Voyage à la Nouvelle-Zélande/02

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II


La cité d’Auckland, sa banlieue. — Ce que ses habitants appellent la campagne.

Après le départ de la Novara, j’allai occuper dans ce qu’on appelle l’Hohl de Clermont (Prince’s street) une riante et spacieuse habitation, chez un hôte parfaitement aimable et bon, M. Winchy. J’avais pour cabinet de travail une vaste pièce, et, des fenêtres, je jouissais d’une vue magnifique sur une grande partie de la ville et du port, qui s’étendaient au-dessous de moi, le long de la côte occidentale jusqu’à la chaîne boisée de Titirangi.

Resté seul, sans mes collègues de la Novara, dont la spécialité avait été la géologie et la botanique, je crus devoir profiter des occasions qui s’offriraient pendant mes voyages pour ajouter à leurs collections commencées les produits de la Nouvelle-Zélande, et je pris aussitôt les dispositions convenables pour arriver à ce résultat. Je fis insérer en même temps dans les feuilles publiques un avis par lequel je sollicitais l’envoi d’objets d’histoire naturelle de toutes sortes. En cela, je me proposais un double but, j’espérais d’abord obtenir par ce moyen des indications sur la nature des contrées que la brièveté de mon séjour ne me permettrait pas de visiter ; puis, j’avais l’intention de poser de cette manière la base d’un muséum pour la ville d’Auckland. Je fus si bien secondé dans mon projet par la complaisance des colons, et mes collections finirent par prendre un tel développement que mon habitation devint insuffisante à les contenir. Avec le plus gracieux empressement, le gouverneur mit à ma disposition un petit bâtiment voisin de ma demeure qui devint dès lors mon muséum, ou, comme je le disais en plaisantant, mon établissement royal zoologique. À l’époque où je partis pour revenir en Europe, il était ouvert en tout temps au public, et j’y recevais presque continuellement un grand nombre d’aimables visiteurs curieux de connaître mes découvertes les plus intéressantes.

L’île septentrionale de la Nouvelle-Zélande se compose de deux parties de dimensions fort inégales et qui sont unies entre elles par un isthme très-étroit, situé sur le 37° de latitude méridionale. Du côté oriental de l’île, la mer pénètre par le golfe Hauraki dans des baies profondément creusées, et l’une de ces nombreuses échancrures s’avance au nord vers la rivière Waitemata. L’isthme n’a guère en moyenne que cinq à six milles anglais de large et il se rétrécit en deux endroits où des criques profondes formées par le Waitemata dans la direction du sud, ne lui laissent plus qu’un mille anglais de largeur. Ce sont ces deux points qu’à une époque reculée les indigènes utilisaient déjà pour faire franchir l’isthme à leurs canots en les transportant d’une rive à l’autre, et c’est là aussi que les colons ont conçu l’idée de creuser un canal pour mettre en communication les deux ports opposés. Si, d’un côté, la rivière Waitemata forme sur la côte orientale le meilleur port du littoral, de l’autre, le bassin du Manukau sur la côte occidentale présente incontestablement un excellent port, le seul ou les grands navires puissent aborder sans danger. Le capitaine Hobson, ont le coup d’œil est si pénétrant, a droit sans aucun doute à une grande reconnaissance pour avoir, en 1840, signalé au gouvernement anglais ce point qui relie entre elles les deux moitiés de l’île septentrionale comme le lieu le plus favorable pour le siége du gouvernement et la capitale de la Nouvelle-Zélande.

Vue de la ville d’Auckland. — D’après M. F. de Hochstetter.

Outre les avantages d’une communication facile et sûre par mer dans toutes les directions, Auckland se relie encore à un grand nombre de points de l’île septentrionale par des fleuves fort importants, parmi lesquels nous citerons dans le nord le Wairoa, qui traverse de magnifiques forêts de Kauris, et le Waiho, ou Tamise néo-zélandaise, qui s’étend au loin dans la direction du sud-est.

