Sur la nécessité de l’union entre les citoyens

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SUR LA NÉCESSITÉ


DE L’UNION


ENTRE LES CITOYENS.


SEPTEMBRE 1792.

SUR LA NÉCESSITÉ
DE L’UNION
ENTRE LES CITOYENS.

Si nous demeurons unis, nous sommes sûrs de triompher de nos ennemis. On ne subjugue point une nation de vingt-six millions d’hommes qui veut rester souveraine et libre. Nous n’avons donc à craindre que nos divisions : et je ne vois qu’un moyen de les éviter, c’est que tous les citoyens se réunissent à la Convention nationale ; c’est que, s’adressant à elle avec confiance, ils la fassent dépositaire et juge de tous leurs soupçons contre les fonctionnaires publics, contre les individus.

On peut être assuré d’avance qu’elle ne placera point dans la constitution de chef héréditaire et inviolable du pouvoir exécutif, que cette institution si dangereuse ne menacera plus notre liberté. On peut être également certain, et qu’elle n’établira entre ses citoyens aucune distinction fondée sur la richesse ou sur la quotité de l’impôt, est qu’elle soumettra à l’acceptation libre et immédiate du peuple français, réuni dans ses assemblées primaires, la constitution rédigée par leurs représentants. Or, ces trois points convenus, quel motif d’inquiétude pourrait exister encore ?

Que les citoyens s’unissent donc à elle ; qu’ils l’appuient de leurs suffrages, qu’ils l’aident à détruire tous les obstacles qui pourraient l’empêcher de déployer avec une liberté entière pour la défense commune, pour le rétablissement de l’ordre, toute la force nationale.

Le pouvoir exécutif ne doit plus inspirer que de la confiance. La Convention nationale, comme l’Assemblée actuelle, saura le surveiller sans défiance. Si ses ordres excitent quelques inquiétudes, c’est à leurs représentants que les citoyens doivent s’adresser ; mais l’obéissance préliminaire est un devoir impérieusement commandé par le salut public. Le refus d’exécuter un ordre peut, dans les circonstances actuelles, entraîner la prise d’une place importante, l’invasion d’un département, la perte de plusieurs milliers de nos frères.

Les citoyens doivent soigneusement se défendre contre ceux qui cherchent à semer entre eux la défiance, à les porter à des violences contraires à la loi, à ne pas respecter les règles établies par les Assemblées nationales pour le maintien de la propriété, de la liberté, de la sûreté. Non-seulement ces violences sont criminelles, non-seulement elles sont une violation du droit des hommes, une usurpation du pouvoir qui n’appartient qu’au peuple entier, et non à une seule section du peuple ; mais rien ne peut être plus dangereux pour le salut public. D’à bord, ces mouvements tumultueux entravent l’action des pouvoirs légitimes dans un moment où une défense que le nombre et la puissance de nos ennemis rendent difficile par elle-même, exigerait que ces pouvoirs pussent déployer librement toute leur activité. Ces mouvements effrayent tous les hommes amis de la tranquillité et de la paix, et les forcent à s’isoler, à chercher leur sûreté dans l’inaction. Enfin les violences, suite trop malheureuse de ces mouvements, nuisent à notre cause auprès des nations étrangères. Quelques-unes balancent entre nous et nos ennemis ; nous pourrions diminuer la force des puissances qui se sont déclarées, en répandant parmi ceux qu’elles nomment leurs sujets, des principes révolutionnaires.

Mais pouvons-nous espérer quelque succès, si les désordres qui ont accompagné cette seconde révolution se prolongent encore ? Les autres peuples, avant d’en commencer une, ne calculeront-ils pas ce que celle-ci nous a coûté ? Les reproches auxquels nous nous exposons ne refroidiront-ils pas le zèle, ne diminueront-ils pas l’autorité de nos partisans ; ne nous deviendra-t-il pas bien plus difficile de soulever en notre faveur la masse de l’option publique ? Mais, après s’être prémunis contre ces défiances que l’on sème entre eux, les citoyens des départements doivent aussi ne pas céder trop facilement à celles qu’on voudrait exciter entre eux et les habitants de Paris. Je n’ignore pas la conduite très-criminelle de quelques-uns des commissaires actuels de la commune de Paris ; je sais qu’ils ont pu même égarer une portion du peuple ; mais la majorité est bien loin de partager ces fureurs ; elle les condamne, et elle en gémit.

Toute division, entre Paris et les départements serait funeste, en ce moment, à la sûreté de l’empire. Détestons les coupables, éclairons ceux qui sont égarés, restons unis avec des frères qui, comme nous, veulent l’égalité et la liberté. Tel doit être, à l’égard des habitants de Paris, le langage des citoyens des départements. La France a besoin d’être forte pour résister à tant d’ennemis, et pour être forte, elle a besoin d’un centre commun. Si, ce que je ne crois pas, il s’élevait des doutes sur la liberté, sur la sûreté des membres de la Convention nationale ; si ces doutes agitaient les citoyens des départements, qu’ils s’adressent à leurs députés ; qu’ils leur offrent les forces nécessaires pour les défendre, mais qu’aucune démarche précipitée n’allume le flambeau d’une discorde, qui pourrait devenir fatale à la liberté.

C’est à cette liberté, c’est à cette égalité que nous avons fait tous les sacrifices ; aucun de nous ne s’occupe plus ni de ses intérêts, ni de sa vie, ni de son bonheur personnel, ni même de sa gloire.

Assurons-nous donc de laisser à nos enfants ce précieux héritage.

Mais le seul moyen, c’est que les citoyens prennent et expriment avec énergie la volonté de faire respecter la sûreté, la liberté, la propriété, et celle de se soumettre aux décrets de la Convention nationale, celle enfin de ne point souffrir qu’il soit porté aucune at teinte ni à son indépendance, ni aux droits des individus.

Alors nous aurons unité de force, alors nous serons sûrs de vivre égaux et libres.