Sous le masque/La Blessure

La bibliothèque libre.
Sous le masqueBibliothèque Internationale d'Édition, Edward Sansot (p. 59-60).
Le Lys  ►


La blessure


Je rêve, il fait nuit et le lit est froid,
Auprès du miroir, la veilleuse brille,
Et mon bien-aimé se penche vers moi
Et pique mon cœur, d’une longue aiguille.


J’ai beau regarder quand vient le matin,
Je ne trouve pas trace de blessure,
Pas de sang séché qui tache mon sein…
Mon cœur fut pourtant percé, j’en suis sûre.

Pour que j’aie si mal, dis-moi, qu’as-tu fait ?
Si mal à mon corps, si mal à mon âme,
Cette nuit, j’ai vu, quand tu te penchais,
Mon sein fut brûlé d’une grande flamme

Ah ! c’est donc cela que je souffre tant !
Tu n’as pas plongé dans mon sein sensible,
L’aiguille entrevue, la nuit, en rêvant.
Tu mis un baiser, c’était plus terrible.