore.

3. En l’honneur de ce (dieu) qui mérite tous ces hommages, nous accomplissons les rites (sacrés) ; nous présentons les mets qu’il doit manger. Aussitôt, que ses (flammes) terribles auront pris leur essor immortel, que (les prêtres) répandent (la libation) destinée à la race divine.

4. (Comme) une longue chaîne sortie de Rita, (se déroulent) l’immense voûte du Ciel, la vaste étendue de l’Air, la grande surface de cette Terre que nous ne saurions trop louer. Alors apparaissent ces (dieux) pleins d’une force pure, Indra, Mitra, Varouna, Bhaga, Savitri.

5. Les Ondes, que pousse Roudra, se détachent, et roulent sur la grande terre. Le (Dieu) rapide, qui avec elles parcourt[42] (les airs), mugit au sein (des nuages), et féconde le monde.

6. Les Marouts, enfants de Roudra et amis des hommes, habitants du (nuage) qui porte la vie[43], s’élancent dans le ciel comme des éperviers. Et ces dieux, enivrés de soma en même temps qu’Indra, Varouna, Mitra, Aryaman, leur apportent la sérénité.

7. Les sages, qui célèbrent Indra, obtiennent de ce dieu généreux et fort une protection efficace et la vue du soleil. Ce sont eux qui, dans leurs fêtes, font la grandeur de ce (Dieu), et forgent sa foudre.

8. Le Soleil, pour lui plaire, amène ses chevaux. Tous craignent la puissance d’Indra. Quand ce (dieu terrible) et libéral respire, on entend chaque jour sortir son sein la voix du tonnerre invincible.

9. Chantez Roudra ; présentez l’offrande à ce (dieu) puissant et protecteur. Riche, glorieux, fortuné[44], avec les violents et rapides (Marouts), il (nous) jette (ses présents) du haut du ciel.

10. Amis de Soma et ardents à perpétuer leur race, les (Richis) ont apporté la nourriture du généreux Vrihaspati. Atharwan le premier a, par le sacrifice, affermi la force des Dieux. Les Bhrigous ont suivi son exemple.

11. Ainsi sont honorés le Ciel et la Terre à la semence féconde, Narâsansa[45] aux quatre membres[46], Yama, Aditi, le divin Twachtri, Dravinodâs[47], les Ribhoukchâs[48], les Marouts, Vichnou.

12. Que le sage Ahirboudhnya, étendu (dans le ciel), entende l’invocation de ses fidèles serviteurs[49]. Ô vous, Soleil et Lune, qui suivez une route différente et habitez le ciel, ô vous, Nuit et Jour[50], écoutez la prière qu’on vous adresse.

13. Que Poûchan, que le fils des Ondes[51], ami de tous les Dieux, que Vâyou reçoivent nos offrandes. Honorez le Vent qui est l’âme de l’opulence. Ô Aswins dignes de nos invocations, écoutez-nous dans le cours du sacrifice.

14. Nous chantons, nous prions le maître glorieux qui habite au milieu des nations rassurées par sa présence. Notre âme s’élève vers l’invulnérable Aditi, et toutes les épouses (divines), vers le jeune époux de la Nuit[52].

15. Ainsi chanta jadis Angiras, le premier de notre race ; les Mortiers étaient debout, regardant le sacrifice. Le sage (Indra) grandit par le soma, et (sa foudre, telle que) la hache (du bûcheron), fendit (le nuage) qui contient notre vie.


HYMNE VIII.
Aux Viswadévas, par Tanwa, fils de Prithou.
(Mètres : Pankti, Vrihatî, Nyancousârinî et Anouchtoubh.)

1. Ô Ciel et Terre, (divinités) bonnes pour les hommes et grandes comme l’espace, soyez-nous toujours favorables. Protégez-nous contre le méchant qui abuse de sa force ; protégez-nous contre le mal.

2. Il plaît aux Dieux au milieu des sacrifices, le mortel qui les honore par ses holocaustes et leur fait écouter ses longues prières.

3. Ô Viswadévas, vous êtes les maîtres du monde ; vous êtes remplis de splendeur et de magnificence. Vous êtes dignes d’être célébrés dans les sacrifices.

4. Ce sont les nobles rois de (l’holocauste) immortel, qu’Aryaman, Mitra, Varouna, le (dieu) qui parcourt (le monde)[53], Roudra loué par les prêtres, les Marouts, les Poûchans[54], Bhaga.

5. Que le Soleil et la Lune, intarissables trésors des Ondes, versent leurs présents sur nos demeures (et le jour) et la nuit, tandis qu’Ahirboudhnya siége à leurs pieds.

