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Zémire et Azor

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Zémire et Azor, opéra-comique
Michel Levy frères.

1771}}

Zémire - soprano
Azor - ténor
Sander - baryton
Lisbé - soprano
Ali - ténor
Fatimé - mezzo-soprano

Acte I

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Scène I

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Récit n° 0 bis

Sander

Quelle étrange aventure !
Ce palais éclairé
Où je ne rencontre personne !

Ali

Monsieur, délogeons prudemment !
Je soupçonne que tout ceci
N’est qu’un enchantement.

Sander

As-tu peur ?
Si quelqu’un dans ce palais habite,
Il nous y reçoit assez bien !

Ali

Mais si c’est un génie ?

Sander

Eh bien !

Ali

Croyez-moi, partons au plus vite.

Ariette Air n° 1

Ali

L’orage va cesser.

(On entend encore gronder le tonnerre dens les grands forte.)

Déjà les vents s’apaisent,
Les voilà qui se taisent.
Partons sans balancer.
Ce n’est plus rien qu’un nuage
Dont le ciel se dégage.
Cela ne peut durer,
Le temps, le temps va s’éclairer
Oui, oui, les vents s’apaisent,
Les voilà qui se taisent.
Partons, partons sans balancer.
Vos filles vont passer la nuit à vous attendre ;
La frayeur va les prendre.
Pourquoi, pourquoi les délaisser ?
Ah ! je crois les entendre
Vous les aimez d’amour si tendre ;
Pourquoi, pourquoi les délaisser ?
L’orage va cesser ;
Déjà les vents s’apaisent,
Les voilà qui se taisent.
Partons sans balancer.
Ce n’est plus rien, rien qu’un nuage
Dont le ciel se dégage.
Cela ne peut durer
Le temps, le temps va s’éclairer
Oui, oui, les vents s’apaisent,
Les voilà qui se taisent
Partons, partons sans balancer.

Air n° 1 bis

Sander

Que dis-tu ? L’orage redouble,
Comment retrouver mon chemin ?

Ali

Je vous mènerai par la main.

Sander

Nous sommes bien !
Passons ici la nuit sans trouble.

Ali

Sans trouble.

Sander

Au point du jour nous partirons demain.

Air n° 2

Sander

Le malheur me rend intrépide,
J’ai tout perdu, je ne crains rien
Et pourquoi serais-je timide ?
Pour moi la vie est-elle un bien ?
Le malheur me rend intrépide ;
Je suis tombé de l’opulence
Dans la misère et dans l’oubli.
Un vaisseau, ma seule espérance
Dans les flots est enseveli
Le malheur me rend intrépide ;
J’ai tout perdu, je ne crains rien
Et pourquoi serais-je timide ?
Pour moi la vie est-elle un bien ?

Air n° 2 bis

Ali

Oh ! Ciel !

Sander

Tu vois, de nos besoins
Quelqu’un s’est occupé
Mets-toi là ! Goûte !

Ali

Ah ! Monsieur, cette liqueur vermeille
N’est peut-etre qu’un lent poison.
Mais qu’importe !
Ah ! Le charmant breuvage !

Ariette

Ali

Les esprits dont on nous fait peur
Sont les meilleures gens du monde
Voyez, voyez comme ici tout abonde.
Quel bon souper !
Quelle liqueur !
Quel bon souper !
Et quelle liqueur !
Voyez, voyez comme ici tout abonde !
Quel bon souper !
Et quelle liqueur !
On n’en parle que par envie ;
Moquons-nous de ces contes vains,
Pour moi j’en ai l’âme ravie !
Je ne veux plus d’autres voisins,
Avec eux je passe ma vie
S’ils ont toujours d’aussi bons vins.
Les esprits dont on nous fait peur
Sont les meilleures gens du monde.