Tels sont les avantages naturels, d’une valeur inappréciable, dont jouit la capitale de la Nouvelle-Zélande, à laquelle sa situation a valu le nom de Corinthe du sud, et qui, dans sa prospérité rapide, allonge chaque jour ses rangées de maisons. En 1860, cette ville comptait environ 10 000 habitants, et le nombre de ceux qui sont disséminés dans le district est à peu près égal. On reconnaît l’extrême jeunesse de la ville au grand nombre de ses constructions en bois, mais d’année en année s’élèvent de grands bâtiments en basaltes poreux, extraits des cônes volcaniques environnants, et de jolies maisons en brique qui attestent le progrès du goût architectural. La circonférence de la ville est déjà très-vaste ; en comprenant le faubourg Parnell, on peut compter un mille et demi de diamètre de l’est à l’ouest, et du nord au sud, un mille. La colline comprise entre la Mechanic’s Bay à l’est, et la Commercial Bay à l’ouest, et qui descend à pic vers le port, du côté de la pointe Britomart, forme le centre de la ville. Sur cette colline centrale, et tout près du port, se trouve le fort Britomart, puis l’église métropolitaine de Saint-Paul, les rangées de maisons de Prince’s street, la maison du gouverneur, la caserne, et enfin le moulin à vent. À l’orient, autour de Mechanic’s Bay s’étendent les quartiers habités par les autorités civiles et militaires, les ecclésiastiques et les missionnaires ; à l’ouest de la Commercial Bay se trouve la ville marchande. La situation d’Auckland, avec ses collines s’avançant dans la mer, et les anses comprises entre elles, fait penser à Sydney et aux profondes découpures de sa vaste baie. Comme le port d’Auckland a très-peu de profondeur du côté de la ville, on a dû construire, sur les points de débarquement, des jetées ou piers s’avançant assez loin dans la mer : le Commercial pier, long entre autres d’un quart de mille, est véritablement l’un des ouvrages les plus remarquables des colonies océaniennes, et son utilité est incalculable pour le commerce maritime d’Auckland. Sur la même ligne que cette jetée se trouve Queen’s street, le centre des affaires de la jeune capitale. Sous le rapport des relations, pour quiconque n’est pas habitué à la vie des grandes villes la société d’Auckland laisse peu à désirer. Auckland est déjà pourvu d’une foule d’établissements par lesquels on peut juger du développement auquel elle est appelée. Un jardin botanique et un muséum d’histoire naturelle existent déjà, et tout récemment, à côté d’un grand nombre d’associations et d’autres établissements créés dans un but d’utilité générale, a été fondée une société des sciences, la New-Zealand royal society. La ville possède actuellement douze églises ou lieux consacrés à la prière, dont la plupart appartiennent au culte réformé, dix écoles, une chambre de commerce, trois banques, six feuilles publiques, une société d’acclimatation, une société d’agriculture, plusieurs hôpitaux et établissements de bienfaisance.

D’Auckland, deux voies principales se dirigent l’une vers le nord, et l’autre vers le sud : la Great south road, déjà praticable sur une longueur de trente milles jusqu’à Mangatawhiri sur le Waikato : et la Great north road, qui doit conduire par terre jusqu’à la baie des îles. Une troisième route macadamisée se dirige à travers l’isthme, à la petite ville d’Onchunga située à une distance de six milles sur les bords du port Manukau.

Onchunga était dans l’origine une colonie d’officiers et de fonctionnaires retraités, qui recevaient du gouvernement une petite habitation et une acre de terrain. Elle s’est déjà élevée au rang de ville ; servant de principale place de commerce aux indigènes, elle gagne de plus en plus en importance, et grâce à son heureux site ainsi qu’à la beauté de ses environs, elle est devenue le séjour favori d’un grand nombre de négociants qui ont à Auckland le siége de leurs affaires, et demeurent à Onchunga ou dans le voisinage. Le long de la route, entre les deux villes, on aperçoit un grand nombre de fermes et de métairies. Le sol n’appartient pas cependant aux fermiers seuls, il y a aussi des fonctionnaires, des marchands, des officiers qui placent leurs économies en achats de terrain. De jolies maisons de campagne, avec de charmants jardins, sont répandues sur l’isthme, tandis qu’aux carrefours des routes se trouvent des localités telles que New-Market, Mount Sant-John village, Epsom, Panmure, et plus loin, Otahulu et Howik. Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’avec le temps les terrains soient devenus fort chers à Auckland.

