Traité élémentaire de la peinture/151

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 125-126).


CHAPITRE CLI.

D’où vient à l’air la couleur d’azur.

L’azur de l’air vient de ce que l’air est un corps très-transparent, éclairé de la lumière du soleil, et placé entre la terre et le ciel qui est un corps opaque, qui n’a point de lumière de lui-même : l’air, de sa nature, n’a aucune qualité d’odeur, ni de goût, ni de couleur ; mais il prend fort facilement les qualités des choses qui se trouvent autour de lui, et il paroîtra d’azur d’autant plus beau, qu’il aura derrière lui des ténèbres plus épaisses, pourvu qu’il y ait une distance convenable, et qu’il ne soit pas trop humide, et qu’on prenne garde que vers les montagnes qui ont plus d’ombre, l’azur y est plus beau dans un grand éloignement, pour la même raison qu’aux lieux où l’air est plus éclairé, on voit davantage la couleur de la montagne que celle de l’azur, duquel elle est colorée par l’air qui se trouve entre l’œil et elle.