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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/111

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

commune ; — seulement, l’Océan roulait entre les deux cadavres.

Peut-être nos lecteurs seront-ils curieux de savoir, après vingt-deux ans écoulés, comment fut apprécié par la presse française cet événement, qui portait à la fois en lui quelque chose de fatal et de providentiel, et qui arrivait au moment où un roi nouveau essayait d’implanter une dynastie nouvelle sur ce sol de France, si rebelle aux dynasties.

Ce fut le 1er août seulement que la nouvelle fut connue à Paris.

Nous ouvrons un journal que nous avions envoyé chercher dans un autre but, et nous y lisons l’article que nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs. — Ce journal, c’est le Constitutionnel ; nous ignorons de qui est l’article ; il nous semble bon, voilà tout :


« Paris, 1er août.

» Le fils de Napoléon est mort. Cette nouvelle, depuis longtemps prévue, a produit dans Paris un sensation douloureuse mais calme.

» Cette fin obscure d’une vie à laquelle de si belles destinées avaient été promises, ce pâle et dernier rayon d’une gloire immense qui achève de s’éteindre, quel triste sujet de méditation ! Le deuil du peuple sera profond et sérieux, car c’est dans le peuple surtout que les souvenirs de la gloire impériale ont laissé des traces durables.

» Nous manquons encore de détails sur les derniers moments du fils de Napoléon ; sa mort a été entourée de mystère, comme l’avait été sa vie. On assure pourtant qu’il en a vu les approches avec une fermeté d’âmé digne de son père. Quand il a compris que l’heure fatale était venue, il a disposé du peu qui lui restait de bien, conformément aux volontés exprimées jadis par l’empereur des Français, en faveur du jeune Louis-Napoléon, fils de l’ex-roi de Hollande, qui a combattu dans les rangs des derniers défenseurs de la liberté italienne. On assure qu’une lettre écrite par l’illustre mourant, pour annoncer à son cousin cette disposition, contient le témoignage des