Duo

Sander, Ali

Le temps est beau.
— J’en suis bien aise.
— Ali !
— Je dors.
— Ali !
— Je dors.
— II faut partir, il faut partir.
— Ouand j’ai bien bu, ne vous déplaise,
Je veux dormir.
— Ali !
— Je dors.
— Tu dormiras plus à ton aise
Quand nous serons rendus chez moi.
— On dort si bien sur une chaise,
On est ici comme chez soi.
— Le temps est beau.
— J’en suis bien aise.
— Tu dormiras plus à ton aise
Quand nous serons rendus chez moi.
— Je dors si bien sur une chaise.
On est ici comme chez soi.
— Le jour se lève.
— Qu’il se couche.
— Ali, sans toi. je m’en irai.
— Partez sans moi.

(Il s’endort tout à fait !)

Partez sans moi.
Je vous suivrai.
— Et si quelque bête farouche
Vient t’attaquer ?
— Je n’ai pas peur.
— Le vin t’a donné du cœur.
— Je n’ai pas peur.
— Le vin t’a donné du cœur.
— Ce bon vin m’a donné du cœur.
— Tu dormiras plus à ton aise
Quand nous serons rendus chez moi.
— On dort si bien sur une chaise,
On est ici comme chez soi.
— Ali !
— Ah !
Je dors si bien sur cette chaise,
On est ici comme chez soi.
— Tu dormiras plus à ton aise
Quand tu seras rendu chez moi.

Récit N° 4 bis

Sander

Le ciel s’éclaire
Je veux, en quittant ce beau lieu.
Avoir, de ce prodige, une preuve certaine.
Allons ! Ma famille m’attend
Ma petite Zémire, en me disant adieu.
Ne m’a demandé qu’une rose.

Azor

Que fais-tu là ? Téméraire ! Ingrat !
Je te donne l’asile, un bon souper,
Le meilleur vin que j’ai !
Et tu veux que je te pardonne
De me voler mes fleurs !
Tu vas mourir !

Sander

Tu peux disposer de ma vie !
Je n’ai regret qu’à mes enfants.

Azor

De trois filles, dit-on,
Le destin t’a fait père ?

Sander

Oui. L’une d’elles, à mon départ,
Me demanda des rubans,
L’autre des dentelles.
Mais la plus jeune me dit en m’embrassant
Je ne veux qu’une rose.

Scène II

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Air N° 5

Sander

La pauvre enfant ne savait pas
Qu’elle demandait
Qu’elle demandait mon trépas.
Cachez-lui bien que cette rose
Est la cause de mon malheur.
Sa tendresse qui me presse
De revenir dans ses bras,
Me rappelle la promesse.
Ah ! pauvre enfant, tu ne sais pas
Que tu demandes mon trépas.
Ah ! pour elle, quelle douleur.
Cachez-lui bien que cette rose
Est la cause de mon malheur.

Air n° 5 bis

Azor

J’ai l’âme assez compatissante
Pour me laisser fléchir.
Mais il faut que, pour toi,
L’une de tes filles consente
À venir se donner à moi.

Sander

Cruel ! Pour une fleur !

Azor

Et sais-tu si mon sort
Ne tient pas à ces fleurs
Qu’un charme fait éclore !

Sander

Non ! J’aime mieux mourir
Que d’exposer leurs jours.
Mais je veux les revoir,
Les embrasser encore.

Azor

Eh bien !

Ali

Promettez-lui toujours…

Sander

Malgré le sort qui me menace,
J’en donne ma parole
Et je la tiendrai.
L’une d elles prendra ma place,
Ou moi-même, je reviendrai !

Azor

Voilà qui nous réconcilie.
Reprends cette fleur, je le veux.
Et qu elle soit le garant
De la foi qui nous lie.

Air N° 6

Azor

Ne va pas me tromper,
Ne crois pas m’échapper
Sur la terre et sur l’onde
Ma puissance s’étend.
Et jusqu’au bout du monde
Ma vengeance t’attend.
Compte sur mes largesses,
Si tu me satisfais.
Sois sûr que mes bienfaits
Passeront mes promesses.
Que pour toi mes richesses
Ne tariront jamais.
Sois sûr que mes richesses
Ne tariront jamais.
Mais ne va pas me tromper,
Ne crois pas m’échapper.
Sur la terre et sur l’onde
Ma puissance s’étend.
Et jusqu’au bout du monde,
Ma vengeance t’attend !

