Soleils d’Hiver/39

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A. Lemerre (p. 130).


LE CAGNARD

Cannes.



Au creux d’un rocher gris piqué de taches rousses
Qui surplombe la mer d’un mouvement hardi,
Trouver, sous le soleil bienfaisant de midi,
Un nid silencieux capitonné de mousses ;

Comme en un lit moelleux s’y glisser sans secousses,
Et, dans le nonchaloir du fakir engourdi,
L’âme flottante et vague et le corps attiédi,
Y rêver doucement à des choses très douces…

Voilà, Parisiens mes frères, ce qu’ici
Aux heures d’indolence et de bon sans-souci
La clémence du ciel à tout instant nous donne ;

C’est le divin « cagnard », le repos au soleil ;
C’est le mélange exquis, sous l’azur qui rayonne,
De la demi-pensée et du demi-sommeil.