Trop haut

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Cahiers de la Quinzaine, série 12, cahiers 4 à 6, 1910-1911 (p. 86).

TROP HAUT

Le sommet glacial des sublimes montagnes
Ignore les saisons. Éternellement pur.
Éternellement blanc dans l'immuable azur,
Il dédaigne l'aspect changeant de nos campagnes.

Ah! chercheur d'absolu, crains de devenir dur !
L'impassibilité c'est ta froide compagne ;
Tandis que l'artisan souffre et meurt dans son bagne,
Tu trouves dans la tour d'ivoire un abri sûr.

Vois ! la graine a germé dans notre humble vallée,
Sous un manteau de fleurs la tristesse est vouée
Et nos cœurs attendris commencent d'espérer.

Aux mystères trop hauts notre âme n'est point faite :
De l’infini des cieux escaladez le faîte,
Nous, restons ici-bas pour aimer et pleurer.