Acte II

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Scène I

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Trio

Zémire, Fatimé, Lisbé

Veillons mes sœurs, veillons encore.
La nuit s’enfuit devant l’aurore,
Mes sœurs voilà bientôt le jour.
Jour prospère, rends un père
À mon amour.
Il m’a promis des dentelles,
À moi des rubans nouveaux.
Les dentelles les plus belles
Les rubans les plus beaux.
Il m’a promis une rose,
C’est la fleur que je chéris.
Une rose ? c’est peu de chose.
De sa main, elle est sans prix.
Veillons mes sœurs, veillons encore,
La nuit s’enfuit devant l’aurore,
Mes sœurs voilà bientôt le jour.
Jour prospère, rends un père
À mon amour.

Scène II

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Air N° 7 bis

Zémire

Ah ! Mon père…
Avez-vous fait un bon voyage ?

Sander

Hélas ! Tout a péri !
Dans la misère,
Nous voilà retombés.

Zémire

Mon père, vous n’en serez
Que plus chéri.

Sander

La pauvre enfant !
Comme elle est touchante !
Je me suis souvenu de toi ;
Tu n’as demandé qu’une rose,
La voilà !

Air N° 8 Ariette

Zémire

Rose chérie,
Aimable fleur,
Rose chérie,
Viens sur mon cœur.
Qu’elle est fleurie !
Voyez ma sœur,
Rose chérie,
Viens sur mon cœur,
Rose chérie,
Viens du moins, mourir
Sur mon cœur.

Scène III

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Air N° 8 bis

Sander

Ciel ! Où m’as-tu réduit ?
Va-t’en ! Dans l’état où je suis,
Laisse-moi !

Zémire

D’où vient cette douleur extrême ?

Sander

Laisse-moi, laisse-moi !
Viens embrasser ton père
Et va-t’en reposer !

Zémire

Son silence me fait trembler,
Je veux savoir ce qui l’afflige.

Scène IV

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Air N° 9 Ariette

Ali

Plus de voyage qui me tente,
Plus de voyage !
Je veux mourir vieux, si je puis,
Je ne serai plus qu’une plante
Et je prends racine où je suis.
Passe encor pour aller sur terre,
C’est un plaisir quand il fait beau
Passe encor pour aller sur l’eau,
Quoi que je ne m’y plaise guère.
Mais voyager sur les nuages
Et voir là-bas, là-bas, là-bas,
La terre s’enfuir sous ses pas.
Cela dégoute des voyages
La tête tourne d’y penser,
Je ne veux plus,
Je ne veux plus recommencer !

Scènes V, VI, VII

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Air N° 9 bis

Zémire

Ali, mon cher Ali,
Dis-moi ce qu’a mon père.
Son silence me désespère.

Ali

Votre père,
Votre malheureux père
Est un homme perdu.

Zémire

Mon père ?

Ali

Il m’a bien défendu
De vous en faire confidence.
Mais cette nuit, dans le bois,

Sander

Ali ! Ali !

Ali

Venez me retrouver.
C’est lui, c’est lui, fuyez !
Je vais vous retrouver.

Sander

Ali, tu ne dors pas ?
Une table je veux écrire.
Laisse-moi seul, laisse-moi !

Récitatif obligé Air N° 10

Sander

Je vais faire encor un voyage,
Bien long, peut-être. Ô vous que je laisse
Au milieu des écueils de votre âge,
Veille sur vous le ciel. Jouissez en ce lieu
Des douceurs d’une vie obscure,
Honnête et sage.
Aimez-vous, aimez-moi,
Je vous embrasse, adieu.

