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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/105

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

perdit la voix. En rentrant, il se sentit assez mal pour permettre qu’on appelât le médecin, et avouer qu’il était sorti, le matin, avec une forte lièvre.

Cette fièvre, que l’on reconnut pour une fièvre rhumatique, bilieuse et catarrhale, prit bientôt un caractère aigu ; le septième jour, elle arriva à sa crise principale ; après quoi, elle passa du caractère de fièvre subcontinue, à celui de fièvre intermittente quotidienne.

Le docteur Malfatti avait décidé, que, aussitôt que la saison le permettrait, le prince partirait pour les eaux d’Ischl.

Enfin, encore une fois, on parvint à couper la fièvre ; — mais de nouvelles imprudences ravivèrent la maladie.

— Il semble, disait le médecin avec désespoir, qu’il y ait dans ce malheureux jeune homme un principe fatal qui le pousse au suicide !

Le printemps fut encore plus funeste au malade que ne l’avait été l’hiver ; il était impossible de l’empêcher de sortir ; surpris deux ou trois fois par la pluie, il fut atteint de refroidissemen ts qui amenèrent la fièvre et des engorgements au foie.

Au mois d’avril, le pouls s’accéléra ; des frissonnements se déclarèrent ; l’amaigrissement devint de plus en plus visible. Les docteurs Raimanet Vichrer, appelés pour suppléer le docteur Malfatti, malade d’un accès de goutte, en furent effrayés ; de concert avec le médecin ordinaire du prince, ils prescrivirent des bains de bouillon : le dépérissement par la suspension des forces digestives les forçait à ce moyen, qui consistait à nourrir le malade par absorption.

Une nouvelle amélioration se manifesta.

Au bout de quelque temps, le duc se trouva assez bien pour que l’empereur, sur l’autorisation des médecins, lui permît de prendre l’air, à cheval et en voiture ; mais on avait mis à ses promenades la condition de l’exercice le plus modéré. Il se soumità l’ordonnance pendant quelques jours ; puis, s’étant obstiné à sortir par un temps froid et humide, il fut saisi par l’action de l’air, et, au lieu de rentrer, il se contenta de mettre son cheval au galop ; le soir, quand il aurait dû se coucher et.