Utilisateur:Yellostyes

La bibliothèque libre.

LE MANIFESTE DU COPISTE (wip)

I

DIALOGHI INSIGNIFICANTI

SULLA CONDIZIONE UMANA CEDUTI DA DIO


N'est-ce donc que je me trouvois en lieux de dire choses impertinentes ?
Non, c'est que je copie pour auts, choses impertinentes !


"Ô quelle misère que d'en être réduit à cela ! Ne puis-je donc pas dire par moi-même toutes ces choses bien plus intelligentes, qu'on me fait taire pour laisser parler les plus mauvais des lettrés ?", dénonce le plus simplet des lecteurs et le plus amateur des écrivains; pourtant n'a-t-il dans ses mots un fond de Raison ? "C'est vrai ! écoutez ce que je dis, une fois que l'on fait ouïr mes paroles comme évangile ! me voilà satisfait !" Oh quelles bêtises se plaît-il à dire ! Voilà qu'il se prend pour le Messie, au nez et à la barbe des clercs : intervenez je vous prie ! "Tout à fait mon bon ami, j'interviendrai. - Allez-y, mais sachez tout de même que je ne vous apprécie guère. - C'est votre droit. Enfin ! laissez-moi donc sermonner ce gentil. - J'en conviens, procédez comme il vous chante. - Bon Dieu mais taisez-vous ! Cessez don de parler pour le plaisir du dialogue, et respectez mes prétention à la plus pieuse des tirades ; cette dernière est besoin à mes yeux, il me faut de toute urgence obtenir la grâce du Seigneur : je n'aurai mort que dans peu, et je ne veux point que l'on retienne de moi que mes frivolités hérétiques ! (je ris alors, puis me tus) Bien ; regarde-moi mon fils ! (s'adressant au rodomon, qui ne semblait s'y intéresser : il avait l'air distrait depuis que le prêtre l'ouvrait) Sacrebleu mais respectez-moi ! Etes-vous sataniste pour faire preuve d'aussi peu de respect à l'égard du Divin ? - Oui, pour ma part. (oula !) - Non mais...enfin..! Que fais-je ici ? (ô comme il transpirait le désespoir) Comment veut-on être la plus sage des paroles mortelles si l'on n'a aucun égard pour la plus sainte de toutes ! - Celle de Dieu ? (dis-je pensant là le charmer) - Non ! Enfin ! La mienne ! - S'étonne-t-on ensuite que vous tous, hommes d'Eglise, finissez en Enfer. (ah, ce ne sont point mes propos !) - Oh comme je vous tuerais si mes ordres ne me le prévenait pas. - Je connais bien de vos frères pour qui tuer ne se fait d'aucun péché. - Vous souhaitez donc que je vous assassine ? - Ce spectacle, pour ma part, ne me déplairait pas ; je dirais même que je m'en délecterais. - Pourquoi souhaitez-vous donc ma mort ? Que vous ai-je fait ? - Mais c'est que vous la provoquez mon cher ami. Par cet acte, de plus, je me réjouirai de vous voir périr, et de le voir être emporté par la Justice ; si tant est qu'elle serve. - Mais ne pensez-vous pas qu'il s'attaquerait ensuite à vous, vous qui ne l'appréciez guère ? Ce sont là vos paroles. (il n'avait pas tort) - J'avoue douter qu'il puisse vous abattre, vous qui n'êtes point des plus capables ; j'imagine assez peu alors comme il pourrait simplement m'atteindre. (nous nous mîmes à rire) Voyez comme il est vieux et enrobé ! quoi donc un homme pareil pourrait bien nous faire ? - Ne sait-on jamais, quelque fois qu'il serait capable d'invoquer la puissance divine ! (je ne ris jamais autant) Oh comme nous souffririons de ce si REEL courroux. - Ah, je me meurs déjà de cette si physique, matérielle douleur ! Entendez-moi, c'est que mon esprit coupable s'en veut tant de n'être point le plus suivant des moutons, qu'il s'ordonne sa peine. (l'infarctus me chuchotait à l'oreille. Notre ami le prêtre, lui, marmonnait je ne sais quelles paroles, avant d'hausser la voix à notre front) - Grandeur Céleste ! toi, amie des plus vertueux, défends moi de ces vilains ! Soutiens-moi dans mon entreprise, fortifie ma fidélité, croît ma foi et donne-moi suffisamment de mots pour chasser de ton sein ces vils hommes que ta grâcieuse lumière n'a pas encore touché. Moi, moi, moi ! Moi qui te suis si fidèle depuis que tu me mis en conscience de ton existence, quelle conduite de la mienne me condamne à ces souffrances ? Est-ce pour le péché de mes ancêtres ? Pour ce fruit si défendu que nos aïeux ont eu l'erreur de mettre dans leurs bouches ? Mille fois pour cela je me suis excusé, mille fois je t'ai demandé dans ta généreuse bonté de me pardonner. Moi qui ne suis ni Eve ni Adam, pourquoi dois-je en être responsable ? Misérable que suis-je de ne point voir les portes de l'Eden s'ouvrir à moi ! Après avoir vu le malheur de l'impiété, le danger de ne point se soumettre au Tout-Puissant, j'ai engagé ma vie entière dans ton amour, et dans la propagation de ton message, et cela avec une telle ferveur qu'on me prit bien trop souvent pour un fou !