Scène VIII

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Air N° 10 bis Duo

Zémire

Je veux le voir, je veux lui dire
Je veux lui dire que c’est à moi
De m’offrir au trépas.

Ali

Ah Zémire ! Parlez plus bas,
Il vous entend.
Que j’ai mal fait de vous le dire
Voilà, voilà comme je suis
Je veux me taire et je ne puis !

Zémire

Que pour moi mon père expire
Non, je ne le souffrirai pas !
Je veux le voir, je veux lui dire
Que c’est à moi, que c’est à moi
De m’offrir au trépas

Ali

Ah Zémire ! Parlez plus bas,
Il veut partir
Sans vous le dire.

Zémire

Sans me le dire
Il veut partir.
Non, non, je n’y puis consentir.
Je veux le voir, ne tardons pas.
Je veux le voir,
C’est mon devoir.

Ali

Il veut partir, parlez plus bas.
Il vous entend, parlez plus bas.
Il nous entend, parlez plus bas.
Vous l’allez voir au désespoir.

Zémire

Hé bien ! Sois mon guide toi-même.
Vers ce palais, conduis mes pas.

Ali

Qui, moi ! vous mener au trépas.
Trahir un père qui vous aime !
Non, non ! je n’irai pas.

Zémire

Cruel ! Ne vois-tu pas
Que je le dérobe au trépas !
Veux-tu le voir périr lui-même ?

Ali (à part)

Je tremble aussi pour moi-même.

Zémire

Cher Ali, mon père repose
C’est le moment, conduis mes pas.
De son malheur je suis la cause,
Je dois le sauver du trépas.
Il nous entend, parlons plus bas.

Ali

Non, non, je n’ai garde et pour cause,
Non, non, je n’irai pas.

Zémire

Tu n’as jamais aimé ton maître !
Si tu l’aimes, fais-le connaître.
Le temps nous presse, viens !

Ali

Je l’aime, hélas ! il le sait bien.
Non, je n’entends rien.

Zémire

À tes genoux que j’embrasse.

Ali

Ah ! de grâce, levez-vous.

Zémire

À mes pleurs il faut te rendre.

Zémire

Si nous tardons, il est perdu, viens !

Ali

Je m’attendris, je suis rendu.

Acte III

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Scène I

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Air N° 11

Azor

Ah ! Quel tourment d’être sensible,
D’avoir un cœur fait pour l’amour
Sans que jamais il soit possible
De se voir aimer à son tour.
Je porte avec moi l’épouvante
Et je n’inspire que l’effroi.
La beauté timide et tremblante
S’alarme et fuit devant moi.
Ah ! Quel tourment d’être sensible,
D’avoir un cœur fait pour l’amour,
Sans que jamais il soit possible
De se voir aimer à son tour.

Scène II

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Air N° 11 bis

Azor

Ce bon père à qui je commande
De me livrer sa fille
Aura-t-il la rigueur de m’obéir.
Mais ! Que vois-je ! Couchons-nous !

Ali

Vous voilà, je me sauve. Adieu !
Misérable ! C’est fait de moi !
Tout est fermé, pourquoi suis-je venu ?

Zémire

L’hôte charmant qui nous reçoit ici
Sera-t-il longtemps invisible ?

Ali

Oh ! Non.

Zémire

Dans ce palais tout me semble paisible,
Tout semble déjà prévu.
Vois, « appartement de Zémire ».
C’est donc là qu’il veut me loger.
Quel éclat, cher Ali,
Quelle richesse extrême.

Ali

Il ne veut pas vous égorger !

Air n° 12 Duo

Zémire

Rassure mon père ; dis-lui
Qu’on n’a pas résolu mon trépas.

Ali

Oui, mais comment faire ?
On arrête mes pas
Ne le voyez-vous pas ?

Zemire

Console mon père,
Dis-lui que j’espère
Me revoir dans ses bras. Dis-lui
Qu’on n’a pas résolu mon trépas.

