Soleils d’Hiver/8

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A. Lemerre (p. 28-29).


RECETTE MARSEILLAISE



D’AIL ?… il en faut un peu, rien que pour maintenir

Le vrai principe ;

Mais très peu, je vous dis : un souffle, un souvenir

Qui se dissipe !


De safran ?… il en faut pas mal, et toutefois

Pas trop encore…

Mais assez, cependant, pour qu’en trempant les doigts

Ça vous les dore !


De poisson ?… il en faut. Mais poisson de fin goût

Pêché sur place,

Et langouste, et merlan, et saint-pierre, et surtout

De la rascasse !


D’huile ?… il en faut aussi, mais du plus pur produit

D’olive fine,

Premier crû provençal, portant l’odeur du fruit

À la narine !


De thym ? de romarin ? de fenouil ? de persil ?

Que l’on en mette

Dans un sac bien noué, bien propret, bien gentil,

Qui vous appète !


Faites bouillir le tout ; découpez le pain frais

En tranche épaisse…

Et peut-être qu’ainsi vous aurez, à peu près,

La bouillabaisse.


Mais pour qu’elle soit vraie, et bonne, et sans défaut,

— Une merveille ! —

Plus que poisson, safran, ail, fenouil… il lui faut

L’air de Marseille !