Soleils d’Hiver/8
RECETTE MARSEILLAISE
’AIL ?… il en faut un peu, rien que pour maintenir
Le vrai principe ;
Mais très peu, je vous dis : un souffle, un souvenir
Qui se dissipe !
De safran ?… il en faut pas mal, et toutefois
Pas trop encore…
Mais assez, cependant, pour qu’en trempant les doigts
Ça vous les dore !
De poisson ?… il en faut. Mais poisson de fin goût
Pêché sur place,
Et langouste, et merlan, et saint-pierre, et surtout
De la rascasse !
D’huile ?… il en faut aussi, mais du plus pur produit
D’olive fine,
Premier crû provençal, portant l’odeur du fruit
À la narine !
De thym ? de romarin ? de fenouil ? de persil ?
Que l’on en mette
Dans un sac bien noué, bien propret, bien gentil,
Qui vous appète !
Faites bouillir le tout ; découpez le pain frais
En tranche épaisse…
Et peut-être qu’ainsi vous aurez, à peu près,
La bouillabaisse.
Mais pour qu’elle soit vraie, et bonne, et sans défaut,
— Une merveille ! —
Plus que poisson, safran, ail, fenouil… il lui faut
L’air de Marseille !