Ali

J’avais bien à faire
De somber dans ces lacs !
Dans notre humble asile
J’étais si tranquille,
J’étais sans effroi.

Zémire

Si dans son asile
Je le sais tranquille
Je suis sans effroi.
Je dis en moi-même,
Il respire, il m’aime,
C’est assez pour moi.

Ali

Mais celui qui vous aime
Ne peut-il de même
Vous aimer sans moi ?
Que veut-il de moi ?
Ne peut-il vous aimer sans moi ?

Zémire

Rassure mon père ; dis-lui
Qu’on n’a pas résolu mon trépas
Qu’il oublie, hélas !
La pauvre captive !
La pauvre captive
Ne s’en plaindra pas !

Ali

Ô ciel ! Pour vous plaire
J’avais bien à faire !
Pourvu que je vive
Je ne m’en plains pas !
Mais comment faire ?
On retient mes pas.
Ne le voyez-vous pas ?
Eh ! comment faire ?
On retient mes pas.

Scène III

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Air N° 12 bis

Azor

Esclave, éloigne-toi !
Laisse-la dans ces lieux.

Ali

Ah ! Je ne demande pas mieux.

Zémire

Me voilà seule, il va venir
Ah ! Quelle peur est la mienne.

Entrée des Génies

Scène V

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Récit

Azor (solennel)

Ah ! Revenez, Zémire, de ce mortel effroi
Ne me regardez pas, Zémire,
Ecoutez-moi.

Zémire

Ah ! Je meurs. Éloignez-vous !
Vous n’allez pas me dévorer ?

Azor

Quoi ! Moi ?
Je veux passer ma vie à vous plaire,
À vous adorer.

Zémire

Je commence à me rassurer.

Air N° 13 Ariette

Azor

Du moment qu’on aime
L’on devient si doux.
Et je suis moi-même
Plus tremblant que vous.
Hé quoi ! Vous craignez l’esclave timide
Sur qui vous régnez !
N’ayez plus de peur,
La haine homicide
Est loin de mon cœur
Du moment qu’on aime
L’on devient si doux.
Et je suis moi-même
Plus tremblant que vous.

Air N° 13 bis

Zémire

Je ne puis revenir de mon étonnement.
Quelle horrible figure
Et quel charmant langage.

Azor

Vous me haïssez.

Zémire

Quand on n’est pas cruel
On n’est point haïssable.

Azor

Zémire, Zémire, vous ètes reine
De ce palais et de mon cœur.
Parlez, commandez, tout ici
Reconnait votre loi souveraine.
Je suis riche et j’espère,
À force de bienfaits,
Consoler votre père.
Je doterai vos sœurs,
Je les établirai.

Zémire

Mais, vous m’attendrissez,
On ne peut davantage
A vous voir, j’accoutume mes yeux.

Azor

Zémire, commencez donc
À vous faire en ces lieux.
Vous chantez, je le sais,
Vous chantez à merveille.

Zémire

Eh bien ! Si vous désirez que je chante
Je chanterai.

Azor

Quelle bonté charmante.

Air N° 14 Air de la fauvette

Zémire

La fauvette avec ses petits
Se croit la reine du bocage.
De leur réveil, par son ramage
Tous les échos sont avertis.
Sa naissante famille
Autour d’elle sautille,
Voltige et prend l’essor.
Rassemblés sous son aile
De leur amour pour elle
Elle jouit encor.
Mais par malheur
Vient l’oiseleur
Qui lui ravit son espérance.
La pauvre mère, elle, ne pense
Qu’à son malheur.
Tout retentit de sa douleur.
La fauvette avec ses petits
Se croit la reine du bocage.
De leur réveil, par son ramage
Tous les échos sont avertis.

Air N° 14 bis

Azor

Vos chants pour moi sont une plainte
Ne puis-je, au moins, adoucir vos regrets ?

Zémire

Vous le pouvez.

Azor

Comment ? Parlez, parlez,
Que faut-il faire ?

