Un drôle de voyage/02

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J. Hetzel et Cie (p. 17-31).

II

le départ

« Tout de suite ! c’est qu’on nous verrait et qu’on nous empêcherait de partir, répondit Mimile.

— Mais quand, alors ?

— Dans deux heures, quand mon oncle et ma tante seront sortis avec Louise et Dorette.

— Et si mon oncle nous voit objecta Charlot à son tour.

Papa est parti pour l’usine depuis ce matin, et il ne reviendra que demain soir.

— Que nous allons être heureux ! » s’écria Charlot, qui n’était plus du tout malade.

Et se frottant les mains, il se mit à danser avec Mimile, qui profita de l’occasion pour essayer des pas de sauvages, comme il disait.

Cela dura quelques minutes.

Puis comme Mimile, malgré sa gaieté, était un garçon plus pratique que Charlot, il s’arrêta court en disant :

« Tout ça, c’est très-bien, mais il faut faire nos apprêts de voyage, si nous voulons partir.

— Quels apprêts ? demanda Charlot étonné.

— D’abord, tu ne peux pas t’en aller en chemise jusqu’en Amérique.

— Ça, c’est vrai, répondit Charlot, qui passa aussitôt son pantalon.

— Il faut ensuite que nous mettions de bons souliers… tu sais, pour la grande marche que nous avons à faire… En voilà justement deux paires. Regarde comme ils sont forts… on dirait même qu’ils sont tout neufs.

— Ce sera pour aller à la chasse au lion et marcher sur les serpents, lit observer Charlot tout joyeux.

— Il nous faut au moins chacun deux chemises de flanelle ; c’est nécessaire pour les voyages ; les voici. »

Mimile avait ouvert à deux battants l’armoire où on serrait les effets à leur usage et il puisait à même.

Il continua :

« Voici six mouchoirs, chacun trois, et autant de paires de chaussettes.

— Maintenant, il nous faut des armes, dit Charlot.

— Nous avons nos arcs et chacun une douzaine de flèches pour tuer les sauvages s’ils nous cherchent querelle.

— Et pour les lions demanda Charlot.

— Sois tranquille, j’ai notre affaire… Attends un peu. »

Et Mimile sortit d’un air mystérieux.

Peu de temps après, il revint avec deux grands couteaux de cuisine enfermés dans leur gaîne.

Charlot eut un air désappointé.

« J’aimerais mieux un grand sabre, » dit-il.

Mimile tira un des couteaux de sa gaîne.

« Ceci est bien préférable regarde comme ça coupe et comme c’est pointu.

— C’est trop court, répondit Charlot en maniant l’ustensile.

Justement !… c’est plus commode. Écoute-moi bien : le lion, qui est très-sournois, s’approche pour te mordre ; tu n’as pas l’air de faire attention… mais dès qu’il arrive un peu trop près, tu te retournes et tu lui plonges ton couteau dans l’estomac… c’est lui qui est attrapé !

— Sans doute, objecta Charlot ; mais si j’avais un grand sabre, très-grand, je le lui enfoncerais dans la gueule, et de loin, et cela l’embrocherait jusqu’à la queue. Cela le tuerait davantage.

— Bah ! pourvu qu’il soit mort assez pour que nous puissions lui prendre sa peau.

— Au fait, » dit Charlot.

Mimile, qui avait déjà passé son couteau à sa ceinture, fut immédiatement imité par Charlot.

« Maintenant, dit Mimile, il faut casser nos tirelires pour prendre notre argent.

— Pourquoi faire, de l’argent ? demanda Charlot. On a tout pour rien en Amérique.

— Tiens, pour acheter n’importe quoi, ne fût-ce que des poupées sauvages à nos petites sœurs ; ça se paye, ces choses-là, ça ne se trouve pas sur les arbres.

— Quand on va dans le pays où l’on n’a qu’à faire un trou pour en tirer de l’or et de l’argent, il est bien inutile d’en charger ses poches en partant.

— C’est égal, j’emporte mon argent… j’aime mieux ça.

