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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/13

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Ma foi, dit Harel, le théâtre est à vous à partir de ce moment, mon cher ami, et vous pouvez y faire ce qu’il vous plaira : vous l’avez sauvé !

— Allons voir Georges, et lui annoncer qu’elle est sauvée en même temps que le théâtre.

Nous montâmes ; Georges mourait de peur.

En me voyant entrer en artilleur, elle jeta les hauts cris.

— Est-ce que vous allez vous en aller dans ce costume-là ? demanda-1-elle.

— Parbleu !

— Mais vous serez tué avant d’être au faubourg Poissonnière.

— Quant à cela, c’est bien possible… et, simon ami G. de B… ne tirait pas si mal, ce serait déjà fait.

— Harel, prête-lui des habits.

— Ah ! oui, pourquoi pas. Tom ? — Mais envoyez-en chercher chez, vous, au moins ; je ne vous laisse pas partir avec ce malheureux uniforme.

— Eh bien, voyons !

Harel appela Darnault.

— Darnault, avez-vous là un de vos hommes ?

— Oui, je crois, dit Darnault : il y a Guérin.

— Envoyez-le chercher des habits chez Dumas.

— Donnez-moi un mot, me dit Darnault.

— Prêtez-moi votre cravon.

J’écrivis sur un chiffon de papier quelques lignes au crayon.

Un quart d’heure après, Guérin était de retour sans accident.

Au reste, le chemin était parfaitement libre.

Je m’habillai rapidement en bourgeois ; je confiai mon uniforme à Darnault, — ne voulant pas le confier à Georges, qui l’eût certainement fait brûler, — et, par le faubourg Saint-Martin, le passage de l’industrie, la rue d’Enghien, la rue Bergère, je gagnai l’hôtel de M. Laffitte.

J’y arrivai vers sept heures du soir.

La Fayette y arrivait par le boulevard.

Ce fut là qu’il me raconta l’anecdote de la rivière.