Sagesse de Bretagne/Des Femmes et du Mariage

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Sagesse de BretagneAlphonse Lemerre, éditeur1 (p. 240-245).

Des Femmes


et du mariage


Mieux vaut plein la main d’amour

Que des richesses plein le four.

Fussiez-vous plus noire au’une mûre.
Vous êtes blanche pour qui vous aime.

La feuille tombe à terre,
Ainsi tombe la beauté.

La petite fleur tourne parfois,
L’amour de la jeune fille tourne toujours.

Pour ranger le loup il faut le marier.

Marie ton fils quand tu voudras
Et ta fille quand tu pourras :
Mieux vaut tôt marier sa fille
Qu’avoir plus tard des regrets.
 
C’est par-dessus la crinière de la jument

Qu’on prend la pouliche.


Se marier, vivre longtemps,

Désir de tout Jean et de toute Catherine (désir des sots).
 
Ils sont mariés, ils vivent longtemps,
Tous voudraient revenir en arrière.

Les mariages vus de loin
Ne sont que tours et châteaux.

Il n’y a pas de mauvaise chaussure
Qui ne trouve sa pareille.

Avec Jean-Guenillon
S’est mariée Jeanne-Guenille.

Frire la vermine de la pauvreté
Dans le bassin de l’amour. (Amour et misère.)

Brouille sera à la maison
Si la quenouille est maîtresse.

Jean-Jean ! pauvre Jean !
Jean deux fois Jean !

Mari ivrogne et femme joueuse
Chassent vite les biens de la maison.

Toute femme malpropre et dégoûtante
Trouve bons ses mauvais ragooûts.

Pour être ridée une bonne pomme

Ne perd passa bonne odeur[1]*.

Un ne jette pas le coffre au feu
Parce que la clef en est perdue[2].
 
Vous n’enlèverez pas le coq à la poule,
Ni Jean le rouge-gorge à sa compagne.

La tourterelle fait pitié

Quand elle a perdu sa moitié.



  1. Pour une vieille femme.
  2. Pour les veuves.