— Voilà une idée ! dit Charlot.

— Et si en route nous avons besoin d’acheter un sucre d’orge, un petit pain, ou de monter en omnibus ?… » répliqua Mimile, qui était décidément un garçon prévoyant.

Charlot haussa les épaules.

« Tu sais bien que papa a dit qu’il fallait beaucoup d’argent pour voyager, reprit Mimile.

— Eh bien, prends ton argent avec le mien, et tu le jetteras s’il t’embarrasse. »

Mimile répondit par un signe de tête affirmatif, brisa les deux tirelires et fit le compte de l’argent qu’elles contenaient. Il y avait cent cinq francs dans chacune, en tout deux cent dix francs.

Cette somme importante, tout en or, provenait de leurs étrennes accumulées depuis trois ans et des libéralités qu’on leur faisait à certains jours de fête, et aussi quand ils avaient de bonnes places et de bonnes notes, ce qui arrivait quelquefois.

Mimile entassa son trésor dans son porte-monnaie, qu’il serra dans la poche intérieure de sa veste.

Ils prirent alors leurs sacs de collégiens, en ôtèrent les livres, y substituèrent leurs effets, placèrent sur le dessus leurs arcs démontés et leurs flèches ; bouclèrent le tout et se tinrent prêts à partir.

Charlot était radieux.

« Tout le monde vient de sortir !… s’écria bientôt Mimile, qui faisait le guet depuis un quart d’heure ; en route !… »

Cependant, au moment de franchir la porte de sa chambre, Charlot eut un remords et dit à Mimile, d’une voix qu’il essayait de rendre ferme :

« Mimile ! J’ai envie, d’écrire à maman que nous sommes obligés de partir en voyage. Il faut qu’elle sache, il faut qu’elle n’ait pas de chagrin, ni papa, ni Louise, ni Dorette, ni tes parents non plus. Il faut… »

Il ne put achever sa phrase. Mimile vit bien que les yeux du gros Charlot se remplissaient de larmes. Mais le sort en était jeté. Il fit celui qui ne voit rien et se contenta de répondre :

« Ce sera mieux. Ce sera même plus… convenable.

— C’est nécessaire, » dit Charlot.

Et revenant sur ses pas, il se mit à écrire rapidement ce qui suit :

« Chers parents,

« Vous voulez que je guérisse, eh bien ! il n’y a qu’une chose qui puisse couper ma fièvre, c’est de faire pour ma santé un petit tour en Amérique.

« Je pars avec Mimile, qui n’avait pas d’abord envie de venir, mais qui ne veut pas m’abandonner. Nous avons bien du chagrin d’être obligés de partir sans vous embrasser, mais vous êtes tous sortis, et nous sommes bien pressés. Pardonnez-nous de nous en aller sans votre autorisation.

« Je dois aussi vous dire de ne pas nous attendre pour dîner. Mais nous reviendrons le plus tôt possible.

« Mimile et moi nous vous embrassons tous, chers parents. N’ayez pas peur pour nous, nous emportons tout ce qu’il faut, et je vous promets que nous serons bien sages.

« Votre dévoué
« CHARLOT. »

Puis il laissa sa lettre très en vue sur la table en disant :

« Je suis plus content d’avoir fait cela. Partons.

— Partons… » répéta Mimile.

L’après-midi s’avançait.

Cinq minutes après, ils étaient dans la rue, le sac au dos, guêtres jusqu’aux genoux, leur couteau à la ceinture, le chapeau rond sur l’oreille, une canne à la main, et ils se dirigeaient à grands pas vers l’Amérique.

Après s’être consultés un moment sur la route qu’ils devaient suivre, car c’était, bien entendu, par le plus court qu’ils voulaient se rendre à leur destination, ils traversèrent le boulevard Montmartre pour gagner la rue Richelieu qui devait les conduire tout droit à la place du Carrousel, et enfin au bord de la Seine.

Voici ce qui avait déterminé leur itinéraire :

ii
cinq minutes après, ils étaient dans la rue.