6. Que les divins Aswins, maîtres de la splendeur, que Mitra et Varouna nous délivrent par leurs rayons. Leur (serviteur) chargé de richesses traverse les maux (de la vie), comme (le voyageur traverse) les déserts.

7. Puissions-nous avoir pour amis les terribles Aswins, les Viswadévas, Bhaga le maître du char (brillant), Ribhou, Vâdja, les Ribhoukchâs, le (héros) qui parcourt (le monde), (ces dieux) qui possèdent tous les biens !

8. Que Ribhou, que le grand Ribhoukchâs soit la joie de son serviteur. (Ô Indra), amène rapidement les robustes coursiers. Les chants que t’adresse (le mortel), le rendent invincible ; le sacrifice l’élève au-dessus de l’humanité.

9. Ô divin Savitri, fais que nous n’ayons pas à rougir (de ta protection). Ta louange est dans la bouche des grands. Qu’Indra avec les robustes (Marouts) fasse notre force, comme la jante fait la force des rayons (d’un char).

10. Ô Ciel et Terre, donnez-nous, (donnez) à ces héros une large abondance. Qu’ils aient avec l’heureuse quantité des vivres la richesse et la victoire.

11. Ô vaillant Indra, quels que soient nos éloges, viens à nous ; donne-nous tes secours ; oui, protége-nous par tes secours. Ô maître puissant, sauve-nous par ta sagesse.

12. Tel que le (rayon) brillant du Soleil, que mon hymne s’étende au milieu des prêtres. Qu’ils (le lancent), beau, ferme et solide, pareil au (char) attelé de coursiers que (lance) le charron.

13. L’hymne qui part, accompagné de présents d’or et de riches offrandes, est comme une armée de héros qui va dans le combat développant ses ailes.

14. Tel est l’éloge que je ferai de Douhsima, de Prithavâna, de Véna, de Râma le plus généreux des riches. Ils ont fondé leur renommée en attelant pour nous sur la voie (du sacrifice) cinq cents (coursiers).

15. En même temps, ici même, soixante-dix-sept vaches ont été données à chacun des (Richis), Tanwa, Pârthya[55], Mâyava.


HYMNE IX.
Aux Mortiers, par Sarpa Arbouda, fils de Cadrou.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Qu’ils parlent ! Et nous, parlons aussi. Mêlez votre voix à celle des mortiers. De même que les nuages rapides avec leurs clameurs, ô Mortiers remplis de soma, vous célébrez Indra avec votre bruit que vous lui portez.

2. Ils poussent et cent et mille clameurs. Ils crient de leurs bouches brillantes. Les pieux Mortiers, secondant la piété du sacrificateur, commencent par former pour lui un pur holocauste.

3. Ils parlent. Leur bouche reçoit le miel (de la libation). Ils s’agitent pour préparer la chair (du sacrifice). Taureaux superbes, ils mugissent en rongeant le bâton brillant qui remplit leur mâchoire.

4. Leur bouche a donc reçu le miel (de la libation) ; et, pressant le doux jus (de soma), ils appellent Indra à haute voix. Ils poursuivent leur œuvre avec sagesse ; et, dansant avec les (dix) frères[56], remplissent la terre de leurs accents.

5. Ils crient, tels que l’oiseau dans l’air ; ils sautent avec légèreté, tels que le noir (troupeau) dans le pâturage. Dans la coupe du (prêtre) qui l’attend, ils lancent une semence abondante, et pure comme le rayon du soleil.

6. Ils travaillent, tels que de vigoureux (coursiers) attelés au même char, tels que des bœufs traînant ensemble un même fardeau. Et quand leur bouche a cessé de mâcher, on entend leur souffle comme celui de chevaux haletants.

7. C’est un char qui a dix écuyers immortels, dix cercles, dix jougs, dix longes, dix guides, dix charges, dix coursiers. Honorez le char et les écuyers.

8. Ces rapides Mortiers sont agités par dix travailleurs. La liqueur qu’ils expriment remplit heureusement nos coupes, et de leur sein s’écoule le lait précieux qui forme la libation de soma.

9. Ces Mortiers attirent les coursiers d’Indra, avides de soma. La liqueur extraite de leur sein est déposée sur la (peau de) vache. Indra, empressé de boire le miel du sacrifice, croît, s’étend, s’agite comme taureau.

10. Ô Mortiers, par vous Soma verse son onde (dans le sacrifice). Remplis de sa liqueur, vous êtes respectés ; on recherche toujours votre trésor. (Comme ces riches entourés) de l’éclat de leur opulence, vous êtes entourés de la sainte splendeur de celui dont vous aimez les cérémonies.

