Traité élémentaire de la peinture/163

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 138-139).


CHAPITRE CLXIII.

De la couleur des montagnes.

Une montagne qui est éloignée de l’œil, si elle est d’une couleur obscure, paroîtra d’un plus bel azur qu’une autre qui sera moins obscure, et la plus obscure sera la plus haute et la plus couverte de bois ; parce que sous les grands arbres il s’y trouve encore d’autres petits arbrisseaux qui paroissent obscurs, le jour d’en haut leur étant ôté par les plus grands ; outre que les arbres sauvages des forêts sont d’eux-mêmes encore plus sombres que les arbres cultivés : car les chênes, les fouteaux, les sapins, les cyprès, les pins, et tels autres arbres champêtres, sont beaucoup plus sombres que les oliviers que nous cultivons. Vers la cime des hautes montagnes où l’air est plus pur et plus subtil, l’azur paroîtra plus pur et plus noir que vers le pied des montagnes où l’air est grossier. Une plante paroît moins détachée de son champ, lorsqu’elle est sur un autre champ, dont la couleur approche de celle de la plante ; le contraire arrivera si ces deux couleurs sont contraires l’une à l’autre. Dans un objet blanc, le côté qui approchera plus près du noir paroîtra plus blanc ; et au contraire, le clair qui sera plus éloigné du noir ou de l’ombre, paroîtra moins blanc, et la partie du noir qui sera plus près du blanc paroîtra plus obscure ; et le contraire arrivera, si elle en est éloignée.