Mimile, qui semblait avoir pris tout à coup la direction de l’expédition, avait dit à son cousin :

« Écoute, Charlot, tu parlais d’aller à pied en Amérique, mais je pense qu’il vaudrait mieux nous embarquer sur un navire, ce serait moins fatigant.

— Sur un navire !… s’écria Charlot étonné.

— Oui ; tu sais bien que nous en avons visité un avec papa, la dernière fois que nous sommes allés tous ensemble au Jardin du Luxembourg.

— Je me le rappelle, un très-joli navire qui se trouve tout près des Tuileries.

— Et qui revenait du Japon, tu sais bien ?

— Parfaitement, répliqua Charlot.

— Le capitaine a l’air d’un bon enfant, et il voudra peut-être nous emmener.

— On peut toujours le lui demander, » fit observer Charlot.

C’est alors que nos petits voyageurs avaient pris le chemin dont nous avons parlé.

Leur tenue étrange, aussi bien que leur marche rapide, affairée, les faisait remarquer par tous les passants.

« Tiens ! On dirait les enfants de Robinson ; il ne leur manque qu’un parapluie, » disaient les uns.

Et en voyant leurs couteaux de cuisine :

« Ce sont des marmitons en voyage, bien certainement, disaient les autres.

— Mais non ; ce sont de petits saltimbanques qui vont rejoindre leur troupe.

— Ou de petits Auvergnats qui vont poser chez un peintre. »

Charlot et Mimile n’entendaient guère ces observations, et ils continuaient à trotter comme des lapins fraîchement sortis de leurs terriers.

« Si nous achetions chacun un gros bâton de sucre de pomme pour sucer en route ? dit tout à coup Mimile en s’arrêtant devant un confiseur.

— Comme tu voudras, » répondit Charlot.

Mimile fit l’emplette, en y ajoutant une livre de chocolat, et ils poursuivirent leur chemin.

Quelques pas après, il s’arrêta devant un charcutier en disant :

« Dis donc, Charlot, si nous achetions un saucisson un peu gros ? on peut avoir faim en route, ça se voit tous les jours dans les voyages que j’ai lus.

— Achète ! » dit Charlot, à qui ce détail paraissait de la dernière insignifiance, mais qui ne voulait pas contrarier son compagnon.

Mimile acheta non-seulement deux livres de saucisson, mais encore une douzaine de ces petits pains fourrés de jambon qu’on nomme des sandwichs.

Puis, comme toutes ces emplettes commençaient à l’embarrasser, il s’arrêta devant un bazar pour y acheter un sac de voyage où il installa toutes ses provisions. Il profita même de cette occasion pour acheter deux bouteilles recouvertes d’osier qu’il fit remplir d’eau et de vin chez un épicier. Enfin, ses deux bidons étant garnis des cordons nécessaires, il s’en passa un en sautoir et donna l’autre à Charlot qui en fit autant.

« Toutes ces choses-là vont beaucoup nous embarrasser pour courir après les lions, disait-il.

— Nous les poserons à terre, avant de nous élancer, voilà tout, répliqua lentement Mimile.

— Je crois qu’il est bien inutile de penser à tant de choses, reprenait Charlot ; on trouve de tout en Amérique, surtout dans les forêts. Harrisson m’a tout dit.

— Nous verrons ! nous verrons ! répondit Mimile ; il serait possible pourtant que nous ne trouvions ni vin, ni saucisson, ni chocolat sur les arbres, ni même du sucre de pomme, et dans le doute il n’est pas mauvais de s’en précautionner. Tu l’aimes beaucoup, le sucre de pomme, Charlot.

— C’est vrai, mais j’aimerai bien mieux le sucre des cannes à sucre ; c’est là le vrai sucre, et là-bas il y en a partout, on marche dessus ! c’est de l’herbe. Dépêchons-nous. »

Charlot était décidément très-pressé d’arriver en Amérique.