11. Mortiers, terribles (pour les autres) et bons (pour nous), vous ne connaissez ni la fatigue, ni la douleur, ni la mort. Vous êtes étrangers à la peine et à la maladie. Forts et pressés de vous épancher, vous n’éprouvez ni l’épuisement ni la soif.

12. Ainsi vos pères, d’âge en âge, heureux en leurs désirs, restent toujours fermes sur leur base. Solides et constamment attachés à Soma, ils remplissent de leurs sous le ciel et la terre.

13. C’est ainsi que les Mortiers font entendre leurs clameurs, pareils à des écuyers qui lancent avec bruit leurs chars dans la carrière. Purifiant le soma, ils le répandent comme le laboureur (jette) la semence. Leurs bouches ne le détruisent pas.

14. Ils ont, au moment de la libation, élevé leurs cris, tels que des (enfants) qui en jouant poussent leur mère. Fais donc résonner la voix du sacrificateur. Et, en même temps, que les Mortiers retentissent pour honorer (le sacrifice).

  1. Indrânî, femme d’Indra, est la prière adressée particulièrement à ce dieu.
  2. Vrichâcapi me semble être Agni, ou le Soleil, considéré ici comme fils d’Indra.
  3. Le texte porte simplement le mot mriga. Dans Vrichâcapi on trouve le mot capi, qui signifie singe. Le soleil, dans les plaines de l’air, est sans doute assimilé au singe qui s’élève dans les branches de l’arbre.
  4. Dans cette strophe et les suivantes, ces détails d’amour conjugal sont exprimés très-crûment.
  5. Il me semble que ces taureaux offerts par Indrânî sont les stances mêmes de l’hymne. La stance qui suit l’indique, suivant moi, par les nombres qu’elle exprime.
  6. Le double ventre d’Indra doit être une allusion au ciel et à la terre.
  7. Expressions licencieuses dans le texte.
  8. Le commentateur donne à toute cette stance un sens différent de celui que j’ai adopté. J’entends par ces vingt flèches les stances qui composent cet hymne ; elles ont été préparées par le sacrificateur, appelé Manou, et la hache, qui les a coupées, est poétiquement regardée comme une fille de Manou, qui les enfante.
  9. Surnom d’Agni, que je traduis par ces mots : possesseur de tous les biens.
  10. Appelés Yâtoudhânas.
  11. Allusion aux trois Savanas. L’Asoura est appelé Trisiras.
  12. Nom général des chantres et amis d’Agni. Dans ce mot le commentaire voit le nom d’un Rakchasa bruyant.
  13. Atharwan est un Richi qui enflamme les feux d’Agni ; c’est probablement une forme d’Agni lui-même. Voy. page 90, col. 1, page 91, col. 1, et alibi.
  14. Il faut entendre par ces mots ou les deux époux qui donnent le sacrifice (ainsi le comprend le commentaire), ou les deux personnes qui sacrifient, l’une en qualité de prêtre, l’autre en qualité de père de famille.
  15. Manas.
  16. Manyou.
  17. Aghnyâ, la vache du sacrifice.
  18. Il me semble que Déva yadgnya doit signifier Déva du sacrifice.
  19. Allusion aux trois Saranas, ou bien aux trois feux.
  20. Voy. page 78, col. 1, et alibi.
  21. Les Yakchas sont des génies dont Tchandramas (la lune) est le roi.
  22. Le commentateur croit que ces deux voies portent le nom de dévayâna et pitriyâna. Il a l’air ensuite de modifier sa pensée, en admettant que ces deux voies sont celles du père et de la mère, c’est-à-dire du ciel et de la terre.
  23. Le texte porte le mot siras, que le commentaire n’explique pas. J’ai pensé que ce mot devait avoir ici le sens qui lui a été donné dans la stance 7 de l’hymne I de cette même lecture.
  24. Le commentateur dit que ce sont Agni et Vâyou. La stance 19 n’indiquerait-elle pas qu’il est question d’Agni et du prêtre ? Je pense toutefois que le poëte désigne le ciel et la terre, que les ténèbres ne permettent pas de distinguer.
  25. Nom de Vâyou.
  26. Refrain final des hymnes de Viswâmitra. Voyez section III, lecture ii, hymne i, st. 22 et alibi.
