Spéculations/Les gardes civiques de Bruxelles

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SpéculationsFasquelle éd. (p. 174-175).

LES GARDES CIVIQUES DE BRUXELLES

Des incidents analogues à la mutinerie d’Anvers se sont produits à Bruxelles le 2 juin. Les chasseurs-éclaireurs, à leur retour de l’exercice, ont rompu les rangs et sifflé à outrance le colonel Declercq.

Ce fait, pas plus qu’aucun autre, n’aura le pouvoir de nous faire dire quoi que ce soit d’irrévérencieux envers l’armée, dont les exercices nous ont toujours paru un des délassements de l’esprit les plus agréables, du moins pour le spectateur. Mais nous pensons qu’il y a, dans le geste des gardes civiques, quelque chose à retenir pour le plus grand bien de l’armée. Nul ne proteste quand un simple soldat est puni de salle de police ou même de peines plus graves. Et pourtant, qu’y a-t-il de plus négligeable au milieu d’un si grand nombre d’hommes, que la peccadille d’une de ses unités ? L’erreur d’un caporal ou d’un capitaine devient plus répréhensible à mesure que le grade s’élève, à cause de la multitude de fautes subordonnées qu’elle entraîne. Ne serait-il pas à désirer qu’à l’exercice les soldats prissent l’habitude patriotique, chaque fois qu’un officier supérieur s’écarte tant soit peu de la perfection militaire, de l’y ramener par divers moyens coercitifs, et de le faire recommencer jusqu’à ce que ce soit tout à fait bien ?