Vingt-quatre Sonnets/Au Soleil

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Traduction par Francis de Miomandre.
Vingt-quatre SonnetsFrançois Bernouard (p. 56-57).



Au Soleil


parce que, tandis que le poète était avec une dame, il se leva et l’obligea de la quitter.


Déjà je baisais des mains de cristal, déjà j’étreignais un cou lisse et blanc et répandais sur lui une chevelure que l’amour tira de l’or de ses mines,

Déjà je buvais sur les pierres fines de cette bouche mille douces paroles dont je n’étais point digne, déjà sur ces deux belles lèvres je cueillais de pourpres roses sans crainte d’épines,

Quand, ô clair soleil plein d’envie, ta lumière, en me venant blesser les yeux, tua ma gloire et mon bonheur.

Si les dieux ne sont pas assez puissants pour empêcher tes rayons de me causer tant de chagrin, que ces rayons te donnent alors, comme à ton fils, la mort.