  27. Pouroucha est le nom que l’on donne à l’âme ; c’est aussi par ce mot que l’on désigne le mâle. Il me semble que dans cet hymne ce nom est attribué au Sacrifice (Voy. Vichnou Pourâna, note de M. Wilson, page 8) ; c’est Agni Pradjâpati, ou créateur des êtres qu’il anime de son esprit. Au reste, cet hymne, à en juger par quelques détails qu’il renferme, paraît être d’une date plus moderne que les autres ; il a dû être interpolé à la suite des arrangements que le recueil général du Rig-Véda a subis à différentes époques. Ce personnage de Pouroucha, tel qu’on le présente ici, appartient plutôt à la métaphysique des Oupanichats. La stance 9 semble indiquer une triple division des Védas, qui n’existait pas quand la généralité des hymnes a été composée. La stance 12 admet positivement les quatre castes, avec la distinction odieuse dont l’esprit sacerdotal a flétri les dernières. Or, jusqu’à présent, bien que nous ayons rencontré les mots brâhmana et kchatriya, rien ne nous autorise à croire que l’établissement politique des castes ait eu lieu à cette époque ancienne. On y trouve la distinction sociale du prêtre et du guerrier ; mais souvent ces deux titres sont confondus dans la même personne. Les familles sacerdotales sont fondées ; mais elles ne sont fermées à personne. Le prêtre peut se dire le premier-né du sacrifice. Cependant on le voit d’une adulation si grande, d’une soumission si obséquieuse envers le prince et le riche, qu’on peut affirmer que ce premier-né n’a aucun droit d’aînesse. Agni, le maître de la chose sacrée (Brahmanaspati), est aussi le maître des Visas (Vispati), c’est-à-dire du peuple entier. Les Soûdras, ces hommes excommuniés, n’existent pas : il y a des gens pieux et des impies, des Dasyous et des Aryas, c’est-à-dire des hommes qui sont les uns au sein d’une société organisée, les autres en dehors ; mais rien n’y implique une juridiction exclusive et héréditaire, un privilége de naissance et de profession. Je me crois donc fondé à regarder l’hymne, où apparaît la trace de semblables distinctions, comme appartenant à une époque postérieure, et comme introduit par erreur dans un corps de pièces qui portent le cachet d’une civilisation où régnait l’égalité politique.
  28. Le commentaire dit : un œuf.
  29. Amritatwam est peut-être la nourriture qui rend immortel.
  30. Ces quatre pieds, ne seraient-ce pas les quatre éléments, dont trois, l’eau, l’air et le feu, s’élèvent en effet vers le ciel ?
  31. Virâdj est la substance corporelle. Voy. Vichnou Pourâna, de M. Wilson, page 53.
  32. L’Adhipouroucha, suivant M. Wilson (ibid., page 93), est l’âme suprême. Il me semble qu’ici c’est le corps animé, l’âme incorporée.
  33. Espèce de demi-dieux.
  34. Ce sont les sept mètres des hymnes. Le commentaire compte aussi sept feux, qu’il appelle l’Echtica, l’Ahavanîya, le Gârhapatya, les trois Outtaravédicas, et le Soleil.
  35. Voy. page 443, col. 1, note 2.
  36. Voy. page 122, col. 1, note 1.
  37. Ilaspadé, qu’il ne faut pas confondre avec Ilâyâtpadé.
  38. Ce sont trois vases du sacrifice, servant sans doute aux trois officiers appelés Hotri, Potri, Nechiri.
  39. Grihavati.
  40. Ces mots hôte de la nuit (Aktoratithih) me semblent avoir la même signification que l’épithète Kchapâvân donnée à Indra. Le sacrifice a lieu dès le matin, au moment où la nuit se retire. Dans la stance suivante, aktouh a le sens de randjakah, et se rapporte au Soleil.
  41. Tanoûnapat.
  42. Paridjman : cette épithète désigne ici le Vent.
  43. Asoura.
  44. Sivah ; c’est le mot qui a remplacé Roudra dans la mythologie postérieure.
  45. Surnom d’Agni. Voy. page 48, col. 1, et alibi.
  46. Ailleurs Agni a quatre têtes : allusion aux quatre points cardinaux.
  47. Nom d’Agni. Voy. 49, col. 2, note 2, et alibi.
  48. Classe de demi-dieux.
  49. Le texte porte le mot ousidj.
  50. Le texte présente les mots sami et nahouchî, que le commentaire traduit par terre et ciel. Il explique le mot samî par carmavatî. J’ai pensé que c’était plutôt le Jour et la Nuit, surtout après les observations que j’ai déjà faites sur les mois Nahouch et Nahoucha. Voy. page,300, col. 1, note 1.
  51. C’est-à-dire Agni.
  52. Tchandramas, dieu de la Lune.
  53. Paridjman : le Soleil peut-être, ou Agni.
  54. On fait ici une classe de Poûchans, comme ailleurs de Mitras. Voy. page 154, col 1.
  55. Le commentaire regarde ce mot comme un nom patronymique, fils de Prithi, autrement Prithavâna. Le nom du Richi serait Youvanâswa.
  56. Le texte dit : sœurs, parce que le mot angouli (doigt) est du féminin.