Cinq minutes plus tard, ils débouchaient sur le quai, en face de Paris-Port-de-Mer ; c’était le nom du navire dont nous avons parlé plus haut.

Nos deux petits voyageurs s’arrêtèrent un moment pour contempler avec admiration ce superbe bâtiment.

« C’est un joli bateau tout de même, dit Mimile.

— Nous aurons le temps de le regarder quand nous naviguerons dessus, dit Charlot. Allons tout de suite trouver le capitaine. »

Charlot craignait évidemment de voir le navire s’éloigner sans eux.

« Allons ! » répondit Mimile en descendant aussitôt l’escalier qui conduit sur la berge.

Charlot se précipita sur ses talons.

Dès qu’ils furent en bas, Mimile se retourna vers Charlot en lui disant :

« Je vais passer devant, tu me laisseras parler au capitaine.

— C’est ça, tu lui parleras le premier, » dit Charlot, qui aimait autant ne pas se risquer.

En quelques pas ils furent sur le pont volant qui conduisait au navire.

« Ces messieurs veulent visiter le bateau ? » demanda le matelot qui se trouvait sur leur passage.

Il est bon que vous sachiez, chers lecteurs, que Paris-Port-de-Mer, pendant qu’il stationne à Paris, est visible pour les amateurs, à raison de cinquante centimes par personne. C’est d’ailleurs une véritable curiosité qu’un navire à voiles mouillé dans les eaux de la Seine.

Mimile répondit aussitôt :

« Nous voulons parler à M. le capitaine.

— Très-bien, messieurs. Le capitaine est justement là, je vais vous conduire auprès de lui.

— Il a dit : « Messieurs, » fit observer Charlot en se rengorgeant.

— Je l’ai entendu, répondit philosophiquement Mimile.

— Qu’est-ce ? demanda le capitaine en apercevant nos petits voyageurs.

— Ce sont ces jeunes messieurs qui désirent vous parler, mon capitaine, répondit le matelot avec un singulier clignement d’yeux.

— C’est bien, laisse-nous. »

Puis se tournant brusquement vers Mimile et Charlot :

« Parlez ! Qu’y a-t-il pour votre service ?

— Monsieur le capitaine, répondit Mimile, qui ne manquait pas d’assurance, nous sommes venus vous trouver, Charlot et moi, pour vous prier de nous conduire en Amérique.

— Oh ! oh ! dit le capitaine d’un air goguenard.

— Oui, monsieur, dit Mimile.

— Et vous voudriez y aller tout droit, sans vous arrêter en chemin ?

— Oui, monsieur le capitaine, tout à fait tout droit, dit vivement Charlot.

— D’emblée enfin, comme un coup de canon qui arrive presque en même temps qu’il part.

— C’est juste ça, dit Mimile.

— Très-bien. Et que voulez-vous faire en Amérique ?

— Nous voulons aller tuer des lions et des tigres, dit Charlot.

— Parfait !… Mais alors, c’est dans la zone torride de l’Amérique méridionale qu’il vous faut aller, reprit le capitaine en conservant son air goguenard.

— Ça ne fait rien, nous irons où il faudra, répondit bravement Charlot.

— On ne saurait mieux parler, et je vais vous y conduire.

— Merci, monsieur le capitaine !

— Il est bien entendu que vous avez de quoi payer votre traversée ?

— Combien est-ce ? dit Mimile en tirant son porte-monnaie.

— Ce sera trois mille francs pour vous deux, nourriture et bagages compris.

Mimile regarda Charlot d’un air consterné.

— Trois mille francs ! répéta Charlot.

— Vous n’avez pas d’argent, je vois ça, reprit le capitaine.

— Nous n’avions pas cru, monsieur le capitaine, que ce fût aussi cher, dit Mimile.

— Voyons, il y a peut-être moyen de s’arranger… Ce ne sera rien du tout, si vous voulez me servir en qualité de mousses pendant le voyage.

— Nous voulons bien, monsieur le capitaine, dit vivement le gros Charlot, qui ne se rendait pas compte de l’engagement qu’il allait prendre.