Nous comprenons la joie qu’éprouve l’habitant de nos villes peuplées à l’excès quand, fatigué d’une fumée, d’une poussière et d’un tumulte éternels, il se voit en pleine campagne, sous le beau ciel de Dieu. Lorsqu’il a pu dérober aux affaires quelques jours, sa poitrine, longtemps comprimée dans l’étroite étude, respire alors à pleins poumons, et il parcourt la campagne seul, ou en famille, avec d’autant plus de bonheur que bientôt l’hiver revient avec son manteau de glace et de neige, et le retient prisonnier pendant de longs mois. Mais à Auckland, où l’on peut dire que la ville elle-même est dans la campagne, où la douceur du climat, sauf quelques jours de pluie, ne prive jamais l’heureux habitant de jouir d’un beau jardin attenant à sa maison, et où, libre des entraves de nos hautes et tristes murailles, l’air pur et plein de lumière pénètre dans chaque rue, quand on entend parler d’un goût passionné pour la vie de campagne, il est difficile de ne pas sourire.

Depuis longtemps je me proposais, avec Julius Haast, un compatriote fixé dans le pays[1], de visiter sur la côte nord du port de Waitemata, ou, comme on dit, le North-Shore, un cône volcanique, ainsi qu’un lac remarquable situé dans un ancien cratère, et dont on nous avait beaucoup parlé. Mais un de nos amis qui désirait nous accompagner, nous pria de retarder cette excursion. Comme c’était un cicerone distingué et un agréable compagnon, nous attendîmes deux jours de plus. Nous n’en fûmes pas moins étonnés quand il nous apprit que sa femme et son fils nous accompagneraient pour jouir avec nous du plaisir de la campagne. Dans ce but, il prit avec lui deux tentes pour camper en plein air et mieux savourer le bonheur d’un séjour au milieu des champs. Nous trouvâmes plaisant d’entendre parler ainsi un homme, dont nous avions souvent admiré l’habitation comme l’idéal d’une maison de campagne.

Que l’on se figure, sur l’une des nombreuses petites baies qui découpent la côte près d’Auckland, une jolie résidence tapissée de fleurs de la passion, de chèvrefeuille et de bignonias. En avant de la maison, une verandah couverte de magnifiques fuchsias, dont les ravissantes clochettes étalent leur pourpre sur le toit et les murailles ; tout autour un grand jardin, à l’extrémité duquel se joue la mer d’un bleu profond. Des bateaux et des voiles de toutes sortes animent la surface des eaux, dont une partie appartient au port de Waitemata, si riche en baies pittoresques. De ce côté on aperçoit la côte nord et ses petits cônes volcaniques que domine le cône régulier du Rangitoto, avec ses pointes perçant l’azur du ciel ; c’est, en un mot, un paysage d’un tel attrait, que jamais nous ne pouvions nous lasser de l’admirer. Voilà le cadre de la demeure poétique de notre ami, et le beau jardin qui en dépend est le type le plus parfait des jardins de la Nouvelle-Zélande ; c’est un coin de terre sur lequel on doit se sentir heureux de vivre. La propriété est enclose de haies hautes de six à huit pieds, formées de roses de tous les mois, de fuchsias, de géraniums dont les feuilles et les fleurs forment un riche tissu aux couleurs variées. Le climat humide de la Nouvelle-Zélande conservera cette plantureuse végétation, même au cœur de l’été, toute sa fraîcheur. Et dans le jardin, quelle diversité d’arbres, d’arbustes et de plantes ! Toutes les productions de la zone tempérée réussissent ici, et près d’elles on voit une foule de végétaux dont l’aspect rappelle des contrées qu’échauffe un soleil plus ardent. Le chêne allemand aux branches noueuses s’élève à côté de l’élégant pin de Norfolk (araucaria) ; le gommier bleu d’Australie (eucalyptus), à côté du saule pleureur et de l’acacia. Au milieu de groupes d’orangers et de citronniers, on distingue le bananier de l’Inde, le palmier-dattier de l’Afrique du Nord, le bois-trompette avec ses grandes fleurs, le grenadier, le myrte et le figuier. Des jasmins, des bignonias et des roses, des héliotropes, des coronilles, des camélias couvrent les plates-bandes d’un gracieux manteau de fleurs et de verdure, tandis que, sur le vert gazon, l’agave de l’Amérique du sud étend ses orgueilleuses fleurs au milieu d’un vigoureux feuillage. On s’égare avec délices parmi ces merveilles de couleurs, d’ombres et de parfums. Mais, pour notre ami comme pour tous ses concitoyens, tout cela n’était pas la campagne, et, montant dans un canot conduit par deux Maoris, nous nous rendîmes à la côte nord, qui est à une heure de distance.