Zémire

Me laisser voir encore
Et mes sœurs et mon père

Azor

Autant que je le puis
Je vais vous obéir.

Scène VI

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Air N° 15 Trio

Fatmé, Lisbé

Hélas, mon père, cessez de la pleurer !

Sander

Ah ! Laissez-moi la pleurer,
À mes regrets, laissez-moi me livrer
Qui m’aimera jamais comme elle ?
Qui me rendra ce tendre zèle ?

Fatmè, Lisbè

Ce sera moi
Ce sera moi
Hélas, mon père, cessez de la pleurer !
Nous vous aimons.

Sander

Je le sais bien.

Lisbé

Croyez la voir !

Sander

Oui je la vois,
Je crois l’entendre
Qui m’appelle ?
Ah ! ma Zémire,
Sans toi j’expire.
Reviens, reviens !

Scène VII

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Air N° 15 bis

Zémire

Ah ! mon père, ah ! cruel,
Laissez-moi l’aller voir.

Azor

Non Zémire ! Je vous aime
Et je meurs
Si vous m’êtes ravie.

Zémire

Pour rassurer mon père
Et lui rendre la vie,
Une heure, un moment me suffit.

Azor

Ah ! Quel est sur moi votre empire.
Allez le voir, ce père tant aimé
Cet anneau vous rend libre ;
En le portant, Zémire,
Vous n’êtes plus en mon pouvoir
Si vous voulez me revoir,
Ôtez-le et, dans l’instant,
Vous me serez rendue.
Adieu, Zémire, adieu !
N’oubliez pas celui qui vous attend.

Acte IV

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Scène I

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Air N° 16

Sander

Quel malheur est le mien.

Ali

Ah ! Monsieur !

Sander

Qu’est-ce encore ?

Ali

Dans 1’air.

Sander

Et bien, dans l’air ?

Ariette

Ali

J’en suis encor tremblant
C’est comme un char volant ;
Ou bien c’est un nuage.
Non, non, non,
C’est comme un char brûlant
Volant sur un nuage.
Je l’ai bien vu,
J’en suis transi,
J’ai peur qu’il ne descende ici.
Je l’ai bien vu,
J’ai peur qu’il ne descende ici
A l’équipage sont attelés
Deux beaux serpents ailés.
De leurs gueutes béantes
N’ai-je pas vu les dents ?
Leurs prunelles brûlantes
Sont deux charbons ardents,
J’en suis encor tremblant
C’est comme un char volant ;
Ou bien c’est un nuage.
Oui. oui, oui,
C’est un nuage
Non, non, non,
C’est comme un char brûlant
Volant sur un nuage.
Je l’ai bien vu,
J’en suis transi,
J’ai peur qu’il ne descende ici.
Ou bien peut-être ce n’est rien ;
Quand on a peur
On n’y voit pas si bien !

Scène II

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Air N° 16 bis

Sander

Ah ! Ma fille est-ce toi ?
Est-ce bien toi que je revois ?

Zémire

C’est Azor, c’est lui qui m’envoie
Je n’ai qu’un moment ;
Je l’emploierai, mon père, à vous désabuser.
Au lieu d’un maitre sévère,
J’ai trouvé un ami généreux.

Sander

Malheureuse ! Tu le défends !

Zémire

Daignez m’entendre et soyez juge :
J’ai décidé de vous revoir.
Il l’a permis, il mourra
Si je l’abandonne
Et j’en ai le pouvoir.
En voilà le gage certain :
De son pouvoir et de sa volonté
Cet anneau me rend libre.

Sander

Garde-toi bien de quitter cet anneau !

Zémire

En offensant ce malheureux qui m’aime
Que n’ai-je pas à craindre pour vous.
Laissez-moi, laissez-moi vous sauver !

Air N° 17

Quatuor

Zemire

Ah ! Je tremble. Quelles armes
Opposer à son pouvoir.

Sander

Mes pleurs, mes cris sont les armes
Que j’oppose à son pouvoir.