— Qu’est-ce que nous aurons à faire ? demanda Mimile.

— Oh ! presque rien, dit gravement le capitaine ; vous n’aurez qu’à frotter le navire du haut en bas pour le faire reluire comme une glace, battre les habits des passagers, laver la vaisselle, et enfin remettre tout en place après les repas.

— Ce n’est pas bien difficile, dit Charlot.

— Pas le moins du monde, ajouta Mimile.

— Maintenant, vous connaissez la discipline du bord ?

— Non, monsieur, répondit Charlot.

— Oh ! elle est très-douce. À la première faute, vous recevrez vingt coups de garcette, — et il montra aux enfants un martinet de cordes dont chacune se terminait par un nœud ; — cinquante à la seconde…

— Et à la troisième ? demanda Charlot avec une vague inquiétude.

— À la troisième, on vous attache un boulet au pied et l’on vous jette à la mer ; c’est autant de gagné pour les requins qui suivent le bâtiment. »

Mimile regarda Charlot en faisant une grimace très-significative.

« Ça vous fait réfléchir, mes petits messieurs ?

— Être jeté aux requins, ce n’est pas gai, fit observer Mimile.

— Oui, mais si l’on fait bien son devoir ? demanda Charlot.

— Oh ! alors, vous serez traités comme des princes. Vous aurez du bœuf salé, de la morue et des haricots cuits au naturel à tous les repas. »

Mimile fit une nouvelle grimace pendant que Charlot se hâta de répondre :

« Mimile et moi nous ne sommes pas gourmands.

— C’est décidé, alors, à la condition que vous entrerez immédiatement en fonction, afin de montrer ce que vous savez faire. »

Le capitaine siffla après avoir prononcé ces paroles, et le matelot qui avait introduit nos voyageurs parut sur le seuil.

« À partir d’aujourd’hui, ces gaillards-là font partie de l’équipage en qualité de mousses ; je compte sur toi pour les mettre au courant de leur besogne ordinaire, et à la raison si c’est nécessaire. »

Le matelot cligna de l’œil, s’inclina, se retourna, et poussa Charlot et Mimile devant lui, sans beaucoup de cérémonie.

Dix minutes ne s’étaient pas écoulées, que les deux cousins, débarrassés de leur attirail de voyageurs, étaient en fonction, c’est-à-dire que Charlot lavait la vaisselle et que Mimile tenait un chiffon de laine à la main et frottait l’intérieur du navire avec acharnement.

Le moins amusé était le premier des deux, qui ne savait pas plus manœuvrer sa vaisselle que le linge dont il se servait pour l’essuyer.

Enfin, comme les assiettes lui échappaient facilement des mains et qu’il avait déjà failli en casser plusieurs, il s’était décidé à s’asseoir et à les appuyer sur ses genoux.

Le moyen n’était pas mal imaginé ; par malheur, le matelot qui était son chef immédiat lui ordonna de se mettre sur ses pieds, en lui faisant observer assez vertement qu’un pareil travail s’était toujours fait debout, et qu’il faut être bien paresseux pour avoir l’idée d’y procéder différemment.

Charlot était devenu rouge comme une pivoine à cette sévère apostrophe ; mais il s’était remis sur ses pieds sans souffler mot.

La vaisselle essuyée, le matelot alla chercher les bottes du capitaine et les fit cirer sous ses yeux par le nouveau mousse.

Charlot, en sa qualité de fils de famille, n’était pas plus habile à ce travail qu’au premier, ce qui lui valut d’être rabroué une seconde fois, et plus énergiquement que la première, par le matelot.

Tant bien que mal, les bottes se trouvèrent cirées.

« J’espère que ça reluira mieux que ça la prochaine fois, dit le matelot d’une voix rude. Tu sauras, méchant môme, que le capitaine veut pouvoir se mirer absolument dans ses bottes. Il n’a pas d’autre miroir. »

Mimile, pendant ce temps, se démanchait toujours les bras à frotter les planches du navire.