Nous débarquâmes sur une rive basse, parsemée de coquillages, et les Maoris eurent bientôt dressé les deux tentes sous lesquelles nous nous établîmes comme chez nous. La plus grande, destinée à notre hôte et à sa famille, servait en même temps de salle à manger commune ; la seconde nous était réservée pour y passer la nuit. Les tentes étaient si près du rivage, qu’au moment du flux les vagues arrivaient presque jusqu’à elles. C’était une journée sereine, dont un vent du sud-ouest adoucissait agréablement la chaleur.

La localité sur laquelle nous nous trouvions, promet sans doute d’être un lieu de plaisance pour les habitants d’Auckland, mais jusqu’à présent elle n’a guère l’aspect d’une résidence d’été fashionable. Cependant, comme je l’appris, le gouverneur lui-même ne dédaigne pas de passer ici chaque année, avec sa famille, quelques semaines pendant le cœur de l’été, et, comme nous, il campe sous une tente. En dehors des petites huttes de bois de quelques colons et de la maison du pilote, il n’y avait aucun abri sur le North-Shore. Mais aux yeux de beaucoup d’habitants d’Auckland, c’est une diversion agréable que d’échanger, pendant un court espace de temps, le confortable d’une maison pour la vie simple et rude de la tente.

En suivant la côte, nous arrivâmes à un échafaudage long d’environ trente pieds. Nos nerfs olfactifs nous en firent connaître, à une distance considérable, la destination. Une longue file de requins et de poissons de diverses sortes était suspendue à cette construction pour sécher, à l’aide du vent qui les agitait dans tous les sens, promettant ainsi pour l’hiver, aux indigènes, des mets délicats et d’un « haut goût. » Des porcs et des chiens s’agitaient à l’entour, et à peu de distance se trouvaient quelques huttes maories.

Les vieillards, assis devant la porte, nous adressèrent leur amical Tenakoe (te voilà), tandis que, demi-nus, les enfants aux yeux noirs regardaient avec étonnement et ne paraissaient pas comprendre ce que voulaient ces deux hommes, un marteau à la main. Les cultures voisines des huttes se composaient de pommes de terre, de choux et autres légumes. Entretenues avec assez de soin, elles étaient entourées d’un mur de quatre pieds formé de grands blocs de lave superposés, et sur lequel de jolies plantes grimpantes entrelaçaient leur épais et frais feuillage.