Zémire

Non, vous n’avez plus d’espoir,
Plus d’espoir que dans mes larmes.

Sander

La nature au désespoir
S’expose à tout sans alarmes.

Zémire

Ah ! Je tremble, Quelles armes
Opposer à son pouvoir.

Sander

Mes pleurs, mes cris sont les armes
Que j’oppose à son pouvoir.
Je suis pere !

Zémire

Mon père !

Sander

Je suis père !

Zémire

Si jamais je vous fus chère
Laissez-moi fuir ce séjour.

Sander

Et ma fille m’est plus chère
Que la lumière du jour.

Fatmé, Lisbé

Que ne puis-je, à sa colère,
Pour vous, m’offrir à son tour.

Sander

Ma fille m’est plus chère que le jour.

Zémire

Lui-même en ces lieux, peut-être,
Va paraître.
Ah ! Laissez-moi !

Fatmé, Lisbé

Ah ! Quel effroi !

Sander

Qu’il paraisse, qu’il paraisse,
Ma tendresse ne me laisse aucun effroi.

Zémire

Ma craintive obéissance
Peut désarmer sa rigueur.

Sander

J’obtiendrai, par ma constance,
Qu’il te rende à ma douleur.

Fatmé, Lisbé

La jeunesse et l’innocence
Ont bien des droits sur un cœur.

Sander

Et si ma douleur l’offense
Qu’il me déchire le cœur !

Zémire

Ah ! Je tremble. Quelles armes
Opposer à son pouvoir.

Sander

Mes pleurs, mes cris sont les armes
Que j’oppose à son pouvoir.

Fatmé

Non, vous n’avez plus d’espoir,
Plus d’espoir que dans nos larmes.

Sander

Mes pleurs, mes cris sont les armes
Que j’oppose à son pouvoir.

Zémire

Ah ! Je tremble je tremble.
Si jamais je vous fus chère
Laissez-moi fuir ce séjour.

Scène III

[modifier]

Air N° 18

Azor

Le soleil s’est caché dans l’onde
Et Zémire ne revient pas.
J’ai tout perdu, que fais-je au monde ?
Zémire m’abandonne,
Elle veut mon trépas.
Toi Zémire que j’adore,
Tu m’as donc manqué de foi.
Et pourquoi vivrais-je encore ?
Je n’inspire que de l’effroi.
Le jour est affreux pour moi.
Ah ! Dans ma douleur extrême
Si je voulais me verger…
Qui ? Moi ! punir ce que j’aime !
C’est un crime d’y songer.
Toi Zémire que j’adore,
Tu m’as donc manqué de foi.

Scène IV

[modifier]

Air N° 19

Zémire

Azor, Azor !
En vain ma voix t’appelle.
L’écho des bois
Répond seul à ma voix.
Revois Zémire, elle est fidèle.
Elle consent à vivre sous tes lois.
Hélas, plus que moi-même
Je sens que je t’aimais.
Et dans ce moment même,
Plus que jamais,
Azor, je t’aime.

Scène V

[modifier]

Air N° 19 bis

Azor

Zémire ; Zémire !

Zémire

Azor ; est-ce vous ?
Oh ! ciel, est-ce croyable ?

Azor

Oui, je suis ce monstre effroyable
Que malgré sa laideur vous n’avez point trahi.
Le trône où je remonte
Est un de vos bienfaits.
Venez, venez y prendre place.

Zémire

Quel bonheur, quel prodige
Et c’est moi qui l’opère.
Achevez, achevez ; de queue joie suprême
Vous emplirez mon cœur.
Achevez, achevez et rendez-moi mon père !

Air N° 20 Ensemble Final

Tous

Amour, amour, quand ta rigueur
Met à l’épreuve un jeune cœur,
A quelles peines tu l’exposes.
Qui mieux qu’Azor saura jamais
Quels sont les maux que tu nous causes,
Quels sont les biens que tu nous fais.

FIN.