Après avoir examiné le cratère de Takapuna, qui était le but de notre excursion, nous vîmes, en retournant à nos tentes, un feu clair qui brûlait derrière une hutte construite en blocs de lave. Une bouilloire à thé était suspendue au-dessus des flammes, et nos maoris étaient occupés à ramasser des huîtres qui se trouvaient en abondance sur les rocs du rivage. Dans la tente, en ménagère attentive, la femme de notre ami avait préparé un excellent dîner auquel nous apportions le meilleur appétit. C’est en vain cependant que je m’attendais à y trouver aussi des huîtres ; comme j’ai un faible tout particulier pour ces mollusques, je me dirigeai vers les indigènes pour voir de quoi il s’agissait. Je les trouvai frappant avec une pierre sur les huîtres qu’ils avaient fait griller et dont ils savouraient ensuite le contenu. Trois grandes pierres, chargées des plus belles huîtres, étaient encore sur les charbons ; les indigènes, me les indiquant du doigt, me dirent : Kapai (très-bon), et ils les poussèrent devant moi quand les coquillages eurent subi le degré de cuisson convenable. Naturellement, je ne me fis pas beaucoup prier ; les huîtres ainsi rôties sur des charbons ne sont pas en effet un mets à dédaigner. Les écailles se laissaient facilement détacher, et les chairs, cuites dans leur jus, avaient un goût excellent. Quand j’eus débarrassé de la manière la plus consciencieuse la pierre qui me servait d’assiette, je dis à mon tour kapai, et j’allai retrouver la pâtisserie de notre aimable hôtesse qui ne put réprimer un malin sourire en apprenant mes pérégrinations gastronomiques.

Quand la table fut enlevée, nous nous mîmes en route pour gravir la colline du Pavillon ou mont Victoria. C’est le point le plus élevé du North-Shore. Dans les temps primitifs, le sommet du mont portait un pah de guerre, et des fortifications de ce pah s’échelonnent sur la pente des terrasses de dix à quinze pieds ; sur le côté nord de la colline, se trouve un fossé de vingt pieds de large et d’une égale profondeur. La cime forme un plateau et présente un cratère demi-circulaire ouvert au sud-est, et sur lequel des courants de lave, formant une zone pierreuse, ont coulé jusqu’à la mer. La vue dont on jouit du sommet est vraiment ravissante : on aperçoit tout le port de Waitemata, et au loin le golfe Hauraki avec ses îles et ses caps, et la mer animée par des voiles de toutes formes et de toutes tailles. Derrière la montagne est paisiblement assis un grand village maori appartenant à une tribu qui a émigré de la baie des Îles, et qui depuis des années paye volontairement à l’État une livre sterling par arpent pour tirer du sol fertile le maïs, le froment, les pommes de terre et les légumes destinés au marché voisin d’Auckland. Grâce à leur activité, ces braves gens sont arrivés a un certain bien-être. Sur le rivage on voyait leurs embarcations, parmi lesquelles plusieurs canots de guerre décorés à l’avant et à l’arrière de riches sculptures ; il s’y trouvait aussi plusieurs bateaux baleiniers.

La soirée nous trouva assis dans nos tentes et devisant entre nous. Le murmure de la mer nous berçait doucement, comme pour nous inviter au sommeil ; mais bien que nous fussions pourvus de couvertures de laine, nous étions loin d’avoir toutes nos aises. Un vent violent s’était élevé, et notre tente vacillait à droite et à gauche ; un moment elle parut sur le point de se renverser. Combien il nous eût été facile de nous rendre en une heure à Auckland, dont nous apercevions les lumières, et de revenir ici le lendemain matin pour continuer nos excursions ! Mais notre ami nous avait conviés à sa villégiature et nous étions obligés d’en savourer toutes les joies.

  1. Un singulier jeu de la destinée l’avait amené sur les côtes de la Nouvelle-Zélande avec un navire d’émigrants, le jour même précisément où arrivait la Novara. Il voulait étudier le pays et ses habitants principalement dans le but de savoir à quel point la Nouvelle-Zélande serait propre à une immigration allemande. Nous ne tardâmes pas à nous rencontrer et à nous lier d’une étroite amitié. Il embrassa mes projets et mes espérances avec une ardeur juvénile. Son attachement à toute épreuve et sa bonne humeur inaltérable ne me manquèrent jamais, et son concours ne cessa de m’être des plus utiles jusqu’au moment où je partis de Nelson. Il est resté dans le pays, et à la suite de ses explorations entreprises avec une persévérance admirable dans les montagnes du sud, il a été nommé géologue du gouvernement dans la province de Canterbury.